Chapitre III : Propriétés électriques des transistors à nanonets de silicium percolants
III. 3.2.5.4. Effet de la longueur du système
III.4. Etude expérimentale des transistors à nanonets de silicium percolants
III.4.4. Comparaison des performances des NN-FETs de silicium avec la littérature
D’après notre étude bibliographique présentée dans le chapitre I, aucun transistor à canal long n’a été
élaboré avec des nanonets de silicium ce qui rend difficile une comparaison rigoureuse des performances
des dispositifs élaborés au cours de ce travail avec l’état de l’art. Toutefois, au regard de l’objectif final qui
est la réalisation de biocapteurs à effet de champ sur un circuit intégré, nous avons mené une étude
bibliographie, non-exhaustive, sur des transistors fabriqués avec une technologie ascendante et avec une
configuration de grille en face arrière. Pour cela, nous nous sommes concentrés sur des FETs à nanofil
unique de silicium qui peuvent servir de point de référence pour ce travail car ils ont déjà prouvé leur
potentiel comme transistor (Cui et al., 2003) mais aussi comme biocapteur à ADN (Hahm and Lieber, 2004).
Nous pourrons réaliser ainsi une comparaison des performances de dispositifs qui sont composés de
nanostructures similaires mais dont les procédés de fabrication diffèrent amplement. A l’inverse, nous
nous sommes aussi focalisés sur les NN-FETs de CNTs pour lesquels les procédés de fabrication peuvent
s’apparenter aux nôtres mais qui impliquent cette fois-ci d’autre type de nanostructures. De plus, nous
pourrons également comparer les performances entre réseaux percolants. Pour réaliser ce travail, nous
avons reporté, sur la Figure III-31, le rapport du courant à l’état On sur Off (a) et la pente sous le seuil (b)
en fonction de la longueur du canal.
Figure III-31 : Comparaison des performances électriques des transistors à nanonets de silicium passivés (8 𝑛𝑚
d’alumine) avec des dispositifs à NF unique de Si (Byon et al., 2007; Cui et al., 2003; Hayden et al., 2007; Rosaz et
al., 2011b; Weber et al., 2006; Zheng et al., 2004) et des NN-FETs de CNTs (Aguirre, 2007; Fujii et al., 2009;
Hongo et al., 2010; Lee et al., 2014; Sangwan et al., 2010; Snow et al., 2005, 2003; Wang et al., 2009) obtenus
dans la littérature. Pour cela, (a) et (b) représentent le rapport du courant à l’état On sur Off et la pente sous le
seuil en fonction de la longueur du canal, respectivement. Tous ces transistors ont été élaborés avec une
approche ascendante et présentent une configuration de grille en face arrière qui est une caractéristique
indispensable pour la réalisation de biocapteurs.
1 10 100
10
010
110
210
310
410
510
610
710
8 Ce travail NF unique de Si Nanonet de CNTI
On/I
Of fL
c(m)
1 10 100
0,01
0,1
1
10
Ce travail NF unique de Si Nanonet de CNTSS (V.de
c
-1)
L
c(m)
Limite théorique
(a) (b)
147
En se référant au rapport On sur Off et à la pente sous le seuil (Figure III-31(a) et (b)), nous constatons que
les NN-FETs atteignent des performances comparables à celles des transistors à NF unique de Si avec une
configuration de grille en face arrière. Tandis que les transistors à NF unique ont déjà prouvé leur potentiel
comme biocapteur ultrasensible (Hahm and Lieber, 2004), nous pouvons donc en déduire que les
performances obtenues pour les transistors à nanonet de Si sont tout à fait prometteuses pour la détection
de l’hybridation de l’ADN. Par ailleurs, de telles performances atteintes avec un procédé d’intégration
industrialisable et jusqu’à une longueur de canal de 100 𝜇𝑚 constituent aussi deux avantages
technologiques majeurs pour la réalisation des biocapteurs. Contrairement aux transistors à NF unique qui
ne mesurent que quelques micromètres, ces longs transistors à nanonet faciliteront grandement la
réalisation ultérieure de canaux micro-fluidiques nécessaires à la bio-détection en temps réel. De plus,
nous constatons que le rapport On sur Off et la pente sous le seuil des NN-FETs de Si semblent être
comparables aux meilleurs transistors à nanonet de CNTs (Figure III-31(a) et (b)). A la différence des
transistors à nanonets de CNTs qui souffrent souvent d’un manque de reproductibilité en raison des CNTs
métalliques présents parmi les CNTs semi-conducteurs (partie III.2.3.2.1 page 97), les NN-FETs de Si
présentent aussi une faible dispersion de leurs propriétés électriques. En effet, même si le dopage peut
fluctuer d’un NF à l’autre, ces variations ne sont pas suffisantes pour dégrader le fonctionnement des
dispositifs qui est garanti aussi par la limitation de la conduction par les jonctions entre NFs.
Nous pouvons donc conclure que ces premiers transistors à nanonet de Si peuvent aussi bien concurrencer
les transistors à NF unique de Si que les nanonets de CNTs tout en bénéficiant d’un procédé d’intégration
industrialisable et des propriétés électriques reproductibles. Ces avantages majeurs ouvrent d’autres
champs d’applications possibles telles que l’électronique flexible. En effet, en tirant profit de tout le
potentiel des nanonets et notamment de leur flexibilité et transparence optique, les NN-FETs de Si peuvent
aussi être envisagés comme transistor flexible. Nous nous sommes donc également penchés sur cette
question et pour cela nous avons comparé, sur la Figure III-32, les NN-FETs de Si avec les transistors
constitués d’un canal organique, toujours en configuration de grille en face arrière.
Figure III-32 : Comparaison des performances électriques des transistors à nanonet de silicium avec des dispositifs
constitués d’un canal organique (Chang et al., 2009, 2008; Feng et al., 2013; Halik et al., 2004, 2003; Han et al.,
2015; Kim et al., 2009, 2015, Klauk et al., 2007, 2002; Lei et al., 2012; Okamoto et al., 2015; Wang et al., 2013).
Pour cela, (a) et (b) représentent le rapport du courant à l’état On sur Off et la pente sous le seuil en fonction de
la longueur du canal, respectivement. Tous ces transistors présentent une configuration de grille en face arrière.
10 100 1000
10
210
310
410
510
610
710
8Ce travail
Organique
I
On/I
Of fL
c(m) 10 100 1000
0,01
0,1
1
10
Ce travail
Organique
SS (V.de
c
-1)
L
c(m)
Limite théorique
(a) (b)
148
Au regard de la Figure III-32(a) et (b), nous remarquons que les performances des NN-FETs sont
comparables mais restent toutefois en deçà des meilleurs transistors à canal organique pour lesquels le
rapport On sur Off et la pente sous le seuil peuvent être meilleurs que 106 et 0,1 𝑉. 𝑑𝑒𝑐−1, respectivement
(Halik et al., 2004). Bien que ces transistors organiques présentent de nombreux avantages au niveau de
leur élaboration (procédé basse température et bas coût, dépôt des matériaux organiques par
impression…), ces dispositifs sont relativement peu stables sous air et sont aussi sensibles aux ultraviolets
ce qui implique un vieillissement prématuré. De plus, à l’exception des transistors à base de pentacène qui
font partie des transistors organiques les plus performants (Klauk, 2010), de nombreux transistors
organiques requièrent des tensions de fonctionnement relativement importantes qui s’étalent entre 20
et 100 𝑉. Pour conclure, nous pouvons en déduire que les transistors à nanonet de Si présentent toutes
les caractéristiques nécessaires pour des dispositifs flexibles, transparents, insensibles aux ultra-violets et
à l’oxygène et pourront ainsi faire l’objet de futures recherches.
A titre de bilan sur cette étude bibliographique, nous avons rassemblé sur la Figure III-33 le rapport On sur
Off (de la Figure III-31(a) et Figure III-32(a)) en fonction de la conductance à l’état On normalisée par
rapport à la géométrie du canal (longueur sur largeur). Pour les dispositifs à NF unique, nous avons
considéré le diamètre des NFs pour la largeur du canal tandis que pour les transistors à nanonet de Si et
CNTs nous avons utilisé la largeur physique des contacts. Cette conductance normalisée pour les
transistors à nanonets constitue alors une limite basse puisque la largeur du canal est surestimée d’un à
deux ordres de grandeur pour les nanonets de Si. Pour se rapprocher au plus près de la réalité, la largeur
effective (qui est le produit entre le nombre de chemins de percolation et le diamètre des NFs) devrait
être estimée mais cette valeur n’a pas pu être utilisée ici par manque d’informations pour les nanonets de
CNTs dont les données sont issues de la littérature.
La conductance plus importante pour les transistors à nanonet de CNTs par rapport aux dispositifs à
nanonet de Si pourrait s’expliquer par la mobilité nettement plus importante des porteurs dans les CNTs
(100 000 𝑐𝑚−2. 𝑉−1. 𝑠−1 (Dürkop et al., 2004)) que dans les NFs de Si (560 𝑐𝑚−2. 𝑉−1. 𝑠−1 (Cui et al.,
2003)). Les transistors à canal organique semblent quant à eux présenter une conductance d’environ deux
ordres de grandeur plus élevée que celle des NN-FETs de Si (Figure III-33). Toutefois, en tenant compte de
la largeur effective du canal pour les NN-FETs de Si, cette conductance serait en réalité comparable. Enfin,
nous remarquons que les transistors à NF unique possèdent une conductance nettement plus élevée que
celle des NN-FETs. Ce résultat confirme notre modèle selon lequel la conduction est limitée par les
jonctions qui sont plus résistives que les NFs. Toutefois, même si les jonctions réduisent la conductance
des NN-FETs de Si, elles permettent de diminuer considérablement le courant Off et d’améliorer
simultanément la pente sous le seuil ce qui permet, aux NN-FETs de Si, d’offrir un rapport On sur Off
comparable aux différents types de transistors.
149
Figure III-33 : Rapport On sur Off en fonction de la conductance à l’état On normalisée par rapport à la géométrie
des transistors (longueur sur largeur du canal). Cette figure a été réalisée à partir des précédentes Figure III-31(a)
et Figure III-32(a). Pour les dispositifs à NF unique, le diamètre des NFs a été considéré pour la largeur du canal
tandis que, pour les transistors à nanonet de Si et CNTs, la largeur physique des contacts a été utilisée.
Dans le document
Conception, étude et modélisation d’une nouvelle génération de transistors à nanofils de silicium pour applications biocapteurs
(Page 161-164)