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2. Simulations dynamiques par DEM (Discrete Element Method)

2.2 Le couplage CFD-DEM

2.2.1 CFD-DEM «un-resolved»

Les flux de particules et de fluides peuvent être traités par plusieurs méthodes. Une méthode populaire est le modèle de deux fluides (two fluids model en anglais, TFM). Dans le TFM, les phases fluide et solide sont traités avec l’approche du continuum, en utilisant les équations de Navier-Stokes. Les équations du CFD-DEM « un-resolved » sont une combinaison de l’approche du continuum pour la phase fluide et une approche discrète pour les solides. La littérature fournit un certain nombre de formulations différentes, dont certaines ont été recueillies par Zhou et al. [126,127]. L’introduction présentée à la méthode et ses équations s’inspire de cette publication. Les équations du mouvement du fluide sont formulées comme suit :

∂(ρεf𝐯𝐟)

∂t + ∇(ρεf𝐯𝐟𝐯𝐟) = ∇σf− 𝐅é𝑐ℎ𝑎𝑛𝑔𝑒+ ρεf𝐠 Équation 2.24

avec Féchange la force qui tient compte de la présence de solides, σf le tenseur des efforts fluides εf le volume occupé par la fraction de gaz, avec εf = 1-εs, là où précisément εs la fraction de volume remplie par le solide. À cela s’ajoute l’équation de continuité qui, pour un fluide incompressible, est :

∂(εf)

∂t + ∇(εf𝐯𝐟) = 0 Équation 2.25

92 Suite à la discussion de Zhou et al. [126], le terme Féchange peut être divisé en deux facteurs distincts, un terme tenant compte des changements induits par la présence de matières solides dans le tenseur fluide et d’un terme tenant compte du changement des lignes de courant autour de la particule ; on obtient une expression de type.

𝐅échange= εs∇σf− 𝐅sf Équation 2.26

Avec Fsf la force entre solide et fluide. Dans le cas d’un fluide newtonien, le tenseur des contraintes peut être exprimé comme suit :

σf= −pI + τ Équation 2.27

où p est la pression du fluide, I la matrice d’identité format 3 x 3 et τ le tenseur des contraintes de cisaillement, c'est-à-dire :

τ = 2μf(∇𝐯𝐟+ ∇𝐯𝐟T) Équation 2.28

En introduisant l’équation 2.28 dans l’équation 2.24 on obtient :

∂(ρεf𝐯𝐟)

∂t + ∇(ρεf𝐯𝐟𝐯𝐟) − ∇εfτ = −εf∇p + 𝐅sf+ ρεf𝐠 Équation 2.29

D’autres types de formulation CFD-DEM existent, mais celle-ci sera la formulation utilisée ci-après. Fsf peut être exprimée en fonction de la différence de vitesse solide-fluide : Fsf= ksf (vf-vs), avec ksf le coefficient d’échange solide-fluide. Dans le modèle implémenté, il faut tout d’abord calculer les

93 forces de traînée exercées sur les particules. Pour obtenir les coefficients de ksf, les forces dans chaque maille agissant sur les particules sont calculées. Vu que les contributions des termes de viscosité et de pression sont déjà contenues par l’intermédiaire du tenseur des contraintes (équation 2.26), il faut seulement ajouter le terme de traînée.

ksf= fk,𝑖

N i=1

Vk Équation 2.30

avec i la particule générique située dans la maille k, N le nombre de particules dans la maille k, fk,i la force d’interaction entre le fluide dans la maille k et la particule générique i et Vk le volume de la maille k. Quant à la particule générique i les équations décrivant son mouvement seront encore celles qui sont indiquées dans le système d’équations 2.19, bien qu’il faille d’ajouter un terme fk,i

dans l’équation (a) du système d’équations 2.19 pour tenir compte des interactions solide-fluide. Les équations qui tiennent compte de la phase fluide pour le solide sont à peu près les mêmes, avec l’ajout d’un terme pour l’échange fluide solide :

mid𝐯𝐢

dt = ∑(𝐅𝐢𝐣

𝐧+ 𝐅𝐢𝐣𝐭+ mi𝐠) + Fp,f

𝐣

Équation 2.31

Fp, f inclue tous les termes d’interaction fluide solide, que dans le cours de la tractation sera considéré comme la somme de la force de drag, du gradient de pression et de force visqueux.

2.2.1.1 Les forces d’interaction

La force de traînée

Les forces sont prises en compte par différents modèles. Un modèle couramment utilisé pour la traînée est celui de Gidaspow et al. [128] qui combine les relations de traînée par Ergun et Orning [129] et Wen and Yu [130].

Une autre approche a été publiée par Di Felice [131] ; c’est cette approche que nous utilisons et qui est décrite ci-dessous.

94 Modèle de Di Felice :

Ce modèle utilise la fraction de vide dans le système et le nombre de Reynolds pour le particules Rep qui est défini comme

Rep=ρεf|𝐯𝐟− 𝐯𝐬|dp μf Équation 2.32

En ce qui concerne le modèle de force de traînée, il est présenté dans le système d’équations 2.33 :

{ Fd= πri2|𝐯𝐟− 𝐯𝐬|Cdρfεf2−χi Cd= √0.63 + 4.8 √Rep χi= 3.7 − 0.65e−√ 1.5−log(Rep) 2 Système d’équations 2.33

Modèle de Koch et coll.

Un autre modèle souvent utilisé a été développé par Koch et Hill [132] et Koch et Sangani [133]. Le terme de force de traînée y est donné comme

fd=Vp|𝐯𝐟− 𝐯𝐬s εf Équation 2.34

Avec Vp le volume d’une seule particule et βs le coefficient d’échange, défini comme :

βs=18μsεf 2(1 − εf) dp2 [F0f) + F3f)Rep 2 ] Équation 2.35

95 F0f) = { 1 + 3√(1 − εf) 2 + 135(1 − εf) ln(1 − εf) + 16.14(1 − εf) 1 + 0.681(1 − εf) − 8.48(1 − εf)2+ 8.16(1 − εf)3 𝑎𝑣𝑒𝑐 εf> 0.6 (𝑎) 10(1 − εf) εf3 𝑎𝑣𝑒𝑐 εf ≤ 0.6 (𝑏) F3(εf) = 0.0673 + 0.212(1 − εf) + 0.0232 (1 − εf)5 (𝑐) Équations 2.36

Autres forces d’interaction :

Il s’agit de la force du gradient de pression f∇p et la force de viscosité fμ La force de gradient de pression s’exprime comme suit

f∇p= −Vp∇p Équation 2.37

et la force de viscosité fμ à la place est donnée par

fμ= −Vp∇ ∙ τ Équation 2.38

2.2.1.2 Algorithme

La base de l’outil couplé est un solveur CFD qui utilise des fonctions pour obtenir les données du DEM et déclencher les calculs des particules. Au départ, un maillage CFD avec les conditions initiales et limites et l’état initial de la phase particulaire est requis. La structure principale d’un solveur couplé CFD-DEM est illustrée par la figure 2.12:

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Figure 2.12: Structure de l'algorithme CFD-DEM un-resolved [134]

Dans la première étape du calcul une structure de données est créée, qui contiendra par la suite toutes les données sur les particules. Dès que ceci est accompli, la boucle de calcul est démarrée. Au début de chaque pas de temps, les opérations associées aux particules sont exécutées :

 Tout d’abord, les données DEM au pas de temps présent sont collectées. Les informations sont stockées dans la structure de données préparées.

 Ensuite, les particules sont situées dans la maille fluide.

 Après ce processus de localisation, le champ de fraction de vide est généré : Selon la quantité de matière dans une cellule, on lui attribue une valeur comprise entre 0 (solide pur) et 1 (fluide pur). Les modèles de force utilisés dans ces solveurs sont utilisables uniquement dans les cas où les particules sont plus petites que les cellules fluides, c'est-à-dire qu'une fraction de vide de 0 ne peut pas être gérée correctement. Pour être sûr d'avoir une fraction de vide toujours >0, une fraction de vide minimale est définie pour éviter les problèmes de divergence du solveur. Si la fraction de vide est corrigée et le maillage est fait de façon appropriée, l’erreur produite est minime.

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 Sur la base de la vitesse des particules (discrète), du champ de la fraction de vide et du champ de vitesse du fluide, on calcule le champ de vitesse des particules qui alimente les calculs CFD (du fluide).

 Ces données sont utilisées pour évaluer la force de traînée qui agit sur chaque particule.

 Enfin, l’information sur les forces pour chaque particule est communiquée au solveur DEM. Le solveur CFD déclenche le solveur DEM, qui commence ses calculs. Si le pas de temps DEM est inférieur au pas de temps CFD, plusieurs itérations DEM ont lieu jusqu'à ce que le prochain couplage soit établi. Du côté CFD, les équations de Navier-Stokes sont résolues pour le pas de temps présent. Avant de passer au prochain pas de temps, les conditions aux limites sont ajustées. Les différentes classes de modules sont décrites ci-dessous :

 Modèle de calcul de la moyenne : ce modèle est responsable du transfert des données entre le nuage lagrangien de particules et la structure de mailles eulérienne. Les paramètres possibles sont « dilués » et « denses » pour la manipulation de différentes phases de particules diluées et dense.

 Modèle de l’horloge : le modèle de l’horloge a une fonction de minuterie qui fournit des informations sur le moment de l’exécution de certaines parties du calcul.

 Modèle d’échange de données : dans la plupart des cas, les calculs CFD et DEM sont couplés de manière deux voies-MPI.1 Néanmoins, d’autres options, telles que les données de transfert via des fichiers ou couplage unidirectionnel peuvent être choisies.

 Module de calcul de force : dans la littérature, on peut trouver un grand nombre de modèles qui peuvent servir à calculer les forces que le fluide exerce sur les particules. Le choix des modèles utilisés a été présenté plus haut.

 Module IO (input/output) : Si l'option du modèle IO « Ecrire » est activé, un dossier nommé « Lagrangien » est généré dans chaque dossier de pas de temps de calcul CFD. Position, vitesse et rayon de chaque particule permettent une visualisation directe du nuage de particules Lagrangien dans le post-processeur Paraview.

 Module de commande LIGGGHTS : comme de coutume pour CFDEM, le solutionneur CFD

est le processus maître qui appelle un script d’entrée LIGGGHTS.