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Caractéristiques temporelles et spatiales de l’épizootie à H5N1 en Asie et en Thaïlande

2.1.1 Propagation de l’épizootie depuis l’Asie de l’Est vers la Thaïlande, puis vers d’autres continents

Figure 6 : Pays touchés par la panzootie d’HPAI à H5N1, par grandes zones géographiques, et année de déclaration (mise à jour au 1er avril 2008)

Asie de l’Est et du Sud- Est

Mongolie, Russie, Asie Centrale et Moyen-Orient

Europe Afrique

10 pays 18 pays 22 pays 11 pays

- Cambodge, 2004 (1) (3) - Chine (dont Hong Kong),

1996 (1) (2) (3) (4) - Corée du Sud, 2003 (1) (3) - Indonésie, 2004 (1) (4) - Japon, 2004 (1) (3) - Laos, 2004 (1) - Malaisie, 2004 (1) (3) - Myanmar, 2006 (1) - Thaïlande, 2004 (1) (3) (4) - Vietnam, 2004 (1) (4) - Afghanistan, 2006 (1) - Arabie Saoudite, 2007 (1) (2) - Azerbaïdjan, 2006 (1) (3) (4) - Bengladesh, 2007 (1) - Géorgie, 2006 (3) - Inde, 2006 (1) - Irak, 2006 (1) (4) - Iran, 2006 (1) (3) - Israël, 2006 (1) - Jordanie, 2006 (1) - Kazakhstan, 2005 (1) (3) - Koweït, 2005 (1) (2) - Mongolie, 2005 (3) - Pakistan, 2006 (1) (2) (3) - Palestine, 2006 (1) - Russie, 2005 (dont Sibérie) (1) (3) - Turquie, 2005 (1) (3) (4) - Ukraine, 2005 (1) (3) - Albanie, 2006 (1) - Allemagne, 2006 (1) (2) (3) - Autriche, 2006 (2) (3) - Bosnie-Herzégovine, 2006 (3) - Bulgarie, 2006 (3) - Croatie, 2005 (3) - Danemark, 2006 (1) (3) - Ecosse, 2006 (3) - Espagne, 2006 (3) - France, 2006 (1) (3) - Grèce, 2006 (3) - Hongrie, 2006 (1) (3) - Italie, 2006 (3) - Pologne, 2006 (1) (3) - République Tchèque, 2006 (1) (3) - Roumanie, 2005 (1) (3) - Royaume-Uni, 2006 (1) (3) - Serbie, 2006 (1) (3) - Slovaquie, 2006 (3) - Slovénie, 2006 (3) - Suède, 2006 (1) (2) (3) - Suisse, 2006 (3) - Bénin, 2007 (1) - Burkina Faso, 2006 (1) - Cameroun, 2006 (1) (3) - Côte d’Ivoire, 2006 (1) (3) - Djibouti, 2006 (1) (4) - Egypte (1) (4) - Ghana, 2006 (1) (4) - Niger, 2006 (1) - Nigeria, 2006 (1) (3) - Soudan, 2006 (1) - Togo, 2007 (1)

(1) foyers déclarés chez des volailles d’élevage / (2) foyers déclarés chez des oiseaux domestiques captifs / (3) foyers déclarés chez des oiseaux sauvages / (4) cas humains

Source : OIE; OMS; FAO; Whitworth D. et al., 2007 La présence du virus H5N1 en Asie est mise en évidence pour la première fois chez des oies commerciales malades de la province du Guangdong en Chine méridionale, en 1996. L’origine précise de cette introduction reste inconnue. Par la suite, le virus est détecté à plusieurs reprises chez des canards dans des provinces côtières du Sud de la Chine, et continue depuis à circuler dans le sud du pays (Sims et al., 2005). En 1997, des foyers infectieux sont déclarés à Hong Kong chez des volailles (puis à nouveau en 2001, dans des marchés de volailles vivantes), le virus affectant sévèrement des humains pour la première fois et exprimant à cette occasion son potentiel zoonotique. La souche virale retrouvée en 1996 en Chine serait à

l’origine de l’infection survenue à Hong Kong (Martin V. et al., 2006). En 2001, le virus est détecté sur des marchés du Nord du Vietnam chez des oies ne présentant pas de signes cliniques de la maladie.

La situation probablement endémique (virus isolé continuellement depuis 1997 au cours de surveillances de routine à Hong Kong et en Chine) et de faible prévalence qui a suivi l’épisode épizootique de Hong Kong a changé de façon brutale au cours de l’hiver 2003-2004, quand le virus a été largement détecté dans la zone Est- et Sud-Est-asiatique : Corée du Sud, Vietnam, Japon, Thaïlande, Cambodge, Chine (dont Hong Kong), Laos, Indonésie. La présence de l’HPAI à H5N1 dans la filière avicole thaïlandaise est annoncée officiellement par le Premier ministre le 23 janvier 2004. Il semble que la maladie ait été présente dès la fin de l’année 200340, mais qu’un certain nombre de foyers n’aient pas été officiellement déclarés à cette période, les taux de mortalité anormalement élevés affectant les élevages avicoles étant attribués à d’autres maladies sévissant habituellement dans la région, en particulier à cette période de l’année, avant la saison humide (telles que la maladie de Newcastle, la maladie de Gumboro, le choléra aviaire, etc.). La pandémie atteint la Malaisie (neuvième pays de la zone) en août 2004, puis le Myanmar en mars 2006. Cette même année, le virus touche des élevages de volailles dans 8 autres pays asiatiques (Irak, Inde, Azerbaïdjan, Pakistan, Afghanistan, Jordanie, Israël et les Territoires palestiniens, alors que d’autres pays avaient déjà été touchés en 2005, cf. figure 6), 3 pays européens (Albanie, France et Suède), 6 pays africains (Egypte, Nigeria, Cameroun, Niger, Burkina-Faso, Côte d’Ivoire), et il est détecté chez des oiseaux sauvages dans 24 pays d’Asie et d’Europe.

Au 1er avril 2008, 61 pays ont rapporté des foyers de H5N1 chez des oiseaux sauvages ou des volailles domestiques depuis 2003, dont 48 chez des volailles domestiques (cf. figure 6 et chronologie du virus H5N1 en annexe 2).

Figure 7 : Distribution géographique des foyers d’HPAI à H5N1 chez des volailles d’élevage et des oiseaux sauvages (mise à jour au 5 septembre 2007)

Source: Whitworth D. et al., 2007

40

Fin 2003, une mortalité anormalement élevée est mise en évidence au sein de nombreuses fermes avicoles de la région centrale et du Nord du pays

2.1.2 Progression temporelle

Figure 8 : Répartition temporelle des déclarations de cas d’infection au H5N1 dans les élevages de volailles de Thaïlande, de 2004 à 2005

Source : Tiensin T. et al., 2007

La Thaïlande a connu 5 vagues épizootiques successives au sein de la filière avicole depuis début 2004. La répartition temporelle des cas est malgré tout continue et ne montre pas d’interruption marquée de la maladie (délai maximum entre 2 cas de moins d’une semaine). Entre 2004 et 2005, 3 vagues épizootiques séparées par des périodes avec de faibles reports de cas se sont succédées (cf. figure 8). L’ampleur de la dernière vague épizootique est nettement moindre alors que les efforts de contrôle et de surveillance se sont amplifiés.

Mi-décembre 2003, la maladie est déclarée en Corée du Sud, au Vietnam et au Japon. Un vaste programme de surveillance national est aussitôt mis en place au niveau de la filière à la mi- janvier 2004. Des échantillons cloacaux sont prélevés dans des troupeaux de volailles à travers le pays et envoyés pour analyse dans divers laboratoires. Le 23 janvier 2004, le laboratoire national de référence (NIAH, National Institute of Animal Health) confirme officiellement la présence du virus H5N1 dans une ferme de poules pondeuses de la province de Suphanburi (région Centre, district de Bangplama). Le même jour, le MOPH (Ministry of Public Health) déclare 2 cas d’infection au H5N1 chez des enfants des provinces de Suphanburi et de Kanchanaburi (région Centre), évènement qui corrobore l’hypothèse d’une présence du virus dans le pays dès la fin 2003. Lors de la première semaine d’épizootie, 149 nouveaux cas sont déclarés chez des volailles de 144 villages différents, appartenant à 32 provinces. Sur le graphique de la figure 8, on observe un pic dans le nombre de cas recensés lors de cette première semaine, tandis que les effectifs diminuent fortement après la mise en place des premières mesures sanitaires de contrôle. Cependant, au début de l’épizootie, les troupeaux détruits durant la campagne d’abattage massif n’ont pas subi de tests virologiques, ce qui a sans doute conduit à une sous-estimation des cas. De plus, la première vague épizootique correspond à une période d’urgence sanitaire, durant laquelle les données épidémiologiques n’ont pas pu être collectées de manière très rigoureuse. La difficulté d’identification clinique de la maladie chez les canards et dans les petits élevages de basse-cour a également parallèlement pu compliquer la détection (Songserm T. et al., 2006 ; Sturm-Ramirez K.M. et al., 2005). La première vague épizootique se prolonge jusqu’en mai 2004 (dernier cas rapporté le 24 mai dans une ferme de poules pondeuses de la province de Chiangmai, dans le Nord). Après une nette diminution des cas, le virus réémerge en juillet 2004 lors d’une seconde vague épizootique, qui se poursuit jusqu’à début 2005. Les premiers cas sont rapportés dès le 3 juillet dans des fermes de volailles pondeuses des provinces d’Ayuthaya et de Pathumthani, au Nord

de Bangkok. Les premières semaines, un à 5 cas sont détectés par jour et un pic est atteint à la mi-octobre avec 61 cas par jour. Les taux d’incidence hebdomadaires commencent à diminuer dès la fin du mois d’octobre, avec un dernier report de cas le 12 avril. En tout, 1 538 cas sont enregistrés lors de la deuxième flambée épizootique, soit un nombre 8 fois supérieur à celui caractérisant la première vague. Cette forte augmentation du nombre de cas peut être attribuée à l’amélioration de la surveillance à cette période (cf. § 2.3). Par ailleurs, la plupart des foyers infectieux se sont déclarés d’octobre à février, ce qui correspond à une période de températures plus faibles en Thaïlande, ainsi qu’à une période où des populations d’oiseaux sauvages en provenance d’Asie Centrale et d’Asie du Nord migrent dans le pays (Ellis T.M. et al., 2004). Les conditions saisonnières (climat, migration) pourraient avoir jouer un rôle dans la réémergence du virus en Thaïlande, dans son maintien dans l’environnement et sa diffusion (Songserm T. et al., 2005). Plusieurs périodes de festivités, associées à une augmentation des échanges commerciaux de volailles, surviennent à la fin de l’année et ont également pu jouer un rôle. Une troisième vague épizootique est observée dès juillet 2005 pour une durée de 5 mois (dernier cas observé le 9 novembre).

Au cours de l’année 2004, 1 687 troupeaux (1 564 cas à partir du mois de juillet) sont atteints dans 1 417 villages et 60 des 76 provinces du pays (Tiensin T. et al.). En 2005, 182 cas d’infection sont rapportés dans 21 provinces.

On observe des pics d’incidence au cours et suite aux « X-ray surveys » (programmes nationaux de surveillance active, cf. § 2.3), en particulier lors des premières campagnes, en octobre-novembre 2004 et en février 2005. Ceci traduit une sous-déclaration des cas en période normale. Il est notamment probable que les petits éleveurs ne notifient pas la perte de faibles nombres d’oiseaux aux autorités en période de surveillance de routine. L’histogramme montre également une allure en dents de scie à l’échelon hebdomadaire, ce qui évoque un sous-report des cas en fin de semaine et une déclaration en début de semaine des cas survenus le week- end. Ceci est probablement lié à l’arrêt des activités de surveillance le samedi et le dimanche. En juillet 2006, après une période de faible incidence, le virus réémerge dans deux provinces du Sud de la région Nord ainsi que dans le Nord-Est du pays, où le virus est également mis en évidence chez des oiseaux sauvages. Entre 2006 et 2008, la surveillance est toujours aussi forte et pourtant, moins de 10 cas sont confirmés en tout (3 cas en 2006, 4 cas en 2007, et 2 cas en 200841, au 1er février). Les mesures de détection précoce et de contrôle rapide mises en place dès la deuxième vague épizootique se sont finalement montrées efficaces, même si le virus continue à circuler dans le pays de manière sporadique42.

2.1.3 Distribution spatio-temporelle

Les foyers sont concentrés dans la région centrale, au Sud de la région Nord et à l’Est43 du pays, aires géographiques où l’on trouve des zones humides et des rizières, et où les densités de volailles sont importantes. Les régions Centre et Nord regroupent 85% des cas d’infection constatés les deux premières années (en particulier, mise en évidence d’une agrégation des cas au sein de 4 provinces du Sud de la région Nord et d’une province de la région Centre, Tiensin T. et al., 2006). Des tests géostatistiques menés sous SIG (Système d’Information Géographique) par Souris M. et al. en 2008 confirment que la distribution spatiale des cas d’infection au H5N1 n’est pas aléatoire, et que l’on est bien en présence de clusters géographiques dans les zones précitées (regroupement statistiquement significatif des fermes infectées). Le caractère non aléatoire du regroupement spatial des cas persiste même lorsque l’on ajuste l’analyse sur les effectifs de fermes et de volailles, pour prendre en compte la structure spatiale de la population avicole.

41

Le 27 janvier 2008, plusieurs suspicions de cas sont enregistrées par le DLD dans 3 provinces (Nong Khai, Chiang Rai and Ratchaburi), concernant à chaque fois des volailles de basse-cour

42

Les épizooties d’influenza aviaire HP sont en général maîtrisées rapidement par la mise en place de mesures très restrictives telles que l’abattage exhaustif des volailles sur l’ensemble du périmètre concerné. Etant donné l’étendue de la maladie en Thaïlande dès les premiers reports de cas début 2004 (détection ou du moins déclaration trop tardive de la maladie), ce type de mesures ne pouvait être appliqué dans des délais raisonnables.

43

Figure 9 : Répartition géographique des différentes régions* thaïlandaises

* La région ne constitue pas une maille administrative officielle en Thaïlande, et, selon les sources, certaines régions peuvent être agrégées entre elles, ou à l’inverse découpées en plusieurs zones. Le maillage représenté ici est utilisé dans le cadre de la plupart des études épidémiologiques citées dans ce rapport.

Source : Tiensin T. et al., 2005

Durant la première vague, les foyers d’infection sont localisés dans 188 villages, touchant 42 des 76 provinces du pays, les cas sont répartis sur toute la Thaïlande et plus particulièrement au centre du pays (43%), au Sud de la région Nord (37%), et à l’Est (9%), avec quelques cas sporadiques ailleurs dans le Nord et seulement un cas dans le Sud. Durant la deuxième vague, 1 243 villages de 51 provinces sont touchés. Les cas sont concentrés dans les régions Centre et Nord où les troupeaux de poulets et de canards sont plus abondants. Au niveau de la région Nord, 99% des cas sont détectés dans le Sud de la région. Ailleurs dans le pays, dans des zones où la densité de fermes avicoles est moindre, seuls quelques cas sporadiques sont enregistrés. Le risque relatif d’infection dans les élevages de volailles, basé sur les incidences cumulées sur l’année 2004, est 3,7 fois supérieur au niveau de la région Centre et 1,3 fois supérieur à l’Est, en comparaison avec la région Nord (Tiensin T. et al., 2005). En 2005, la majorité des foyers est toujours observée dans le Sud de la région Nord (60%) et dans le Centre du pays (33%). Aucun foyer n’est constaté dans le Sud du pays au cours de cette même année. Les densités de volailles, les conditions environnementales locales (zones humides naturelles, plans d’eau, et rizières notamment) et les pratiques d’élevage caractérisant ces régions semblent constituer des facteurs de risques de survenue de la maladie. Certaines études montrent qu’une forte association existe entre les populations de canards élevés en plein air dans les zones rizicoles de la Plaine centrale et la diffusion du virus dans la région Centre (Gilbert M. et al., cf. § 2.2.3).

Figure 10 : Distribution spatiale des cas confirmés d’HPAI à H5N1 en Thaïlande, de juillet 2004 à février 2007, par district

Source : IRD, AIT, Mahidol University (Faculty of Science). http://www.rsgis.ait.ac.th/~souris/HPAI/index.html