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CHAPITRE I : PROTOCOLE DE L’ETUDE ET CARACTERISTIQUES DES UNITES

3. Caractéristiques socioéconomiques des villages et des ménages enquêtés

3.1. Caractéristiques des villages

Tableau 1.2.c : Regroupement des villages selon leur date d’entrée dans le programme

Région/PTFM Installées Avant 2009 Installées entre 2009 et 2011 Total Installées Proportion

(en %) villages Nombre contrôles Kayes 11 13 24 14,72 5 Koulikoro 10 13 23 14,11 6 Mopti 22 6 28 17,18 7 Ségou 26 5 31 19,02 14 Sikasso 49 8 57 34,97 6 Total 118 45 163 100,00 38

3. Caractéristiques socioéconomiques des villages et des ménages

enquêtés

L’étude, bien que n’étant pas spécifiquement conçue pour se prêter à une analyse de la pauvreté dans ses formes purement monétaires ou de consommation, permet de comprendre et d’appréhender d’autres dimensions de la pauvreté sur la base d’un ensemble d’éléments notamment l’éducation, la santé, le logement l’accès aux infrastructures de base ainsi qu’aux opportunités économiques. En dehors de l’objectif d’évaluation du programme PTFM, cette section de notre travail vise essentiellement à fournir un aperçu général sur les conditions de vies des ménages et des multiples dimensions de la pauvreté telles qu’elles apparaissent dans nos enquêtes.

3.1. Caractéristiques des villages

3.1.1. Localisation géographique des villages

L’échantillon est composé de 201 villages répartis dans cinq régions du centre et du sud du Mali : Kayes, Koulikoro, Mopti, Ségou et Sikasso. Sur les 201 villages de l’échantillon, 29 se situent dans la région de Kayes, 29 dans la région du Koulikoro, 35 dans la région de Mopti, 45 dans la région de Ségou et 63 dans la région de Sikasso (graphique 1.1).

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Graphique 1.1 - Nombre de villages par région

Trois villages dans l’échantillon sont des chefs-lieux de région, deux d’entre eux ont une PTFM. Quarante villages sont des chefs-lieux de commune, 23 d’entre eux ont une PTFM. Pour les villages qui ne sont pas chef-lieu de commune, la distance moyenne, déclarée, jusqu’au chef-lieu de commune est de 12 kilomètres, avec un maximum de 112 kilomètres. Il n’y a pas de différence significative dans la distance au chef-lieu de commune entre les villages avec et sans PTFM.

3.1.2. Caractéristiques sociodémographiques

La taille moyenne des villages de l’échantillon est de 1137 habitants. La différence de taille entre les villages dotés de PTFM et les villages sans PTFM n’est pas significative. En revanche, les différences se notent au niveau régional : les villages enquêtés des régions de Mopti et de Kayes sont de plus grande importance (taille moyenne 2687 et 2578 habitants respectivement) que les villages des autres régions. Les villages de la région de Ségou sont de plus petite importance (898 habitants en moyenne).

La répartition ethnique par région de l’échantillon reflète la répartition ethnique régionale du Mali. Sur les 15 ethnies présentes dans notre échantillon, cinq dominent. Ce sont les :

- Bambaras/Malinkés présents dans 46 % des villages et résidant dans les régions de Koulikoro, Ségou et Sikasso,

- Sénoufos/Miniankas présents dans 15 % des villages et résidant dans les régions de Ségou et Sikasso,

- Peulh présents dans 11 % des villages et résidant dans presque toutes les régions, - Sarakolés présents dans 8% des villages et résidents dans la région de Kayes, - Dogons présents dans 7% des villages et résidents dans la région de Mopti.

0 20 40 60 N o mb re d e v ill a g e s

kayes koulikoro mopti ségou sikasso

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L’islam (quadiriya) est la religion dominante dans 91 % des villages (environ 90% de la population malienne est musulmane).

- Perception de la pauvreté

L’agriculture23 est l’activité économique principale des villages pour 98 % d’entre eux. La seconde activité est l’élevage (67 % des villages) et plus accessoirement, le commerce (8%). Cette configuration de l’activité économique est très similaire dans les villages avec et sans PTFM.

Nous avons demandé aux chefs de village la perception qu’ils avaient sur la situation économique de leur village. Près de la moitié (47 %) d’entre eux perçoivent leur village comme pauvres ou très pauvres. Si la perception du niveau de richesse de leur village est identique (même proportion) pour les villages avec PTFM ou sans PTFM, la perception de sa pauvreté est un peu plus élevée dans les villages sans PTFM : 49% des chefs de villages sans PTFM estiment leur village pauvre ou très pauvre, contre 45,5% dans les villages avec PTFM (tableau 1.3). Par contre, la perception d’une augmentation de la pauvreté au cours des cinq années passées est plus forte dans les villages avec PTFM (51,6%) que dans ceux sans PTFM (40,2%). Ces résultats semblent contraires aux attentes du projet PTFM, mais les perceptions sont subjectives et devront donc être confrontées aux résultats de l’évaluation d’impact.

L’analyse régionale de la perception des chefs de village sur le niveau de pauvreté de leur village indique que les villages de la région de Ségou seraient les plus pauvres (59% pour très pauvre, 13,6% pour un peu pauvre). Dans la région de Sikasso 41% des chefs de village considèrent leur village comme pauvre ou très pauvre, cette proportion est plus élevée dans les régions de Kayes (62%) et Koulikoro (64%). Les chefs de village de la région de Mopti ne considèrent pas leurs villages comme pauvres : 20% se considèrent comme un peu riche, 74% comme ni pauvre, ni riche.

Comparant la perception de la pauvreté des villages à l’enquête malienne d’évaluation de la pauvreté en 1998 (tableau 1.4), on constate que la perception des répondants est relativement proche des résultats de l’EMEP de 1998 à Kayes et à Koulikoro, ce qui ne contredit pas les réponses données sur l’évolution de la pauvreté au cours des cinq années écoulées. La pauvreté aurait augmenté à Ségou (68% des ménages percevant le village

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comme pauvre en 1998, 72% en 2009), ce qui n’est pas non plus contredit par les réponses sur l’évolution de la pauvreté (72% des répondants déclarent que la pauvreté a augmenté dans leur village au cours des cinq années écoulées). Au contraire la pauvreté aurait fortement diminué à Mopti, passant de 72% des répondants en 1998 à 5% des répondants en 2009, ce qui est corroboré par le fait que personne en 2009 n’a considéré que la pauvreté avait augmenté et que pour 48% des répondants, elle aurait diminué. Les réponses données dans la région de Sikasso sur le niveau de pauvreté perçue (41% de villages se considèrent comme pauvres) en 2009 et l’évolution de la pauvreté (65% des répondants en 2009 pensent que la pauvreté a augmenté ces cinq dernières années) pourraient indiquer une certaine instabilité économique dans cette région. En effet, l’EMEP indiquait en 1998 un indice de pauvreté égal à 66% et soulignait qu’en 2001, du fait de la crise cotonnière, les dépenses moyennes par ménage dans la région de Sikasso auraient été les plus basses du Mali (ODHD/LCPM, 2006)24.

Tableau 1.3 Perception du niveau économique et de l’évolution de la pauvreté des villages

Perception du niveau économique du village (%)

Perception de l’évolution de la pauvreté du village au cours des 5 dernières années (%) Très riche Un peu riche Ni riche ni pauvre Un peu pauvre Très

pauvre Augmentation Stabilité Diminution

PTFM Village avec PTFM 1,63 13,01 39,84 27,64 17,89 51,64 16,39 31,97 Village sans PTFM 1,3 12,99 36,36 31,17 18,18 40,26 27,27 32,47 Régions Kayes 6,9 13,79 17,24 48,28 13,79 35,71 7,14 57,14 Koulikoro - 17,24 27,59 44,83 10,34 37,93 34,48 27,59 Mopti - 20 74,29 5,71 - - 51,43 48,57 Ségou - - 27,27 13,64 59,09 72,73 13,64 13,64 Sikasso 1,59 15,87 41,27 36,51 4,76 65,08 7,94 26,98 Total 1,5 13 38,5 29 18 47,24 20,6 32,17

Source : notre enquête

Tableau 1.4 Incidence de la pauvreté selon l’enquête malienne d’évaluation de la pauvreté en 1998

Régions Indice de la pauvreté (%)

très pauvre Pauvre Total

Kayes 24,7 37,7 62,4 Koulikoro 18,5 41 59,5 Sikasso 13,9 51,9 65,8 Ségou 25,9 42,3 68,2 Mopti 38,1 38,1 76,2 Mali rural 27,9 48 75,9

Source EMEP 1998 (DNSI)25

En termes d’infrastructures économique, 34 % des villages de l’échantillon ont un marché et 85% ont en moyenne six boutiques. Pour les villages sans marché, la distance

24 Observatoire du Développement Humain Durable et de la Lutte contre la Pauvreté au Mali

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moyenne jusqu’au marché le plus proche est 10 km si le village est un village avec PTFM, 12,5 km si le village est sans PTFM. Le dynamisme commercial (estimé par le nombre de boutiques) des villages est identique entre villages avec et sans PTFM.

- Mobilisation villageoise : groupements et participation

Excepté un village où on ne compte aucun groupement, tous les villages de l’échantillon sont en moyenne pourvus de quatre structures collectives. Les associations représentent en moyenne 56% des groupements dans un village, les groupes d’intérêt économique (GIE) 32,6%. Dans les villages sans PTFM, la proportion d’associations est plus importante (61%) que la proportion de GIE, tant masculins (10%) que féminins (9,9%) que dans les villages avec PTFM, comme on peut s’y attendre et où les proportions sont respectivement de 52%, 15,8% et 18,6% (tableau 1.5).

Tableau 1.5 Répartition des types de groupement en moyenne dans un village (en%)

Types de groupement Total Villages

avec PTFM Villages sans PTFM Association 55,98 52,51 61,27 GIE d’hommes 13,53 15,78 10,08 GIE de femmes 15,2 18,65 9,94 GIE mixte 3,87 3,92 3,79 GPF 0,87 0,76 1,05

Source : notre enquête

La principale activité des groupements villageois est tournée vers l’agriculture. Ainsi, 52% des groupements ont comme activité principale l’agriculture dont 5% dans les champs collectifs. Un petit nombre de ces groupements a comme activité principale l’alphabétisation (10% des groupements) ou le développement de services financiers de base telles les tontines (6 % des groupements) et des activités d’épargne et de crédit (2% des groupements). Le nombre moyen de membres par groupement est égal à 93.

Le degré de mobilisation d’un village peut aussi se mesurer à partir de sa capacité à se mobiliser pour un projet donné. Or, 87 % des représentants de villages disent que leur village est prêt à se mobiliser (par des investissements humains) pour participer à un programme de réduction de la pauvreté. Cette propension de mobilisation est similaire dans les villages avec et sans PTFM.

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3.1.3. Infrastructures : route, communication, eau, éducation, santé

Distance à la route bitumée

L’isolement des villages est relativement important. Les villages de l’échantillon se situent en moyenne à 39 km d’une route bitumée. Et il n’y a pas de différence significative entre les villages avec et sans PTFM. Par contre, 16% des villages ont une route bitumée qui passe dans le village ou à moins de 1 km, 46% des villages ont une route qui passe à moins de 15 km du village et 8% des villages se trouvent à plus de 100 km d’une route bitumée.

Communication

Un télé-centre est présent dans 21% des villages de l’échantillon. Les villages n’ayant pas de télé-centre se trouvent en moyenne à 40 km du télé-centre le plus proche. Les villages avec PTFM sont en moyenne plus proches d’un télé-centre (24km) que les villages sans PTFM (43km).

Eau

Plus de la moitié des villages (66%) ont un forage, cette proportion est équivalente pour les villages avec et sans PTFM (différence non significative, tableau 1.6). L’autre source d’approvisionnement en eau est le puits traditionnel (71% des villages). Peu de villages (11%) possèdent des bornes fontaine. Il n’y a pas de différence significative entre les villages avec et sans PTFM dans le type d’approvisionnement en eau.

Tableau 1.6 Pourcentage de villages dans lesquels il existe au moins une source d’eau par type d’approvisionnement

Présence des sources d’eau par type Total Villages avec PTFM Villages sans PTFM Puits traditionnel 71,64 68,55 76,62 Forage 66,17 67,74 63,64 Marigot 19,00 23,39 12,99 Puits couvert 19,00 16,94 19,48 Borne fontaine 11,00 13,71 7,69

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Education et alphabétisation

La plupart des villages (88,6%) possèdent au moins une école (35,82 % en ont plus d’une) et seuls 11,4% d’entre eux n’en ont pas. Pour 70% des villages, les écoles n’offrent qu’un premier cycle fondamental. Seul trois villages, tous avec une PTFM, ont une école qui offre un cursus jusqu’au cycle secondaire. Par ailleurs, un tiers des villages avec PTFM accueillent des écoles coraniques contre 16,88% des villages sans PTFM.

Santé

Les centres de santé communautaire (CSCOM), premier échelon de la pyramide sanitaire, sont présents dans 19 % des villages. Pour les villages non dotés de CSCOM, la distance moyenne jusqu’au centre de santé est 9,7 kilomètres. Cette distance est significativement plus faible pour les villages avec PTFM (6,5 km en moyenne) que pour les villages sans PTFM (10 km). Au-delà de la proximité de l’accès aux soins primaires, la distance moyenne jusqu’à l’hôpital est de 67,45 kilomètres. Cette distance est comparable pour les villages avec ou sans PTFM.

- Accès aux services énergétiques

Une très faible proportion (7,54%) des villages a accès à l’électricité. Le t-test n’indique aucune différence significative entre les villages dotés de PTFM (7,2%) et les villages sans PTFM (8%).

L’accès aux services énergétiques n’est pas complètement absent dans les villages sans PTFM, dans la mesure où on trouve dans plus de la moitié de ces villages, des moulins privés, gérés par un commerçant (57% des villages) ou par un groupement (14,3%).

3.2. Caractéristiques des ménages enquêtés