• Aucun résultat trouvé

Les masques de la violence : analyse lexicologique

1. La définition de la violence

5.2 Les ouvrages de fiction

5.2.1 Le choix de la retranscription argotique

Dans Trabajos del reino (2004), Yuri Herrera, originaire d’Actopan (Hidalgo) s’est attaché à retranscrire l’argot des narcotrafiquants qu’il mêle au dialecte parlé dans la région de Chihuahua, où il séjourna pour mieux s’imprégner de la culture norteña. L’expérience de la frontière a été une réelle source d’inspiration pour l’écriture de son premier roman, une fable allégorique qui traite le thème de la violence du narcotrafic sans pour autant le décrire explicitement. Lors de ces trois années passées à Ciudad Juárez, l’écrivain a eu l’opportunité de nourrir considérablement sa palette lexicale en côtoyant la population locale dans les

cantinas et en écoutant des corridos :

339 LANE-MERCIER, Gillian. La parole romanesque. Ottawa : Presses de l’Université d’Ottawa, 1990, p. 165.

340

194 « […] viví tres años en la frontera, escuché incontables corridos, hablé con muchísima gente, intenté apropiarme del lenguaje fronterizo y, en un segundo momento, anotarlo, malearlo, convertirlo en materia literaria. Por otro lado, claro, leí mucha literatura del norte de México, aprendí del modo en que otros han recuperado la oralidad341. »

Les sous-champs de la drogue et du circuit de la drogue sont employés pour faire référence non seulement au trafic de drogue – activité majeure des courtisans du Roi, c’est-à-dire le chef du cartel, – mais également à la consommation de différentes drogues au sein même du Palais. Nous trouvons les termes argotiques chiva, perico, yerba, mula ou encore merca. D’autres expressions liées notamment aux armes et à la mort – fierro, fusca, quebrar – ainsi qu’à la frontière – mojado, pocho, migra – apparaissent dans l’ouvrage. Y. Herrera a privilégié les procédés métaphoriques, qui contribuent à accentuer l’opacité du texte ; ces images cryptées s’inscrivent pleinement dans l’allégorie voulue par l’auteur, le déguisement lexical étant l’une des particularités de sa prose.

L’auteur retranscrit l’argot des organisations criminelles, notamment dans les dialogues faisant intervenir les membres de la Cour, autrement dit les narcotrafiquants opérant pour le Roi. En voici une illustration :

(1) « – A mí me reenchila que quieran verme la cara – le decía uno –, por eso, a un mula que la otra semana vino a hacerme cuentas baratas le moché los pulgares con unas pinzas, no había necesidad de quebrarlo, pero de menos que se le dificultara empujar los billetes por andar de cabrón, qué no342. »

Mais il n’est pas rare d’entendre des expressions argotiques sortant de la bouche du narrateur extradiégétique :

341

ARRIBAS, Rubén A. Yuri Herrera, autor de Trabajos del reino : « Si uno va a intervenir la página en blanco, debe saber para qué ». Revistateína [en ligne]. 2008, n°19. [Consulté le 15/04/2015]. Disponible à l’adresse : http://www.revistateina.es/teina/web/teina19/lit5.htm

« […] j’ai vécu trois ans à la frontière, j’ai écouté d’innombrables corridos, j’ai parlé à énormément de gens, j’ai essayé de m’approprier le langage de la frontière, et dans un deuxième temps, de le retranscrire, de le façonner, de le transformer en matière littéraire. Par ailleurs, j’ai bien entendu lu beaucoup de littérature du Nord du Mexique, j’ai appris de la manière dont d’autres auteurs ont repris cette oralité. »

342 HERRERA, Yuri. Trabajos del reino, Cáceres : Editorial Periférica, 2010, p. 29.

HERRERA, Yuri. Les travaux du royaume. In : Le royaume, le soleil et la mort. Paris : Gallimard, 2016, p. 29 : « – Moi, ça me rend complètement dingue qu’on cherche à voir mon visage, lui disait l’un, c’est pour ça que, la semaine dernière, lorsqu’un petit passeur est venu me voir pour faire des histoires, je lui ai broyé les pouces avec des pinces, je n’avais pas besoin de le buter, mais je voulais au moins que ce ne soit plus si simple pour lui de compter les billets, si c’est pour me faire chier, après. Voilà. »

195 (2) « Venía de nuevo el capo con el que se había hecho alianza, y para que no sintiera a la gente agüitada el Rey dispuso diversión. No sólo aprovisionaron a los invitados con suficiente pisto, perico y mujer, sino que se organizó un casino y un concurso de tiro343. »

Y. Herrera s’attache également à retranscrire le parler du Nord à travers les personnages de son roman. De même que l’argot, les procédés phonologiques – en nombre limité, certes – fonctionnent comme des signaux rappelant au lecteur que le Palais est en réalité un

narcorrancho situé à la frontière, très probablement à Ciudad Juárez. L’accent norteño du Roi

et de ses comparses résonne donc naturellement, sans tomber toutefois dans l’excès ou la caricature. Certains passages font apparaître quelques-uns des procédés de relâchement caractéristiques du parler du Nord : l’apocope de la dernière lettre ou syllabe d’un mot – usté pour usted, pa pour para – ou encore le déplacement de l’accent tonique dans les mots ái (pour allí) ou cáir (pour caer). En voici deux exemples :

(3) « – Joyero. Todo lo que ve dorado lo he hecho yo. ¿Y usté qué? – Hago canciones – dijo el Artista. […]

– Pues échese una, colega, que sobra pa prenderse344. »

(4) « El Artista se levantó con susto y caminó al escenario. […] Se colocó entre los músicos, les pidió Ái nomás me siguen, y se lanzó345. »

L’absence de marqueurs de dialogue – caractéristique de la prose de Y. Herrera – vient renforcer l’oralité de certains passages du roman, notamment dans l’extrait (4). Par ailleurs, l’influence de l’anglais est perceptible dans des expressions telles que troca (camion), raite de l’anglais ride traduit en français par un tour en voiture, comme dans les phrases suivantes prononcées par les employés au service du capo :

343 HERRERA, Yuri. Trabajos del reino, p. 47.

HERRERA, Yuri. Les travaux du royaume. In : Le royaume, le soleil et la mort, p. 44 : « Le baron auquel on s’était allié devait revenir, et, pour divertir les gens, le Roi ordonna des festivités. Non seulement on régala les invités avec de l’eau-de-vie, de la coke et des femmes, mais on organisa aussi un casino et un concours de tir. »

344 HERRERA, Yuri. Trabajos del reino, p. 22.

HERRERA, Yuri. Les travaux du royaume. In : Le royaume, le soleil et la mort, p. 22 : « – Joaillier. Tout ce que vous voyez de doré, c’est moi qui l’ai fait. Et vous ? – Je fais des chansons, dit l’Artiste. […] – Eh bien, allez-y, l’ami, l’auditoire ne manque pas. »

345 HERRERA, Yuri. Trabajos del reino, p. 24.

HERRERA, Yuri. Les travaux du royaume. In : Le royaume, le soleil et la mort, p. 24 : « L’Artiste se leva, craintif, et se dirigea vers la scène. […] Il prit place parmi les musiciens, il leur dit : Maintenant vous me suivez, puis il se lança. »

196 (5) « Para acordarme de los muertitos en mi haber me llevo un diente de cada uno y los voy pegando

en el tablero de mi troca, a ver cuántas sonrisas alcanzo a formar346. »

(6) « – La agarramos cuando pedía raite a un torton – dijo el guardia, evidentemente orgulloso347. »

Le roman Señales que precederán al fin del mundo (2009) qui retrace le périple effectué par Makina du Gran Chilango au pays de l’Oncle Sam, contient plusieurs expressions argotiques. Là encore, il s’agit pour l’écrivain de jouer sur les mots, comme dans cette image employée par Monsieur Hache pour désigner la jeune fille qu’il compte bien utiliser comme passeuse de drogue :

(7) « El señor Hache no podía ver burro sin que se le antojara viaje348. »

L’argot lié à l’armement et à la frontière – fusca, tira, pollero – apparaît dans le chapitre 3 « El lugar donde se encuentran los cerros » lorsque Makina et son passeur nommé Chucho sont interpelés par la police :

(8) « Éste fue tu último viajecito, pollero. No soy un pollero, dijo Chucho. […]

Las trocas policíacas se habían detenido a una docena de metros y los tiras que venían adentro apuntaban desde atrás de sus puertas abiertas349. »

Nous remarquons dans ce même chapitre la présence du substantif troca – employé six fois – caractéristique du Nord du Mexique. L’auteur s’est attaché à retranscrire quelques procédés de relâchement, identiques à ceux relevés dans le premier roman – usté, ái –, notamment dans

346 HERRERA, Yuri. Trabajos del reino, p. 29.

HERRERA, Yuri. Les travaux du royaume. In : Le royaume, le soleil et la mort, p. 29 : « Pour me souvenir des petits morts qui sont sur mon compte, je garde toujours une de leurs dents et je les colle au fur et à mesure sur le tableau de bord de ma camionnette, histoire de voir combien de sourires j’arrive à former comme ça. »

347 HERRERA, Yuri. Trabajos del reino, p. 76.

HERRERA, Yuri. Les travaux du royaume. In : Le royaume, le soleil et la mort, p. 67-68 : « – Nous l’avons arrêtée alors qu’elle demandait à un automobiliste de l’emmener, dit le garde, de toute évidence fier de lui. »

348 HERRERA, Yuri. Señales que precederán al fin del mundo, Cáceres : Editorial Periférica, 2010, p. 17. HERRERA, Yuri. Signes qui précèderont la fin du monde. In : Le royaume, le soleil et la mort, p. 114 : « Monsieur Hache ne pouvait pas voir un mulet sans avoir l’idée d’un petit voyage. »

349

HERRERA, Yuri. Señales que precederán al fin del mundo, p. 53-54.

HERRERA, Yuri. Signes qui précèderont la fin du monde. In : Le royaume, le soleil et la mort p. 138-139 : « C’est ton dernier voyage, passeur. Je ne suis pas un passeur. […] Les voitures de police s’étaient arrêtées à une douzaine de mètres et les flics qui en étaient sortis braquaient à présent leurs armes sur eux, se tenant derrière les portières ouvertes. »

197

la seconde partie du récit qui met en scène Makina à la recherche de son frère dans la zone frontalière :

(9) « Doña, le traigo aquí a esta compañera, dijo el muchachito, Busca a una su persona, y como usté ha visto pasar a mucha gente por aquí… […] yo le dije a tu carnal que ái él viera si le convenía […]350. »

Voyons à présent quelle est la place accordée à l’argot dans les autres fictions appartenant à notre corpus.

Le dernier roman de Daniel Sada El lenguaje del juego (2012) – publié à titre posthume – met en scène la famille Montaño dont le père Valente a traversé la frontière à dix-huit reprises de manière illégale pour travailler aux États-Unis et subvenir aux besoins de sa femme et de ses enfants. Le narrateur propose au début du roman une réflexion sur le rêve américain du personnage principal et sur son statut d’immigré. Il fait notamment référence aux nombreux risques encourus par les migrants en employant l’argot de la frontière : l’arrestation par la border patrol, le recours aux polleros moyennant une importante somme d’argent, sans garantie de réussite. Finalement, au vu de cette insécurité permanente, le père de famille a renoncé à s’établir à Gringolandia, préférant ouvrir un commerce familial – une pizzeria – dans le village de San Gregorio, situé dans le Nord du Mexique, pays rebaptisé

Mágico par l’auteur.

Une fois installés à San Gregorio, l’insécurité touche à nouveau Valente et sa famille ; les prédateurs portent un autre masque – celui du narcotrafic – mais le danger est toujours présent, voire omniprésent. L’on voit circuler des véhicules étranges – « camionetas de lujo », des camionnettes de luxe –, les rumeurs – « la tacha estaba en los alrededores », l’ecstasy se trouvait dans les parages – se propagent et inquiètent la population. Les narcotrafiquants exerceront peu à peu un contrôle sur le village et ses alentours jusqu’à la disparition progressive de ses habitants. Les enfants de Valente – Candelario et Martina – aspirent à une vie meilleure, à l’instar de leur père. Renonçant à s’établir chez le voisin du Nord, ils préfèrent emprunter un tout autre chemin : celui de la criminalité. Candelario se lie d’amitié

350

HERRERA, Yuri. Señales que precederán al fin del mundo, p. 83-84.

HERRERA, Yuri. Signes qui précèderont la fin du monde. In : Le royaume, le soleil et la mort, p. 158 : « Madame, je vous présente ici cette camarade, dit le jeune homme. Elle cherche un des siens, et comme vous avez vu passer beaucoup de gens par ici… […] moi j’ai dit à ton frère qu’il fallait qu’il voie si ça lui convenait […]. »

198

avec Mónico Zorrillo, fils d’un puissant capo, qui l’initie à la consommation de substances illicites. L’argot de la drogue – gallo et son diminutif gallito, yerba, pericazo ou bien coca – est employé au début du roman pour décrire la consommation faite par les deux personnages :

(10) « Pero antes el trabajo de liar el cigarro, distribuyendo a modo la yerba en el papel. LISTO EL GALLITO […] : –Aquí no te lo fumes. Es preferible que te vayas al campo y que te lo eches solo...351 »

(11) « […] dándole fin a los gallitos, Mónico se metió un buen pericazo de cocaína pura […]352. »

Notons la mise en relief du terme gallito par l’usage de la majuscule dans l’extrait (10). Nous aurons l’occasion de revenir sur les choix typographiques de l’auteur dans le dernier chapitre de cette seconde partie. Quant à l’expression pericazo (exemple 11) – formée à partir du substantif perico auquel on a ajouté le suffixe –azo –, elle ne désigne pas le consommateur de cocaïne, comme c’est habituellement le cas, mais semble plutôt constituer un synonyme de

raya. Après la première expérience de la drogue viendra celle des armes. Pour intégrer le

cartel des Zorrilla, Candelario doit passer l’épreuve du cuerno de chivo en tuant sa toute première victime, un berger :

(12) « –A ver tú, Candelario : con tu cuerno de chivo dispárale al pastor. ¡mata al pinche viejillo! […] Candelario agarró el cuerno de chivo que colgaba de su hombro y llenando su espíritu de malsano cinismo le apuntó al mequetrefe […]353. »

Si la diégèse est ancrée dans le Nord du Mexique, D. Sada a néanmoins fait le choix de ne pas employer de marquage dialectal, contrairement à Y. Herrera. Cet ancrage géographique n’est toutefois jamais explicité par l’auteur qui préfère jouer avec le langage, notamment avec les toponymes, conduisant ainsi le lecteur dans un espace à mi-chemin entre le réel et la fiction merveilleuse (Mágico, Montmoney, etc.). Ce choix est-il lié à l’absence de marqueurs

351

SADA, Daniel. El lenguaje del juego. Barcelona : Editorial Anagrama, 2012, p. 36.

« Mais avant toute chose, il convient de rouler le joint, en disposant de cette façon l’herbe sur le papier. Voilà, le joint est prêt […] : – Ne le fume pas ici. Il vaut mieux que tu ailles dans le champ et que tu le fumes seul… »

352 Op. cit. p. 145.

« […] après avoir fumé les joints, Mónico s’envoya une bonne dose de cocaïne pure […]. »

353 Op. cit. p. 80.

« –Voyons… Toi, Candelario : tire sur le berger avec la kalach. Bute le petit vieux ! […] Candelario saisit la kalachnikov accrochée à son épaule puis, en remplissant son esprit d’un cynisme malsain, il pointa son arme sur l’homme chétif […]. »

199

dialectaux dans le roman ? Nous reviendrons sur la question de l’onomastique plus loin dans le chapitre 6.

Poursuivons notre périple frontalier avec le roman Tiempo de alacranes (2005), de Bernardo Fernández, alias Bef, qui met en scène un tueur à gages chevronné originaire du Nord du Mexique, qui songe à prendre sa retraite. Après avoir accepté d’accomplir une dernière mission, le Güero décide finalement de laisser la vie sauve à sa dernière cible. Il entame alors une longue cavale dans le Nord du pays, poursuivi par les hommes de main du

Señor, son patron. C’est avec une bande de jeunes criminels qu’il poursuivra son évasion :

Obrad – un braqueur de banques yougoslave – accompagné de Fer et Lizzy, deux

narcojuniors. Maniés de manière aussi habile que subtile par l’écrivain, la variété de registres

de langue combinée au parler du Nord fait de Tiempo de alacranes un roman de fiction particulièrement riche d’un point de vue lexical. L’argot des narcotrafiquants est retranscrit par l’auteur, en particulier dans les dialogues qui mettent en scène les membres du crime organisé. L’argot des drogues – churro, grapa, mota, coca – est principalement employé pour décrire la consommation des narcojuniors, comme l’illustrent les deux passages suivants :

(13) « […] los tres miran la televisión mientras fuman un churro de mota […]354. »

(14) « En ese momento entró Lizzy. Venía muy pasada. Había comprado una grapa en la plaza355. »

Le sous-champ des armes et de la mort est également représentatif de l’argot retranscrit par l’auteur, notamment lorsqu’il s’agit de désigner l’arme du Güero – fierro, fusca – ou bien pour faire référence à son activité de tueur à gages ; le verbe quebrar est alors employé à la place de matar :

354 FERNÁNDEZ, Bernardo. Tiempo de alacranes. México : Editorial Océano de México, 2015, p. 55.

FERNÁNDEZ, Bernardo. Une saison de scorpions. Mercuès : Moisson Rouge, 2008, p. 63 : « […] les trois regardent la télévision tout en fumant des pétards […]. »

355 FERNÁNDEZ, Bernardo. Tiempo de alacranes, p. 116.

FERNÁNDEZ, Bernardo. Une saison de scorpions, p. 137 : « Alors Lizzy est entrée, complètement shootée. Elle s’était payé une dose sur la place. »

200 (15) « Se puso a pistear con unos narquillos. Empezaron a jugar albures. […] Le fue al ocho, el narquillo al as. Y que gana el Checo. Fue cuando se nos vinieron encima todos. Rezongando tuve que sacar el fierro356. »

(16) « Siempre estuve enamorado de esa fusca. Una Colt.45 Government, con el número de serie registrado en las computadoras de la Defensa357. »

(17) « […] el día que quiera quebrarse a alguien, nomás avíseme y yo me encargo358. »

Les personnages mis en scène par Bef dans sa fiction sont en très grande partie originaires du Nord du Mexique, notamment de Lerdo359, ville natale du Güero et de son ami d’enfance Checo. Le parler du Nord est retranscrit abondamment dans les dialogues et monologues qui font intervenir les personnages appartenant à la petite délinquance ou à la grande criminalité. De nombreux procédés de relâchement viennent ponctuer les pages du roman, plus particulièrement lorsque l’auteur donne la parole au Güero ainsi qu’à ses proches, son patron ou bien ses amis.

Le monologue de Checo – consacré à l’enfance du Güero – s’avère extrêmement intéressant dans la mesure où il laisse apparaître des marqueurs dialectaux – indiquant la provenance géographique du personnage – et sociolectaux – visant à montrer son appartenance sociale360, notamment à travers un registre familier voire vulgaire –. En voici quelques extraits (l’intégralité du monologue figure en annexe 3) :

(18) « Mire, amistá, pa que sihaga una idea de quién es el Güero361. »

356 FERNÁNDEZ, Bernardo. Tiempo de alacranes, p. 16-17.

FERNÁNDEZ, Bernardo. Une saison de scorpions, p. 14-15 : « Il s’était mis à picoler avec des narcos. Et ils avaient commencé à taper le carton. […] Il a abattu un huit. Le narco un as. Le jeu était pour le Checo. C’est alors qu’ils nous sont tous tombés dessus. Tout en grognant, il a fallu que je sorte la pétoire. »

357 FERNÁNDEZ, Bernardo. Tiempo de alacranes, p. 41.

FERNÁNDEZ, Bernardo. Une saison de scorpions, p. 45 : « J’ai toujours été amoureux de ce flingue. Un Colt 45 Government, avec le numéro de série enregistré sur les ordinateurs de la Défense. »

358

FERNÁNDEZ, Bernardo. Tiempo de alacranes, p. 67.

FERNÁNDEZ, Bernardo. Une saison de scorpions, p. 77 : […] le jour où vous voudrez vous débarrasser de quelqu’un, faites-moi signe et je m’en chargerai. »

359 Lerdo est situé dans l’état de Durango dans le Nord-Ouest du pays.

360

Checo est propriétaire d’une maison close, il est adepte des jeux d’argent et côtoye parfois les narcotrafiquants, comme le souligne l’extrait (15).

361 FERNÁNDEZ, Bernardo. Tiempo de alacranes, p. 22.

FERNÁNDEZ, Bernardo. Une saison de scorpions, p. 21 : « Écoutez ça, l’ami, pour que vous v’fassiez une idée de qui c’est le Güero. »