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Chapitre III : Présentation du bain d'Agadir

6.4 Le comportement des visiteurs :

Puisque le site est mal orienté et non signalé pour les touristes, et qu’il se trouve aussi enfermé par une clôture, peu de visiteurs connaissent le bain, s’y déplacent, ou s’y aventurent. Comme précisé auparavant il n’existe presque pas de pathologies anthropiques. Quand on connait le vandalisme des visiteurs, la destruction des vestiges par le feu, ou les vols, le bain est plus ou moins bien protégé et prêt à d’éventuels travaux de fouilles.

7 Intérêt de la restitution numérique du bain :

Le bain représente un exemple unique en son genre en Algérie. Il possède un large éventail de valeurs qui lui donne une importance appréciée non seulement pour l'histoire et l'archéologie de Tlemcen, mais aussi pour l'histoire des bains islamiques dans l'ensemble de l’Algérie :

- Un intérêt historique : Il fait partie des exemples de bains islamiques en Algérie malheureusement méconnu du public, mais peut être unique en son genre.

- Le bâtiment est un modèle d'architecture vernaculaire de l'ère islamique représentant peut être la transition de la période romaine à la période islamique.

- De plus, le bain extra-muros est le seul bain debout de l’ancienne ville (Agadir), ce qui le rend très important pour le site.

- Un intérêt social, et culturel : le bain est un témoin social et culturel de l'ère islamique et représente une part essentielle du mode de vie musulman.

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Les bains restent un lieu important de sociabilité, mais les formes de celle-ci changent. On continue à se rassembler dans un même édifice dont la grande salle froide favorise la cohabitation et les échanges après le bain.

Aussi une numérisation en 3 dimensions du bain nous permet une conservation de ce dernier par la prise "d’une empreinte numérique", qui constituera un archivage exploitable dans le futur ; mais aussi une valorisation du site qui permet de mieux comprendre et d’étudier l’objet sur des supports variés. La diffusion fait aussi partie de l’intérêt de la numérisation en 3 dimensions, dans le sens où elle favorise la valorisation culturelle et la médiation pédagogique et devient donc un outil primordial pour la transmission des connaissances. Les images produites favoriseront la valorisation du patrimoine en alimentant l’imaginaire collectif. Dans notre cas, et là où des parties du monument ont disparu, la restitution ne sera basée et faite qu’à partir d’hypothèses pour ainsi nous aider à la réflexion et peut-être devenir un recueil de données pour d’éventuels travaux de restauration. Les parties restituées représenteront des incertitudes qu’il faudra tenter de résoudre un jour.

L’importance et la qualité des vestiges restants nous ont poussés à travailler sur le monument et avant tout de réaliser un relevé exact pour la compréhension du bâtiment en prenant en compte : l’identification des matériaux, le type d’appareil de parement, les systèmes de voûtement, les désordres structurels ainsi que les modifications successives.

Les structures disparues nous sont renseignées à travers les rapports des fouilles, les quelques photographies anciennes, et précisées par la comparaison approfondie avec les monuments proches, de la même typologie et de la même époque. Les restitutions ont pour but d’être le support d’une nouvelle réflexion, en espérant que la représentation virtuelle du monument servira de laboratoire permettant d’éprouver la fiabilité des propositions historiques formulées.

8 Conclusion

A Tlemcen, comme dans les autres cités anciennes islamiques, les bains font partie de la mémoire collective de la population, et constituent un élément important du programme de protection du patrimoine d'une ville.

Riche par son histoire, le bain d’Agadir mérite une attention particulière, il est un héritage du passé dont nous profitons aujourd’hui par des études, et nous devons le protéger mais aussi le valoriser afin de le transmettre aux générations futures, et ainsi préserver une mémoire collective qui risque de disparaitre. Tous les sites historiques en Algérie souffrent de cet abandon par les autorités, il faut prévoir à cet effet une nouvelle politique de préservation et de conservation des monuments historiques, sans pour autant intervenir sur le bâtiment lui-même. Ne connaissant pas sa date d'édification, seuls des sondages et fouilles au niveau du bain, nous permettraient de dater le monument. Néanmoins son originalité relève dans son mode constructif et les matériaux utilisés pour sa construction. A noter aussi que compte tenu de sa

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surface modeste, le bain ne devait suffire qu'aux besoins d'un nombre restreints de baigneurs, à l'échelle du quartier.

Aujourd’hui le bain d’Agadir, présente des désordres importants d’ordre structurels, dû au manque d’entretien, et se trouve exposé à la pollution atmosphérique, mais aussi au vandalisme. Nous nous rendons compte que notre patrimoine national, est trop fragile mais aussi menacé, et donc nous risquons de le perdre matériellement mais aussi dans la mémoire collective de la population.

Aucun panneau signalétique n’indique le bain, aucun entretien ni travaux de consolidation, et aucun parcours touristique ne l’intègre dans son circuit, le bâtiment déjà endommagé risque d’être détruit. Il n’existe aussi aucun plan, ni image en 3 dimensions de la volumétrie actuelle du bain pour informer le visiteur sur le lieu. Il faudra penser à des manières pour attirer le touriste, et l’intéresser à ce patrimoine en le rendant accessible.

Dans le chapitre suivant, nous aborderons la numérisation du bain, et proposerons des hypothèses de restitution de l'édifice, selon une démarche scientifique.