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PARTIE I : GENERALITES SUR LE MILIEU

Chapitre 6 : La rentabilité de l’agriculture urbaine et périurbaine à Yaoundé

6.1. Les coûts de production

6.1.1. Préalable pour le calcul des coûts de production

Lors du calcul de la rentabilité, il faut tenir compte de l’amortissement du matériel pour que

les coûts de production soient représentatifs. La durée de vie du matériel agricole est très

variable et est fonction de son utilisation et de son entretien. Les outils ne sont pas tous de la

même manufacture et ne s’usent pas tous de la même manière. Les houes, pelles, arrosoirs, et

autres outils de fabrication artisanale ou en matériau de récupération sont très souvent

renouvelés par rapport aux outils produits dans les usines et vendus aux producteurs. La durée

de vie d’une motopompe est plus courte dans un jardin de production à plein temps que dans

un petit jardin. De plus, les maraîchers se souviennent très peu ou pas toujours de la date et du

prix d’achat de leur outil. Enfin, le prix de certains outils progresse d’année en année, tandis

que d’autres augmentent ou baissent selon l’offre et la demande. Conscient de ce problème,

nous suggérons aux lecteurs de considérer les prix d’investissement indiqués (coût en valeur

FCFA, année 2005-2006) comme exemple et que cela soit pris à titre indicatif pour un

scénario de mise en route d’un processus qui peut varier avec le temps.

6.1.2. La valeur de la production

La valeur de la production est aussi difficile à calculer. D’une part, deux ou trois techniques

culturales sont parfois combinées : les cultures pures peuvent succéder à des cultures

associées et vice-versa. Les cycles de production des plantes de cultures associées sont

quelquefois différents, ou bien les semis se suivent dans le temps. Par exemple, dans le cas

d’un jardin maraîcher, le producteur associe parfois sur une même planche céleri et salade.

Les deux variétés de plantes sont repiquées en même temps, la salade étant intercalée entre les

jeunes plants de céleri, dont le cycle végétatif est de six mois alors que la salade ne doit durer

que deux à trois mois. La récolte de la salade se faisant dans cet intervalle de temps (deux à

trois mois) après le semis, la planche devient une culture pure de céleri. Dans le cas d’un

champ vivrier, un producteur sème le maïs, le haricot, puis l’arachide et y met des boutures de

manioc. A la récolte, on retire le maïs, le haricot et puis, deux semaines plus tard, des

arachides ; le champ devient alors une culture pure de manioc. D’autre part, les producteurs

urbains et PU ne planifient pas vraiment leurs cultures. Quand un légume est intéressant ou

facile à produire parce qu’il se vend bien, tout le monde se met à le cultiver (cas de

l’amaranthe). Quelques mois plus tard, il y a une surproduction et, par conséquent, mévente

du produit due à sa haute périssabilité.

Enfin, les quantités de produits récoltés sont mesurées de façon inégale. Les unités de mesures

varient d’un producteur à l’autre et d’un commerçant à l’autre. Pour les mesures standard de

certaines denrées comme les légumes-feuilles, certains producteurs estiment à un kg leurs

bottes alors que la même botte de légumes dans un autre espace est estimée à plus d’un kg.

En fait, très rares sont les producteurs qui tiennent une comptabilité agricole écrite qui permet

de faire les calculs exacts de leur situation. Les quelques producteurs scolarisés qui ont

démarré leur jardin avec l’esprit d’innover, en faisant des relevés journaliers, hebdomadaires,

puis mensuels, ont finalement abandonné leur cahier de comptes. Ils estiment que la recherche

des intrants (fumiers, engrais, semences, manœuvre, etc.) et des débouchés pour leur

production, les empêchent de s’y consacrer.

Cependant, à partir du suivi des activités et des informations obtenues pendant les entretiens

lors de notre étude, nous estimons qu’il faut prendre en compte dans les calculs économiques

les facteurs fixes (matériels agricoles) et les facteurs variables (semences, engrais, pesticides,

main-d’oeuvre s’il y a lieu).

6.1.3. La maximisation du profit à court terme

L’un des objectifs majeurs des producteurs urbains et périurbains est de maximiser leurs

profits, le but de la production étant la commercialisation des surplus de leurs denrées et

l’obtention de revenus monétaires. Ainsi, le producteur resterait et chercherait à améliorer la

production tant que le profit serait intéressant, sans quoi il quitterait la production.

Cet objectif, sous contrainte des autres aléas, peut se formuler de la manière suivante :

Supposons π = profit = P - C = marge nette, avec P = prix de vente et C = charges

- Si P est supérieur à C, π est supérieur à zéro, alors il y a stimulation et donc

développement de l’activité.

- Si P est inférieur à C, π est inférieur à zéro, alors il n’y a pas de motivation et

l’activité est délaissée.

Ce schéma général est redéfini pour tenir compte des particularités. Ainsi,

π

p

= P – C = profit du producteur = prix de vente moins le coût de production.

Et pour mieux cadrer cela, nous voyons aussi le profit des autres acteurs de la filière

π

g

= P – C = profit du grossiste = prix de vente au détaillant moins les charges de

transfert

Ce schéma théorique permet d’analyser le profit au niveau de tous les acteurs de la filière

horticole.

D’après la relation entre producteur, grossiste, détaillant et consommateur (figure 32

précédente), il ressort que le profit est un élément déterminant pour la motivation d’un

producteur à continuer de produire une culture ou non. Si les coûts de production sont

supérieurs aux recettes, alors le producteur va arrêter de produire.

Considérons un problème de maximisation du profit pour la production d’une culture par un

agriculteur quand le produit est fixé à un niveau donné

_

x2. Soit f(x1, x2), la fonction de

production de l’agriculteur, p, le prix du produit et w

1

et w

2

, les prix des facteurs de

production. Le problème de maximisation du profit auquel l’agriculteur est confronté peut dès

lors s’écrire comme suit :

max

1 x

pf (x

1

,

_

x

2

) – w

1

x

1

- w

2 _

x

2.

Posons x

1 =

engrais et x

2 =

surface cultivée

et, en considérant que les surfaces cultivées sont fixées (puisque d’après la littérature,

la terre constitue une contrainte dans l’agriculture urbaine (Hernandez, 1999) ;

- Si

*

1

x est la quantité d’engrais qui maximise le profit, le prix de l’output multiplié

par le produit marginal de l’engrais doit être égal au prix de l’engrais. En utilisant les

symboles, on a :

Pm

p 1

(

*

1

x ,

_

x

2

) = w

1

en d’autres termes, la valeur du produit marginal doit être égale à son prix.

Etablissons cette condition graphiquement. La figure 34 représente la fonction de production

quand la surface est fixée. En utilisant y pour représenter l’output du producteur, les profits

sont égaux à :

π=py - w

1

x

1

- w

2 _

x

2

Cette expression peut être résolue pour y afin d’exprimer l’output en fonction de l’engrais, on

a donc: Y =

p

Π

+

p

w

2 _

x

2

+

p

w

1

x

1

Figure 34: La maximisation du profit.

Source : Varian (2000 : 359), adapté par l’auteur.

Le producteur choisit la combinaison des facteurs de production et des produits qui touche la

droite d’isoprofit la plus élevée possible. Dans ce cas, le point qui maximise le profit est

(x

*1

,y

*

).

Cette équation qui définit la droite d’isoprofit représente simplement toutes les combinaisons

des facteurs de production et de produits qui procurent un niveau constant de profit π. Si π

varie, on obtient un ensemble de droites parallèles qui ont toutes une pente de w

1p

et une

ordonnée à l’origine

π

p + w

2

_

x

2

p, cette ordonnée correspondant aux profits plus les coûts

fixes de l’entreprise.

Le problème de maximisation du profit du producteur consiste par conséquent à trouver le

point sur la fonction de production qui est associé à la droite d’isoprofit la plus élevée. Ce

point est représenté dans la figure 32. Il est caractérisé par une condition de tangence : la

pente de la fonction de production doit être égale à la pente de la droite d’isoprofit. Puisque la

pente de la fonction de production est le produit marginal et que la pente de la droite

d’isoprofit est w

1p

, cette condition peut également s’écrire sous la forme suivante :

Pm

1

=

p

w

1

C’est donc à ces conditions que le producteur maximise son profit.

Produit

p

Π

+

p

w

2 _

x

2

X

1

‘ X

1

Y= f(x

1, _

x

2

)

Fonction de

Production

Droites

d’isoprofit

Pente=

p

w

1

Y’

Facteur de production (x

1

)

De même, le producteur peut choisir de minimiser ses coûts dans le but de maximiser son

profit. Il choisit alors la façon la moins coûteuse de produire un niveau de produit donné.