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Les causes de la dégradation de la performance du bâtiment

Chapitre 3 : Définition d’une nouvelle méthode

3.2. Détermination des critères pour la méthodes d’évaluation

3.2.1. Les causes de la dégradation de la performance du bâtiment

Koles (Koles, et al., 1996) explique que la performance du bâtiment n’est pas une quantité statique. Alors que, en phase de conception, les critères de performance peuvent être considérés comme des cibles statiques, la performance réelle est toujours en évolution comme l’état des éléments composant le bâtiment. La performance se dégrade et, pour certains aspects, il s’agit d’un phénomène naturel.

Plusieurs auteurs proposent une lecture des risques de dégradation.

Koles (Koles, et al., 1996) souligne deux causes principales et trois symptômes de la dégradation de la performance (Tableau 3-1). Les symptômes sont : la perte de flexibilité, la perte d’efficience, une réduction de la capacité à fournir un service. Ces symptômes sont principalement dus au vieillissement des composants, et/ou par une mauvaise gestion du processus.

Tableau 3-1 – Causes, conséquences et solutions possibles pour les dysfonctionnements du bâtiment

Causes Conséquences Solutions possibles

- Vieillissement des composants

(dysfonctionnements ou perte d’efficience ou de capacité fonctionnelle) - Les services désirés se sont

développés au-delà de l’intention de la conception originale (phases

opérationnelles)

- Perte de flexibilité et de moyens (aptitude à réponde au niveau de performance demandé)

- Perte d’efficience et augmentation des coûts de maintenance

- Leur capacité à fournir des services du bâtiment baissera au-dessous du seuil d’acceptabilité

- Maintenance préventive (prévoir le timing et réaliser la maintenance à intervalles réguliers)

- Réajustement préventif du niveau de performance (prévoir la possibilité de régler le système)

- Mise à niveau d’un sous-système

Dans un rapport de demande/offre, il est possible d’identifier les facteurs qui, tout au long du processus, conduisent à ce que Gobin (Gobin, 2008) appelle la défaillance du produit. Dans ce cas, l’attention est basée sur le processus et sur les parties prenantes qui devraient prendre en compte la capacité fonctionnelle des composants et garantir leurs choix et responsabilité.

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Figure 3-2 – Facteurs conduisant à la défaillance d’un produit (Gobin, 2008)

Marmot (Preiser, et al., 2005) analyse les problèmes les plus communs relatifs à la phase de programmation. Le retour d’expérience en UK et en Amérique du Nord montre que cette phase est loin d’être généralisée systématiquement. En effet il n’y a pas une seule directive pour la bonne exécution de cette étape. L’analyse permet de lister les problèmes rencontrés par rapport aux retours d’expérience.

Tableau 3-2 – Problèmes les plus communs en amont de la conception (Preiser, et al., 2005)

Problème Cause Conséquence directe

Programmation inadéquate ou

inexistante Inexpérience de la MOA Accepter une conception non-fonctionnelle Informations

incomplètes Manque de temps

Développement des informations plus tard par la MOE et pas de temps à dédier pour les choix technique et la maitrise des espaces Réalisation d’un

programme sans

ambitions Manque d’ambition

Le programme demeure qu’une liste d’espaces fonctionnels ; une occasion perdue pour réaliser des nouveaux bâtiments, développer et changer les pratiques.

Non prise en compte du programme

Manque de temps, pressions commerciales, tendance à développer les solutions finales avant l’appréciation des critères de performances définis dans le programme

Préjudice du processus et manque d’approche intégrée

Concernant les phases suivantes (conception, réalisation, livraison), Gobin (Gobin, 2009) propose un exemple d’inventaire de Coûts de non qualité. Dans le Tableau 3-3 nous reportons la spécification relative à la phase du processus, mais aussi aux aspects techniques de la matérialité de l’ouvrage. Cette analyse est réalisée avec la méthode des 5 « m » de Ishikawa qui classe les différentes causes d’un problème en 5 grandes familles : les matériaux, la méthode, la main-d’œuvre, le matériel et le milieu.

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Tableau 3-3 – Spécification des coût de non qualité pour la phase de conception (Gobin, 2009)

Etape Matériaux Méthode Main-d’œuvre Matériel Milieu

Conception Mauvais dimensionnement Erreur de choix Retard de décision Erreur de dessin Non cohérence - Arrêt du permis de construire par les riverains

L’exercice d’explicitation des risques est réalisé aussi par Van Moeseke dans son travail de thèse (Van Moeseke, 2013). Dans ce cas, le domaine d’étude est la performance énergétique. Concernant la conception, les problèmes sont plutôt relatifs à l’évaluation de la performance. L’auteur développe son analyse se concentrant notamment sur l’incertitude des résultats pour une évaluation a priori des performances énergétiques et sur l’imprécision des outils d’évaluation. Concernant le premier aspect, la probabilité peut être prise en compte comme incertitude sur les hypothèses faites pour l’évaluation de la performance énergétique ou d’autre part pour la prise en compte de scenarios probables.

Tableau 3-4 - Risques liés à l’objectif de haute performance énergétique (Van Moeseke, 2013)

Etape Risque Conséquence

Conception

Imprécisions des outils d’évaluation Degré d’incertitude sur les résultats Mauvaise traduction des objectifs dans les

évaluations Utilisation des outils d’une façon non pertinente pour répondre à la question posée Mauvaise interprétation des résultats

d’évaluation Décisions non conformes aux conclusions

Intégration partielle ou inadéquate des

conclusions d’évaluation dans le projet Mise en péril du fonctionnement des dispositifs mis en œuvre Effets combinés inattendus avec autres

dimensions du projet Interférence entre dispositifs modifiant le comportement de ceux-ci

Van Moeseke expose les difficultés et la complexité pour la prise en compte des incertitudes sur les hypothèses dans l’évaluation de la performance.

Dans le cadre de la thèse, l’échange avec les professionnels, formalisé aussi sous forme d’enquête réalisée auprès d’agences d’architecture, de bureaux d’études techniques et de sociétés de conseil (en total 17 participants à l’enquête), nous a permis de remarquer que les problèmes les plus récurrents aujourd’hui concernant l’enveloppe et la performance énergétique sont :

-

La complexité des solutions qui demeurent difficile à construire et difficile à appréhender/à simuler énergétiquement. Cela comporte : 1) la modification des solutions techniques, de la part de l’entreprise pour une meilleure mise en œuvre ; 2) changement de la performance qui n’est pas forcément prise en compte dans une nouvelle simulation ;

-

La gestion des interfaces et des zones de pont thermique ;

-

Mauvaise prise en compte du comportement des usagers ;

-

Mauvais choix des composants en termes de performances ou d’incohérence avec les produits disponibles sur le marché;

Pour les équipements techniques les problèmes soulevés par les professionnels concernent :

-

La qualité des systèmes de gestion technique du bâtiment ;

- Complexité des systèmes au niveau de la mise au point et de la maintenance ; - Manque de contrôle tout au long du processus et d’une démarche BIM ; - Manque de suivi et de formation des usagers.

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