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Catégorisation des temps de l’étudiant selon Meuret et Bonnard (2010) 27

2. Catégorisation des temps de l’étudiant à l’université

2.1. L’émergence de la recherche sur le temps des étudiants

2.2.4. Catégorisation des temps de l’étudiant selon Meuret et Bonnard (2010) 27

En France, Meuret et Bonnard (2010) catégorisent les différents temps des lycéens en s’appuyant sur Crahay (2000), mais cette catégorisation est facilement transposable au temps des étudiants. Ainsi, l’on peut distinguer chez ces auteurs cinq types de temps.

Le « temps de travail », aussi nommé le « temps pris par l’école », correspond au temps de l’élève en cours. Il désigne le fait que le temps de l’élève est consacré « à des tâches réclamées par l’école plutôt qu’à un autre usage » (Meuret, Bonnard, 2010). Les auteurs expliquent que ce temps n’est pas toujours consacré à l’enseignement car, du point de vue de l’enseignant, il peut être entravé par des installations techniques ou matérielles, et du point de vue de l’élève, il peut être restreint par les bavardages, l’inattention, etc.

Le temps pris par l’école se divise en plusieurs temps, parmi lesquels il y a le « temps alloué », c’est à-dire « une grandeur intermédiaire entre notre “travail“ et notre “effort“ » (Meuret, Bonnard, 2010). Pendant le « temps alloué », l’élève alloue son temps à l’activité pédagogique.

En effet, s’appuyant sur le philosophe pragmatiste John Dewey, les auteurs opposent le temps de travail (temps pris par l’école) au « temps de l’effort ». Selon Dewey, l’école américaine traditionnelle confond travail et effort, ce qui incite les élèves à feindre d’être attentifs en cours (Meuret, Bonnard, 2010). Ainsi, le « temps de l’effort » désigne le « temps où l’élève est vraiment engagé en classe dans une tâche scolaire (être attentif à la leçon ou faire un exercice) » (Burban, Cottier, Michaut, 2013, p. 9). Pour décrire cette idée, les travaux anglosaxons utilisent l’expression time-on-task et les travaux européens parlent de

« temps engagé dans la tâche » (Meuret, Bonnard, 2010). Meuret et Bonnard expliquent que l’effort est en partie le fruit d’une adaptation de l’enseignement aux capacités et aux intérêts de chaque élève.

Reste alors un temps pendant lequel l’élève fait différentes activités : attendre que l’enseignant l’interroge, préparer le matériel, rêvasser, ou même discuter avec son voisin, etc.

Les auteurs reprennent l’idée de Crahay (2000) qui permet d’ajouter le « temps prescrit », c’est-à-dire le temps que l’institution propose pour chaque matière, par exemple, quatre heures de mathématiques, 35 semaines par an. En revanche, ce temps prescrit n’est pas pris par l’école dans sa totalité, du fait par exemple des retards, des absences, des récréations plus ou moins longues. (Meuret, Bonnard, 2010).

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Les catégorisations des temps des lycéens (Smyth, 1998 ; Meuret, Bonnard, 2010) sont facilement transposables au temps des étudiants, car aucun temps n’est lié à la condition lycéenne. Nous pourrions ajouter des activités numériques aux activités pendant le temps restant de Meuret et Bonnard. En effet, l’on peut constater dans les universités la place importante prise par les ordinateurs portables et le smartphone chez les étudiants. Et l’on peut faire l’hypothèse, mainte fois approuvée par l’observation mais pas encore étudiée, que les ordinateurs portables et le smartphone ne sont pas utilisés en cours par les étudiants dans la seule fin d’un temps d’effort pour reprendre la terminologie de Meuret et Bonnard (2010).

La classification de Meuret et Bonnard, à travers la distinction terminologique entre travail et effort, permet, comme celle d’Aronson, Zimmerman et Carlos (1998), de souligner que le temps en cours ne correspond pas de facto à un temps de réel effort (Meuret, Bonnard, 2010) ou de réel apprentissage (Aronson, Zimmerman, Carols, 1998).

De plus, la classification de Meuret et Bonnard étant plus centrée sur l’activité que sur l’apprentissage, tel que le sont les deux autres classifications, ces auteurs mettent davantage en lumière la diversité des activités faites en cours (discussions, rêvasserie).

Comme pour les autres classifications, nous proposons une schématisation afin de faciliter la compréhension de la classification :

Figure 3. Schématisation de la classification des temps de Meuret et Bonnard

2.2.5. Convergences et divergences conceptuelles des auteurs sur les temps de l’étudiant

Les classifications des temps de l’étudiant à l’université permettent de souligner que le temps est présent à plusieurs niveaux et concerne donc des acteurs différents : institution,

Temps de travail - temps en cours

Temps alloué

Temps de l'effort Temps des activités diverses

Temps prescrit

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enseignant, étudiant. Le tableau suivant nous permet de clarifier les temps que nous venons de décrire en apportant la définition et l’acteur concerné.

Tableau 1. Les temps de l'étudiant

Temps Définition Acteur

Quantité officielle d’instruction (Smyth) Temps prescrit (Crahay)

Temps proposé officiellement par

l’institution à l’étudiant pour une formation universitaire

Institution

Allocated time (Aronson, Zimmerman,

Carlos) Temps passé par l’étudiant à l’université Etudiant

Quantité d’instruction par élève (Smyth) Temps d’enseignement (Aronson, Zimmerman, Carlos)

Temps pris par l’école (Meuret, Bonnard)

Temps passé par l’étudiant en cours. Etudiant

Temps passé sur le contenu (Smyth) Engaged time (Aronson, Zimmerman, Carlos)

Temps alloué (Meuret, Bonnard)

Temps passé par l’enseignant en cours sur

une activité pédagogique. Enseignant

Temps d’engagement de l’élève (Smyth) Temps de l’effort (Meuret, Bonnard)

Temps passé par l’étudiant en cours sur une activité cognitive en lien avec le cours.

Etudiant et enseignant

Academic learning time (Smyth) Academic learning time (Aronson, Zimmerman, Carlos)

Temps passé par l’étudiant en cours lors duquel il y a réellement apprentissage chez l’étudiant.

Etudiant

Temps des activités diverses (Meuret, Bonnard)

Temps passé par l’étudiant en cours sur

d’autres activités que le cours. Etudiant

Vers le particulier

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Ce tableau met en évidence de manière patente l’écart entre le temps prescrit, officiel de formation universitaire et le temps en cours pendant lequel il y a réellement apprentissage chez l’étudiant.

Conclusion

À travers les classifications des temps de l’étudiant à l’université, il apparait différents acteurs impliqués : l’institution, qui régule les matières proposées et le temps attribué ; l’enseignant, dont la pédagogie réduit ou augmente le temps sur une activité pédagogique, peut s’adapter aux besoins de l’étudiant et favoriser les feedbacks ; l’étudiant, dont les capacités, la motivation et le comportement influencent son temps d’apprentissage.

Etant donné que notre travail s’intéresse aux activités des étudiants sur les outils numériques (ordinateur et smartphone) pendant le temps en cours, nous allons maintenant exposer les particularités du public étudiant, ainsi que le contexte technique, social et culturel dans lequel il a grandi.

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