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C hapitre II : Mécanismes de protection de la peau

Partie 2 : Mécanismes de protection immunologiques et effecteurs

II.2.3. Mécanismes généraux de la protection immunitaire

II.2.3.2. Circulation leucocytaire dans les tissus stimulés

Les médiateurs de la migration leucocytaire chez les ovins sont : l’IL-1α, l’IL-2, l’IL-8, l’IFN-α, l’IFN-γ, le TNF-α, le ZAP, le PGE2α, le PAF, les bradykinines et le LTB4. Ils ont été identifiés dans la lymphe drainant les tissus stimulés par les antigènes (83).La circulation des leucocytes augmente fortement lors d’une réponse immunitaire (83). Selon la nature du stimulus, la constitution phénotypique des cellules dans les nœuds lymphatiques drainant

varie considérablement. Dans beaucoup de cas, les antigènes sont libérés directement dans les nœuds lymphatiques, ils arrivent par un des vaisseaux lymphatiques afférents et sont phagocytés par les macrophages, ce qui entraîne des changements caractéristiques de la circulation des lymphocytes à travers les nœuds lymphatiques :

‰ Le stade 1 est caractérisé par une chute marquée du débit des lymphocytes dans la lymphe efférente (selon l’antigène, ce phénomène est variable en durée et en intensité). Cette chute du débit cellulaire est due à l’arrêt des cellules recirculantes au sein du nœud lymphatique (et non uniquement à une diminution de la migration à partir du sang).

‰ Le stade 2 se caractérise par une multiplication cellulaire et une augmentation du débit de sortie des lymphocytes (clones informés du même antigène) jusqu’à un taux plus de dix fois supérieur à celui qu’il était avant la stimulation. Ceci s’explique par une augmentation du recrutement cellulaire à partir du pool sanguin. Les cellules spécifiques de l’antigène disparaissent de la lymphe centrale et sont retenues dans le nœud lymphatique. Cet accroissement de la circulation lymphocytaire, permise par une stimulation au niveau du nœud lymphatique, augmente la probabilité qu’une cellule spécifique d’un antigène rencontre ce dernier.

‰ Lors du stade 3, les macrophages, ayant phagocyté et "concassé" l’antigène, transmettent l’information épitopique aux lymphocytes à vie longue, qui se transforment en lymphoblastes se divisant activement (figure 18), simultanément à l’apparition des cellules sensibilisées. Ce stade peut durer 2-3 jours, après lesquels le débit des cellules lymphocytaires retrouve le taux qu’il avait avant la stimulation (83).

Macrophage

LT

Lymphoblaste

LT mémoire LT effecteurs

Figure 18 : La stimulation et la multiplication clonale des lymphocytes.

Il existe chez le mouton au moins trois pools différents de petits lymphocytes recirculant spécifiquement dans les tissus mésentériques, les nœuds lymphatiques cutanés et sous- cutanés. La population principalement concernée par ce phénomène est celle des LTαβ (tandis que les cellules LTγδ migrent au hasard). Aucune spécificité de tissu n’a été démontrée pour les LB (83).

La migration trans-endothéliale nécessite l’interaction de molécules de surface leucocytaires spécifiques avec les cellules endothéliales des vaisseaux sanguins. Le procédé de migration des leucocytes semble être le même chez le mouton que chez les autres espèces pour lesquelles il a été plus étudié (en effet, un grand nombre de molécules de surface impliquées

Antigènes

Lymphocyte (à vie longue)

Présentation des épitopes aux LT par le macrophage.

Multiplication cellulaire et formation de clones.

dans la migration ont été identifiées à la surface des leucocytes ovins : L-selectine, MadCAM, β7Integrin, β1Integrin, VCAM-1, CD44, CD11a) (83).

II.2.3.3. Phagocytose

La phagocytose est effectuée par les macrophages, les granulocytes neutrophiles et éosinophiles. Bien qu’elle soit un phénomène continu, une division en quatre phases peut être envisagée : chimiotactisme, adhérence, ingestion et digestion. La phagocytose constitue un mécanisme de défense non spécifique, mais c’est aussi la première étape, indispensable, de la réaction immunitaire spécifique.

‹ Chimiotactisme

Les cellules phagocytaires circulent normalement dans le sang. Elles quittent le sang grâce à une augmentation de la capacité d’adhésion des cellules endothéliales formant la paroi des vaisseaux. Ces dernières expriment des protéines d’adhésion appelées sélectines et intégrines, qui lient les phagocytes aux murs des petits vaisseaux sanguins. Ainsi, lorsqu’elles sont attirées par certains composés chimiques, les cellules phagocytaires migrent dans les tissus (117).

‹ Adhérence et opsonisation

Quand une cellule phagocytaire rencontre une particule étrangère, elle s’y lie. L’adhérence n’est pas un processus spontané et nécessite l’intervention des opsonines, petites molécules se fixant aux éléments étrangers, diminuant ainsi leurs charges négatives et permettant l’adhésion des phagocytes également chargés négativement.

‹ Ingestion

Tout d’abord, un pseudopode se forme. Son cytoplasme contient un réseau filamenteux de protéines (actine et myosine) dont l’état détermine la fluidité du cytoplasme. Il y a alors établissement de liaisons entre les opsonines de la particule étrangère et les récepteurs de la cellule phagocytaire. Une fois ces liaisons mises en place, l’élément étranger est internalisé et inclus dans une particule appelée phagosome.

NADPH-oxydase

SOD

Myélopéroxydase ‹ Digestion

Deux mécanisme distincts permettent la destruction de la particule ingérée : l’explosion respiratoire et la digestion par les enzymes lysosomiales.

y L’explosion respiratoire se déroule dans les phagosomes. Elle est activée par l’agrégation des récepteurs du Fc (récepteurs membranaires pour les immunoglobulines) ou du C3 par l’antigène. Une enzyme, la NADPH-oxydase, est assemblée dans la membrane du phagosome, où elle réduit l’oxygène en ion superoxyde (O2Ž −) (67, 117) :

NADPH + 2 O2 NADP+ + H+ + 2O2x −

Les deux molécules d’ O2 x− interagissent spontanément par dismutation pour générer une molécule de péroxyde d’hydrogène (H2O2) sous l’influence de l’enzyme superoxyde dismutase (SOD) :

2O2x − + 2H+ H2O2 + O2

Etant donné la rapidité de cette réaction, l’anion superoxyde ne s’accumule pas, contrairement à l’ H2O2. Ce dernier est converti en composé bactéricide grâce à l’action de la myélopéroxydase, enzyme la plus importante de la réaction d’explosion respiratoire (elle est trouvée en grande quantité dans les granules primaires des granulocytes).Elle catalyse la réaction entre le péroxyde d’hydrogène et des ions halides (Cl−, Br−, I−, ou SCN−). Les GNN utilisent de façon préférentielle les ions Cl−, pour produire des hypophalides (117):

H2O2 + Cl− H2O + O Cl−

La péroxydase éosinophile est distincte de la myélopéroxydase neutrophile ; elle utilise de façon prépondérante les ions Br− pour produire OBr− (117), ce qui explique les rôles différents de ces cellules vis-à-vis des agents étrangers.

y Les enzymes lysosomiales : une fois que la particule étrangère est liée à la membrane de la cellule phagocytaire, des granules appelés lysosomes migrent à travers le cytoplasme,

fusionnent avec la vésicule de phagocytose et relarguent leurs enzymes. La vacuole formée est alors appelée phagolysosome. Les enzymes contenues dans ces granules peuvent digérer la paroi bactérienne et tuer la plupart des microorganismes (67, 117).