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6.  Discussion 132 

6.4.  Est-ce que la classe inversée est une solution viable? 143 

Dans le cadre de cette recherche, nous avons voulu « évaluer si les dispositions en informatique des élèves justifieraient une transition vers la classe inversée ». Nous envisagions ici, rappelons-le, une application du principe de la classe inversée ayant recours à du matériel numérisé, notamment des vidéos. Pour ce faire, nous avons voulu vérifier si les répondants disposaient d’un accès à internet à la maison, s’ils possédaient un appareil leur permettant de se connecter à l’école et quelles étaient les meilleures technologies pour diffuser les informations pour un enseignement-apprentissage basé sur la classe inversée.

6.4.1. Ce que notre recherche met à jour

Parmi notre population, 98,8 % des répondants disposaient d’un accès à internet à la maison et 96,3 % entre eux possédaient un appareil (téléphone intelligent, ordinateur portable, tablette, etc.) leur permettant d’être autonome dans une classe inversée de type bring your own device (BYOD)79. On

peut donc conclure que, du point de vue des ressources matérielles, ce type de classe inversée est envisageable.

La grande majorité des répondants mentionnent être à l’aise avec YouTube (98,1 %), Facebook (92,5 %) et les courriels (81,3 %). Il serait donc possible, dans le cadre d’une adaptation des cours d’été en classe inversée, d’utiliser ces outils. Nous avons pu déduire que les apprenants avaient une connaissance de l’utilisation de ces technologies pour le loisir. Réinvestir ces connaissances dans un

79 Littéralement : apportez votre propre technologie. En enseignement, c’est l’idée que l’apprenant peut utiliser la

objectif d’apprentissage peut être laborieux sans l’accompagnement d’un enseignant attentif, il ne faut donc pas s’attendre à ce que l’apprenant soit indépendant dès le premier cours dans une telle structure Au sujet de la motivation des apprenants, nous les avons questionnés à savoir s’ils seraient « prêt[s] à écouter des clips vidéo sur « YouTube » (+ ou – 45 minutes par jour) pour revoir la matière du cours d'histoire de 3e secondaire ? ». C’est ainsi que 60,6 % des répondants se sont montrés intéressés.

6.4.2. Matériel, compétences et motivation

Considérant les éléments recensés à la section 6.4.1, nous croyons avoir atteint le but fixé par notre hypothèse : « [n]ous espérons pouvoir évaluer si les dispositions en informatiques des élèves justifieraient une transition vers la classe inversée ». Au vu de la présence du matériel, des compétences et de la motivation relative des apprenants du milieu, nous comprenons l’intérêt que peut générer la classe inversée dans le milieu des cours d’été.

Les apprenants semblent avoir développé les compétences pour utiliser les technologies pertinentes dans le cadre de leurs loisirs ou de leur formation scolaire, mais le réinvestissement dans un cadre éducatif tel que la classe inversée peut ne pas se faire aisément. Il ne faut pas conclure sur ces chiffres que l’on peut lancer un apprenant dans une classe inversée se basant sur les aptitudes recensées sans le former au préalable.

Oui, considérant uniquement les données au sujet du matériel, des aptitudes des élèves et de leur motivation, on peut conclure que la transition vers la classe inversée est justifiée. Pourtant, nous en sommes venue à envisager un quatrième élément à cette transition qui mérite à lui seul sa propre sous-section.

6.4.3. Utilisation optimale des TIC dans le milieu de l’HÉC

Pendant tout le temps qu’a duré cette recherche, nous nous sommes informée sur la classe inversée. Si nous avons été d’abord emballée par cette idée, avec le temps nous en sommes venue à nous apercevoir qu’il y avait un piège dangereux à éviter, particulièrement pour les enseignants d’histoire. Selon la description la plus classique de la classe inversée (Peters, 2014; Thompson, 2011b; Wallace, 2014), les technologies servaient à diffuser les contenus théoriques d’un cours sur internet. Les élèves étaient invités à visionner les clips vidéo avant le cours lors duquel ils réaliseraient ensuite des activités de réinvestissement en présence de l’enseignant. Notre inquiétude vient du fait que ces clips vidéo

peuvent facilement devenir une excuse pour faire des portions de présentation magistrale80

l’apprenant est passif à la maison plutôt que d’être passif en face de son enseignant en classe. Une utilisation optimale du concept de la pédagogie inversée en classe d’histoire doit garder les apprenants actifs mentalement. Certaines études suggèrent d’utiliser des grilles ou des schémas de visionnement (Bélanger, 2013) pour garder les élèves actifs. Pourtant, il nous semble qu’en classe d’histoire, ce procédé met de côté une magnifique opportunité d’utiliser des sources primaires et secondaires. En effet, pour l’époque précédant le film, de très belles reconstitutions et entrevues d’historiens existent sur internet pouvant servir de sources secondaires pour les apprenants. Pour la période contemporaine, seule l’imagination est la limite au sujet des sources primaires. Il serait très simple de mettre en place une démarche de réponse à une question à développement, proche de ce qui est attendu dans l’épreuve unique, intégrant à la fois des sources textuelles que l’élève pourrait analyser en classe et des sources audiovisuelles à analyser à la maison. L’apprenant procéderait à des écoutes actives, car il serait à la recherche des arguments nécessaires pour étayer sa dissertation historique ou pour construire sa compréhension d'un concept essentiel à son étude. Dans ce cas particulier, on permet à l’apprenant d’exercer sa pensée combinatoire et formelle. Ceci devient encore plus propice si cette utilisation est doublée d’une confrontation des arguments dans un exercice socioconstructiviste précédant la phase de rédaction.

Cette suggestion n’est qu’une des adaptations possibles du contexte de la classe inversée en histoire (dans le cadre des cours d’été ou lors de l’année régulière). Notre principal objectif est de conserver l’apprenant actif dans son processus d’apprentissage. Que la vidéo soit utilisée comme amorce à l’apprentissage, comme élément servant à construire un concept ou comme source à analyser, l’important c’est que l'apprenant reste actif mentalement.

80 Une petite note ici pour spécifier que nous considérons que l’enseignement magistral a toujours sa place en classe; dans

la limite où il est consciemment choisi car il permettrait, par exemple, de transmettre de manière structurée beaucoup d’informations qui peuvent à leur tour servir de mise en contexte pour une activité de réinvestissement en classe.

6.5.

Quelques suggestions didactiques pour aider