5.4 Application de la méthode aux données expérimentales
5.4.3 Coïncidences entre les cellules A et B
La géométrie du prototype multicellulaire permet d’obtenir des événements en coïncidence et ainsi
d’améliorer la discrimination des événements du bruit de fond (cf. section 3.6). Etant donnée la taille de
ce détecteur prototype, les coïncidences attendues proviennent essentiellement de muons cosmiques
tra-versant au moins deux cellules. Après alignement en temps, les spectres des cellules A et B peuvent être
superposés. Un algorithme a été developpé pour déterminer les coïncidences entre les cellules A et B
dont les résultats seront présentés dans le chapitre suivant. La corrélation en temps des deux cellules
per-met de déterminer les dépôts d’énergie ayant lieu dans une fenêtre de 35 canaux. En effet, le temps mort
du détecteur est de
3 s et l’intervalle choisi correspond au temps de montée d’un pic. La figure 5.17
présente des spectres d’acquisition des cellules A et B. Elle confirme l’existence d’événements en
coïn-cidence. Cependant, deux types de coïncidence sont observées. Les "vraies" coïncidences correspondent
à des dépôts dénergie séparés de moins de 35 canaux et caractérisés par des pics. On constate l’existence
d’un autre type de coïncidence où seulement un des dépôts est caractérisé par un pic, l’autre
correspon-dant à un signal présentant une forme plus symétrique. Sur l’échantillon présenté sur la figure 5.17, sept
Temps (s)
0 100 200 300 400 500 600 700 800Energie (keV)
0 50 100 150 200 cellule A cellule BFIG. 5.17 – Evénements en coïncidence. L’alignement temporel des spectres d’acquisition des cellules A et B
montrent la présence d’événements en coïncidence entre les deux cellules.
"vraies" coïncidences sont détectées. Elles correspondent à des muons cosmiques. On remarque
néan-moins que l’interaction d’un muon dans une cellule semble induire un signal dans la cellule voisine.
Ce signal est clairement différent de celui caractéristique d’un événement correspondant à l’interaction
d’une particule dans la cellule. Il présente une forme moins asymétrique que ce dernier. Ces événements
ne sont pas détectés par l’analyse car ils sont caractérisés par un temps de montée de l’ordre de 3 s. La
fi-gure 5.18 présente une vue détaillée sur des plages de temps de l’échantillon présentée sur la fifi-gure 5.17.
Sur la plage présentée sur le graphique (a), la "vraie" coïncidence est à la position 585 s. Il s’agit d’un
muon cosmique. Les autres événements semblent induire des dépôts dans la cellule voisine quels que
soient leur énergie. Ces formes pourraient provenir d’une fuite thermique entre les cellules qui pourrait
Temps (s)
540 560 580 600 620 640Energie (keV)
0 20 40 60 80 100 cellule A cellule BTemps (s)
700 720 740 760 780 800Energie (keV)
0 20 40 60 80 100 cellule A cellule B (a) (b)FIG. 5.18 – Coïncidence ou/et diaphonie entre les cellules A et B. L’échantillon (a) présente une vraie coïncidence
à la position 585 s. Un événement interagissant dans la cellule B au temps 525 s induit un signal dans la cellule A caractérisé par un temps de montée de 3 s. Deux signals de diaphonie sont visibles sur le graphique (b).
provenir d’un mauvais scellage au Stycast des passages d’un fil vibrant. Un déchirement de la fine feuille
de cuivre séparant les deux cellules pourrait avoir eu lieu. Ce phénomène a pour inconvénient de produire
des "bosses" dans les spectres d’acquisition qui peuvent se superposer aux événements ou perturber la
ligne de base. Il semblerait que l’amplitude des "bosses" dépende de l’energie déposée par la particule
interagissant dans la cellule voisine. Ce phénomène induit de la diaphonie entre les cellules. Le signal
induit dans la cellule adjacente est clairement séparé d’un événement physique par sa forme. Il n’est pas
détecté (S/B
1). Il ne s’agit pas d’un signal dit en coïncidence de type muon-muon ou muon-électron.
On retiendra que la procédure développée pour analyser les données du prototype multicellulaire
permet de retrouver les amplitudes d’événements de basses énergies et de traiter l’empilement des
évé-nements, phénomène qui s’avère important pour la cellule contenant la source d’électrons de conversion
de
. L’efficacité de la méthode en fonction de la coupure imposée sur la valeur du rapport S/B a
été évaluée. Elle a permis de mettre en évidence qu’une coupure S/B
5 permet de conserver une bonne
efficacité de détection avec un taux de contaminations négligeable. La méthode d’analyse présentée ici
sera appliquée dans le chapitre suivant pour les données des cellules A et B.
Résultats expérimentaux de MACHe3
Sommaire
5.1 Principe de la méthode d’analyse des données . . . . 97 5.2 Simulation des données d’acquisition . . . 103 5.3 Application de la procédure d’analyse aux données simulées . . . 107 5.4 Application de la méthode aux données expérimentales . . . 113
Ce chapitre présente les résultats expérimentaux sur la première cellule prototype et le prototype
multicellulaire de MACHe3 et plus précisément la détection des bruits de fond à la recherche de matière
sombre non-baryonique. Dans un premier temps, les résultats obtenus par une méthode de
déconvolu-tion détaillée dans [141] sur une série de données acquise sur une cellule en 2001 seront présentés. Le
spectre des neutrons après irradiation du prototype par une source d’Am/Be en présence d’un blindage
de paraffine est présenté (6.1) pour mettre en évidence la signature possible des neutrons avec l’
. Le
spectre expérimental en énergie des muons cosmiques (6.2.1) obtenu dans la première cellule prototype
sera détaillé et comparé à la simulation réalisée avec l’environnement Geant4. Dans un deuxième temps,
la procédure d’analyse exposée dans le chapitre précédent sera appliquée sur les données de la
désaiman-tation 5 (d5) acquises sur le prototype multicellulaire en présence d’un château de plomb de couverture
totale de 80%. La détection des muons cosmiques dans les cellules A et B est détaillée. Les résultats
concernant la détection des électrons de basse énergie provenant de la source de
seront exposés. Le
spectre des électrons de basses énergies de la source de très faible activité placée à l’intérieur de la cellule
B sera présenté. Ces résultats sont publiés dans [146]. La méthode de coïncidence entre les cellules A et
B sera détaillée. La corrélation temporelle entre ces deux cellules sera utilisée pour mettre en évidence
la possibilité de discriminer les événements du bruit de fond en coïncidence.
122 6.1 Détection des neutrons
6.1 Détection des neutrons
Un dispositif expérimental a été mis en oeuvre pour montrer la possibilité de séparer
l’interac-tion des neutrons dans l’ par le processus de capture neutronique. Une expérience avec une source
d’Am/Be placée à 30 cm du cryostat a été réalisée. L’activité de la source est de 2,2
10
=
Bq. Elle
produit un spectre continu de neutrons jusqu’à 10 MeV piqué à 3 MeV. Un blindage de paraffine
d’épais-seur 30 cm a été disposé entre la source et le cryostat pour permettre de thermaliser les neutrons et ainsi
favoriser le processus de capture neutronique. Après thermalisation, les neutrons sont majoritairement
capturés en laissant une énergie caractéristique. La figure 6.1 présente le spectre en énergie des neutrons
Energie (keV)
400 500 600 700 800 900
Coups
0
5
10
15
20
25
30
35
40
45
50
650 keV 764 keV
Collaboration MACHe3
H + 764 keV
3p +
→
He
3n +
FIG. 6.1 – Spectre en énergie des neutrons dans la cellule prototype. Le pic de capture neutronique est observé à
650 keV. Le décalage en énergie par rapport à la valeur théorique est de 15%