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Cas du défaut de mise au point

4.4 Etude générale des effets des aberrations en FFOCT

4.4.3 Cas du défaut de mise au point

Le défaut de mise au point est l’aberration la plus courante en optique. Elle correspond à un écart entre le plan de focalisation et le plan échantillon. Cette aberration est associée au polynôme de Zernike Z02 dont l’expression est la sui- vante : Z02(u) = Z20(ux, uy) = √ 3 2 u 2 x+u2y (f N A)2 ! −1 ! (4.30)

C’est une fonction symétrique et radiale. Dans le cas du défaut de mise au point, une simulation numérique d’imagerie de mire de résolution a été réalisée avec les paramètres de la source et de l’objectif du microscope définis dans le tableau 4.3. Cette fois-ci, le défaut de mise au point est de 9 µm et le pas spatial d’échantillo- nage du plan focal est de 220 nm pour un champ de vision de 1440×1400 pixels. La fonction de transfert classique, ou loi d’aberration vue depuis le plan pupille A, est illustrée sur la figure 4.8 (a).

paramètres λ f N A δx

valeurs 660 nm 4.5 mm 0.8 220 nm

TABLE 4.3 – Paramètres de l’éclairage, de l’échantillonage du plan focal pour les simulations et expériences dans le cadre de l’étude de la manifestation des aber- rations de type Zernike.

Etant donné les paramètres du système optique, l’ouverture numérique donne un diaphragme de diamètre 7.2 mm. La FFOCT-TF du système est respectivement représentée en module et en phase sur les figures 4.8 (b) et (c). La FFOCT-TF étant l’autoconvolution de la fonction de transfert classique, son support possède une superficie double. Ceci est en lien avec le gain en résolution qui avait été mis en évidence lors de la formulation analytique de l’image FFOCT.

L’image conventionnelle, n’ayant pas d’expression analytique faisant interve- nir un produit de convolution dans le domaine réel ou une multiplication par une fonction de transfert dans le domaine de Fourier, a été simulée (Fig. 4.8 d.) de la même manière que dans la simulation précédente, à l’aide de N = 1000 réali- sations. Les motifs dont la période spatiale est inférieure à la dimension latérale de la tache focale, estimée à environ 20 µm, ne sont pas discernables. La simu- lation de l’image FFOCT (Fig. 4.8 e.) a été réalisée en multipliant simplement la transformée de Fourier de la mire de résolution par la FFOCT-TF du système. Contrairement à l’image conventionnelle, l’image FFOCT présente une grande

0.5 1 0 d module 60µm 0.5 1 0 e module 60µm 0.5 1 0 f module 13µm 0 3 -3 a phase 4200µm 0 3 -3 b phase 4200µm c module 4200µm 0.5 1 0

FIGURE4.8 – Résultats de la simulation numérique de l’image FFOCT dans le cas

d’un défaut de mise au point. (a) Fonction de transfert ou aberration vue depuis le plan pupille. (b) FFOCT-TF représentée en phase et (c) en module. Simulations de (d) l’image conventionnelle et de (e) l’image FFOCT. (f) Zoom sur la partie centrale de l’image FFOCT.

robustesse au défaut de mise au point. Un zoom sur la partie centrale de l’image obtenue (Fig. 4.8 f.) permet de mettre en évidence un phénomène de brouillage du contraste. En dehors du plus grand cercle en pointillé, des lobes apparaissent au sein des franges sombres tandis qu’à l’intérieur des deux cercles, où les mo- tifs sont plus petits, le contraste est retrouvé. A l’intérieur du plus petit cercle en pointillé, les lobes réapparaissent. Ceci peut être expliqué par le fait que FFOCT- TF possède un module non uniforme et oscillant légèrement radialement, tout en décroissant. Ce phénomène brouille progressivement les fréquences élevées de manière périodique. Une autre exemplication pourrait provenir du déphasage des fréquences spatiales dû à la phase de la FFOCT-TF.

Ces résultats ont aussi été mis en évidence expérimentalement à l’institut Lan- gevin lors d’une expérience menée par Jules Scholler. Les paramètres expérimen- taux sont exactement les mêmes que ceux de la simulation. Dans cette configura- tion, l’image conventionnelle voit bien sa résolution dégradée (Fig. 4.9 a.) tandis que l’image FFOCT ne semble pas affectée par cette aberration (Fig. 4.9 d.). La phase de la quantité PF(u) ×P∗(u)est présentée sur la figure 4.9 (b). Cette quan-

tité doit coïncider en phase avec la FFOCT-TF. Ici, elle coïncide avec le résultat obtenu par le calcul sur les données simulées (Fig. 4.9 c.) ainsi qu’avec le calcul direct de la FFOCT-TF (Fig. 4.8 b.). Les données expérimentales étant bruitées, la phase est difficilement déterminable pour les hautes fréquences des images ob- tenues. Bien que la FFOCT-TF affect la phase des fréquences spatiales de l’image FFOCT, la robustesse au défaut de mise au point s’explique surtout par le fait qu’elle possède un large support permettant de conserver les hautes fréquences spatiales de la réflectivité de l’objet. En comparaison, les hautes fréquences spa-

4.4 Etude générale des effets des aberrations en FFOCT ref conv simu exp 1.1x10-3(m) 0.5 1 0 d module 60µm 0.5 1 0 e module 13µm 0.5 1 0 a phase b phase 420µm 0 3 -3 60µm c phase 420µm 0 3 -3 -10 0 -5 0 f

FIGURE4.9 – Résultats expérimentaux et comparaison à la simulations dans le cas

d’un défaut de mise au point. (a) Image conventionnelle. (b) Phase de PF×P∗(u)

d’après les résultats expérimentaux et (c) d’après les données simulées. (d) Image FFOCT et (e) Zoom sur la partie centrale de l’image FFOCT. (f) Comparaison du profil radial de la transformée de Fourier de l’image conventionnelle sans défaut de mise au point (en bleu), de l’image conventionlle avec défaut de mise au point (en rouge), de l’image FFOCT simulée (en jaune) et de l’image FFOCT expérimentale (en violet) en échelle logarithmique.

tiales de l’objet sont fortement affectées dans le cas de l’image conventionnelle. Pour mettre en évidence ce filtrage des fréquences spatiales, nous introduisons la moyenne quadratique angulaire d’une transformée de Fourier P(u) = P(u, θ)

définie de la façon suivante :

Pm,r(u) = s 1 Z 0 |P(u, θ) | 2 (4.31)

où u = ||u||. Le profil de cette moyenne renseigne donc sur la richesse spectrale d’une fonction. Il a été calculé pour l’image conventionnelle sans et avec défaut de mise au point, pour l’image FFOCT simulée, pour l’image FFOCT expérimen- tale (Fig. 4.8 f.). Tandis que les fréquences spatiales de l’image conventionnelle (en rouge) sont fortement atténuées par le défaut de mise au point, l’image FFOCT simulée (en jaune) conserve quasiment la même richesse spectrale que l’image de référence. Elle s’en écarte légèrement du fait que le module de la FFOCT-TF n’est pas homogène et présente un caractère ondulant. Ce caractère se retrouve sur le profil associé à l’image FFOCT expérimentale (en violet). L’ondulation du profil est toutefois plus rapide que dans la simulation et laisse penser que le dé- faut de mise au point est légèrement supérieure à 9 µm. Au-delà de 400 µm de l’axe optique, le profil associé à l’image FFOCT expérimentale semble diverger des résultats de la simulation. Cet écart concerne des motifs dont la taille carac-

téristique est inférieure au micromètre et est dû à une démodulation imparfaite, des phénomènes d’interférences avec des poussières, un faible contraste, etc.

0.5 1 0 -2 0 -4 c 0.5 1 0 10 20 0 0 (µm) a module b module 8µm 8µm

FIGURE4.10 – (a) Zoom sur l’image FFOCT de référence en absence d’aberration

(b) et en présence d’un défaut de mise au point de 20 µm. (c) Profil angulaire du signal FFOCT en échelle logarithmique pour différentes valeurs de défaut de mise au point.

Un autre phénomène intéressant est l’inversion de contraste observée pour les hautes fréquences spatiales de l’objet. En effet, bien que le module de la trans- formée de Fourier se conserve dans le cas du défaut de mise au point, les fré- quences se déphasent les unes par rapport aux autres entraînant une inversion de contraste. Cette inversion est observable sur la figure 4.10 (b) pour un défaut de mise au point de 20 µm en comparaison au cas sans aberration (Fig. 4.10 a.). Afin de mieux rendre compte du phénomène, le profil angulaire du signal sur le cercle en pointillés noirs a été mesuré pour plusieurs valeurs de défauts de mise au point puis affiché en échelle logarithmique (Fig. 4.10 c.). En regardant de plus près pour la valeur θ ' 134◦, la partie de l’image qui était la plus brillante sans défaut de mise au point devient la plus sombre pour un défaut de mise au point de 20 µm.

Tous ces résultats démontrent la robustesse de la tomographie à cohérence optique plein champ dans le cas du défaut de mise au point. Ils valident aussi les résultats théoriques et les résultats des simulations numériques et permettent donc de considérer de nouveaux exemples d’aberrations et d’objet à imager.

4.4 Etude générale des effets des aberrations en FFOCT