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2. La Loire moyenne

2.4 La végétation

2.4.1 Les communautés végétales du lit endigué

La Loire comprend de nombreux biotopes particuliers auxquels des groupements végétaux sont liés. Au sein des compartiments étudiés, Corillion (1981; 1982) puis Cornier (2002; 2003) ont défini plusieurs communautés végétales. La Figure 13 synthétise la distribution des communautés végétales dans le lit endigué en fonction des substrats, du facteur énergétique et des structures géomorphologiques.

Cornier (2002; 2003), à partir de données bibliographiques et de ses travaux, a proposé une typologie des communautés végétales alluviales de Loire moyenne. Ce travail portant sur les milieux les plus envahis par les Ludwigia, seules les communautés de ces habitats sont détaillées ci-dessous.

Figure 13 : Organisation des communautés végétales dans le lit endigué de la Loire moyenne (Cornier, 2002)

2.4.1.1 Les communautés aquatiques

Dans les annexes hydrauliques, à la faveur de substrats fortement enrichis en nutriments et d’eaux fortement réchauffées en été, des algues coloniales caractéristiques (Corillion, 1981), comme Hydrodictyon reticulatum (L.) Lagerh, sont bien représentées. A l’inverse, les communautés à Characeae ont fortement régressé (Cornier, 2002; Cornier and Lejas, 2003), compte tenu de la dégradation de la qualité de l’eau après 1945 (trophie excessive).

A la surface des eaux stagnantes ou à courant très lent, des communautés d’hydrophytes flottants sont couramment observées. Les plus répandues sont les communautés à lentilles d’eau à Lemna minor L., Lemna gibba L. (plutôt dans les eaux polluées), Azolla filiculoides Lam., Spirodela polyrhiza (L.) Schleiden, Lemna trisulca L. (dans les eaux claires ou peu polluées), Wolffia arrhiza (L.) Horkel ex Wimme, Lemna minuta H.B.K.

Les communautés dominées par les potamots se rencontrent dans les mêmes milieux d’eaux stagnantes ou à très faible courant et pouvant s’assécher. Deux catégories peuvent être distinguées :

- un type regroupant les communautés davantage mésotrophes, du Potamion

polygonifollii Hartog & Segal 1964.

Les communautés dominées par les myriophylles et les nénuphars sont très répandues en conditions mésotrophes à eutrophes.

L’incision du chenal principal a entraîné un abaissement de la nappe alluviale, principalement marqué en période de basses eaux. Il en découle différentes atteintes écologiques dont l’assèchement des annexes hydrauliques, provoquant la régression des communautés végétales aquatiques et amphibies (Cornier and Lejas, 2003).

2.4.1.2 Les communautés d’hélophytes, les mégaphorbaies et les ourlets riverains

Les communautés d’amphiphytes peuvent être observées dans les annexes hydrauliques (boires et bras morts). Elles ont besoin d’une nappe d’eau proche et/ou d’un substrat de texture suffisamment fine pour permettre une bonne rétention de l’eau. Ces communautés, composées d’amphiphytes (Corillion, 1981) appartiennent au Phragmition communis (W.Koch 1926) ou à l’Oenanthion aquaticae (Heijn ex Neuhäusl 1959) avec Butomus umbellatus L., Sagittaria sagittifolia L., Alisma plantago-aquatica L., Rorripa amphibia (L.) Besser, Eleocharis palustris (L.) Roemer & Schultes, Iris pseudacorus L., Oenanthe aquatica (L.) Poiret, Phalaris arundinacea L., etc.

Les roselières (Phragmitaies, glycéraies …) sont rares et d’importance limitée dans le lit endigué de la Loire moyenne. Leur installation est fortement contrainte par la forte amplitude annuelle de variation des lignes d’eau et le substrat drainant.

Les mégaphorbaies, se développent généralement dans les dépressions à proximité des boires. Les espèces les plus fréquemment rencontrées sont Lythrum salicaria L.,

Filipendula ulmaria (L.) Maxim., Stachys palustris L., Eupatorium cannabinum L., Lysimachia vulgaris L. etc.

Les phalaridaies à Phalaris arundinacea L. peuvent se retrouver en groupements équilibrés hygrophiles sur des substrats assez grossiers soumis presque directement aux perturbations fluviales ou bien avoir un caractère rudéral soit davantage pionnier, soit sur des substrats riches en nutriments avec de forts peuplements d’Urtica dioica L.

Les ourlets mésohygrophiles à mésophiles surmontent généralement les phalaridaies et forment une transition avec les communautés de bois tendres. Calystegia sepium (L.) R. Br., Symphytum officinale L., Aristolochia clematis L., Rubus caesius L. etc. sont des espèces caractéristiques de ces ourlets.

Les magnocariçaies à Carex acutiformis Ehrh., Carex riparia Curtis, Carex acuta L. forment l’essentiel des cariçaies frangeantes en bordure du lit vif.

2.4.1.3 Les communautés herbacées du lit mineur

Au sein de ces communautés peuvent être distinguées les communautés des grèves humides à développement estival et les communautés des hauts de grèves.

Les communautés de grèves humides à développement estival sont dominées par les thérophytes. Il s’agit de communautés pionnières se développant sur les alluvions inondées pendant la plus grande partie de l’année. La végétation est soumise à de nombreuses variables stationnelles. Toutefois, les paramètres d’alimentation en eau, de composition granulométrique du substrat et la richesse en nutriments sont considérés les plus discriminants pour ces communautés alors que les paramètres biotiques comme la compétition inter et intra-spécifiques semblent être négligeables.

Sur les sables humides se développent les communautés du Chenopodion rubri dont l’abondance relative des différentes espèces fluctue en fonction de la richesse en nutriments ou de l’eau. Ainsi, Chenopodium rubrum L. peu commun en Loire méridienne, devient très fréquent en Touraine. Cette variation d’abondance est attribuée à l’augmentation de la richesse de l’eau en nutriments (eau plus riche en azote, phosphore, potassium et nettement plus minéralisée en Loire occidentale par rapport à l’amont du Bec d’Allier). Les espèces les plus courantes de ces communautés sont par exemple : Chenopodium rubrum L., C.

ambrosioides L., Corrigiola littoralis L., Cyperus fuscus L..

Les communautés pionnières des vases exondées du Nanocyperion flavescentis forment une mosaïque complexe avec celles du Chenopodion rubri. Ces communautés pionnières hygrophiles et héliophiles se situent à des niveaux topographiques à peine inférieurs qui peuvent varier au cours de l’été, notamment par minéralisation de la matière

comme Pycreus flavescens (L.) Reichenb., Limosella quatica L. ou Lindernia palustris F.X. Hartmann.

Un peu plus haut sur les grèves ou au niveau de petites dépressions (vasques, basses) se trouvent les communautés des basses vaseuses du lit mineur du Bidention tripartitae. Ces communautés sont davantage pourvues en espèces vivaces par rapport aux précédentes, et constituées d’espèces nitrophiles. Bidens tripartita L., Bidens cernua L., B. frondosa L.,

Polyggonum lapathifolium L. P. hydropiper L. y sont couramment rencontrées. Elles sont,

ainsi que celles du Chenopodion rubri dans une moindre mesure, de plus en plus souvent substituées en Loire occidentale par des peuplements de Ludwigia exotiques ou de Paspalum

distichum L.

Les communautés des hauts de grèves sont très diverses et forment sur le terrain par combinaisons une grande variété de groupements souvent difficiles à circonscrire. Elles se présentent généralement sous forme de friches herbacées héliophiles ouvertes sur substrat sableux à graveleux. Les espèces stress-résistantes à la sécheresse sont favorisées sur ces substrats grossiers.

2.4.1.4 Autres communautés

D’autres communautés se rencontrent dans la plaine alluviale de la Loire. Elles peuvent être divisées en deux grands ensembles : les communautés des prairies, landes, friches et autres communautés à l’écart du lit mineur ainsi que les communautés forestières. Ces ensembles n’ont pas été étudiés lors de cette étude. La typologie de ces communautés n’est donc pas détaillée ici.

2.4.2 Les communautés d’intérêt communautaire colonisables par les Ludwigia