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CHAPITRE I : UNE DÉFINITION NÉGATIVE DU TRAVAIL DE L’ENFANT

A. UN CONCEPT COUVRANT DIVERSES RÉALITÉS

Le travail de l’enfant couvre plusieurs réalités et inclut plusieurs types de travaux. Les enfants travailleurs œuvrent tant dans les zones rurales96que dans les zones urbaines, ainsi que dans les secteurs primaires, secondaires et tertiaires. Dans les zones rurales, les enfants exercent des activités principalement liées à l’agriculture. Un auteur indique, avec statistiques à l’appui, que, dans les pays en développent, l’enfant qui travaille tout en fréquentant l’école, est avantagé par rapport aux autres enfants qui n’exercent aucune activité :

Force est de constater qu'au Cameroun, la simultanéité de la fréquentation scolaire et du travail des enfants âgés de 5 à 14 ans est assez forte, environ 34,2 %. Sur l'ensemble des enfants combinant école et travail, on note une prépondérance des garçons : 35,2 % contre 33,3 % de filles, ainsi que du secteur rural (35,7 % contre 32,2 % dans le secteur urbain). On qualifie ces enfants combinant l'école et le travail d'enfants bi-actifs. Cependant, la proportion d'enfants qui apparaissent inactifs, c'est-à-dire ne travaillent ni ne fréquentent est non négligeable (14,3 %). Ces enfants sans activité sont parfois plus désavantagés que ceux qui travaillent, car ne bénéficiant ni de la scolarisation ni de l'apprentissage acquis dans la pratique qu'offrent certaines formes de travail. Une fille sur six est dans cette situation au Cameroun. Dans ce groupe, ce sont les enfants vivant en milieu rural qui s'y trouvent le plus (19,1 % contre 7,6 % en milieu urbain). La majorité d'enfants qui ont pour seule activité le travail sont des filles et vivent en milieu rural. Toutefois, la plupart des enfants qui ont l'école comme unique occupation sont des garçons, qui vivent par ailleurs en milieu urbain. Le phénomène d'« enfant inactif » est particulièrement marqué dans le septentrion. Ainsi, 36,3 % d'enfants sont des inactifs dans l'Extrême Nord, contre respectivement 34 % et 26,7 % pour le Nord et l'Adamaoua97.

Dans les zones urbaines, les enfants travailleurs œuvrent dans les secteurs du commerce et de la transformation principalement. Le Rapport mondial sur la situation des enfants de l’UNICEF de 2012 est consacré entièrement à la question des enfants dans les zones urbaines98. Le Rapport indique que la majorité des enfants effectuant des travaux domestiques se trouvent dans les zones urbaines : « Le travail des enfants domestiques est un phénomène principalement urbain et les enfants qui travaillent dans les zones rurales sont surtout employés à des travaux agricoles en tant que membres de la famille non rémunérés »99. Les enfants des zones urbaines sont

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Fouedjio, Franky, Travail des enfants de 5 à 15 ans et rendement scolaire au Cameroun, Institut Sous-Régional de Statistique et d’économie appliquée, 2008, http://www.memoireonline.com/12/08/1687/m_Travail-des-enfants- de-5-14-ans-et-rendement-scolaire-au-Cameroun15.html, [En ligne : 10 juillet 2013].

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Fouedjio, Franky, Travail des enfants de 5 à 15 ans et rendement scolaire au Cameroun, Ibid.

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UNICEF, La situation des enfants dans le monde 2012. Les enfants dans un monde urbain, Publications Unicef, février 2012, http://www.unicef.org/french/publications/files/SOWC_2012-Main_Report_FR.pdf, [En ligne : 9 juillet 2013].

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également ceux qui sont réputés être les travailleurs de rue100. Selon l’UNICEF, ces expériences sont loin d’être négatives, puisque ces enfants sont alors des « agents actifs et non des victimes passives »101.

Dans les secteurs primaires, les enfants travaillent dans l’agriculture, dans les industries extractives, dans les mines et dans les pêcheries. Le secteur agricole est le domaine qui emploie le plus d’enfants travailleurs dans le monde. Il représente 60 pour cent de la totalité des enfants qui travaillent102. En effet, les travaux agricoles concernent, notamment, les activités liées aux labours, à l’arrosage, à la surveillance des champs, aux récoltes, ainsi qu’au transport des récoltes. Tout au long de cette chaîne, les enfants constituent une main-d’œuvre active. Dans les industries extractives et les mines, notamment dans les secteurs de matières précieuses comme l’or et le diamant, les enfants travailleurs sont également mis à contribution à cause de leur dextérité et les faibles coûts qu’occasionne leur emploi.

Dans le secteur secondaire, le travail de l’enfant est principalement concentré dans les activités de transformation. Il peut s’agir des activités de transformation d’aliments, le tissage et l’industrie de l’habillement, la fabrication d’objets artisanaux et bien d’autres objets. Selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), le secteur secondaire : « regroupe l'ensemble des activités consistant en une transformation plus ou moins élaborée des matières premières (industries manufacturières, construction) »103. Ce donc un secteur où l’on retrouve également de nombreux enfants travailleurs.

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UNICEF, La situation des enfants dans le monde 2012. Les enfants dans un monde urbain, Ibid., p.33.

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Ainsi le Rapport indique-t-il : « Le travail peut également avoir un impact sur le plan de l’autonomisation, surtout s’il leur permet de subvenir à leurs besoins essentiels. Si le travail des enfants est souvent prématuré et synonyme d’exploitation, de dangers et de mauvais traitements, il convient cependant de reconnaître, notamment dans le cas des enfants plus âgés, qu’un travail adapté peut constituer un facteur majeur de développement en renforçant leur amour propre et en leur permettant d’acquérir des compétences et de lutter contre la pauvreté. La Convention relative aux droits de l’enfant reconnaît le droit des enfants à une autonomie croissante, conformément à l’évolution de leurs capacités ». UNICEF, La situation des enfants dans le monde 2012. Les enfants dans un

monde urbain, Ibid., p. 39. Cette notion d’autonomie croissante tire sa source de la Convention relative aux droits de l’enfant (art.5).

102

Organisation internationale du travail (OIT), Le travail des enfants dans l’agriculture, http://www.ilo.org/ipec/areas/Agriculture/lang--fr/index.htm, [En ligne : 3 juillet 2013], p. 1.

103

INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques), Méthodes et définitions,

http://www.insee.fr/fr/methodes/default.asp?page=definitions/secteur-secondaire.htm, [En ligne : 12 septembre 2013].

Dans le secteur tertiaire, le travail des enfants se retrouve dans la vente des produits dans les marchés, les activités domestiques, l’exercice de petits métiers et le travail de rue. Le tertiaire emploie de nombreux enfants travailleurs. On estime leur nombre à près de 15.5 millions104. Ce pourrait être le double, car ce genre de travail est considéré comme du « travail invisible »105. La Convention de l’OIT réglementant le travail domestique a été signé le 16 juin 2013106. Elle ne couvre pas le travail de l’enfant; cependant, vu le nombre élevé d’enfants qui travaillent comme domestiques, il est légitime de penser qu’ils sont eux aussi visés par cet instrument. Ce tableau présente ainsi une typologie très diversifiée des zones et des secteurs d’emploi des enfants travailleurs. Une définition du travail de l’enfant devrait normalement en tenir compte, d’autant plus que le phénomène du travail de l’enfant renferme des référents culturels.