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Classification des liaisons selon Delattre

1.2 Les différentes classifications de la liaison

1.2.1 Classification des liaisons selon Delattre

Delattre (1947 : 152) propose une classification des liaisons qui ne s'appuie pas sur l’étude d’un corpus oral mais sur des descriptions, l'objectif de cet article étant en particulier de donner des indications précises pour enseigner la liaison aux apprenants, ce qui s’observe notamment dans la terminologie des trois catégories qu’il présente : les liaisons obligatoires, facultatives et interdites. Il précise que ces distinctions ne sont pas absolues, « elles varient selon le style ». Il distingue ainsi quatre styles différents : la conversation familière, la conversation soignée, la conférence et la récitation de vers. Selon lui, plus on est proche de la conversation familière, moins on fait de liaison et plus on est proche de la récitation de vers, plus on en fait. Cette variation de la réalisation des liaisons ne s'applique, bien évidemment, qu'aux liaisons qu'il classe comme « facultatives ». A la fin de son article, Delattre présente un tableau récapitulatif, dans lequel sont classées les liaisons selon qu'elles sont obligatoires, facultatives ou interdites.

Dans la catégorie obligatoire, il classe :

• les déterminatifs (articles, adjectifs possessifs, adjectifs qualificatifs...) suivis d'un nom, d'un pronom ou d'un adjectif.

• les pronoms personnels suivis d'un verbe

• les verbes suivis d'un pronom personnel

• est ou c'est

• les invariables monosyllabiques (prépositions et adverbes)

• certaines formes figées comme tout à coup ou de temps en temps Dans la catégorie facultative, il classe :

• les noms au pluriel suivis d'un adjectif, d'un verbe ou d'un mot invariable

• les pronoms

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• les verbes

• les invariables polysyllabiques (prépositions et adverbes)

• les conjonctions monosyllabiques Dans la catégorie interdite, il classe :

• les noms au singulier

• les noms propres

• le pluriel des noms composés comme des arcs-en-ciel

• et

• le /h/ aspiré

• certaines formes figées comme nez à nez

C'est une classification très détaillée, avec une visée prescriptive ayant pour objectif d’enseigner le bon français, dans laquelle Delattre met de nombreux contextes dans la catégorie obligatoire. Mais, comme nous le verrons plus loin, en se basant sur un corpus oral, Durand et Lyche (2008) n'aboutissent pas à la même analyse, avec par exemple beaucoup moins de contextes où la liaison est réalisée de manière catégorique que dans la classification ci-dessus. Si l'on examine les invariables monosyllabiques cités par Delattre, comme les prépositions par exemple, Durand et Lyche (2008 : 17) en se basant sur un corpus oral montrent que « there is no liaison after dans in 5% of the occurrences (245) »1. Outre le fait que 60 ans séparent les deux classifications, on peut souligner que cette classification des liaisons par Delattre se base sur des intuitions, sur la description de ses propres observations, alors que les travaux que nous allons aborder maintenant se basent, quant à eux, sur des corpus oraux qui viennent remettre en question cette classification.

1 Dans 5% des cas (sur 245 occurrences), la liaison n’est pas réalisée après dans. [Notre traduction]

18 1.2.2 Travaux d’Ågren et De Jong

L'étude d'Ågren (1973 : 3) se base sur un corpus de 134 émissions radiophoniques enregistrées entre 1960 et 1961. Il s'est attaché « à ne relever que les liaisons et non-liaisons du français parlé spontanément ». Pour ce faire, il a évité tous les passages où le locuteur est susceptible de lire un texte. Ågren s'intéresse dans cette étude seulement aux liaisons facultatives et son objectif premier n’était pas de remettre en question les catégories de liaisons obligatoires, facultatives et interdites de Delattre (1947). Il constate pourtant que certains éléments classés dans la catégorie obligatoire par Delattre (1947) devraient plutôt se trouver dans la catégorie facultative. Ainsi, pour les adverbes monosyllabiques qui sont classés par Delattre (1947) dans la catégorie obligatoire, Ågren (1973 : 97) prend l’exemple de l’adverbe pas et constate qu’au sein de son corpus, la moyenne de réalisation de liaison avec pas ne s’élève qu’à 23%, et, même s’il y a des variations selon ce qui suit l’adverbe, on atteint au maximum 43% de réalisation de liaisons. Selon Ågren, cela montre que « la tendance de pas à la NL [non liaison] est très accusée ».

Grâce aux résultats de son étude, Ågren (1973 : 28) observe aussi que l'un des facteurs qui pourrait influencer la liaison serait la fréquence d'emploi. Comme il l'explique, « le facteur fréquence d'emploi [s'il est] appliqué aux liaisons, signifie ceci : comme les liaisons sont la survivance d'une prononciation ancienne, ce sont les syntagmes les plus employés qui conservent le plus facilement la liaison ». Dans cette étude, le cas du verbe être illustre parfaitement cette hypothèse. En effet, Ågren (1973 : 33) montre, à l'aide d'un tableau, que

« la fréquence d'emploi va de pair avec le pourcentage des L [liaisons] ». Dans ce tableau, on peut voir que est, qui apparait très fréquemment dans le corpus, produit 97% de liaisons, alors que suis, qui apparait rarement dans le corpus, ne produit que 47% de liaisons.

Ågren (1973 : 23) constate aussi qu'il existe un lien entre le pourcentage de réalisations de liaisons et le registre de langue. En effet, il montre que, grâce à « un classement, effectué au moyen des LF [liaisons facultatives,] les programmes qui rassemblent le plus de L [liaisons]

sont ceux qui ont déjà été qualifiés de "soignés" et que les programmes qui ont une majorité de NL [non liaisons] sont ceux qui ont été caractérisés comme appartenant au niveau

"courant" ».

19 Dans son étude, De Jong (1994 : 96) s'intéresse principalement à la variation de la liaison.

Cette étude se base sur le Corpus d'Orléans dont « les 16'000 contextes de liaison proviennent de 45 entrevues relativement informelles enregistrées entre 1969-1970 » (voir Blanc et Biggs, 1971 pour une description générale du corpus). Ce corpus est composé d'un nombre équivalent d'hommes et de femmes, de locuteurs appartenant à trois tranches d'âge différentes (18-25 ans, 30-49 ans et plus de 50 ans) et à cinq catégories socio-économiques différentes. Selon les statistiques de l'étude, ces trois variables sont significatives : les femmes produisent plus de liaisons que les hommes ; plus la catégorie socio-économique est élevée et plus le taux de réalisation de liaison l'est aussi ; les locuteurs jeunes produisent moins de liaisons que leurs ainés. Mais ce que De Jong met particulièrement en évidence dans cette étude, c'est que le taux de réalisation de la liaison est fortement influencé par la longueur et la fréquence du mot liaisonnant. En comparant notamment les verbes, il remarque que les locuteurs réalisent plus de liaisons après des verbes monosyllabiques comme sommes, est, sont, ont, fait, etc., qu'après des verbes du type étaient, serait, avons, devait, etc.

Pour commenter son tableau sur la fréquence des liaisons après le verbe être, De Jong (1994 : 109) écrit :

« Le facteur qui a un effet significatif est celui de la longueur du mot en terme du nombre de syllabes. En effet, après les monosyllabes (61,5% de liaison) la liaison est quatre fois plus fréquente qu'après les polysyllabes (15,0% de liaison) ».

Il remarque cependant que la longueur du mot ne peut expliquer toutes les différences de réalisation de la liaison. En effet, dans son tableau on peut voir que est engendre beaucoup plus de liaisons que sont alors que ce sont deux verbes monosyllabiques. Comme il l’explique,

« les écarts deviennent encore plus marqués quand on compare être et avoir. Par exemple, la liaison après sont est cinq fois plus fréquente que celle après ont, forme qui phonologiquement est pourtant très similaire » (De Jong 1994 : 110). De Jong, à l’instar d’Ågren (1973), déduit donc de son étude que le taux de réalisation des liaisons est fortement lié à la fréquence d'occurrence du mot : plus un mot est fréquent dans la chaîne parlée, plus il va donner lieu à des liaisons.

Les deux travaux que nous venons de voir amènent un éclairage nouveau sur la liaison en se basant sur des corpus et montrent l’importance de la fréquence du mot liaisonnant.

20 Pourtant, comme nous l'expliquent Eychenne, Lyche, Durand et Coquillon (2014), les corpus sur lesquels ces deux travaux se basent, « souffrent [...] d'une certaine limitation dans la collection des données ». En effet, Ågren étudie des entretiens radiophoniques ce qui, comme le souligne Eychenne et al. (2014), « nous prive de renseignements précieux sur l'origine et le portrait socio-économique du locuteur ». Par ailleurs, ces deux corpus n'observent qu'un seul « type d'interaction communicative » et ont été réalisés dans les années 60. Afin d'avoir une idée plus précise de la liaison aujourd'hui, nous allons maintenant aborder les travaux effectués autour du corpus PFC.

1.2.3 Classification des liaisons basée sur le corpus PFC

Comme l’expliquent Durand, Laks et Lyche (2009), le corpus PFC compte 48 points d'enquêtes dans l'espace francophone, ce qui permet de faire des recherches sur des points géographiques précis. Pour chaque point d'enquête, une dizaine de témoins sont recrutés en gardant un équilibre hommes-femmes, une répartition sur trois tranches d'âge et trois ou quatre niveaux socio-éducatifs. Chaque locuteur réalise quatre tâches : une lecture de 94 mots, une lecture d'un texte, un entretien dirigé de 20 à 30 minutes avec un enquêteur qu'en principe ils connaissent et une conversation libre avec un proche. Chaque enregistrement est transcrit orthographiquement puis codé à l’aide d’un codage spécifiquement développé pour l’étude d’un phénomène ciblé, comme par exemple le schwa ou la liaison.

Ce corpus, très large et varié dans les situations de communication observées, permet d'affiner les classifications de la liaison. Comme l'expliquent Eychenne et al. (2014), « les contextes de liaison catégorique [sont] plus restreints que ce que la littérature nous propose habituellement ». Durand et Lyche (2008) ne relèvent que quatre contextes où la liaison est catégorique 2 : déterminant+nom, proclitique+verbe, verbe+enclitique et certaines

2 Le travail autour du corpus PFC est basé sur un comptage des liaisons, et a une visée objective,

contrairement au travail de Delattre dont la catégorisation des liaisons avait une visée prescriptive. Durand et Lyche (2008) adoptent donc des termes différents de ceux utilisé jusqu’alors pour nommer les catégories de liaison (obligatoire, facultative et interdite). Ils nomment catégoriques les liaisons toujours réalisées, variables celles qui sont optionnelles et erratiques celles qui ne sont jamais réalisées. Notre travail ayant une visée objective, nous adopterons, à partir d’ici, cette terminologie.

21 expressions figées. Pour les liaisons dans le contexte prépositions monosyllabiques+X, qui étaient décrites comme catégoriques par Delattre (1947), Eychenne et al. (2014) montrent, en se basant sur le corpus PFC, que cela varie selon la préposition. En effet, si « la liaison est quasi catégorique après en [...] elle l'est beaucoup moins après dans [...] et encore plus variable après chez ». Comme l'ont montré Durand et Lyche (2008), chacune de ces prépositions a un comportement syntaxique différent : dans est généralement suivi d'un syntagme nominal, alors que chez peut être suivi d'un syntagme nominal ou d'un pronom.

Ce qu'il est intéressant de noter, comme l'explique Durand et Lyche (2008), c'est que s'il est suivi d'un pronom, chez va produire une liaison catégorique, alors que s'il est suivi d'un syntagme nominal, la liaison sera variable.

Toujours sur la base du corpus PFC, Durand, Laks, Calderone et Tchobanov (2011 : 121) montrent que « 21 constructions différentes seulement constituent les sites de 79,4% des réalisations » de liaisons. Dans leur article, Durand et al. (2011 : 123) mettent aussi en évidence l'importance d'étudier certaines catégories « en sous-classes lexicales ou grammaticales précises ». Dans le cas des verbes suivis d'une préposition par exemple, ils expliquent que ceux qui produisent la quasi-totalité des liaisons dans le corpus PFC sont les

« verbes "légers" comme avoir, être ou faire qui fonctionnent fréquemment comme auxiliaires ou verbes support ». Selon Eychenne et al. (2014), cela montre que la liaison est influencée par « le poids prosodique du mot liaisonnant, intimement lié à sa fréquence ».

Les études basées sur le corpus PFC confirment aussi que les personnes qui produisent le plus de liaisons sont les plus âgées. En revanche, le sexe et le niveau d'études ne semblent pas pertinents quant à la fréquence de réalisation de la liaison.

Le corpus PFC fournit une base très large pour étudier la liaison et, comme l’expliquent Eychenne et al. (2014), les données collectées au sein de ce corpus « viennent confirmer et affiner les résultats de travaux antérieurs ».

Parmi les classifications de la liaison que nous venons d’aborder, si celle de Delattre est la plus ancienne, elle reste néanmoins une référence. En effet, les études qui ont suivi la prennent pour référence pour ensuite l’affiner ou la modifier. Comme nous l’avons vu, si les trois catégories de la classification de Delattre (obligatoire, facultative et interdite) restent inchangées, les travaux plus récents, et notamment ceux autour du corpus PFC, ont largement restreint les contextes de liaisons catégoriques. Les différents travaux cités dans

22 ce chapitre s’accordent tous à dire que la liaison est influencée par de nombreux facteurs, néanmoins ils conviennent tous de l’importance de la fréquence d’usage des mots liaisonnants et voient cela comme un facteur essentiel. Ils se rejoignent aussi sur le caractère variable de la liaison. Si ces différentes études notent que la fréquence d’usage ou la longueur du mot peuvent influer sur la réalisation ou non de la liaison, elles constatent qu’il existe aussi des facteurs externes qui influencent la liaison.

1.3 Liaison et variation

Comme nous l’avons vu dans la section précédente, il est difficile de délimiter des frontières claires entre les trois types de liaisons : catégoriques, variables et erratiques. En effet, un même mot peut entraîner, selon le locuteur ou la situation, une liaison catégorique ou variable. Néanmoins, les liaisons peuvent être de deux types : les liaisons catégoriques et erratiques sont invariables, tandis que la liaison variable est, comme son nom l’indique, variable. Comme l’explique Mallet (2008 : 87), « si l’on produit une liaison erratique ou si l’on ne produit pas une liaison catégorique, nous sommes conduits à considérer ces productions comme agrammaticales ». En revanche, la liaison catégorique et la liaison variable doivent être distinguées l’une de l’autre. En effet, comme le montrent Laks et Peuvergne (2016 : 12), la liaison catégorique est un phénomène stable alors que la liaison variable est un phénomène instable et soumis à la variation puisque la production ou non d’une liaison variable « peut être considérée comme grammaticale » (Mallet 2008 : 87).

Selon Gadet (1989 : 73) les liaisons variables offrent aux locuteurs un « choix » et ce sont les seules liaisons à pouvoir « constituer une variable sociolinguistique, en fonction du nombre d’occurrences et de la nature des mots liés ». Dans cette section, nous allons nous intéresser aux facteurs qui influencent la variation des liaisons variables.

23 1.3.1 Les différents types de variation

Comme le rappellent Detey, Durand, Laks et Lyche (2010 : 29) en citant le Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues, il n’y a pas de « communauté linguistique entièrement homogène ». Il existe de la variation selon l’époque où la langue est parlée, selon la région où la langue est parlée, selon le milieu socio-économique du locuteur et selon la situation. En effet, Gadet (2003), distingue quatre types de variations différentes.

Elle définit tout d’abord la variation diachronique, c’est-à-dire la variation dans le temps, en expliquant que « toutes les langues […] sont soumises au changement, plus ou moins rapide selon les époques ». En d’autres termes, la langue évolue avec le temps. Pour attester cela, Gadet (2003 : 8) indique que l’on se base principalement sur des écrits car « on ne dispose des témoignages directs que de quelques générations ».

Gadet (2003 : 8) aborde ensuite la variation diatopique ou géographique. Selon elle, « quand une langue est parlée sur une certaine étendue géographique […] elle tend à se morceler en usages d’une région ou d’une zone ». Toujours selon Gadet, pour le français, on trouve aussi bien de la variation entre les régions de France (« j’y aime pas (Dauphiné) »), entre les pays francophones d’Europe (« j’ai personne vu (Suisse romande) ») ainsi qu’entre les pays francophones hors de l’Europe (« ils se demandont à cause qu’il mouille tout le temps (Acadie, Canada) »).

Gadet (2003 : 9) continue sa présentation des différents types de variation avec la variation diastratique ou variation sociale. C’est une variation où « à une même époque et dans une même région, des locuteurs différant par des caractéristiques démographiques et sociales s’expriment différemment ». Toujours selon Gadet, les locuteurs provenant d’un milieu socio-économique défavorisé emploient, par exemple, certaines formes qui n’existent pas chez les locuteurs plus aisés. L’inverse existe aussi, c’est-à-dire que certaines formes utilisées par les locuteurs de milieu favorisé n’existent pas chez les locuteurs les plus défavorisés.

Les trois types de variation présentés ci-dessus sont des variations interlocuteur, en d’autres termes, ces variations dépendent du locuteur. En revanche, le dernier type de variation présenté par Gadet (2003 : 10), la variation diaphasique, dépend de la situation d’énonciation. Comme l’explique Gadet, tous les locuteurs ont « un répertoire diversifié » qui s’adapte à la situation. Un locuteur ne va pas s’adresser de la même façon à son

24 employeur (1) et à ses amis (2) :

1 Serait-il possible de prendre un rendez-vous ? 2 Tu es libre quand pour qu’on se voit ?

Gadet évoque aussi la variation diamésique, ou variation en fonction du médium, souvent considérée comme faisant partie de la variation diaphasique. Comme elle le montre, « on ne parle pas comme on écrit, et on n’écrit pas comme on parle ». En effet, certaines formes se retrouvent beaucoup plus à l’écrit, comme l’utilisation du passé simple, alors que d’autres se retrouvent plutôt à l’oral, comme la chute du ne de négation ou la structure binaire (les vacances / y en a pas assez).

1.3.2 La liaison variable comme observatoire de la variation en français De nombreux travaux ont tenté d’établir lesquels des quatre types de variation définis plus haut avaient une influence sur la réalisation ou non des liaisons variables. La liaison, comme le rappelle Gadet (1997 : 51), est un « indicateur sociolinguistique très fort ». On pourrait donc s’attendre à ce que la liaison soit davantage influencée par la catégorie sociale des locuteurs, c’est-à-dire soumise à la variation diastratique. Néanmoins, les études se basant sur le corpus PFC (Mallet 2008 ou Durand et al. 2011) ne notent pas de variation significative liée au nombre d’années d’études. En revanche, les trois autres types de variables semblent avoir un impact sur la réalisation de la liaison variable comme nous allons le voir maintenant.

Les travaux abordés dans les parties qui suivent présentent généralement des taux de réalisation globale de la liaison, néanmoins ce sont les liaisons variables qui fluctuent beaucoup.

1.3.2.1 La liaison et la variation diachronique

Dans leur article, Durand et al. (2011 : 127) démontrent, en se basant sur les données du corpus PFC, que les locuteurs plus âgés produisent plus de liaisons variables. Ils ont étudié quatre tranches d’âge : moins de vingt ans, entre vingt et quarante ans, entre quarante et soixante ans et plus de soixante ans. En ce qui concerne le taux de réalisation de liaisons variables, leurs résultats montrent que les locuteurs plus âgés en produisent plus, ils notent aussi un écart de presque 10% entre les locuteurs de moins de vingt ans et ceux de plus de soixante ans. Durand et al. (2011 : 127) proposent deux interprétations possibles à ces données : soit elles montrent « une attrition progressive de la liaison, soit elles révèlent ce

25 que l’on appelle la gradation de l’âge ». Dans la première interprétation, les jeunes réaliseraient moins de liaisons variables car l’évolution de la langue tend vers un taux de réalisation des liaisons moins important. Dans la seconde interprétation, les locuteurs feraient plus de liaisons variables en avançant dans l’âge.

Laks et Peuvergne (2016 : 61) ont observé la parole publique des personnages politiques français entre 1999 et 2015. Ils notent tout d’abord que, si « l’on ne retient que la parole publique proprement dite, le taux global de liaison se maintient au-dessus de 56% » au cours du 20ème siècle. Dans leur étude, si le taux de liaison global reste stable (toujours

Laks et Peuvergne (2016 : 61) ont observé la parole publique des personnages politiques français entre 1999 et 2015. Ils notent tout d’abord que, si « l’on ne retient que la parole publique proprement dite, le taux global de liaison se maintient au-dessus de 56% » au cours du 20ème siècle. Dans leur étude, si le taux de liaison global reste stable (toujours