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La cohérence : une nécessité pour les politiques suivies par les pays de l ’OCDE

PAR LES PAYS DE L ’OCDE A L’ÉGARD DES PAYS EN DÉVELOPPEMENT

Les liens entre les problèmes des pays développés et ceux des pays en développement ressortant avec de plus en plus de clarté sur un large front et dans des cadres différents, on mesure de mieux en mieux qu’il est essentiel de prendre systématiquement en compte l’impact des politiques des pays de l’OCDE sur les pays en développement et d’œuvrer à une intégration plus poussée des politiques visant les pays en développement. La cohérence des politiques touchant la gestion macro-économique, le commerce, les affaires financières et l’aide ainsi que leur articulation logique les unes par rapport aux autres sont considérées depuis longtemps - et aujourd’hui plus encore que jamais - comme une condition indispensable pour améliorer les perspectives de développement. Mais cette notion de cohérence doit aller au-delà de ces questions. En effet, la base des relations entre pays développés et pays en développement est en train de subir une transformation radicale sous l’action conjuguée de plusieurs éléments : la démographie, l’environnement, les mouvements migratoires et la drogue sont maintenant des problèmes systémiques qui affectent la prospérité mondiale; il y a nécessité de percevoir les pays en développement dans leur diversité et non comme un groupe homogène et de les traiter en conséquence ; le rythme du changement économique et technologique mondial et les nou­ velles données politiques qui apparaissent avec la fin de la guerre froide ont contribué au vaste mouvement vers la démocratie pluraliste, l’économie de marché et les progrès marqués dans le règlement des conflits régionaux.

Lors d’une réunion qui s’est tenue en septembre 1991, les Membres du CAD se sont employés à déterminer ce qu’implique la mise au point d’une approche plus globale et plus cohérente en faveur du développement, du point de vue aussi bien de l’action proprement dite à entreprendre que du fonctionnement des procédures utilisées dans leurs capitales.

D ’une manière générale, ils ont admis que le temps, les efforts et la volonté politique nécessaires pour assurer la cohérence des politiques suivies à l’égard des pays en développe­ ment ne pourraient se matérialiser que si le développement recevait un degré extrêmement élevé de priorité, corroboré par un réel engagement de la part des dirigeants politiques des pays de l’OCDE. Or, pour cela, il faut aussi que l’opinion publique de ces pays comprenne bien que le bien-être à long terme des pays de l’OCDE est lié à la capacité des pays en développement d’affronter eux-mêmes leurs propres problèmes et de contribuer à apporter une solution aux problèmes globaux. Ce n ’est qu’à cette condition que le développement pourra se voir affecter une priorité équivalente à celle que reçoivent les considérations à court terme et les intérêts purement sectoriels dans le débat concernant la politique intérieure. S’ils veulent être effective­ ment associés à la formulation de la politique générale des capitales, les organismes d’aide

doivent se doter de capacités conceptuelles et analytiques qui leur permettent de se faire les défenseurs du développement dans le cadre de l’action entreprise dans divers domaines.

D’un point de vue pratique, l’effort de cohérence doit reposer sur des éléments très divers, et notamment viser à :

- faire du développement une priorité, grâce à une reformulation des objectifs et des problèmes de telle sorte que le développement aille dans le sens des intérêts fondamen­ taux des pays de l’OCDE tels qu’ils ont été définis ci-avant;

- exploiter les initiatives régionales pour en faire l’instrument d ’une approche concertée et cohérente vis-à-vis des problèmes de développement rencontrés dans un contexte géographique précis (il est souvent plus facile, sur le plan économique comme sur le plan politique, de défendre la cohérence en se concentrant sur une région donnée, en arguant par exemple qu’elle est susceptible de contribuer à la résolution d’un conflit ou aux progrès de réformes économiques ou politiques) ;

- déterminer les tendances et les déficiences qui, dans les politiques des pays de l’OCDE, ont de toute évidence des effets néfastes sur les perspectives de développement ; - faire en sorte que les considérations de développement soient pleinement et dûment

prises en compte lors de l’examen des grands problèmes qui se posent dans des domaines comme les échanges, l’environnement, les migrations, les crédits à l ’exporta­ tion, etc. ;

- s’assurer que les politiques et pratiques en matière d ’aide soient totalement compatibles avec les objectifs à moyen terme du développement, et notamment avec un progrès vers l’autonomie, un élargissement du rôle des marchés et du secteur privé, une amélioration de la transparence des mécanismes de dépense publique et une orientation vers une bonne gestion des affaires publiques et un développement participatif ;

- veiller à ce que le niveau des ressources consacrées à l’aide ne soit pas entamé par l’accroissement des dépenses que nécessite la résolution des nouveaux défis géopoliti­ ques et des grands problèmes globaux.

L ’importance qu’il convient d’attacher à la cohérence est certes chose reconnue par les Membres du CAD, mais aussi par tous les pays de l’OCDE en général, comme en témoigne le Communiqué de la réunion du Conseil au niveau des ministres de juin 1991. Tout le monde est donc d’accord pour dire que la cohérence est une question qui doit être examinée et traitée par l’OCDE. A cet égard, le CAD peut jouer un grand rôle en prenant l’initiative de lancer des travaux analytiques et des débats auxquels pourraient participer d ’autres comités et des ins­ tances supérieures de l’Organisation. Cela pourrait amorcer une évolution importante dans le rôle de CAD et dans la place qui est faite, à l’OCDE, aux questions liées au développement en général.