Dans cette quatrième partie, je m’intéresse à la collaboration entre les parents et les enseignants, primordiale pour assurer une scolarité cohérente et harmonieuse à l’élève souffrant de TDA/H. Je voulais vérifier si l’on collabore davantage en ayant un élève TDA/H dans sa classe avec les parents, si les enseignants leur proposent des mesures qui marchent en classe et si, d’après eux, les parents proposent eux aussi des stratégies.
• Les différents aménagements pédagogiques adaptables à la maison
Tout d’abord, je voulais savoir si certaines mesures (celles de mon questionnaire ou les supplémentaires proposées par certains enseignants) pouvaient être introduites à la maison afin d’aider les parents à surmonter les difficultés de l’enfant.
Je relève que 96% (48 / 50) des enseignants pensent que certains aménagements pédagogiques peuvent aussi être des mesures éducatives. Les deux enseignants qui ont entouré la réponse « Non » l’ont justifié en notant qu’ils n’en savaient rien car ils n’avaient jamais eu d’élèves TDA/H. Sur les 48 enseignants, 36 ont écrit des propositions de stratégies pour la maison (13 qui n’ont jamais eu d’élèves TDA/H, 23 qui en ont déjà eu un dans leur classe) et 12 n’ont pas écrit de propositions. Sur les 36 enseignants qui ont écrit des propositions, les voici résumées selon différents thèmes.
Graphique 3 : vue générale des aménagements pédagogiques adaptables à la maison
83%
12%
5%
0%
Gérer le travail à domicile
Aider l'enfant à mieux s'organiser et planifier Gestion des repas
Renforcer les bons comportements
Dans ce troisième graphique (cf. graphique 3), les propositions de mesures adaptables à la maison et suggérées par les enseignants concernent principalement le travail à domicile, les devoirs. Ce sont les mêmes thèmes utilisés dans mon cadre théorique (renforcer les bons comportements ; aider l’enfant à mieux s’organiser et planifier ; gérer le travail à domicile) mais les enseignants pensent aussi à la « gestion des repas ».
De plus, les enseignants rajoutent encore les informations suivantes : « bien informer les parents pour qu’ils réagissent au mieux », avoir « un bon suivi avec les thérapeutes » qui entourent l’enfant ou encore qu’il « est plus facile pour les parents de mettre en œuvre ces aménagements car ils sont seuls avec l’enfant ».
Gérer le travail à domicile (83%)
Pour la gestion des devoirs, cinq thèmes principaux ressortent : tutorat (répétiteur, parents, copain), matériel, aides engendrant de la motricité, aides éducatives et aménagements de la chambre. Les propositions des mesures adaptables à la maison sont spécifiées ci-‐dessous, dans ces cinq thèmes. Le chiffre inscrit à côté de chaque stratégie est le nombre de fois où chaque enseignant la cite. Les aménagements de la chambre sont les mesures les plus citées par les enseignants alors que le tutorat est le moins cité.
46% Aménagements de la chambre (101 / 220)
Tout d’abord, les enseignants proposent que l’endroit où l’enfant réalise ses devoirs soit visible, bien rangé, aéré et simple. Il ne doit pas y avoir trop de matériel sur le bureau (20 / 101). Puis, que l’endroit soit calme et propice (ni télé, ni musique) (15 / 101). Pour la chaise du bureau, permettre à l’enfant d’être assis sur un ballon (13 / 101) et vérifier qu’il soit correctement assis et bien appuyé contre le dossier (13 / 101). Il ne doit pas y avoir trop de décorations dans la chambre (12 / 101). Ils proposent aussi de mettre des balles de tennis sous les chaises pour amortir les bruits (11 / 101) ou que l’enfant se mette « à califourchon » sur sa chaise (9 / 101). Enfin, de permettre à l’enfant de faire ses devoirs debout (8 / 101).
33% Aides éducatives (72 / 220)
En ce qui concerne les aides éducatives pendant les devoirs, les enseignants proposent tout d’abord d’alterner les moments de concentration et les moments libres (de détente, de liberté) (14 / 72). Puis, de répéter les consignes plusieurs fois et de donner des explications claires (14 / 72). Ils proposent aussi aux parents d’utiliser un time timer, un sablier (12 / 72). Le fait de fragmenter les devoirs, d’en faire un peu chaque jour et ne pas donner tout en même temps est aussi évoqué par les enseignants (12 / 72). Lorsqu’une consigne importante doit passer, il faudrait bien le regarder dans les yeux (10 / 72) et si possible, que l’enfant puisse se référer à des supports visuels quand il fait ses devoirs (8 / 72). Les enseignants proposent aussi des lectures réécrites à l’ordinateur avec plus d’espace et des caractères faciles à lire (1 / 72). Enfin, diminuer la quantité de travail (adulte lit ou écrit une partie) (1 / 72).
17 % Aides engendrant de la motricité (37 / 220)
Pour les aides engendrant de la motricité, les enseignants proposent tout d’abord que l’enfant puisse avoir une balle anti-‐stress ou un objet à manipuler pendant ses devoirs (15/37) mais aussi de lui permettre de bouger et lui donner des responsabilités (14 / 37).
3% Matériel (8 / 220)
Concernant le matériel, prévoir un double du matériel important pour effectuer les devoirs est aussi évoqué par les enseignants (8 / 8).
1% Le tutorat (2 / 220)
Enfin, pour le tutorat, il est important pour les enseignants que l’enfant puisse être aidé par un adulte ou un répétiteur pour effectuer ses devoirs (2 / 2).
Dans la gestion des devoirs, je dois signaler quelques commentaires émis par les enseignants. Deux d’entre eux ont complété la mesure selon laquelle l’enfant doit être aidé pour faire ses devoirs « par un répétiteur ou un adulte », un a rajouté de « proposer des lectures réécrites à l’ordinateur avec plus d’espace et des caractères faciles à lire » et enfin un autre de « diminuer la quantité de travail (adulte lit ou écrit une partie) ».
Aider l’enfant à mieux s’organiser et planifier (12%)
Certains enseignants proposent les mesures ci-‐dessous, adaptables à la maison, pour que l’enfant puisse mieux s’organiser et planifier. Dans cette liste, j’ai inscrit le nombre de fois où la stratégie est proposée par le ou les enseignants. Par exemple, « prévenir l’enfant s’il y a un changement dans son programme » a été proposée 5 fois alors qu’ « avoir des routines quotidiennes » a été proposée 8 fois.
• Agenda, carnet, aide-‐mémoires pour l’aider à structurer le temps (10 / 31)
• Avoir des routines quotidiennes (8 / 31)
• Utilisation d’un time timer, d’un sablier dans les actions quotidiennes (8 / 31)
• Prévenir l’enfant s’il y a un changement dans son programme (5 / 31) Gestion des repas (5%)
• Permettre à l’enfant de bouger pendant les repas (1 /13)
• Être bien assis sur sa chaise (1 / 13)
• Mettre des balles de tennis sous les chaises pour amortir les bruits (1 / 13)
• Endroit calme et propice pour manger (pas de télé) (1 / 13)
• Être assis sur un ballon (2 / 13)
• Avoir une balle anti-‐stress ou des objets à manipuler (2 / 13)
• Donner des responsabilités à l’enfant (sortir les poubelles, mettre la table, aller chercher de l’eau) (5 / 13)
Renforcer les bons comportements (0%)
Un seul enseignant suggère de proposer aux parents d’utiliser un cahier de défis à la maison. C’est une aide qui fait partie des mesures supplémentaires, elle ne se trouve donc pas dans mon questionnaire.
• Davantage de collaboration
Tableau 14 : pourcentages des enseignants qui collaborent ou pensent collaborer davantage avec les parents de l’élève
Pourcentage des enseignants qui ont déjà eu un élève avec un TDA/H ou une suspicion et qui collaborent davantage avec les parents de cet élève.
(35/35) 70 % Pourcentage des enseignants qui n’ont pas eu d’élève présentant un TDA/H
dans leur classe mais qui pensent qu’il faut collaborer davantage avec les parents de cet élève.
(15/15) 30%
Total des enseignants qui collaborent ou qui pensent collaborer davantage avec les parents de leur élève affecté par un TDA/H.
(50/50) 100%
Dans ce 14e tableau (cf. tableau 14), 70% des enseignants interrogés, qui ont déjà eu un élève diagnostiqué TDA/H (ou une suspicion) dans leur classe, collaborent davantage avec les parents de l’élève. De plus, les 30% qui n’ont pas eu d’élèves affectés par un TDA/H dans leur classe ont tous écrit à côté de la réponse, « je pense que oui, même si je n’en ai jamais eu dans ma classe ». Ils pensent donc tous qu’il est primordial d’informer davantage les parents d’un enfant affecté par un TDA/H. Je relève ici l’importance de collaborer entre ces deux partenaires et de trouver des solutions ensemble. Par rapport à mon hypothèse, je peux donc confirmer que, selon les enseignants, ils collaboreraient davantage avec les parents lorsque leur élève souffre d’un TDA/H.
• Les différents aménagements éducatifs adaptables à l’école
Pour les 70% des enseignants qui ont répondu positivement et qui ont déjà vécu une expérience avec un élève porteur de TDA/H ou une suspicion, je leur demandais ensuite si les parents de cet élève leur proposent des mesures qu’ils instaurent à la maison et qui pourraient marcher à l’école. En résumé, s’ils proposent ou non des pistes afin d’aider l’enseignant, comme ils connaissent bien leur enfant.
Dans mes résultats, je constate que seulement 25% des enseignants, soit un quart seulement (9 enseignants sur 35), disent que les parents proposent leurs mesures éducatives. Les enseignants ont tous écrit dans le questionnaire ces mesures éducatives.
Pour le reste (26 / 35), sur les 26 enseignants, 24 ont opté pour la réponse « Non » et 2 n’ont pas répondu. Ce qui est relativement peu et qui montre que même s’il y a une envie de collaborer de la part des enseignants, je suppose que les parents n’évoquent pas,
d’eux-‐mêmes, leurs mesures éducatives. Soit parce que les parents n’y pensent pas, soit parce qu’ils ne pensent rien instaurer à la maison ou encore parce qu’ils ne mettent effectivement rien en place.
Par ailleurs, un enseignant qui a répondu que les parents ne proposaient pas d’aménagements particuliers à rajouter, à côté, le commentaire suivant : « Non, ce sont plutôt les thérapeutes qui proposent des aménagements ».
Voici la liste des aménagements éducatifs que proposent les parents aux enseignants : è « Instruments » pour la tenue des crayons ou des plumes d’écriture.
è Emplacement du bureau dans la classe, petit écriteau « pense-‐bête » à avoir à porter de main pour organiser son travail.
è Couleurs / bacs, rangements, etc.
è Souvent, les parents apportent de la documentation, après chacun fait ce qu’il peut.
è Le répétiteur qui travaille avec l’enfant pendant ses devoirs collabore avec l’enseignant, pour lui dire comment l’enfant travaille « seul ».
è Le faire respirer calmement, contrôle de sa respiration.
è Une étudiante qui vient ponctuellement en classe pour aider et encadrer.
è La discussion et le partage des actions efficientes sont très utiles. Elles permettent une consolidation, la fixation d’un cadre commun et d’un suivi « serré ».
PARTIE 5 : UNE EXPÉRIENCE VÉCUE AVEC UN ÉLÈVE PRÉSENTANT UN TDA/H DANS SA