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Nous avons divisé cette thèse en deux parties qui contiennent chacune deux chapitres. Les 4 chapitres se terminent par une conclusion dressant le bilan par étapes de notre démonstration.

La première partie, intitulée « L’impact et le rôle de « l’Etranger »/l’Autre dans la

formation et l’évolution de la politique étrangère des États baltes », analyse la formation et l’évolution de l’identité politique estonienne, lettone et lituanienne à travers deux ruptures majeures de l’histoire contemporaine dans ces pays :la période des mouvements indépendantistes de la fin de l’URSS (1980-91) (Chapitre I) ; celle du processus de transition, de « démocratisation » et d’intégration des États baltes aux institutions euro-atlantiques (1991-2004) (Chapitre II).

En survolant ces moments de rupture, cette partie met en lumière l’action et le rôle de certains pays occidentaux (notamment les pays nordiques et l’UE) dans tous ces processus.

La deuxième partie intitulée « L’action de parrainage estonienne, lettone et lituanienne :

Entre solidarité et réel désir d’aider les pays d’Europe Orientale et du Caucase du sud à se rapprocher des structures occidentales » est consacrée plus spécifiquement à l’étude de l’action politique et à la mise en œuvre des projets d’assistance par les trois États baltes envers l’Europe Orientale et le Caucase du Sud (2004-2014). Il s’agira dans un premier temps de conceptualiser la solidarité balte et de voir comment elle est exprimée : interroger sur les origines de cette solidarité, identifier les acteurs et les réseaux qui y sont engagés, apporter une analyse critique du discours politique et l’inscrire dans un contexte précis (Chapitre III).

Dans un deuxième temps, cette partie se focalisera plus précisément sur la mise en œuvre de cette solidarité via le transfert et la diffusion de normes, de politiques et de pratiques par les acteurs estoniens, lettons et lituaniens vers l’Est. Il s’agira tout d’abord de définir le cadre général de l’action d’aide et de coopération estonienne, lettone et lituanienne envers l’Est, pour interroger notamment le statut des États baltes en tant que nouveaux « exportateurs » d’assistance et d’expertise internationale; puis nous nous pencherons sur l’analyse de contenu (tentative de typologie des projets) de ce qui est fait, du processus et de la méthode de mise en place d’une action. Le dernier chapitre se propose enfin de se concentrer sur quelques cas d’étude plus en détail (le cas de l’action estonienne envers la Géorgie en priorité) (Chapitre

PREMIÈRE PARTIE

LE RÔLE ET L’IMPACT DE L’AUTRE/L’ÉTRANGER SUR

LE PROCESSUS D’INDÉPENDANCE, DE

RECONSTRUCTION ET D’INTÉGRATION DES ÉTATS

BALTES (1980-2004)

PREMIERE PARTIE : LE RÔLE ET L’IMPACT DE L’AUTRE/L’ÉTRANGER SUR

LE PROCESSUS D’INDÉPENDANCE, DE RECONSTRUCTION ET

D’INTÉGRATION DES ÉTATS BALTES (1980-2004)

La première partie de cette thèse s’attachera à étudier l’évolution de l’identité politique estonienne, lettone et lituanienne à travers deux périodes cruciales de leur formation : le développement des mouvements indépendantistes (1980-1991) menant à l’indépendance, et le processus de reconstruction, d’européanisation et d’intégration aux structures occidentales qui aboutit à l'adhésion de ces États à l’Union européenne et à l’Alliance Atlantique Nord, l’OTAN.

Dans une approche constructiviste de l’identité comme objet de la politique étrangère en constante redéfinition et formation/évolution, nous démontrerons que les notions de perceptions de l’Autre et de Soi influent sur la définition de l’identité politique estonienne, lettone et lituanienne. En partant du postulat que le Soi se définit en relation avec un Autre spécifique, nous montrerons que c’est la manière dont les Baltes s’identifient par rapport au reste du monde - l’espace (post-)soviétique, la Russie, l’Europe du Nord, les États-Unis ou l’Occident en général – et se perçoivent dans celui-ci qui détermine leurs choix en matière de politique. En tenant compte des « cercles d’apparence » à la fois communs et différents (Introduction générale) auxquels les trois États appartiennent, nous verrons de quelle façon ces derniers jouent sur la définition et la formation de l’identité politique de chacun d’eux. Cette identité politique évolue, nous le verrons, avec l’action des dissidents, ces opposants au régime communiste pendant le processus menant vers l’indépendance, puis lors de la période suivante menée par la nouvelle élite des Républiques indépendantes durant le processus de (re)construction et d’intégration aux institutions occidentales. Nous pouvons toutefois observer une constante, qui a trait à leurs caractéristiques géographique et historique : il s'agit de petits pays à la frontière entre l’Europe orientale et occidentale et dotés d'un passé chargé… Ce qui persiste aussi est l’importance accordée par les acteurs et les élites baltes au regard de l’Autre sur eux-mêmes, un regard qui les conduit à n’avoir de cesse de montrer que leurs pays existent, de prouver leur européanité, tout en cherchant des garanties sécuritaires.

Pionniers de la vague des mouvements indépendantistes qui s’empare des Républiques soviétiques à la fin des années 1980, seuls États issus de l’URSS dotés d’une perspective

d’intégration à l’Union européenne et à l’OTAN en moins de 10 ans après la restauration de l’indépendance, les États baltes ne doivent cependant pas leur « réussite » à leur seule capacité à se mobiliser, à s’entendre sur un but commun, à s’adapter au contexte international changeant et à entreprendre les efforts nécessaires pour y arriver. Les deux chapitres qui constituent cette première partie ont pour objectif de souligner le rôle d'autres facteurs dans ces processus. Nous démontrerons que les États baltes jouissent d’une situation géopolitique plus favorable et disposent d’un soutien et d’une influence des paysoccidentaux bien plus importants que la Géorgie, l’Ukraine ou le Belarus par exemple. L’engagement des États nordiques constitue un élément de taille dans les évolutions qui ont eu cours et se poursuivent dans les Etats baltes.Cette partie accorde par conséquent une place particulière à l’étude des relations, identifiées comme étant privilégiées, avec l’Europe nordique au prisme de l’action particulière de parrainage. Notre concentration sur l’action nordique envers les Baltes dans cette perspective historique ne se veut en aucun cas exhaustive de tous les développements de la politique étrangère des États baltes des années 1980-199093. Toutefois, cette mise en lumière nous permettra par la suite de mieux comprendre les logiques dans lesquelles s’inscrivent la redéfinition de l’identité politique et la priorité accordée à partir de 2004 aux autres pays postsoviétiques.

Pour étudier ces transformations et tenir compte des ruptures majeures au regard de l’impact des pays nordiques notamment, nous avons adopté une démarche chronologique : Le premier chapitre portera sur le processus indépendantiste dans les RSS d’Estonie, de Lettonie et de Lituanie et cherchera à souligner son aspect transrépublicain. Il comportera une analyse de l’attitude des pays occidentaux face à la désintégration de l’Union soviétique et interrogera la spécificité du voisinage baltique (1980-1991).

Le deuxième chapitre, quant à lui, s’attachera, à travers notamment les questions des perceptions et des représentations, à étudier le processus de transition, de démocratisation et d’intégration des États baltes à partir de 1991. Une attention particulière sera portée à

93 Pour une étude plus complète sur les transformations de l’identité politique des Etats baltes, les enjeux (géo-politiques majeurs dans la période 1980-1990, voir les travaux de : (en français) P.PERCHOC Les Etats baltes et

le système européen, 1985-2004 : être européens et le devenir, éd. Peter Lang, Bruxelles, 2014 ; M.CHILLAUD, Les Pays baltes en quête de sécurité, Institut de stratégie comparée, Paris, 2009 ; P.ORCIER Les Recompositions territoriales dans la région de la Baltique orientale (Finlande, Estonie, Lettonie, Lituanie), thèse de doctorat

soutenue à l’ENS de Lyon en 2009 ; U.BERGMANE La France et les Etats-Unis face à la désintégration de

l’Union soviétique : le cas des Pays baltes 1989-1991, thèse en préparation à Sciences Po, Paris ; (en anglais)

R.MOLE The Baltic States from the Soviet Union to the European Union: Identity, Discourse and Power in the Post-Communist Transition of Estonia, Latvia and Lithuania, éd.Earthscan, New-York, 2012 ; D.GALBREATH Continuity and Change in the Baltic Sea Region: Comparing Foreign Policies, éd.Rodopi, Amsterdam, 2008 ;

l’analyse de l’action des pays nordiques en tant que « parrains » ou « maîtres » des États baltes durant cette période (1991-2004).

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