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3. Le tracés mélodiques

5.0 Délimitation du paragraphe oral par la prosodie

5.1.4 Comparaison avec le français

Comme démontré dans les chapitres Théorie du paragraphe oral et Points communs, la méthodologie adoptée est applicable à la langue slovène sous condition de quelques modifications liées aux différences entre les systèmes accentuels français et slovène. Pourtant, il semble que ces différences ont également un impact important sur la structuration du

préambule dans les langues étudiées. En effet, les constituants du préambule en slovène sont semblent être assez dépendants l'un de l'autre ainsi que de l'ensemble du préambule du point de vue syntaxique et prosodique.

C'est pourquoi quelques points problématiques de segmentation nécessitent une discussion supplémentaire.

5.1.4.1 Points problématiques Point de vue et modus

Ces deux constituants ne sont pas problématiques dans les exemples qui suivent leur définiton de base :

( 43)

§1 Na

lig lig pdv rhm

ampak pa pravjo da to je \ so vsi tili

mais pourtant on dit que c'est\ ce sont tous ces

Dans l'exemple ci-dessus, le point de vue représente le sujet qui prend en charge le rhème qui suit. On peut voir qu'en slovène, d'habitude, la forme verbale (pravijo – ils disent) est synthétique, donc le verbe conjugué n'est pas précédé par le pronom personnel.

( 44)

§16 Ne

lig cad mod rhm

pa enkrat men se zdi ko so\ sta bla na vrtu

et une fois il me semble quand ils étaient\ étaient dans le jardin

Voici un exemple de modus par lequel la locutrice commente le degré de certitude en ce qu'elle est en train de raconter. De nouveau, le sujet impersonnel traduit en français par il me semble n'est pas explicité en slovène (men se zdi)

: ( 45) §7 Ni … ? ? rhm

jaz vidm da mu ne morm pomagat {}

Les extraits du corpus et leurs traductions en français montrent qu'en français, le verbe conjugué est toujours précédé par le pronom personnel, tandis qu'en slovène, ce n'est pas le cas. Quand on trouve ce type de structure en slovène, on l'exlique par le phénomène de pronoms toniques. Pourtant, on peut voir que les images prosodiques de l'exemple () et de sa traduction en français ne sont pas équivalentes : en français, le pronom tonique (jaz – moi) avec la fonction de point de vue est séparé prosodiquement du verbe (vidim – je vois) qui représente le modus, tandis qu'en slovène, ils forment un ensemble prosodique difficilement séparable. Plusieurs questions surgissent :

Q1) S'agit-il d'un seul ou de deux constituants discursifs ?

Q2) Le verbe vidim (je vois) est précédé par le pronom personnel jaz, ce qui correspond à la forme tonique du pronom moi en français. S'agit-il d'un support lexical disjoint ou de l'énonciateur du rhème qui suit, traité comme un point de vue ?

Q3) Le verbe vidim (je vois) exprime à la fois l'énonciateur du rhème et en même temps un jugement personnel sur le rhème. S'agit-il du point de vue ou du modus ?

Comme ce type de problème est assez fréquent dans le corpus, les décisions suivantes ont été prises :

R1) Malgré la dépendance prosodique et syntaxique des deux éléments, on a décidé de traiter la construction du pronom personnel tonique avec un verbe de jugement personnel comme deux constituants du préambule pour pouvoir distinger cette construction des structures sans pronom personnel précédant le verbe.

R2 et R3) L'indice personnel suivi du verbe de jugement est, suivant la méthodologie M&DB, traité en tant que point de vue + modus (exs. et ), les autres présences du pronom personnel suivies d'un rhème plus complet sont traités en tant que sld + rhm (ex. ).

( 46)

§4 Ur

lig lig pdv mod rhm

ampak ke jz vidm da on v bistvu {} se čist enak {} lahko spasi tud s tem mais quand même moi je vois que lui en fait {} il peut très bien {} se sauver aussi rhm

da gremo mi ven na per { }

en allant prendre une bière avec nous

( 47)

§7 Ni

pdv mod rhm

moi je pense que ce n’est pas bien qu’il faut être

( 48)

§10 Ne

lig sld rhm

a veš mi smo mel una vrata tu sais nous on avait cette porte rhm\

k se zap\ zaklenejo pač {}

qui se fer\ qui se ferme simplement{} rhm

jih ni treba s ključem qui ne se ferme pas à clé lig rhm

ampak je sam una bunkica{}

mais il y a juste une petite boule {}

Ceci nous mène à la conclusion qu'à des moments donnés, l'identification de certains constituants discursifs du préambule est plus adéquate en français qu'en slovène où les critères paraissent parfois un peu artificiels.

Le support lexical disjoint

On observe ensuite un phénomène semblable quant au support lexical disjoint. En effet, même s'il connaît une certaine autonomie prosodique, il semble être étroitement lié au rhème en slovène, surtout du point de vue syntaxique parce qu'il n'y a pas de pronom avant le verbe. Regardons deux exemples du support lexical en slovène et en français :

( 49)

§2 Ma

sld lig sld

trgovski centri ↑ pa pa {} zabavišča ↑

les centres commerciaux ↑ et puis et puis {} les bars ↑

rhm

grejo pa ven iz mesta {}

par contre ils quittent la ville {}

( 50)

lig sld sld rhm

ben Pigalle moi j'ai trouvé ça hyperpoétique (M&DB, 44)

Si on compare les deux exemples du support lexical disjoint français et slovène, on constate qu'en slovène, on peut garder la dénomination support lexical, mais c'est le terme disjoint qui ne décrit vraiment pas dans la mesure adéquate la réalité de la structure analysée. En effet, comme décrit dans le chapitre 3 Théorie du paragraphe oral, en français ce constituant est repris dans le rhème par un pronom personnel, tandis qu'en slovène, ce n'est pas le cas. La décision de le traiter comme support lexical réside dans sa forme prosodique : même si en slovène, il représente dans la plupart des cas un groupe nominal ou pronominal suivi d'une structure verbale, il est séparé de la suite par une montée mélodique, comme la majorité de supports lexicaux disjoints en français.