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II.2 Zéolithe X

II.2.5 Caractérisations

Les mesures de composition chimique ainsi que les images de contraste chimique sont

effectuées au service commun de l’Université Nancy-I sur une microsonde CAMECA SX50,

utilisée à la fois pour l'imagerie et pour la microanalyse (mode WDS). Les éléments plus

lourds que le fluor peuvent être dosés.

Dans le cas des zéolithes, la précision de l'analyse élémentaire est limitée par

l'échauffement des zéolithes sous le faisceau d'électrons qui produit un départ brusque des

éléments les moins liés (cations ou molécules d'eau) en amorphisant la structure. Pour limiter

ces dégâts, les mesures sont faites en limitant l'intensité du faisceau incident. A un moindre

degré, la précision de l'analyse est également limitée par l'utilisation des standards (oxydes,

e.g.) où les éléments à doser ont une coordination différente de celle des zéolithes. Nos

analyses ont été effectuées sous un courant de 10 nA et une tension de 15kV.

Cristaux Na,Co-X échangés en bain pendant 2 jours

(1 bain, 0,02 molaire de Co(NO

3

)

2

, 60°C)

Les dosages élémentaires sur 3 cristaux différents (1 point au centre du cristal) sont

rassemblé dans le Tableau 2.4.

Tableau 2.4 : Composition par maille des cristaux Na,Co-X échangés pendant 2 jours Cristal Na Co Si Al O Si/Al

1 30 27,9 99 93 381 1,06

2 22 27,5 98 94 376 1,04

3 27 27,7 101 91 380 1,11

moyenne 26 27,7 99 93 379 1,07

(La teneur en oxygène est ajustée pour que les éléments dosés forment des oxydes)

La composition moyenne par maille est Na

26

Co

27.7

Al

93

Si

99

O

379

×nH

2

O. Au bout de 2 jours

d'échange cationique ~28% de sodium demeure encore dans la structure.

Cristaux Na,Co-X échangés en bain pendant 13 jours.

Les images de contraste chimique (Figure 2.6) des cristaux issus de l'échange pendant

13 jours en bain montrent que certains cristaux paraissent plus clairs que d'autres. Le Tableau

2.5 donne les résultats des analyses élémentaires : la composition chimique est une moyenne

des mesures effectuées sur 5 cristaux « clairs » (5 points par cristal) et 4 cristaux sombres (5

points par cristal).

Tableau 2.5 : Composition par maille des cristaux Na,Co-X (bain, 13 jours d'échange) Cristal Na Co Si Al O Si/Al 1 8(1) 34,0(8) 100(7) 93(2) 376 1,08 2 9(1) 32,7(7) 100(7) 93(2) 375 1,08 3 13(2) 31,3(7) 99(7) 93(2) 375 1,06 4 14(2) 31,1(7) 99(7) 93(2) 375 1,06 Claire 5 8(2) 31,2(7) 99(7) 93(2) 373 1,05 Moyenne 10(2) 32,1(7) 99(7) 93(2) 375 1,07 1 16(3) 33,8(8) 99(7) 93(2) 381 1,06 2 17(3) 32,6(8) 100(7) 92(2) 378 1,08 3 16(3) 32,0(8) 100(7) 92(2) 380 1,09 Sombre 4 19(3) 31,6(8) 100(7) 92(2) 380 1,10 Moyenne 17(3) 32,5(8) 100(7) 92(2) 380 1,08

Les incertitudes sont très importantes sur le dosage du sodium (~20%), elles sont

également élevées pour les mesures de silicium (~7%) et seulement ~2% pour les dosages du

cobalt et de l'aluminium. D'après l''analyse la seule différence entre les cristaux sombres et

clairs est la teneur en sodium (Figure 2.6) qui est quasiment deux fois plus élevée dans les

cristaux sombres que dans les cristaux clairs. La composition finale moyenne, sur tous les

cristaux, est Na

14±3

Co

32,3±0,8

Si

100±7

Al

92±2

O

378

×nH

2

O avec un rapport Si/Al de ~1,08. A cause

de la migration des cations sous le faisceau d’électrons ou l’échange cationique avec des

protons, dans la composition finale, la charge de la charpente n’apparaît pas totalement

compensée (~14 charges par maille manquantes).

Cristaux échangés en colonne pendant 3 jours.

Les images de contraste chimique (Figure 2.7) montrent que la distribution des

éléments chimiques dans les cristaux échangés en colonne est nettement plus inhomogène que

dans ceux échangés en bain (Figures 2.6).

Figure 2.7: Images de contraste chimique des cristaux Na,Co-X échangés en colonne.

Le Tableau 2.6 montre qu'aux bords des cristaux le rapport Si/Al est plus faible qu’au centre,

symptôme d'une désilicalisation des cristaux au cours de l’échange.

Tableau 2.6: Distribution des rapports Si/Al dans des cristaux Na,Co-X échangés en colonne Mesure Cristal 1 Cristal 2 Cristal 3 Cristal 4

1(bord) 0,91 0,87 0,97 0,91

2 1,05 1,01 1,07 1,00

3(centre) 1,05 1,03 1,02 1,01

4 0,96 1,01 1,04 1,03

5(bord) 0,91 0,89 1,04 0,95

Cet effet de désilicalisation des cristaux a été également remarqué par Le Van Mao et al.

(1994) lors du traitement par une solution aqueuse de carbonate de sodium des zéolithes X, Y

et par Dessau et al. (1992) pour la ZSM-5. Il explique probablement l'amorphisation observée

en DRX.

II.2.5.2 Analyse thermiques ATG/ATD.

L’analyse thermogravimétrique (ATG) consiste à mesurer les variations de masse de

l’échantillon lorsqu'il est soumis à des variations progressives de la température. L’analyse

thermique différentielle (ATD) est une mesure de la différence de température entre une

référence thermiquement inerte (en alumine) et l’échantillon. Dans cette thèse les analyses

thermiques (ATG/ATD) ont été réalisées au LCSM, UMR 7555, par le Pr. M. François sur

l’appareil 92-16.18 SETARAM. L'échantillon étudié provient d'une synthèse "Gros cristaux",

dont on a séparé les cristaux de zéolithe X des zéolithes A et P en utilisant un tamis en inox

(∅pore = 90 µm). Une rampe de chauffage suffisamment lente a été programmée afin de

résoudre des signaux enthalpiques proches, tout en donnant un signal exploitable (Figure

2.8) :

Montée en température : 20→600°C, ∆T= 1°/mn

Descente en température : 600→20°C , ∆T= 20°/mn

Gaz porteur : air sous 1 bar

0 100 200 300 400 500 600 700 -25 -20 -15 -10 -5 0 5 P erte de mas se, % Température, °C 100 200 300 400 500 600 -4 -3 -2 -1 0 1 2 F lux de chal eur ( µ V) Température, °C

Figure 2.8: Courbes de première déshydratation; a) Analyse thermogravimétrique (ATG), b) Analyse thermique différentiel (ATD).

Les courbes (Figure 2.8) mettent en évidence une perte de masse totale d’environ 24%

(m

initiale

= 26,5 mg, m

finale

= 20,2 mg). De ~50°C jusqu'à 90°C, la perte de masse (~3,5% de la

masse totale) peut s'interpréter par le départ des molécules d'eau de surface. Puis, entre

environ 90 et 160°C la perte de masse rapide (~16,5% de masse totale), en particulier dans la

zone ~115-150°C, peut être attribuée à la désorption des molécules d'eau ou de TEA. Enfin,

entre ~160 et 220°C (perte de masse de ~4,5%) et entre 220 et ~420°C (~3% de perte de

masse) on peut penser que la perte de masser correspond au départ des molécules d'eau les

plus liées.

La perte de masse dans Na,Co-X est régulière et très similaire aux courbes de perte de

masse de zéolithes X synthétisées sans TEA (Na-X; Na,K-X; Na,Rb-X (Szostak, 1992; Joshi

et al., 2002). Si on attribue l'intégralité de la perte de masse à la déshydratation, on peut

estimer la quantité d'eau adsorbée à ~237 molécules d'eau par maille, soit une composition

Na

14±3

Co

32,3±0,8

Si

100±7

Al

92±2

O

378

×237H

2

O.

Il faut noter que le nombre de molécules d’eau déterminé dans nos analyses est propre

a) b)

à la zéolithe Na,Co-X de rapport Si/Al~1,08 étudiée ici, car le caractère hydrophile dépend du

type et de la quantité de cations compensateurs de charge. Le nombre de molécules d’eau

adsorbées sous conditions ambiantes et le comportement en désorption dépendent des

interactions électrostatiques eau-cation et des liaisons hydrogène avec les oxygènes de la

charpente et les autres molécules d’eau. D’après Joshi et al. (2002), toutes ces interactions

sont «gouvernées» par le cation compensateur de charge. Dans le cas des zéolithes échangées

avec des cations alcalins, par exemple, la vitesse de perte d’eau, la température de

déshydratation complète et le nombre de molécules d’eau dans la structure diminuent avec

l’augmentation de la taille du cation, ce qui s'explique par des interactions moins fortes entre

les cations et les molécules d’eau. Sur cette base (sans prendre en compte l'hydrolyse de la

charpente qui affecte la microporosité de la zéolithe et ses propriétés de diffusion), la zéolithe

Na,Co-X serait plus hydrophile que Na-X.