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A la lumière des renseignements que nous donnent les résultats précédents, nous pouvons maintenant nous pencher plus attentivement sur la composante de la population qui nous intéresse ici plus particuUèrement : les domestiques.

Alors que Hubert Charbonneau, dans son étude du recensement de 1681, évoque assez rapidement la présence de 358 domestiques auxquels U prend soin d'ajouter « une soixantaine de domestiques de sexe masculin qui avaient moins de 15 .ans », ainsi qu'un nombre très incertain de femmes prises au sein de ceUes qui avaient une profession déclarée (pour lesquelles il précisera que « la moitié d'entre eUes sont religieuses, les autres domestiques »68), nous avons choisi de reprendre les ménages

présentés dans le recensement un à un en prenant soin de consigner ceux qui faisaient apparaître une personne déclarée comme domestique.

Ainsi, assez loin des « environ 518 domestiques » présentés par M. Charbonneau, nous arrivons au nombre de 489 personnes identifiées clairement. Ce résultat est issu en majeure partie d'une étude compilée (représentée par notre base de données) du Recensement annoté d'André Lafontaine, du Répertoire des actes...69 du PRDH et du Dictionnaire

généalogique des familles du Québec de René Jette70.

es CHARBONNEAU, LAVOIE, LÉGARÉ, loc. cit. 69 CHARBONNEAU dir., op. cit.

Dans les Ugnes qui suivent, nous allons, selon la même démarche que pour la population totale, analyser ce groupe particuUer en tentant de le resituer au sein de ceUe-ci. Cependant, plusieurs mises en garde seront faites surtout sur la capacité limitée du chercheur à analyser le groupe des domestiques en profondeur, capacité restreinte tout d'abord par l'impossibUité de mettre un nom sur les personnages étudiés. En effet, comme nous le verrons à travers cette étude, le caractère marginal de ce groupe est par exemple Ulustré par la présence de 168 personnes dont nous ne connaissons que le prénom ou le surnom sans mention de nom de famiUe71.

A-1. Nombre et répartition selon le sexe et l'âge.

Nous l'avons vu, nous aurons à traiter 489 personnes recensées et, pour beaucoup, assez bien identifiées (par rapport au sexe, l'âge et la situation matrimoniale). Les domestiques ne représentent donc en 1681 que 5,05% de la population totale, chiffre qui semble faible si on le compare avec la situation en France sous l'Ancien Régime. En effet, les études menées à ce propos donnent un rapport moyen de un domestique pour douze habitants en France avec des proportions approchant 10% de la population de la vUle de Toulouse en 1695 ou encore 9,6% de la population grenobloise en 172572.

De ce groupe, nous aUons avant tout isoler neuf domestiques, les neuf seuls dont nous ignorons aujourd'hui avec certitude soit le sexe, soit l'âge, soit la situation matrimoniale. Ces neuf personnes entreront

71 Parfois, nous le verrons, n o u s ne possédons pas de mention de nom du tout.

alternativement dans nos comptes selon les renseignements dont nous disposons sur eux73.

Les 485 dont nous connaissons le sexe se caractérisent par une division qui confirme, accentue même, le déséquUibre des sexes noté à cette époque. En effet, parmi ces 485 domestiques, nous retrouvons 404 hommes pour seulement 81 femmes. Plusieurs facteurs peuvent expUquer ce résultat. D'une part, comme mentionné plus haut, les hommes sont bien plus nombreux que les femmes au Canada, cependant cet écart ne se retrouve pas de façon proportionnelle dans le groupe des domestiques. Alors que la population totale est composée de 56% d'hommes contre 44%

de femmes, les domestiques regroupent 83% d'hommes pour seulement 17% de femmes.

Le nombre de femmes disposées à occuper un tel emploi et d'autant plus faible que le nombre de céUbataires ou de veuves est bas. Comme nous le verrons plus tard, le célibat semble être un critère fondamental dans le cadre d'un emploi féminin. Une femme mariée et instaUée avec son époux ne saurait laisser de côté les nombreuses tâches ménagères auxqueUes eUe se voit attachée par sa mise en ménage au profit d'un poste de domestique dans une autre maison, et inversement. Donc, on retrouverait beaucoup d'hommes d'abord parce qu'U n'y a pas assez de femmes susceptibles de remplir ces tâches.

« Le trauail des femmes consiste dans le soin de leurs ménages, a nourrir & à penser leurs bestiaux ; car il y a peu de semantes icy, ansi les femmes sont contraintes de faire leurs ménages elles-mêmes : toutesfois ceux qui ont dequoy prennent des valets, qui font ce que feroit vne semantes » .

73 II s'agit des quatre domestiques du gouverneur Perrot à Montréal, dont on sait par le

PRDH qu'ils sont célibataires s a n s en connaître le sexe, et des cinq domestiques de la garnison de Trois-Rivières, dont on connaît le sexe mais pas la situation matrimoniale. Dans tous les cas, aucune indication de nom, prénom ou surnom n'est donnée.

En plus de se faire selon le sexe, la division des domestiques apparaît aussi être fonction de l'âge. En effet, la part des domestiques hommes adultes dépasse de loin ceUe des femmes : 276 hommes en service ont plus de 21 ans (68,3% des hommes domestique, 56,4% du groupe total) contre seulement 15 femmes (18,5% des femmes domestiques, 3% du groupe total). Les domestiques sont apparemment aussi très jeunes, les femmes surtout : une rapide analyse de la base de données nous indique que la moyenne d'âge des domestiques est de 29 ans pour les hommes (avec des âges aUant de 4 à 81 ans) contre 18 ans pour les femmes (avec des âges aUant de 8 à 74 ans). Le groupe des 0-20 ans regroupe 8 1 % des fiUes domestiques, parmi lesqueUes 73% de 11-20 ans et 84% des domestiques (hommes et femmes) ont 40 ans ou moins.

Cette simple situation marque un important contraste avec la France. En effet, la métropole, sous l'Ancien Régime, voit une nette prédominance de la domesticité féminine, car, selon Jean-Pierre Gutton,

« la présence d'hommes dans la domesticité a valeur ostentatoire »75. La

domesticité masculine est donc le privUège des plus riches et eUe se concentre surtout en miUeu urbain. Cependant, Jean-Pierre Gutton marque bien la différence entre domesticité urbaine et domesticité rurale pour laqueUe la présence des hommes se fait de manière plus marquée que ceUe des femmes, phénomène surtout fonction, encore une fois, du type de tâches réservées aux domestiques.

Tableau 7: Répartition des domestiques au Canada en 1681 selon le sexe et l'âge.

Âge _ Hommes Femmes

OàlO 23 7 11 à 20 99 59 21 à 30 120 6 31 à 4 0 91 4 41 à 50 37 4 51 à 60 19 61 à 70 6 71 à 80 2 1 81 à 90 1 91 à 100 Plus de 100 ans Non donnés 6 Total 404 81 (Ne tient pas compte des 4 de sexe non identifié.)

A-2. Situation matrimoniale.

Nous l'avons déjà évoqué rapidement précédemment, le céUbat semble être une caractéristique de la grande majorité des domestiques, voire un pré-requis. En effet, le dépouiUement du recensement montre que les hommes et femmes mariés sont très peu nombreux parmi les domestiques, tout comme les veuves et veufs.

Tableau 8: Les d o m e s t i q u e s au Canada e n 1 6 8 1 selon le sexe et la situation

m a t r i m o n i a l e .

Hommes Femmes total Célibataires 383 76 459 Mariés 5 2 7 Veufs 7 1 8 Inconnue 9 2 14 485 total 404 81 14 485 (Ne tient pas compte des 4 domestiques dont le sexe est non identifié.)

Les données contenues dans le tableau 8 montrent cette très forte tendance : 93,9% sont céUbataires et près de 1,6% sont veufs ou veuves, alors que seulement 1,4% sont mariés. Si le céUbat ne semble pas être une condition sine qua non pour se faire engager, des restrictions peuvent cependant s'appUquer comme par exemple chez les Augustines de l'Hôtel- Dieu de Québec dont la règle demande d'engager pour le service aux malades « des céUbataires d'âge mûr, craignant Dieu, graves, modestes, retenus, pieux et charitables76. »

Une question se pose tout de même. Dans cette situation de blocage du marché matrimonial où les hommes sont en surnombre, pourquoi retrouve-t-on encore 76 femmes agissant à titre de domestiques alors qu'elles ne sont pas tenues au céUbat par un quelconque engagement

religieux77? La plus grande difficulté ici réside sans aucun doute dans

l'anonymat de ces personnes : en effet, 44 de ces 76 femmes ne sont connues que par leur prénom (impossible donc de les retrouver avec

certitude dans de futurs actes de mariage78) ; restent alors 32 femmes

76 François ROUSSEAU, La croix et le scalpel. Histoire des Augustines et de l'Hôtel-Dieu de

Québec (1639-1989), Tome 1 : 1639-1892, Sillery, Septentrion, 1989, p. 92.

77 Parmi celles que l'on peut identifier clairement : Marie Bouchart, 33 ans, domestique

au Séminaire de Québec et Edmée Chastel, 50 ans, domestique au couvent des Hospitalières. Cependant, la présence de Marie-Madeleine Gobert chez les Hospitalières comme domestique, alors qu'elle est mariée à Pierre Groleau, lui aussi domestique à l'Hôtel-Dieu, nous laisse penser que ces femmes n'étaient pas tenues de suivre les même règles que les religieuses concernant la vie matrimoniale.

78 Comment, en effet, discerner correctement, entre autres, les 4 Anne, les 3 Elizabeth, les

identifiées. Les renseignements que nous possédons montrent que 15 d'entre elles vont assurément se marier après novembre 1681 (la dernière en 1691).

Si l'on se penche sur les 61 femmes pour qui nous n'avons pas pu retrouver d'acte ou de contrat de mariage, nous constatons qu'eUes sont âgées entre 8 et 50 ans (avec une moyenne d'âge située à 17,8 ans) et que 22 d'entre elles ont 17 ans et plus, c'est-à-dire qu'eUes sont tout à fait

dans la possibiUté de convoler, sans pour autant le faire79. Les 39

restantes sont âgées de moins de 17 ans, normal donc de les voir parmi les céUbataires, les mariages de très jeunes fiUes restant à cette époque encore très marginaux.

En ce qui concerne les 50 jeunes filles de moins de 17 ans8 0, U

pourrait sembler qu'elles travaiUent comme domestiques le temps d'atteindre un âge raisonnable pour se marier, se constituant ainsi une dot en vue de cet événement tout en épargnant à leurs parents l'entretien d'un enfant sous leur toit81.

Une autre question, à laqueUe U semble encore aujourd'hui difficUe de répondre, se pose : le mariage ou la naissance d'un enfant, implique-t-il de manière évidente que la ou les personnes impUquées dans l'union cessent d'être domestiques pour se mettre en ménage et s'instaUer « à leur compte » ? On peut douter, par exemple, que Marie Rancin, âgée de 12 ans en 1681, domestique de Charles CouiUard dans la seigneurie de Beaumont, reste domestique quand elle épouse un maître-menuisier le 12 novembre 1686. La question reste en suspens car l'étude des quelques contrats de mariage fournis par Jette et Lafontaine n'indiquent pas la profession de l'époux; mais si l'on se rapporte aux mots de Pierre Boucher, il semble que les femmes qui se mariaient n'avaient comme seule

79 Seulement sept de ces 22 femmes sont bien identifiées. Impossible de parler avec

certitude des autres, vu leur anonymat.

8° Célibataires en 1681, futures mariées ou non.

81 Comme nous le verrons plus bas, les enfants sont placés comme domestiques par leurs

parents, souvent parce que ceux-ci sont trop démunis pour g.arder un enfant sous leur garde.

occupation que l'entretien de leur propre ménage, ce qui ne laissait pas la possibilité de continuer dans la profession de domestique. Nous reviendrons plus longuement su ce point quand nous nous pencherons plus en avant sur la question des modalités d'engagement.

A-3. Origines sociales et géographigues.

Il reste à vérifier si les domestiques suivent la tendance générale en ce qui a trait aux origines sociales et géographiques.

Dans un premier temps, vu le petit nombre de personnes auxqueUes nous avons affaire, U est difficUe de cerner une véritable tendance par rapport au miUeu social dans lequel est fait le recrutement. Si les données retenues dans notre base nous permettent de connaître avec une assez grande précision les origines géographiques, eUes ne nous exposent pas ou peu le coté social. De plus, comme nous l'avons déjà signalé, 159 domestiques ne sont connus que par un prénom qui s'avère souvent n'être qu'un sobriquet, tant et si bien que nous ne saurions dire si ces gens sont d'origine française ou si ce sont des Autochtones à qui un prénom « chrétien » a été donné lors d'une éventueUe conversion. Impossible alors de déterminer toute origine tant sociale que géographique pour ce groupe.

La recherche des parents des domestiques nous permet de constater que ceux-ci sont peu identifiables dans les pages mêmes du recensement. Lorsque ceci est possible, U existe une très forte probabUité que ces mêmes parents n'aient pas de profession donnée (ce qui est le cas, selon les comptes de Hubert Charbonneau, de un homme sur trois âgés de 15 ans et plus, soit un peu moins d'un millier de personnes) et entrent par là même dans la catégorie des « sans doute exploitant agricole », identifiée par

le code professionnel 7 18 2 dans la reproduction du recensement par le

PRDH83. Il faut nuancer cette idée en précisant que sous l'Ancien Régime,

toutes les catégories sociales sont susceptibles de fournir des domestiques, y compris les bourgeois. Ainsi, si l'origine sociale ne conditionne pas forcément l'entrée dans le monde des serviteurs, il y a fort à parier qu'elle influence grandement la destination : si un fils de bourgeois peut devenir pour un temps domestique, il n'exercera certainement pas chez un laboureur, mais plutôt chez un notable avec une profession Ubérale, en tant que secrétaire ou homme de confiance.

Les rares contrats d'engagement que nous pouvons retrouver dans les divers greffes de notaires nous donnent quelques indices sur les origines sociales des membres de ce groupe. Ainsi, pour plusieurs enfants placés comme domestiques, on apprendra que c'est souvent la mère, veuve en général, qui se voit poussée à cette extrémité ne pouvant plus vivre

décemment depuis le départ ou la mort de son époux84. D'un autre coté,

nous retrouvons des enfants de notables tel Antoine Duquet, domestique dans une mission jésuite, fils de bourgeois et futur bourgeois de ViUe- Marie lui-même ou encore Marie Pinard, fille de chirurgien85.

Une dernière mise en garde quant à cette recherche des origines sociales doit être émise : suivant la thèse de « nouveau départ » de LesUe

82 Code 71 : catégorie « agriculteurs et éleveurs », sous-catégorie « habitant non déclaré

(recensement) ».

83 Grâce à la mention de la taille des terres possédées, le PRDH réussit à attribuer la

profession d'exploitant agricole à beaucoup plus de personnes, ramenant la part des « s a n s profession déclarée » à 2 5 % de la population. À partir de là, selon leur âge, il affirme que les non déclarés « pourraient être à toutes fins pratiques assimilés aux domestiques, aux manœuvres... ». Cette affirmation, même si elle ne parle que d'une possible assimilation, semble u n peu cavalière puisque les domestiques et les apprentis sont explicitement déclarés comme tels d a n s le recensement original. Voilà s a n s doute pourquoi Hubert Charbonneau estime les domestiques à environ 518 contre 489 pour nous.

s* Contrats d'engagement de Mathurin Druineau et de Noël et Marie Chapeleau, greffe de Romain Becquet, 14 août 1679 et 17 octobre 1678.

85 La question de l'avenir professionnel des domestiques de 1681 sera détaillée d a n s u n

Choquette86, U faut penser que la situation sociale des parents de ces

domestiques vivant dans la colonie est peut-être bien différente de ceUes dont Us jouissaient avant leur traversée de l'Atlantique. En effet, nombreux sont ceux qui de tel ou tel état professionnel sont passés par la force des choses à l'état de défricheurs, d'exploitants agricoles, de colons.

L'origine géographique des domestiques, est quant à elle bien plus facUe à déterminer. En effet, grâce à la combinaison des travaux de André Lafontaine, Hubert Charbonneau et René Jette, nous pouvons connaître assez précisément, d'une part, les domestiques qui sont nés ou ont été baptisés en NouveUe-France, et d'autre part les origines régionales des immigrants (ou, le cas échéant, de leur père). Ainsi, nous retrouvons 48 domestiques reconnus pour avoir été baptisés en NouveUe-France (dont 39 dont nous connaissons les origines françaises du père), 82 immigrants, dont 74 pour qui nous connaissons les origines au moins régionales, 9 dont nous connaissons les origines famUiales en France sans savoir s'Us sont nés ou non au Canada, et enfin 350 dont nous ne cernons pas les

origines87 (tableau 9). Pour ceux-ci, nous indiquerons qu'Us sont

certainement en grand nombre originaires de la métropole, se basant sur les calculs de Jean Hamelin qui place les domestiques en troisième position des groupes professionnels d'engagés (donc nés à l'extérieur du Canada) des communautés et des particuliers entre 1662 et 171488.

86 CHOQUETTE, op. cit.

87 Les données d'origines sont prises à partir de Jette et Lafontaine. Tous les domestiques

identifiés seulement par u n prénom ou u n sobriquet appartiennent à cette dernière catégorie, ainsi que les quatre non identifiés au service du gouverneur Perrot.

8 8 J e a n HAMELIN, Économie et société en Nouvelle-France, Presses de l'Université Laval,

Tableau 9 : Les domestiques au Canada en 1681 selon leurs origines familiales et leur lieu de naissance ou de baptême.

1. Origines géographiques familiales connues

1.1 Nés ou baptisés en France 1.2 Nés ou baptisés en NF

1.3 Indication inconnue ou incertaine

74 39 9 2. Origines géographiques familiales inconnues ou incertaines 2.1 Nés ou baptisés en France 2.2 Nés ou baptisés en NF

2.3 Indication inconnue ou incertaine

8 9 350

Total 489

Les 48 domestiques baptisés en Nouvelle-France sont d'âge assez

faible : avec une moyenne d'âge de 16,3 ans8 9, ils semblent bien tous

appartenir à une jeune génération de Canadiens qui commence à prendre sa place au sein de la population totale. À une exception près (un veuf), ces Canadiens sont tous céUbataires.

Les domestiques appartenant à la classe des nés ou baptisés en France avec origines famUiales connues du tableau 9 permettent de créer un tableau donnant les grandes tendances des origines géographiques des domestiques français établis et actifs au Canada en 1681. Ce tableau confirme l'idée d'un recrutement majeur dans un grand quart Nord-Ouest de la France, avec toujours une forte présence parisienne, bien que l'Île-de- France prenne la quatrième place alors qu'elle occupe la seconde chez les immigrants (selon les données du PRDH, cf. tableau 5).

La Bretagne, qui fournit pourtant 6% des immigrants, ne semble pas envoyer de domestiques en Nouvelle-France, tout comme, entre autres, la Gascogne (2,5% des immigrants). Ajouter les 9 domestiques dont nous connaissons les origines sans savoir s'ils ont été baptisés en France ou

89 Seules exceptions, Adrien Sédillot (domestique chez les hospitalières de Québec), bien

qu'apparemment baptisé au Canada, est âgé de 45 ans, et Charles Delaunay (domestique à la mission des Iroquois), qui est âgé de 30 ans. Sans eux, la moyenne d'âge se situerait à 15,4 ans. Ces deux cas restent douteux quant à leur lieu de naissance et de baptême.

dans la colonie ne change que très peu les proportions et n'influerait pas sur l'ordre d'importance des régions françaises.

Tableau 10: Origines géographiques des domestiques du Canada baptisés en France, 1681.

Province Nbre. domestiques % des domestiques

Normandie Aunis Poitou Région parisienne Saintonge »\ngoumois »\njoii Auvergne Perche Guyenne Orléanais Picardie Berry Bourgogne Champagne Dauphiné Limousin Languedoc Lyonnais Total IX 10 9 7 4 3 3 3 3 3 2 2 74 24% 14% 12% 9% 5% 4% 4% 4% 4% 4% 3% 3% 1% 1% 1% 1% 1% 1% 1% 100%

Ainsi, c'est avant tout à un groupe de jeunes hommes auquel nous avons affaire, un groupe au sein duquel les femmes ne prennent que très peu de place. Majoritairement céUbataires, les domestiques respectent les mêmes caractéristiques que l'ensemble de la population si l'on se penche sur les critères de sexe, d'âge, de situation matrimoniale et d'origines. Bien qu'Us ne représentent qu'une partie infime de la population en comparaison avec les contingents que l'on peut retrouver en France à la même époque, U s'agit d'un groupe bien présent dans la population canadienne de 1681. La plus grande difficulté dans l'analyse des caractéristiques de ce groupe reste la définition exacte des origines sociales

de ses membres, surtout du fait de la quantité très faible de documents qui pourraient servir de source à ce propos, confirmant sans doute alors le recrutement plus massif dans les familles les moins aisées du territoire, comme Jean-Pierre Gutton, entre autres, l'a montré dans son étude de la