• Aucun résultat trouvé

3.1 Conceptualiser la solidarité balte et ses acteurs

3.1.2 La classe politique balte en affaires étrangères : typologie et caractéristiques

Pour comprendre comment cette solidarité envers les pays de l’Europe Orientale et du Caucase du sud s’articule au sein de la classe politique balte et comment cette dernière réagit face aux événements se déroulant dans l’espace postsoviétique, il nous a paru important de consacrer une partie de ce chapitre aux acteurs de la politique étrangère en Estonie, Lettonie et Lituanie. Cette typologie des acteurs baltes594 se propose d’étudier le parcours, l’appartenance politique et d’autres caractéristiques de l’élite politique la plus influente sur lesaffaires étrangères d’une manière générale595. Mieux identifier les acteurs majeurs de cette solidarité et quelques-unes de leurs caractéristiques nous permettra d’aller au-delà des idées reçues, d’éviter des généralisations et surtout de montrer que les acteurs baltes, qui ont des parcours et affiliations politiques différentes, ne représentent pas une seule mais plusieurs visions et approches de cette politique. On distingue ainsi une classe politique radicale et conservatrice, dont les déclarations reflètent clairement une idéologie systématiquement antirusse de ceux, souvent plus jeunes et modérés, qui tiennent des propos généralement plus modérés, davantage en cohésion avec une approche de type européen et pragmatique et en retrait face aux rivalités géopolitiques.

Notre étude portera sur quatre types d’acteurs politiques dans cette solidarité. En premier et deuxième lieu, les chefs d’États et les ministres des Affaires étrangères (MAE) baltes qui ont un rôle à jouer dans la définition de la politique étrangère de leur pays. En troisième lieu, les députés baltes au Parlement européen qui représentent entre autres le positionnement de leur pays et son intérêt au sein de cette institution européenne. Viennent enfin quelques acteurs semi privés-publics.

La classe politique balte après 1991 : entre rupture et continuité

Lorsque l’on observe les caractéristiques de l’ensemble de la classe politique balte depuis la chute de l’URSS, on constate que celle-ci représente aussi bien une rupture

594 Cette typologie se base sur des tableaux que nous avons réalisés dans lesquels nous avons identifié les acteurs les plus influents en matière de politique étrangère, leur âge, affiliation politique, formation et parcours professionnel. Voir les annexes.

595 Nous tenons à préciser que notre recherche fait la part belle à la classe politique estonienne qui y recevra une place conséquente par rapport aux deux autres, du fait de notre plus grande connaissance de la langue et des terrains plus nombreux réalisés dans ce pays.

qu’unecontinuité certaine par rapport au passé596. En effet, au lendemain de la restauration de l’indépendance (1991), les trois États baltes ont commencé à reconstruire leurs États sur la base principalement des institutions qui existaient déjà sous l’Union soviétique. Le véritable changement fut marqué par la création de deux nouveaux ministères : des Affaires étrangères et de la Défense. Initialement, la politique étrangère suivait le chemin entrepris dès la fin des années 1980. Si dans les trois pays, les personnes ayant travaillé dans les services publics restèrent à leur poste597, le niveau d’alternance du système soviétique par celui du nouvel Etat indépendant différait d’un Etat balte à l’autre.

C’est en Estonie que la rupture avec le passé fut la plus perceptible598. L’une des personnalités marquantes de cette rupture avec le passé soviétique fut Lennart Meri. Surtout connu comme traducteur, écrivain et cinéaste, L. Meri, nommé Ministre des Affaires étrangères estonien (1990-92) durant le gouvernement de transition, se chargea de restaurer les relations de son pays avec l’Occident (via la Finlande notamment) et, en tant que président de la République de l’Estonie (octobre 1992-octobre 2001), à rompre avec la politique de l’Est et la dépendance économique avec celui-ci599. C’est donc lui qui posa les bases de la politique étrangère de son pays, en commençant par remplacer au printemps 1990 quasiment tous les anciens fonctionnaires de l’Estonie soviétique par des jeunes personnes, dont certaines étaient vierges de toute expérience en politique600. Une élite issue de la jeune génération d’hommes politiques (comme Mart Laar qui devint Premier ministre en 1992 à l’âge de 32 ans) nommée aux postes de ministres avec une coalition composée du parti « Pro-Patria » (Isamaa, ERSP) et du parti des « Modérés » (Mõõdukad), au pouvoir dès septembre 1992601, continua dans

596 Pour un aperçu plus complet sur le sujet des élites baltes, voir par exemple BERGLUND Sten, DUVOLD Kjetil (eds.), Baltic Democracy at the Crossroads : An Elite Perspective, éd. HoyskoleForlaget Norwegian Academic Press, Norvège, 2003 ; MOLE Richard, The Baltic States from the Soviet Union to the European

Union: Identity, Discourse and Power in the Post-Communist Transition of Estonia, Latvia and Lithuania,

Routledge, 2012, MUULI Kalle, Vabariigi sünnimärgid. Varjatud murdehetki Eesti poliitikas 1987-2007 (titre en français: Les Tâches de naissance de la République. Les moments de ruptures cachés dans la politique estonienne 1987-2007), éd.Tulimuld, 2013.

GALBREATH, LAŠAS, LAMOREAUX, Continuity and Change in the Baltic Sea Region: Comparing Foreign Policies, Rodopi, Amsterdam-New-York, 2008.

597 GALBREATH J.David, LAŠAS Ainius, LAMOREAUX W.Jeremy, Continuity and Change in the Baltic Sea

Region: Comparing Foreign Policies, éd.Rodopi, Amsterdam-New York, 2008, p.27.

598 Même si certains hommes politiques, dont Arnold Rüütel (membre du Comité Central, président du Soviet Suprême) et Edgar Savisaar (Député du Congrès des Peuples de l’Union soviétique, leader du Front Populaire), ont continué leurs carrières politiques sous l’Estonie indépendante.

599 GALBREATH J.David, LAŠAS Ainius, LAMOREAUX W.Jeremy, Continuity and Change in the Baltic Sea

Region: Comparing Foreign Policies, éd.Rodopi, Amsterdam-New York, 2008, p.29.

600 MUULI Kalle, Isamaa tagatuba (titre en français : « La Chambre arrière de Pro Patria »), éd. Tulimuld, Tallinn, 2012, page 14.

cette voie de la rupture. Les années 1992-1994 furent intenses et décisives puisqu’en seulement deux ans, le chemin de l’Estonie semblait déjà figé :

Le premier gouvernement de Mart Laar (1992-1994) se pressait, à une vitesse comparable à celle d’un prisonnier devant la peur de la mort qui s’est échappé du Goulag. Les cent premiers jours, ce gouvernement réalisa quasiment toutes les décisions historiques et les erreurs fatales. En seulement quelques mois, alors qu’elle nageait dans la boue, l’Estonie installa les rails pour se rendre de l’Est vers l’Ouest, d’un pays soviétique à un pays Européen. Après, il s’agissait surtout de rouler dans la même direction602.

Cette détermination et le passage obstiné à l’économie du marché, comme l’adoption de la monnaie nationale, Eesti Kroon (en 1992) ont pu s’accomplir grâce notamment à l’assistance financière, morale et technique de l’Allemagne(par le CDU allemand), la Suède (par les Modérés suédois) et la Finlande (par le Kokoomus finlandais) apportée au parti estonien Isamaa et au gouvernement estonien. Selon Kalle Muuli, le soutien de l’élite politique nordique aux partis estoniens extrêmement pauvres était pour ces derniers une question de vie ou de mort, surtout dans la période pré-électorale: Les amis riches ont payé leurs voyages à l’étranger, organisé leur formation, offert des outils de travail et ont sans doute aussi aidé à financer la campagne électorale [du parti Isamaa]603.

En Lituanie, la situation fut différente. L’ancien parti communiste, renommé « Parti lituanien démocrate du travail » LDDP (en lituanien : Lietuvos demokratinė darbo partija, LDDP), s‘imposa au pouvoir lors des élections du mois d’octobre 1992. Alzirdas Brazauskas, leader du LDDP et ancien premier sécrétaire du PC lituanien, fut élu premier président de la Lituanie nouvellement indépendante (1993-1998), puis Premier ministre (2001-2006). Selon l’historien Andres Kasekamp, la victoire de nombreux ex-communistes en Lituanie s’expliquerait par le mécontentement de la population quant au style contradictoire du conservateur Vytautas Landsbergis604, chef de l‘Etat (1990-1992) et président du parti conservateur l’Union patriotique. On peut aussi penser que les anciens communistes de Lituanie engrangeaient les fruits de leur engagement aux côtés du mouvement national à la fin des années 1980. A l’inverse des partis communistes estonien et letton, fortement identifiés à

602 Citation de l’ouvrage de Kalle Muuli, 2012, op.cit., p.11. Traduction libre de l’auteur de l’estonien : « (…)

Mart Laari esimene valitsus (1992-1994) tormas pöörases tempos, justkui surmahirmus vang, kes on Gulagist pôgenema pääsenud. Peaaegu kôik ajaloolised otsused ja saatuslikud vead tegi see valitsus esimese saja päeva jooksul. Kôigest mône kuuga pandi paika rööpad, mida mööda pöördus tambitud Eesti idast läände, sovetiriigist Euroopa riigiks. Mis edasi tuli, oli juba enamasti veeremine ühes suunas.(…) ».

603Sur une proposition de Carl Bildt, Mart Laar s’est vu par exemple offrir avant les élections de 1992, une formation en économie avec les meilleurs experts suédois (source : MUULI Kalle, Isamaa tagatuba, 2012, p.45).

604 Vytautas Landsbergis fut Président du Conseil suprême de la République de Lituanie - assemblée constitutive de la République de Lituanie (1990-1992) et surtout connu pour son rôle en tant que président du conseil du mouvement "Sąjūdis" (Front populaire lituanien) (1988-1990)

l’occupation étrangère et à la prépondérance des Russes ethniques (au sein du PC), le parti communiste lituanien avait des racines beaucoup plus profondément ancrées dans la société. Enfin, A.Brazauskas, qui fut le dernier Premier secretaire du parti communiste lituanien, avait déjà joué un rôle de leader au moment de la sortie de son pays de l’URSS605, faisant de lui une personnalité politique aguerrie capable de s’adapter.

La Lettonie, une fois l’indépendance retrouvée (1991) a, quant à elle, choisi une voie intermédiaire entre la continuité et la rupture avec la victoire d’un parti de centre-droit, successeur du Front-Populaire, « La voie lettone» (en letton: Latvijas celš), lors des élections de 1993. Guntis Ulmanis, une figure plutôt modérée dont le nom symbolisait la continuité avec l’Etat letton davant l’occupation606, fut alors élu président de Lettonie607. «La voie lettone» comptait des profils et des parcours très différents: Anatolijs Gorbunovs, un ancien sécretaire très populaire du parti communiste letton (il devint le président du parlement); Gunārs Meierovics, l’un des leaders politiques émigrés les plus importants à Valdis Birkavs, activiste du Front populaire letton qui devint Premier ministre en 1993. Le fait que le cabinet des ministres de V. Birkavs fut en grande partie constitué de la communauté lettonne des émigrés608 est un autre signe de rupture avec le système des élites du passé soviétique qui mérite d’être souligné.

Les élites politiques baltes présentent, au niveau européen, de nombreuses particularités selon Antoine Lathony, puisque de soviétiques et relativement uniformes, celles-ci se sont diversifiées et sont aujourd’hui incarnées par trois groupes d’acteurs: une élite ayant exercé des fonctions à l’époque soviétique, une autre née en URSS mais vierge de toute expérience à l’époque soviétique; un troisième de retour d’exil609. A ces trois types d’acteurs politiques, il conviendrait d’en rajouter un quatrième. Il s’agit de celui constitué des leaders des Fronts populaires ou mouvements citoyens qui s’activaient à la fin des années 1980 dans la lutte pour l’indépendance et qui se sont, à l’indépendance, retrouvés dans les premiers gouvernements.

605 KASEKAMP Andres, The History of the Baltic States, éd.Palgrave Macmillian, New York, 2010, p.174. 606 Le grand-père de Guntis Ulmanis était le frère de Kārlis Ulmanis, homme politique letton important durant la période 1918-1940. Envoyé en Sibérie avec sa famille en 1941, Guntis Ulmanis revient en 1946 où il change denom de famille en devenant Guntis Rumītis lorsque sa mère se remarie et joint le parti communiste de l’Union soviétique en 1965. En 1989, G.Rumītis quitte le parti communiste et reprend le nom d’Ulmanis.

607 KASEKAMP Andres, 2010, op.cit.

608 Le ministre de la Défense était un émigré des Etats-Unis, le ministre des Affaires sociales venait d’Australie et le ministre de la Justice d’Allemagne (Source : Plakans Andrejs, A Concise History of the Baltic States, Cambridge University Press, 2011, p.413.)

609 LANTHONY Antoine , “États baltes : élites locales contre « Américains » ?”, Nouvelle Europe [en ligne], Dimanche 5 avril 2009, http://www.nouvelle-europe.eu/node/621, consulté le 21 mars 2013

Prenant en compte cette compléxité et ces divergences qui caractérisaient déjà les élites estonienne, lettone et lituanienne au moment de l‘indépendance retrouvée, nous nous pencherons ici sur l’élite politique des affaires étrangères au pouvoir depuis 2003-2004: les présidents, les ministres des Affaires étrangères, les députés baltes au Parlement européen et quelques acteurs semi-privés.

Les présidents estoniens, lettons et lituaniens 2003-2013

Dans ces trois pays comme presque partout ailleurs, les affaires étrangères sont gérées par trois institutions : le président, le gouvernement et le ministère des Affaires étrangères. Les présidents estonien, letton et lituanien ont une influence morale considérable – aussi bien dans la rhétorique que dans la pratique –dans la définition, l’orientation ou les décisions de politique étrangère610, avec un pouvoir présidentiel toutefois plus important en Lituanie que dans les deux autres pays. Ayant pour rôle d’exécuter, avec le gouvernement, la politique étrangère et de sécurité, de représenter leurs pays au niveau international, les présidents des trois États baltes, dont l’actuel président estonien, Toomas Henrik Ilves, l’ancienne présidente lettone, Vaira Vīķe-Freiberga ou la présidente lituanienne en fonction, Dalia Grybauskaitė, ont leurs discours régulièrement repris dans la presse internationale611. En Lituanie, le président est élu au suffrage universel pour un mandat de cinq ans, en Estonie pour cinq ans par le Parlement et pour quatre ans par le Parlement en Lettonie. Entre 2003-2013, l’Estonie a ainsi eu deux présidents, quand la Lettonie en a élu trois et la Lituanie quatre (voir le tableau dans l’Annexe n°2).

L’une des caractéristiques communes à ces trois pays est d’avoir eu à un moment donné un « Balte de l’étranger » au pouvoir. Après avoir vécu, étudié et travaillé en exil (majoritairement aux États-Unis, au Canada et en Suède) à l’époque de l’Union soviétique, ces anciens émigrés sont revenus dans leur pays et ont intégré rapidement la vie politique à l’indépendance de celui-ci. C’est le cas du président estonien Toomas Hendrik Ilves (depuis 2006). Né en Suède en 1953 de parents estoniens, il étudia la psychologie aux États-Unis et travailla jusqu’en 1993 comme rédacteur du bureau estonien à Radio Free Europe. Cette expérience professionnelle lui permit de maintenir des contacts avec son pays mais aussi de jouer, certes à distance, un certain rôle de relai entre l’Estonie et l’Occident dans les années

610 GALBREATH 2008, op.cit.,p.27.

611 GALBREATH J.David, LAŠAS Ainius, LAMOREAUX W.Jeremy, Continuity and Change in the Baltic Sea

1980. Une fois rentré en Estonie, il accéda rapidement aux postes des affaires étrangères (voir tableau).

Le cas de Vaira Vike-Freiberga (présidente de la Lettonie entre 1999- 2007) est assez semblable. Née à Riga en 1937, et exilée devant l’avancée soviétique en 1944, V.Vike-Freiberga effectua ses études entre l’Allemagne, le Maroc et le Canada où elle a longtemps enseigné la psychologie, consacrant nombre de ses travaux aux questions d’identité nationale et de culture. Après cinquante-quatre ans d’exil, elle retourna en Lettonie en 1998 et fut élue à la présidence pour deux mandats au cours desquels, se situant au-dessus des partis, elle pût asseoir son autorité612.

A l’instar de T.H.Ilves et V.V.Freiberga, l’ex-président lituanien Valdas Adamkus est également un président « étranger » puisqu’il vécut 49 ans en exil sous l’Union soviétique. Diplômé du génie civil à l’Institut de Technologie de l’Illinois (1960), il débuta sa carrière politique aux États-Unis comme membre du parti républicain sous l’administration de Reagan, au poste de l’administration régionale en charge des questions environnementales. Le fait de nommer des présidents ayant « un passé occidental» est une réponse claire au besoin ressenti par la population de renouveler une élite ancienne, mais également au désir de voir leurs chefs d’Etat contribuer, forts de leur expérience occidentale, au rapprochement de leur pays avec la communauté occidentale. Toutefois, ce caractère « étranger » fut parfois également perçu comme un défaut par la population, qui leur reprocha de ne pas posséder cette « expérience » de vie sous l’époque soviétique et ne pas avoir contribué au processus d’indépendance. Rétrospectivement, on constate que ces présidents anciens émigrés furent aussi les seuls à avoir effectué deux mandats présidentiels : T.H.Ilves (2006-11 ; 2011-16), V.V.Freiberga (1999-2007 ; 2003-07) et Valdas Adamkus (1998-2003 ; 2004-09).

Bien que la Constitution estonienne et lettone, et dans une moindre mesure aussi lituanienne, n’accorde pas beaucoup de pouvoir au président, ce sont justement ces présidents baltes avec un parcours «occidental» - auxquels on peut certainement ajouter la présidente lituanienne actuelle, Dalia Grybauskaitė, ou Valdis Zatlers (président de Lettonie 2007-2011) - qui, grâce à leur dynamisme, leur aisance à l’international et faisant fonction d’une sorte de caution morale, ont réussi à mieux faire connaître leur pays à l’étranger et ont pesé (ou continuent à le faire) dans les affaires internationales. Mentionnons, en guise d’exemples, V.V.Freigerba,

612RADVANYI Jean (dir.), Les Etats postsoviétiques. Identités en construction, transformations politiques,

parfois surnommée la « dame de fer de la Baltique » qui fut comparée à Margaret Thatcher pour avoir mené tambours battants et sans état d’âme son pays sur la voie de la transition politique et économique, faisant le choix d’options résolument libérales613, ou Toomas Hendrik Ilves, surnommé dans le quotidien Le Monde «le New Yorkais d'Estonie », pour une affaire de « tweets » à la réponse d’une critique et la mise en cause du modèle économique estonien provenant de l’économiste keynésien, Paul Krugman qui a fait du président estonien l’un des chefs d’États le plus tweetés dans le monde614.

Les ministres des Affaires étrangères depuis 2003-2013

Contrairement aux présidents, les ministres des Affaires étrangères baltes offrent davantage de différences que de similitudes. Les premières différences concernent le nombre de ministres en poste (depuis 2003) et la pluralité des affiliations politiques. On constate par exemple plus de stabilité politique en Estonie qu’en Lettonie et Lituanie615 : sur les trois ministres que l’Estonie a connus, Urmas Paet exerça pendant neuf années consécutives (2005- 2014)alors que cinq et six ministres ont exercé ce poste en Lettonie et Lituanie respectivement pendant la même période. L’autre caractéristique différenciant l’Estonie des deux autres pays est que les trois ministres nommés depuis 2003616 appartiennent tous au parti de la Réforme (Reformierakond), alors qu’en Lettonie et Lituanie, plusieurs formations politiques ont vu leur représentant exercer cette fonction. Dans la période étudiée, la Lettonie eut un ministre sans appartenance politique spécifique, deux issus du Parti du Peuple (Tautas Partija, TP), l’un de l’Unité617(Vienotība)et un autre de la Réforme (Reformu partija). La Lituanie a compté un ministre des Affaires étrangères venant du parti la Nouvelle Union (sociaux-libéraux) (Naujoji sajunga -socialliberalai), deux du parti Union patriotique Chrétiens-Démocrates (TS-LKD) et l’un du parti des Sociaux-Démocrates (Lietuvos socialdemokratų partija, LSDP). Quant aux formations, les ministres des trois pays sont diplômés de droit ou de science politique pour certains, d’histoire et de journalisme pour d’autres (Voir l’Annexe 3). Quasiment tous ont eu un parcours professionnel dans les affaires étrangères auparavant :

613 RADVANY Jean, 2011, op.cit., p.38.

614 KESA Katerina, « Estonie. Un pays sensible à son image », P@ges Europe, 29 octobre 2012 - La

Documentation française © DILA

615 Pour faciliter l’analyse et établir une typologie, nous avons rassemblé les informations relatives aux ministres, députés et présidents baltes dans les tableaux qui suivent l’analyse.

616 Au contraire des deux précédents, Rein Lang n’avait exercé que durant un an. De même, la ministre des Affaires étrangères en poste avant et après l’adhésion de l’Estonie à l’UE, Kristiina Ojuland, eut un mandat de trois ans (2002-2005).

diverses fonctions au MAE ou à la Commission des Affaires étrangères du Parlement national, membres des délégations lors des négociations d’adhésion de leur pays à l’UE ou à l’OTAN ou ambassadeurs. Par ailleurs, sur les 13 ministres des Affaires étrangères baltes, on compte un ancien ministre de la Justice (Estonie), trois ministres de la Défense (2 en Lettonie et 1 en Lituanie) et un ancien vice-ministre des Affaires Etrangères (Lituanie), ainsi que deux anciens journalistes (Estonie, Lettonie) (voir l’Annexe 3).

Les députés baltes au Parlement européen : aux Affaires étrangères et aux relations avec l’Europe de l’Est (2009-2013618)

En plus des présidents et des ministres des Affaires étrangères, les députés baltes au Parlement européen (PE) sont de même des acteurs qui pèsent dans ce domaine. En siégeant dans cette institution européenne, ils représentent la vision de leur pays et ont la possibilité

Documents relatifs