• Aucun résultat trouvé

1.2 Facteurs internes et externes favorisant le processus indépendantiste dans les Républiques baltes

1.2.3 Attitude des Occidentaux à l’indépendance dans les pays baltes : le facteur géographique et relations

 

Un autre facteur ayant certainement eu un impact sur le processus indépendantiste et sur la consolidation de l’indépendance dans les Républiques baltes concerne l’attitude différenciée des pays occidentaux envers ces trois États, comparé à leurs égards envers les autres Républiques soviétiques. La question de la non-reconnaissance de l’annexion des Baltes par l’Union soviétique semble ici un élément non négligeable.

« L’exception(nalisme) balte » ?

D’après Juris Dreifelds, pour la plupart des Occidentaux, dont la majorité n’avaient pas reconnu de jure l’annexion des États baltes par l’Union soviétique (1940), les Républiques baltes représentaient bel et bien un cas à part. Cette politique de non-reconnaissance serait

277 BEISSINGER Mark R, Nationalist Mobilization and the Collapse of the Soviet State, (2002), op. cit., p. 63. 278 PLASSERAUD Yves, « Pays baltes : rêves, propagandes, malentendus », in Questions de communications, n°6, Metz, PUN-Éditions universitaires de Lorraine, 2004, pp. 15-32, disponible sur :

http://questionsdecommunication.revues.org/4258?lang=en#ftn13

ainsi devenue un political wedge permettant aux élites occidentales de distinguer les efforts des Baltes pour l’indépendance, en y voyant un « exceptionnalisme balte »280. Pour l’élite étatsunienne, les « Baltic States are a special case for us 281», cette vision étant en partie renforcée grâce au lobbying de la diaspora balte qui veillait sur la politique de non-reconnaissance de ce pays.

La politique de non-reconnaissance semble ainsi avoir occupé une place importante dans la politique américaine envers les pays baltes, et ce tout au long de la Guerre Froide. La position des Américains était basée sur le principe « Ex injuriajus non oritur », à savoir qu’aucun changement territorial imposé par la force ne peut être reconnu légalement282. Selon Vahur Made,pour promouvoir la question balte et tenter de focaliser la politique américaine sur leur sort, un groupe de soutien composé de diplomates américains et nommé Riga group s’était constitué à Washington283. Ce Riga group était, selon Una Bergmane, surtout très opposé à l’URSS284. Etant donné que quelques-uns de ces diplomates américains avaient débuté leur carrière à l’ambassade américaine de Riga, ils avaient une connaissance et un attachement plus fort envers les pays baltes que les autres diplomates américains. Ce groupe serait à l’origine de la décision du président américain de ne pas reconnaître l’annexion soviétique des Baltes en 1940285. Enfin, ce Riga group fut perçu comme plus radical que le Yalta Group, autre centre de lobbying plus modéré vis-à-vis de l’Union soviétique286.

En Europe, seuls la Finlande, la Suède, les Pays-Bas et l’Espagne avaient reconnu l’annexion des Républiques baltes par l’Union soviétique. Les autres pays suivirent l’exemple américain bien que de façon moins ferme287.

L’« exceptionnalisme balte » doit cependant être également considérée avec réserve, car dans les moments de dialogue avec Moscou, le cas balte était traité avec une extrême prudence, y compris au sein du groupe de pays comme la France ou les États-Unis n’ayant

280 DREIFELDS Juris, « The West and Baltic Independence », in in Jānis ŠKAPARS (dir.), The Baltic Way to

Freedom. (2005), op.cit., p. 376.

281Ce qui ressort dans les discours et médias américains (Discussion informelle avec Una BERGMANE en février 2014).

282 BERGMANE Una, « L’Occident et la crise lituanienne du printemps 1990 »(2012), op. cit., p. 87.

283 MADE Vahur, « Foreign Policy Statements of Estonian Diplomatic Missions during the Cold War : Establishing the Estonian pro-US Discourse », site internet de Eesti Diplomaatide Kool, p. 2, disponible: http://www.edk.edu.ee/client/default.asp?wa_id=424&wa_site_id=1

284 Una BERGMANE tient à préciser que le Riga group, en s’opposant à l’URSS, soutenait par ce biais aussi la « cause balte » mais que cela ne constituait pas un but en soi. D’après cette historienne, le nom de ce groupe aurait été donné retrospectivement par des historiens et non par les membres de ce groupe de diplomates américains.

285 Discussion informelle avec Una BERGMANE en février 2014 à Paris.

286 YERGIN Daniel, Shattered Peace: The Origins of the Cold War and The National Security State, Boston, Houghton Mifflin,1977.the National Security State

pas reconnu l’annexion288. Du fait des réformes engagées par Mikhaïl Gorbatchev, les capitales occidentales avaient la volonté de ne pas interférer dans la Pérestroïka de la fin des années 1980 à 1990289. Beaucoup de gouvernements occidentaux cherchaient en effet un équilibre entre le soutien aux revendications baltes et la volonté de maintenir une bonne entente avec le Kremlin. L’évidence de cette attitude prudente a été révélée aux yeux de tous entre autres au moment de la déclaration d’indépendance de la Lituanie en mars 1990. Les États occidentaux ne l’ont alors pas reconnue, car ils considéraient que la Lituanie avançait trop rapidement vers l’indépendance et qu’un tel pas risquait de mettre en péril l’intégrité d’une URSS en cours de réforme structurelle290. La visite officielle des trois leaders baltes – Edgar Savisaar, Ivars Godmanis, Vytautas Landsbergis –à Washington le 8 mai 1991 est un autre exemple illustrant l’attitude prudente des Américains envers les revendications baltes. Bien qu’encouragés par la promesse de soutien du président des États-Unis, Georges W. Bush, les représentants baltes sortaient globalement déçus par l’approche américaine. Une correspondante diplomatique (C. Giacomo) rapporta pour l’agence Reuters à Washington que les États-Unis menaient « une politique très habileentre les Baltes et le Kremlin ». Pour témoigner de sa déception devant une foule de journalistes étrangers, V. Landsbergis est même allé jusqu’à qualifier l’attitude des Occidentaux sur la question balte d’« inconstante » en menaçant de « précipiter la désintégration de l’Union soviétique si les États-Unis et les autres États n’aidaient pas les Baltes à accéder à l’indépendance »291.

Malgré ces réserves et les hésitations émises par les Occidentaux à l’égard de la cause balte, la déclaration d’indépendance lituanienne (mars 1990), bien que non reconnue à ce moment par les Occidentaux, se transforma en statu quo et les États-Unis finirent par inviter Moscou à « respecter la volonté des citoyens de la Lituanie ». De son côté, la France exprima l’espoir que « les négociations conduisent à des nouvelles relations entre l’Union soviétique et la Lituanie »292.

Les relations spécifiques avec les voisins nordiques : Les cas de l’Estonie avec la Finlande

288 Sur la politique française à l’égard des pays baltes, se référer à l’excellent travail de recherche mené par Una BERGMANE : La Politique étrangère française à l’égard des revendications d’indépendance des pays baltes

(1989-1991), Mémoire de Master sous la direction de Maurice Vaïsse, Science Po Paris, 2010.

289 BERGMANE Una, « L’Occident et la crise lituanienne du printemps 1990 », (février 2012), op.cit., p. 85. 290 Sur la position des Etats occidentaux dans la crise lituanienne, ibidem, p.85-101.

291 HAUKKA Joel, VILGATS Kalev, « Balti liidrid said Bushiga kohtumiselt julgustust » (Les leaders baltes encouragés/motivés par leur rencontre avec Bush), dans le quotidien Postimees, 11 mai 1991 (archives du quotidien consultées à la Bibliothèque nationale, Tallinn, avril 2012).

Dans l’analyse du regard des Occidentaux posé sur l’indépendance des Baltes, il est important de tenir compte des relations particulièrement proches entre les Républiques soviétiques baltes et les pays nordiques, facilitées par une frontière (maritime) commune entre eux. Cette proximité géographique avec la Finlande (surtout dans le cas de l’Estonie), le Danemark ou la Suède, a certainement favorisé la circulation des idées et le mouvement des personnes. Voisins directs des pays de la côte orientale de la mer Baltique, les Nordiques étaient en outre tout naturellement plus concernés que les autres pays Occidentaux par ce qui se passait dans leur voisinage. Partagés entre le sentiment de responsabilité d’aider leurs voisins du sud mais se gardant de l’afficher ouvertement, les pays nordiques maintenaient un rapport très particulier avec cette partie occidentale de l’URSS. Ceci constitue un élément qu’il convient également de prendre en considération si l’on veut analyser le processus indépendantiste dans les Républiques soviétiques baltes293.

Dans cette logique du voisinage, l’Estonie, du fait de sa proximité géographique mais aussi culturelle avec son voisin du nord la Finlande (seuls 82,64 kilomètres séparent Tallinn de Helsinki294), jouissait sans doute de contacts avec l’Europe plus rapprochés qu’aucune autre République soviétique avec un Etat occidental295. C’est la raison pour laquelle nous consacrerons une attention particulière à ce pays balte en priorité.

La création même des Fronts Populaires baltes, apparus comme nous l’avons vu d’abord en Estonie (mai 1988), s’expliquerait par les liens spécifiques que l’Estonie entretenait avec les pays nordiques. Si l’on en croit Yves Plasseraud, les revendications du Front Populaire estonien en matière d’autonomie économique, reprises peu de temps après par les mouvements similaires en Lettonie et Lituanie, auraient ainsi été en grande partie inspirées par la Scandinavie et la Finlande296. Durant les derniers mois décisifs de la lutte des États baltes pour l’indépendance, les États nordiques déployaient dans divers forums internationaux de gros efforts pour imposer aux Occidentaux l’idée d’un retour inévitable à l’indépendance des États baltes297. S’il y a peu de doute sur la volonté des pays nordiques de s’impliquer dans

293 Nous verrons plus loin que les Nordiques avaient une place particulière de conseillers, voire de « maîtres », en tant que donneurs de l’assistance matérielle ou technique tout au long des années 1990 et du processus de transition et d’intégration européenne dans les Etats baltes. Nous sommes en présence d'une logique decontinuité dans ce cas.

294 Par comparaison, Helsinki se trouve à 362,12 km de Riga et 611,05 km de Vilnius. 379,24 km séparent la capitale estonienne de Stockholm (contre 442,59 km et 676,19 km de Riga et de Vilnius respectivement). Source : site internet qui permet de calculer les distances : http://www.distancefromto.net/

295 SMITH David James, The Baltic States, (2002), op. cit., p.xxv

296 PLASSERAUD Yves, « L’Estonie et le monde nordique », (2006), op. cit., p.100. 297Ibidem, p.101.

le processus indépendantiste des États baltes, nous tenterons cependant de démontrer, en nous appuyant sur quelques exemples, que leur attitude globalement favorable à cette indépendance se reflétait dans des actions et stratégies plus complexes.

Selon la rhétorique officielle, la Finlande avec Mauno Koivisto pour président (1982-1994) cherchait certes à ralentir ou modérer le processus indépendantiste estonien pour préserver de bonnes relations avec Moscou. Mais en réalité, le gouvernement finlandais soutenait l’Estonie par divers moyens298. En effet, d’après Heiki Rausmaa, l’assistance de la Finlande à l’Estonie se faisait sous une « forme déguisée » pour ne pas apparaître politique. Afin d’éviter d’attirer l’attention, la Finlande transférait ainsi sa politique de coopération et d’assistance envers ce pays balte au ministère de la Culture. A la question du ministre finlandais de la Culture de l’époque, Anna-Liisa Kasurinen, à savoir jusqu’où pouvait-on aller dans l’assistance à l’Estonie, le président Koivisto aurait glissé cette réponse assez vague pour y voir des sous-entendus intéressés : « Sous le nom de la culture, on peut faire pas mal de choses ». Ceci signifiait que la ministre avait carte blanche pour faire absolument tout pourvu que les activités aient l’aspect d’une coopération culturelle299. D’autres ministères (celui des Affaires sociales, de l’Agriculture, des Forêts ou encore de l’Environnement) ont également développé un certain nombre de programmes, tous considérés suffisamment apolitiques pour ne pas paraître suspect à l’Union soviétique300. A partir du printemps 1989, le gouvernement finlandais avait soutenu l’Estonie avec de l’aide dans les domaines pédagogique, professionnel et financier.

Le seul soutien refusé par la Finlande à l’Estonie était d’ordre politique. Ainsi, au moment des évènements tragiques à Vilnius en janvier 1991301, Harri Holkeri, Premier ministre finlandais (1987-1991), a déclaré à l’élite estonienne que son pays ne pouvait soutenir l’Estonie officiellement en cas d’attaque par Moscou si tel était le choix politique de M. Gorbatchev. De fait, la Finlande faisait montre d’une prudence extrême, ce qui d’après Heiki Rausmaa, faisait que la politique étrangère finlandaise se trouvait finalement (du moins en apparence) en harmonie avec les autres pays occidentaux sur cette question. La Finlande se distinguait des autres États européens en ce qu’elle contribuait au développement de l’Estonie par une assistance pratique envers cette dernière. Cette coopération particulière entre la Finlande et

298 RAUSMAA Heiki, interviewé sur la chaîne publique estonienne de ETV dans l’émission Välisilm (18 novembre 2013), disponible sur : http://etv.err.ee/arhiiv.php?id=144060

299Idem

300Idem

301 Le 13 janvier 1991, les troupes spéciales soviétiques interviennent à Vilnius pour tenter de prendre le contrôle de la tour de la télévision, causant la mort de 12 civils lituaniens.

l’Estonie expliquerait l’avantage de cette dernière sur la Lettonie et la Lituanie, aussi bien avant qu’après le recouvrement de l’indépendance302 :

« Finland was consciously conducting its foreign policy on two different levels: simultaneously supporting both Gorbachev and Estonia (…). This contradiction in Finland’s policy was concealed and did not damage relations between Finland and the Soviet Union because Finland limited its support to Estonia and presented it as non-political cultural co-operation. (…) On practical level, Finland provided more help to Estonia than any other country »303.

Enfin, d’après Heiki Rausmaa, le soutien à l’Estonie aurait été perçu comme un devoir moral, surtout par l’opinion publique finlandaise qui fit constamment pression sur son gouvernement.

Outre la Finlande, d’autres pays nordiques avaient établi dès la fin des années 1980 des contacts privilégiés aux niveaux public ou privé avec les Républiques baltes. Le gouvernement danois a financé par exemple la création d’instituts culturels danois à Riga, Tallinn et Vilnius (1990), a ouvert un office d’information balte à Copenhague (1990) ou collectait des fonds publics et privés servant au développement de projets dans les domaines de l’éducation, de l’environnement ou encore pour la promotion de la démocratie dans les pays baltes304. Il n’y avait malgré tout pas de ligne politique commune entre les pays nordiques. Deux types d’approches peuvent être dégagés d’une manière générale. D’un côté, l’Islande, le Danemark et la Norvège, pays membres de l’OTAN depuis 1949, soutenaient ouvertement les demandes baltes d’être acceptés dans la coopération internationale en tant qu’entités indépendantes. De l’autre, la Suède (pays neutre) et la Finlande, non-membres de l’OTAN, avaient tous deux reconnu l’annexion soviétique et étaient beaucoup plus réservés305.

Malgré cette divergence, les Nordiques furent les premiers en Europe à réagir vivement face à la campagne d’intimidation lancée en Lituanie par Moscou en direction de la population et des élus lituaniens en mars 1990306. Sur le plan diplomatique, le Premier ministre norvégien condamna les « actions brutales des militaires soviétiques en Lituanie » et appela l’URSS à

302 RAUSMAA Heiki, (2013), op.cit.

303 Résumé de la thèse de doctorat de RAUSMAA Heiki« Finnish Support for Estonian Independence from USSR », disponible sur : http://forumeuropa.net/showthread.php?tid=3384 (lien consulté le 26 février 2014). 304 ELLEMANN-JENSEN Uffe, « Denmark and the Baltic States », in in Jānis ŠKAPARS (dir.), The Baltic Way

to Freedom. (2005), op.cit. p. 395.

305Ibidem, p. 398.

306 Défilés de blindés dans les rues de Vilnius, persécutions des insoumis, prise par la force de certains bâtiments publics (source : BERGMANE Una, « L’Occident et la crise lituanienne du printemps 1990 », (2012), op. cit., p. 89)

« accepter immédiatement des négociations »307. Le Danemark demanda à la communauté internationale de « se démarquer énergiquement de la pression politique et militaire de l’URSS sur la Lituanie ». Le Premier ministre suédois et le ministre des Affaires étrangères danois écrivirent également à Mikhaïl Rykov, Premier ministre de l’URSS, et à Edouard Chevardnadze, ministre des Affaires étrangères soviétique, pour leur demander de ne pas recourir à la force dans les pays baltes308. Sur le plan militaire, le 24 mars, le ministère de la Défense suédois annonça l’élévation du niveau de l’alerte préventive de ses forces militaires. Ce pays fit mettre en place des dispositifs dans l’île de Götland afin d’accueillir une éventuelle vague de réfugiés baltes309. Un navire de guerre danois fut envoyé dans l’Est de la Baltique et les radars militaires danois mis en état d’alerte310. Cette réaction vive (déclarations et mesures prises) peut s’expliquer par un réel sentiment de solidarité envers les voisins du Sud de la mer Baltique mais également par l’urgence d’agir pour assurer la sécurité dans son voisinage. Bien qu’hésitant à se positionner en faveur de l’indépendance, l’élite nordique se montra directement ou indirectement engagée pour la cause balte. Cette situation provient en grande partie des pressions issues de leurs sociétés civiles elles-mêmes fortement solidaires et impliquées. A titre d'exemple, l’activité d’une association d’estophiles, Tuglase Selts, basée à Helsinki, promouvait la culture estonienne et se faisait l’écho de la « Révolution chantante » et des développements politiques auprès des Finlandais311 . Un autre exemple est fourni par le mouvement public, dit « Mouvement de Lundi », en Suède, pendant lequel des hommes politiques, simples citoyens et intellectuels prononçaient des discours spontanés pour soutenir les Baltes après l’entrée des troupes soviétiques à Vilnius et Riga en janvier 1991.

307 AMAE-La Courneuve, Europe 1986-1990, URSS 6793, direction d’Europe, Rédacteur : H.Reynaud, note a/s: situation intérieure en URSS, paris, le 10 avril 1990, in BERGMANE Una, « L’Occident et la crise lituanienne du printemps 1990 », (2012), op. cit., p. 91

308 AMAE-La Courneuve, Europe 1986-1990, URSS 6793, direction d’Europe, Rédacteur : H.Reynaud, note a/s: situation intérieure en URSS, paris, le 10 avril 1990, in BERGMANE Una, « L’Occident et la crise lituanienne du printemps 1990 », (2012), op. cit., p. 91

309 MOSEY Christopher, « Swedes Ready for the Exodus », The Times, 24 mars 1990, in BERGMANE Una, « L’Occident et la crise lituanienne du printemps 1990 », (2012), op. cit. p.91

310 AMAE-La Courneuve, Europe 1986-1990, URSS 6592, TD Copenhague 128, objet : Lituanie – initiatives danoises, le 26 mars 1990, in BERGMANE Una, « L’Occident et la crise lituanienne du printemps 1990 », (2012), op. cit., p.91.

311Dès 1989, c’est à travers cette association des estophiles, Tuglase Selts, que le ministère de l’Education finlandais, en charge de l’aide bilatérale envers l’Estonie, ilmanque un verbe dans cete phrase et du transfert de l’aide matérielle. Sur l’activité de cette association et, à travers elle, des relations des Estoniens et Finlandais, voir l’ouvrage de RAUSMAA Heikki, Tuglase leek loidab. Tuglase Seltsi ja Soome-Eesti suhete ajalugu (en français : « L’histoire de Tuglase Selts et des relations finno-estoniennes »),Eesti Keele Sihtasutus, 2008.

L’influence occidentale durant la Guerre Froide dans la vie quotidienne des Estoniens

La période de Dégel entamée en 1956 a changé la vie quotidienne des Estoniens. Avec l’occupation de l’Estonie par les troupes soviétiques, la presse et la radio avaient été soumises à une censure stricte et à des contrôles, puis à partir de la déstalinisation la censure s’assouplit quelque peu en Estonie. Ce fait se constatait notamment par la diversification des programmes de la radio et télévision ainsi qu’avec l’arrivée des premiers touristes finlandais à Tallinn. Dès lors, les contacts avec la Finlande commencent à jouer ce qui deviendra un rôle primordial312.

Dans les années 1960, Eesti Raadio (la Radio estonienne) commença à produire des émissions communes avec son homologue finlandais Yleisradio en Finlande. A cette époque, ce contact constituait une précieuse porte ouverte sur le monde occidental et les programmes finlandais étaient désormais captés en Estonie. Dans les années 1970, Eesti Raadio fut également la première station soviétique à diffuser de la publicité313.

Un relâchement de la pression se ressentait également dans les relations individuelles. Si durant les deux premières décennies de la Guerre Froide, l’Estonie était quasiment aussi difficile d’accès pour les voisins nordiques que pour les émigrés estoniens en Australie et au Canada, l’ouverture de la voie directe entre la Finlande et l’Estonie en 1965 avec la mise en place d’une ligne de ferry facilita largement les contacts entre ce pays et ses voisins du Nord314. C’est à ce moment-là que les premiers touristes étrangers, les Finlandais, commençaient à arriver à Tallinn. Le nombre de personnes voyageant dans les années 1970 entre les capitales finlandaise et estonienne se chiffrait autour de 50 000 à 100 000 personnes par an, pour atteindre environ 200 000 personnes dans les années 1980315. On retrouvait parmi

Documents relatifs