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Bilan sur la structuration du slovène oral spontané

3. Le tracés mélodiques

5.6 Bilan sur la structuration du slovène oral spontané

A la fin du chapitre sur la structuration du slovène oral spontané, il semble pertinent de faire un point sur tous les résultats quantitatifs et qualitatifs des sections précédentes. L'analyse a porté sur la structuration du préambule et du rhème, expliqué l'absence du postrhème en slovène et montré la structuration du paragraphe oral en slovène dans sa totalité.

Le premier constat concerne les stratégies communicatives de base qui se réalisent auprès de tous les six locuteurs de la même façon qu'en français. Cette observation a permis de constater que l'unité de base de structuration de l'oral peut être délimitée par des indices prosodiques, notamment par une chute conjointe de l'intensité et de F0 sur la dernière syllabe accentuée d'une unité syntaxiquement et sémantiquement achevée. A causes des ressemblances mentionnées avec cette unité en français, la dénomination de cette unité est restée la même qu'en français, le paragraphe oral.

Ensuite, on a effectué une analyse détaillée du premier constituant du paragraphe oral, le préambule. La plus grande valeur de démarcation et de l'analyse de ce constituant semble résider dans le fait qu'il comporte tous les éléments principaux qui révèlent la production et la planification presque simultanées de l'oral spontané. Ces éléments semblent être à l'origine du fait que l'oral spontané soit tellement différent de l'écrit.

L'analyse du préambule a montré les résultats orientés dans deux directions : la première montre les caractéristiques communes à tous les locuteurs, la deuxième direction regroupe les caractéristiques qui varient dans une grande mesure selon le profil des locuteurs et de la situation de communication.

En ce qui concerne les points communs, l'observation la plus évidente est que dans les quatre productions, tous les cinq types de constituants du préambule sont présents : le ligateur, le cadre, le point de vue, le modus et le support lexical disjoint. A part le ligateur qui semble avoir une position assez libre dans la structuration du préambule, les autres constituants sont produits dans un ordre très fixe.

Le type de discours a une grande influence sur la structuration des unités de l'oral spontané auprès tous les locuteurs. Les types du discours examinés dans la présente analyse (narration avec les réactions, réflexion personnelle, confrontation d'opinions différentes, argumentation avec les réactions argumentées) a montré des différencs importantes concernant la longueur des préambules, le nombre de combinaisons de constituants et la fréquence des constituants produits par les locuteurs. Le profil des locuteurs semble avoir la plus grande influence sur le

choix concret des ligateurs. Leur valeur communicative dépend souvent de leur forme prosodique.

Quant aux différences entre la structuration du préambule en français et en slovène, on peut remarquer deux tendences principales : une plus grande dépendance prosodique des constituants et des liens syntaxiques plus étroits en slovène qu'en français. La conséquence de ces deux tendences est la plus perceptible dans la difficulté de déterminer certains constituants, notamment le point de vue et le support lexical disjoint. Ceci nous mène à la conclusion qu'à des moments donnés, l'identification de certains constituants discursifs du préambule est plus adéquate en français qu'en slovène où les critères paraissent parfois un peu artificiels.

La grande majorité de rhèmes produits dans les quatre conversations étudiées sont des phrases verbales. L'analyse des quatre conversations a montré deux tendances générales : les propositions principales, nominales ou coordonnées sont utilisées quand les locuteurs exposent une suite d'événements ou décrivent une situation, ou qu'ils expriment leur opinion sans l'expliciter. En revanche, les locuteurs produisent des propositions subordonnées quand ils explicitent leur propre opinion ou expérience ou exposent l'opinion ou l'expérience de quelqu'un d'autre.

Les tendances générales communes à toutes les productions du corpus montrent aussi l'existence de certaines différences par rapport à la structuration du rhème en français : en français, le rhème est un constituant plutôt court. Ceci est dû à la grande décondensation de l'oral, à cause de laquelle la plupart de constituants de l'oral se trouvent déjà dissociés dans le préambule.

Le rhème en slovène connaît un contour prosodique reconnaissable : un contour bas-haut ou bas-(haut)-bas, selon qu'il est recatégorisé en préambule pour la suite ou représente la fin de l'unité de l'oral réalisée par un locuteur.

En ce qui concerne la structuration du paragraphe oral en slovène, l'analyse a montré que la moitié de paragraphes oraux sont co-construits par les deux participants dans la conversation. En moyenne, le paragraphe oral comporte en moyenne 8 constituants discursifs dont 51% de préambules et 49% de rhèmes. Cela veut dire qu'en moyenne, un rhème produit est précédé par un préambule.

6 Réalisation de stratégies communicatives

Dans le chapitre 5, nous avons effectué plusieurs analyses afin de pouvoir relever la structuration du discours oral en slovène par rapport à la structuration de l'oral en français. Cette analyse a également donné des résultats significatifs concernant l'influence du type de discours et des caractéristiques du locuteur sur la structuration du paragraphe oral.

Lors de ces analyses, une réflexion a surgi : le couplage d'indices prosodiques est important pour pouvoir déterminer d'abord les frontières entre les différentes unités de l'échange oral et analyser ensuite leur structuraton plus détaillée. Pourtant, dans la conversation, les indices prosodiques interagissent non seulement entre eux, mais aussi avec d'autres structures linguistiques afin que le locuteur puisse réaliser sa stratégie communicative. Celle-ci semble être particulièrement importante lors de moments de l'échange oral où le locuteur doit se montrer particulièrement efficace pour qu'il puisse atteindre un certain effet auprès de celui qui l'écoute. Il semble que cette caractéristique ne dépend pas de la situation de communication et du locuteur, mais représente un trait universel de l'échange oral spontané. Cette réflexion a donné l'hypothèse suivante : l'efficacité de l'énonciation est le résultat de l'interaction complexe de plusieurs moyens linguistiques, mais dans des moments-clés de la conversation, certaines combinaisons de ces moyens paraissent particulièrement efficaces. Cette caractéristique se retrouve dans chacune des situations de communication.

C'est pourquoi nous allons essayer de voir quelles combinaisons de moyens linguistiques s'avèrent être les plus efficaces lors des trois phénomènes de conversation observés : lutte pour la parole, lutte pour l'attention de l'autre et demande de réaction auprès de l'interlocuteur. Dans chacun de ces trois phénomènes, nous allons examiner en détail les productions des locuteurs aux niveaux prosodique, morphosyntaxique et discursif et observer ensuite leur effet dans la continuation de l'échange oral.