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Commande cinématique pour une plateforme à roues

2.2 Modèles géométrique et cinématique des manipulateurs mobiles à roues

2.2.2 Modèle cinématique

2.2.2.1 Commande cinématique pour une plateforme à roues

Pour la plateforme, le choix du vecteur de commande n’est pas simple. En effet les composantes de qp ne peuvent pas :

– toutes être actionnées directement, c’est le cas de ξp qui n’est qu’un paramétrage du système et qui est indépendant du type de plateforme ;

– toutes être actionnées indépendamment les unes des autres et ce à cause des équations de liaison complémentaires qui traduisent le rsg des roues sur le sol.

Ainsi, le choix des articulations actionnées et du vecteur de commandes cinématiques indépendantes passe par une étude détaillée des propriétés des équations (2.17) et (2.18). Restriction de la mobilité de la plateforme

Décomposons tout d’abord l’équation (2.18). Pour les roues fixes et centrées orientables,

elle s’écrit : 

C1f C1c(βc)



R (ϑ)T ˙ξp= 0. (2.21)

Cette condition sur le mouvement de la plateforme signifie que le vecteur ˙ξp est contraint d’évoluer dans un sous-espace de l’espace pMp tangent à Mp en ξp et de dimension δmobp ≤ mp. Nous rappelons ici que mp = 3. δmobp est appelé le degré de mobilité de la plateforme. Notons : C1f c =  C1f C1c(βc)  .

Respecter la contrainte (2.21) revient à choisir R (ϑ)T ˙ξp dans le noyau Ker (C1f c) de C1f c (cf. AnnexeB- (B.3)). La dimension de ce noyau est δmobp= mp− rang (C1f c).

Une manière de construire ce noyau est d’extraire rang (C1f c)lignes linéairement indé- pendantes de C1f c. Ces lignes forment une matrice Υ (βc)de dimension rang (C1f c)× mp.

D’aprèsB.2.1,Imp− Υ (βc)

[1]Υ (β

c)est4 un projecteur dans le noyau Ker (Υ (βc))de Υ (βc) et donc dans le noyau Ker (C1f c)de C1f c.

Notons Σ (βc) une matrice de dimension mp× δmobpdont les colonnes forment une base de Ker (Υ (βc)). R (ϑ)T étant une matrice orthogonale, le choix :

˙ξp = R (ϑ) Σ (βc) umobp, (2.22) où umobp un vecteur quelconque de dimension δmobp, est tel que ˙ξp vérifie toujours (2.21). umobp est appelé commande de mobilité de la plateforme à roues.

Détermination de la vitesse de rotation des roues

Les vitesses de rotation propre des roues doivent respecter la contrainte (2.17). Pour un mouvement possible de la plateforme, cette équation s’écrit :

˙

ϕ =−J−1

2 J1Σ (βc) umobp. (2.23)

En ce qui concerne les vitesses d’orientation des roues décentrées orientables, elles doivent respecter la contrainte (2.18). Pour un mouvement possible de la plateforme, cette équation s’écrit :

˙

βd=−C2d−1C1dΣ (βc) umobp. (2.24)

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Υ (βc)[1]est une inverse généralisée de Υ (βc)(la définition de l’inverse généralisée d’une matrice est

Choix du placement et du nombre de roues fixes et centrées orientables

Le but étant de pouvoir faire bouger la plateforme, il faut s’assurer que le nombre Nf de roues fixes et Nc de roues centrées orientables ainsi que leur placement sur la plateforme sont tels que δmobp> 0.

La condition nécessaire et suffisante à respecter pour qu’un mouvement soit possible est d’assurer l’existence, à chaque instant, d’un centre instantané de rotation (CIR) pour la plateforme. Ce CIR existe si les axes de rotation propre de chacune des roues fixes et centrées orientables, projetés dans le plan (O, ~x, ~y), s’intersectent en un seul et même point. Ce point est le CIR de la plateforme. Dans le cas particulier de la translation pure, le CIR est « projeté à l’infini » et le mouvement est alors possible si les axes de rotation propre de chacune des roues fixes et centrées orientables sont parallèles.

Conditions à respecter afin d’assurer δmobp= 3: Le rang de C1f cvaut 0 ce qui n’est possible qu’en l’absence de roue fixe et centrée orientable (Nf = Nc = 0). La plateforme possède alors une combinaison de roues décentrées orientables et de roues suédoises dont la somme, nous en avons fait l’hypothèse, est supérieur ou égal 3. Si les conditions (2.23) et (2.24) sont respectées, une telle plateforme est de type omnidirectionnelle. Des roues décentrées orientables ou suédoises non-actionnées (roues libres) sont appelées des roues folles.

Exemple : C’est le cas d’un caddie de supermarché. Dans sa version classique (roues folles), si le rsg de chacune des roues est vérifiée, alors pour une vitesse ˙ξp donnée, l’évolu- tion de la vitesse de ses roues est donnée par (2.23) et (2.24). Dans une version actionnée, pour assurer une vitesse ˙ξp donnée et le rsg de chacune des roues, la vitesse à imprimer aux roues est donnée par (2.23) et (2.24).

Conditions à respecter afin d’assurer δmobp = 2 : Le rang de C1f c vaut 1. Ce cas n’est possible que si la contrainte rsg exprimée dans le plan orthogonal aux roues est la même pour toutes les roues. Ceci revient à ce que les axes de rotation propre des roues, projetés dans le plan (O, ~x, ~y), soient confondus. Il est évident que dans ce cas Nc = 0 (ou alors des roues centrées orientables sont utilisées mais leur orientation reste constante) et une telle plateforme est de type unicycle.

Conditions à respecter afin d’assurer δmobp = 1 : Le rang de C1f c vaut 2. C’est le cas d’un mouvement mono-dimensionnel et il suffit qu’un CIR existe à chaque instant. Cependant si la position de ce CIR par rapport au point Op ne peut évoluer dans le temps, le mouvement possible est alors mono-directionnel (une rotation de la plateforme autour d’un point fixe ou une translation pure dans une direction fixe) ce qui présente peu d’intérêt. La position du CIR par rapport à Op doit donc pouvoir évoluer dans le temps et il est évident que la condition Nc > 0 doit être respectée. Les autres conditions sont :

– si Nf > 0, alors les axes de rotation propre des roues fixes, projetés dans le plan (O, ~x, ~y), doivent être confondus et une seule des Nc roues centrées orientables peut être orientée de manière indépendante, le mouvement d’orientation des autres roues devant être coordonné afin d’assurer l’existence à chaque instant du CIR. Une telle plateforme est de type voiture.

– si Nf = 0, alors seules deux des Nc roues centrées orientables peuvent être orientées de manière indépendante, le mouvement d’orientation des autres roues devant être coordonné afin d’assurer l’existence à chaque instant du CIR. Certains engins de chantier nécessitant des rayons de braquage faible pour manœuvrer aisément sont de ce type.

Le nombre de roues centrées orientables pouvant être orientées indépendamment est appelé le degré de dirigeabilité de la plateforme et est noté δdirp. Dans le premier cas (Nf > 0), il vaut 1 et dans le second (Nf = 0) 2. Il est courant de considérer que Nc = δdirp,

le mouvement d’éventuelles autres roues centrées orientables pouvant se déduire de ces δdirp roues. ˙βc est donc un vecteur de dimension δdirp et son évolution peut être fixée indépendamment des autres paramètres. Il est appelé commande de dirigeabilité de la plateforme et nous avons :

˙

βc= udirp. (2.25)

Motorisation des roues

Les relations (2.23), (2.24) et (2.25) reliant la rotation des roues aux vecteurs de com- mande umobp et udirp peuvent être regroupées et nous pouvons écrire :

  ˙ ϕ ˙ βd ˙ βc  = Sr(βc, βd)  umobp udirp  , (2.26) où : Src, βd) =   −J2−1J1Σ ON ×δdirp −C2d−1C1dΣ ONd×δdirp

ONc×δmobp Iδdirp

. (2.27)

Le problème de l’actionnement du système se pose comme suit : combien de paramètres du vecteur h ϕ˙T β˙Td β˙Tc

iT

doivent être actionnés de manière à pouvoir faire évoluer les composantes des vecteurs umobp et udirp de manière indépendante les unes des autres. Notons δmotp ce nombre que nous appelons le degré d’actionnement d’une plateforme à roues. Il est défini comme le nombre minimum de lignes à extraire de Sr tel que, pour tout βc et tout βd, le rang de la matrice formée par ces lignes est égal à δmobp+ δdirp. Par définition, nous avons δmotp ≥ δmobp + δdirp, c’est à dire que le degré d’actionnement ne peut pas être inférieur à la dimension du vecteur de commande de la plateforme. Dans le meilleur de cas δmotp = δmobp+ δdirp.

Equations de liaison holonomes introduites par les contraintes rsg5

Les équations de liaisons introduites par les contraintes de rsg des roues sont considérées comme des équations de liaison complémentaires. Cependant si certaines de ces équations sont holonomes, elle peuvent alors être utilisées pour réduire la taille du vecteur de confi- guration de la plateforme qp. Elles sont alors envisagées comme des équations de liaisons primitives. Le nombre de ces équations peut être déterminé. Notons Sp(qp)la matrice qui établit la relation entre le vecteur de commande et la dérivée temporelle du vecteur de configuration de la plateforme : ˙qp= Sp(qp)  umobp udirp  . (2.28) Sp(qp) s’écrit : Sp(qp) =  R (ϑ) Σ (βc) Omp×δdirp Sr(βc, βd)  .

A ce stade, il est important de remarquer que pour une valeur de ˙qp obtenue par (2.28), l’équation (2.19), qui exprime les contraintes de rsg, est toujours vérifiée. Il est en effet aisé de vérifier que Dp(qp) Sp(qp) = 0 pour tout qp.

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Les résultats présentés dans ce paragraphe font appel à la géométrie différentielle appliquée à la commandes des systèmes non linéaires. Pour plus de détails, se référer à [Isidori 89], [Lévine 04] ou [Murray 94].

Soit ∆ (qp)la distribution de champs de vecteurs engendrée par les colonnes de Sp(qp). Elle est de rang δmobp + δdirp. Soit ¯∆ (qp) la clôture involutive de ∆ (qp). Elle est défi- nie comme la plus petite distribution involutive contenant ∆ (qp). Une distribution est involutive si le crochet de Lie de tout couple de champs de vecteurs de cette distribution appartient à cette distribution.

Le degré de non holonomie représente le nombre ¯hd’équations de liaisons non holonomes du système et il est défini dans [Campion 96] comme :

¯

h = dim ¯∆ (qp)− dim (∆ (qp)) = dim ¯∆ (qp)− (δmobp+ δdirp) .

Le nombre d’équations de liaisons holonomes liées au rsg des roues, jusque là considérées comme équations de liaison complémentaires, vaut hc et est défini comme :

hc = dim (qp)− dim ¯∆ (qp).

Ces hc équations de liaison peuvent être utilisées pour réduire le nombre de coordonnées nécessaires à la définition de la configuration du système. Lorsque ce choix est fait, la nouvelle dimension du vecteur des coordonnées généralisées du système est alors (np− hc). Le système est alors dit complètement non holonome ([Bloch 03], chapitre 6, page 302) et ¯h représente alors le nombre de paramètres de ce nouveau vecteur des coordonnées généralisées dont l’évolution est liée à celle des autres paramètres. Cependant, malgré le lien entre ces paramètres, le système est commandable, autrement dit il existe une évolution des coordonnées généralisées compatible avec l’ensemble des équations de liaison et telle que la plateforme peut être amenée d’une configuration quelconque à une autre. Cette propriété est essentielle car elle permet notamment d’assurer qu’une plateforme à roues peut être amenée d’une situation quelconque (un point et une orientation dans le plan) à une autre.

Pour notre part, nous considérons que ces équations sont conservées comme complé- mentaires.

2.2.2.2 Commande cinématique du bras manipulateur et généralisation au système