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4.5 Données et analyse des résultats

4.5.2 Causalité fréquentielle

Dans le domaine fréquentiel, les estimations montrent que la prise en compte de l’inflation dans les prévisions entre croissance et crédit domestique est importante notamment dans le court ou moyen terme (entre 1 et 7 ans), pour l’ensemble des pays d’étude. Pour l’ensemble des pays, les prévisions du crédit domestique au secteur privé, en utilisant les agrégats de la croissance et de l’inflation, sont améliorées, sur la période de 1,5 à 7 ans pour les pays de l’UEMOA et

sur une période très courte pour les autres pays (1 an). L’amélioration des prévisions de crédit au secteur privé sur la période annuelle dans les pays non membres de l’UEMOA peut être liée au fait que l’inflation est non seulement élevée, mais aussi très variable dans ces pays et a un effet sur le court terme sur la relation de causalité. Ainsi, cette forte et variable inflation peut être un des facteurs qui pourraient expliquer le niveau de demande de crédit des agents privés. Les cas de la Sierra Léone, du Burkina Faso qui enregistrent des taux d’inflation élevés illustrent cet impact de l’inflation sur la causalité entre la croissance et le crédit au secteur privé. Alors qu’on observe une amélioration des prévisions entre le crédit domestique et la croissance en considérant l’inflation dans l’UEMOA, en basses et en hautes fréquences, on en constate- statistiquement- une totale neutralité dans les autres pays qui connaissent pourtant des taux d’inflation beaucoup plus élevés. Sur la causalité conditionnelle entre la masse monétaire et la croissance, on observe un apport significatif de l’inflation dans les prévisions dans le sens de causalité croissance-masse monétaire dans l’ensemble des pays de l’UEMOA et ainsi qu’en Gambie et au Ghana. Dans le sens d’influence masse monétaire-croissance économique, seule la Sierra Léone fait ressortir un intérêt de l’introduction de l’inflation et cela sur l’ensemble des horizons de prévision. La forte influence de l’inflation sur cette relation causale en Sierra Léone serait due au recours massif du financement du déficit par la banque centrale. En effet, cette création monétaire agit positivement sur la demande publique et privée, en plus de l’inflation supplémentaire qu’elle engendre, et en dernier ressort elle agit sur les activités réelles4. Mais cette création monétaire n’est pas le seul facteur qui augmente l’inflation. Des études empiriques, portant sur la CEDEAO et en particulier sur l’UEMOA, ont mis en exergue quelques facteurs déterminants de l’inflation. Il s’agit successivement, dans le court terme, du taux de croissance de la masse monétaire, du taux de croissance du PIB, des taux d’intérêt, du gap de production, des prix à l’importation, ainsi que des anticipations d’inflation des agents (Diaw et Sall, 2009), de l’inflation importée, du différentiel du taux d’intérêt réel, des dépenses publiques courantes ; dans le long terme les déterminants sont la politique monétaire et la compétitivité (Doe et Diallo, 1997). Enfin d’analyse, les résultats montrent que la prise en 4Le ratio financement du déficit public par la banque centrale est un critère de convergence de premier rang

de la CEDEAO et il ne doit pas excédé 10%. Ce plafond n’est pas toujours respecté par les pays. En particulier, la Sierra Léone a fait recours au financement du déficit par la banque centrale avec une grande ampleur durant les années 1990. Par exemple, le taux était de 89,8% en 1999 et sur la période 2000-2003, le taux moyen était de 19,8% (Source : AMAO, 2009).

compte de l’inflation apporte des améliorations dans les prévisions des relations de causalité entre les réserves liquides bancaires et la croissance économique dans l’UEMOA et dans les autres pays de la CEDEAO, en hautes et en basses fréquences.

4.6

Conclusion

Dans cet essai, nous avons étudié la causalité conditionnelle entre la finance et la croissance économique, c’est-à-dire l’intérêt de prendre en compte l’inflation dans l’évaluation des relations de causalité dans les domaines temporel et fréquentiel. Les résultats montrent que l’introduction de l’inflation apporte des améliorations dans les prévisions, selon les variables et l’horizon de prévision, aussi bien dans l’UEMOA que dans les pays de la ZMAO. Dans le domaine tem- porel, les estimations indiquent que la considération de l’inflation est importante dans l’étude de causalité entre croissance et crédit domestique au secteur privé. Toutefois, les résultats montrent, statistiquement, une absence de causalité conditionnelle entre crédit domestique et croissance économique dans la plupart des pays de l’échantillon. Cependant, grâce à l’analyse fréquentielle, nous observons que cette causalité conditionnelle existe sur des périodes moins élevées (entre 1 et 7ans). Ce résultat est d’autant plus marqué que les pays enregistrent des taux d’inflation élevés, comme la Sierra Léone et le Burkina Faso. Enfin, l’analyse révèle l’existence de causalité conditionnelle entre le crédit domestique au secteur privé et la croissance notam- ment dans les pays non membres de l’UEMOA. Ce qu’on ne pouvait déceler dans le domaine temporel. Globalement, cette étude suggère la prise en compte de l’inflation dans les études relatives aux liens de causalité entre développement financier et croissance économique. Cela devient d’autant plus important que le niveau d’inflation est élevé ou très fluctuant.

4.7

Annexe