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Chapitre 3 : Méthodologie d’enquête

I- Choix du sujet

Le développement durable et l’écologie sont pour moi des enjeux extrêmement importants et je m’y intéresse depuis plusieurs années tant dans mon parcours universitaire que dans ma vie personnelle. Sensibilisée à ces notions lors de mes diverses formations universitaires, j’ai eu l’occasion de réfléchir davantage aux problématiques du tourisme et de l’urgence écologique auxquelles nous avons à faire face. La remise en cause du tourisme tel que nous le connaissons aujourd’hui (souvent de masse) m’a permis de réorienter mon parcours professionnel vers des notions de préservation et de valorisation du patrimoine local existant.

L’urbanisme est également un thème qui m’intéresse beaucoup car il fait à la fois appel au bâti et engage dans le même temps une réflexion sur l’Humain, sa place et son action dans la ville, au gré du temps.

Ces diverses interrogations sont pour moi fondamentales et prennent tout leur sens dans un monde qui a tendance à souvent rabaisser l’humain pour valoriser l’aspect matériel et économique.

J’ai alors cherché un sujet qui rassemblerait ces trois éléments. Je voulais en faire l’occasion de réfléchir sur ces thématiques, d’acquérir une méthode de recherche, de mieux comprendre et de maitriser les questions de l’environnement urbain.

Suite à mes recherches, j’ai découvert l’Eco-système Darwin. Le concept m’a de suite beaucoup plu : un groupement d’entreprises agissant dans le domaine du développement durable réunies autour d’un même objectif : la création d’une économie solidaire et responsable, basée sur des circuits de production courts c’est-à-dire locaux.

Bordeaux est une ville en pleine expansion démographique et économique. Ce projet novateur s’inscrit donc à la fois dans ce développement de la ville et dans la prise en compte de

64 l’environnement et des enjeux écologiques actuels.

Ces entreprises se sont installées dans une ancienne caserne militaire, la caserne Niel, sur la rive droite de la Garonne, soit à l’opposé du centre-ville de Bordeaux, dans le quartier appelé « la Bastide ». Cela évoque la notion de réhabilitation du patrimoine et s’inscrit donc tout à fait dans le cadre de ma formation.

Ce sujet semblait être en adéquation parfaite avec mes intérêts personnels et professionnels. Après des recherches plus approfondies, j’ai commencé à entrevoir certaines problématiques et interrogations liées à cet espace : ce projet symbolise-t-il l’essor du « green washing », cette mode du « développement vert » liée à notre époque ? Perdurera-t-il dans le temps ? L’impact sur la ville et son économie est-il réel ? Qu’en est-il des populations ? Sont-elles impliquées dans le développement de ce projet (comme le préconise le développement durable) ou à contrario, cela va-t-il les pousser davantage à la marge de la société ? Une identité liée à ce quartier s’est-elle développée ?

J’ai pris contact avec des membres de l’éco-système Darwin et fais une visite du lieu au mois d’Octobre. J’ai été reçue par Alban Petit, membre de Darwin depuis les débuts du projet et faisant parti d’un bureau d’étude sur les fluides thermiques. Il m’a fait visiter l’intégralité de l’espace Darwin : l’épicerie biologique, les magasins généraux (café), les bureaux et espaces de travail, la ferme urbaine, le skate park… Il m’a parlé du fonctionnement et de l’organisation de l’espace ainsi que des projets en cours et avenir.

J’ai alors compris qu’il s’agissait d’une pépinière d’entreprise tournée vers le développement durable, agissant selon une logique purement économique.

Mes présupposés me poussaient à penser que j’y trouverai des valeurs plus humaines et solidaires. Je pensais également que l’histoire de ce patrimoine militaire serait mise en valeur. En réalité, les membres fondateurs de Darwin ont habilement conservé la structure des bâtiments ainsi que les marquages au sol mais rien n’est expliqué, raconté. Il en est de même pour la ferme urbaine. L’association qui loue cette portion de terrain y cultive des espèces rares et propose de familiariser la population à la permaculture110 au cours d’ateliers de jardinage. Le concept est intéressant et en lien avec le développement « vert » de la rive droite de Bordeaux. Cependant, le fruit de leur récolte n’est pas utilisé car le sol pourrait être pollué à cause de l’usage militaire du lieu au 20ème Siècle.

Je pensais également que les populations adjacentes prenaient part à la vie de ce quartier. Selon

110 Permaculture : un ensemble de pratiques et de modes de pensée visant à créer une production agricole

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Alban Petit, Darwin semble davantage attirer les personnes vivant dans le centre de Bordeaux que les habitants de la Bastide.

Darwin est en fait, à l’heure actuelle, un éco-système qui vit et se développe sur lui-même, une « bulle autonome ».

Bien sûr, cette initiative est sans aucun doute très novatrice et originale. Cela apportera certainement un dynamisme au quartier de la Bastide. Cependant, je me demande s’il n’est pas trop tôt pour faire une étude de ce projet. En effet, Darwin a ouvert ses portes en 2012. Ce projet est peut-être trop jeune pour avoir un réel impact sur la vie du quartier et ses populations. Après cette visite, je me suis rendue aux archives départementales pour récolter des informations sur la caserne Niel et son histoire. Trouver des éléments sur cette caserne s’est en fait révélé assez compliqué. Cependant, j’ai pu avoir accès à deux livres sur le quartier de la Bastide111. J’ai donc décidé d’approfondir mes recherches sur cet espace et cela m’a fortement intéressé. De plus, je me suis rendue compte, au fil de mes recherches, que la Bastide était dotée d’un patrimoine extrêmement varié et original. On y trouve en effet du patrimoine militaire, industriel, une architecture de la période Art Déco, des cités jardins. Cet espace me semblait donc être un objet d’étude tout à fait pertinent par rapport à ma formation universitaire car il combine les notions de patrimoine, de réhabilitation ainsi que des enjeux sociaux et d’urbanisme.