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Chapitre 2 L’esplanade de la BnF et la passerelle Simone de Beauvoir : deux terrains

1. L’esplanade de la Bibliothèque Nationale de France 43!

1.1. Caractérisation générale 43!

Contexte

La Bibliothèque nationale de France est une réalisation marquante de la dernière décennie du 20e siècle dans le sud-est parisien. À la suite d’un concours international, lancé par le

gouvernement français sous la présidence de François Mitterrand, l’architecte Dominique Perrault se voit confier la réalisation de ce projet en 1989. La Bibliothèque nationale de France-site François Mitterrand, appelée « BnF-Tolbiac » au commencement, est un projet de grande ampleur. Cela lui vaudra aussi la dénomination de « Très Grande Bibliothèque ». Ce fut un chantier relativement bref puisqu’elle a été livrée en 1995. Située dans le 13e

arrondissement de Paris, en 1989 elle représente l’acte fondateur de la reconversion d’un quartier sur la rive gauche de la Seine. Cette grande opération d’urbanisme est appelée ZAC Paris Rive Gauche (ou ZAC Seine Rive Gauche). Elle s’étend, du nord au sud, de la Seine aux voies de chemin de fer de la gare d’Austerlitz ; et d’ouest en est, de la gare d’Austerlitz au boulevard périphérique. L’objectif était de transformer un secteur d’entrepôts en quartier d’immeubles de bureaux et d’habitations. La BnF s’inscrit dans la première tranche, dite « Tolbiac », du développement de la ZAC Paris Rive Gauche, ce secteur étant situé entre les ponts de Bercy et de Tolbiac. Le projet de la BnF à lui seul, par son emprise au sol,

représente la surface construite de la moitié de ce secteur (voir illustration n°1). La

Bibliothèque nationale de France, en plus d’être le commencement d’un immense projet urbain, était avant tout l’objet du lancement d’une nouvelle vague de la « politique des grands projets », caractéristique des années Mitterrand. La BnF appartient à la lignée des réalisations tel que le Grand Louvre, l’Opéra Bastille, l’Arche de la Défense, etc. Elle est le dernier projet mené par François Mitterrand lors de son deuxième septennat. On lui attribuera d’ailleurs souvent le rôle de cénotaphe.

Partie 1 – Approches théoriques et méthodologiques des rythmes de marche ! Chapitre 2 - L’esplanade de la

BnF et la passerelle Simone de Beauvoir : deux terrains d’étude

Illustration n° 1

Plan de la ZAC Paris Rive Gauche. L’esplanade de la BnF et la passerelle Simone de Beauvoir.

Au centre la tranche dite « Tolbiac ». Plan réalisé à partir de Simon TEXIER, Paris contemporain. De Hausman à nos jours, une capitale à l’ère des métropoles. Édition Parigramme, 2005, p 222.

Intension59 : « un lieu et non un bâtiment »

La BnF reflète deux choses. D’abord la volonté d’un politique de laisser son empreinte. Laure Adler en témoigne dans un texte sur « Les Paris de François Mitterrand » : « Face à l’oubli inexorable et l’écoulement du temps qui efface progressivement tout sur son passage, il ne cachait pas son désir de laisser dans le paysage parisien des bâtiments contemporains,

audacieux, tant par leur esthétique que par leur contenu intellectuel. »60 D’autre part, elle est

aussi à l’image de la compétition qui s’est officialisée entre les villes au niveau international dans les années 1980-1990. Jouant leur attractivité sur leur image, sur celle des projets architecturaux et des architectes qui les conçoivent, la France (voire Paris) se caractérise par le choix de projets aux formes simples, régulières, minimales. C’est ce que notait Jacques Lucan à propos de trois projets de la même période, en s’interrogeant de la façon suivante : « Faut-il croire que la simplicité est la seule garantie d’efficacité pour des « grands projets » qui doivent

surprendre, étonner, subjuguer ? »61, et de citer à ce sujet Dominique Perrault qui s’exprimait

à propos de la bibliothèque : « Ce projet est une pièce d’art urbain, une installation minimaliste, le "less is more" de l’émotion, où les objets et leurs matières ne sont rien sans les

lumières qui les transcendent. »62

Le principe, qui a régi le projet dès le départ, était de faire de la Bibliothèque nationale de France « un lieu et non un bâtiment ». Dominique Perrault l’exprime dans son texte du concours comme résultant du contexte même du quartier où elle serait construite. Le site faisant partie d’un territoire promis au développement de la ZAC Paris Rive Gauche, l’idée était qu’elle ne s’affirme pas uniquement en tant qu’édifice institutionnel. Dans ce processus de conquête par l’urbanisation de nouveaux territoires, Dominique Perrault estimait que « le plus large don qu’il est possible de faire à Paris consiste aujourd’hui à offrir de l’espace, du vide, en un mot : un lieu ouvert, libre, émouvant. » Il a présenté son projet de la BnF avec l’objectif d’en faire un véritable espace public pour le futur quartier Tolbiac. L’intention était de lui !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

59 Nous choisissons précisément de faire appel au terme « intension » et non pas « intention ». Il ne s’agit pas

d’une faute d’orthographe. Nous utilisons ce mot pour indiquer que dans les paragraphes qui vont suivre, nous chercherons à donner à comprendre au lecteur les éléments à partir desquels l’architecte a « construit » le concept de son projet.

60 Laure ADLER, "Les Paris de François Mitterrand. Témoignages, novembre 2003", in Institut François

Mitterrand. http://www.mitterrand.org/Les-Paris-de-Francois-Mitterrand.html

61 Jacques LUCAN, Architecture en France (1940-2000). Histoire et théories. Paris, Éditions du Moniteur,

collection architextes, 2001, p 312. Les trois projets auxquels il faisait écho étaient : la BnF de Dominique Perrault, le Pavillon français pour l’Exposition Universelle de Séville de Jean-Paul Viguier, et le Centre international de conférence de Paris de Francis Soler.

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BnF et la passerelle Simone de Beauvoir : deux terrains d’étude

offrir une place qui devait être un « Espace libre et ouvert à l’échelle de la capitale, horizontalité, la Bibliothèque de France déploie toute son ampleur au travers de ses quatre balises, tenseurs de la plaque, verticalité, définissant un volume virtuel qui cristallise toute sa magie, sa présence, et sa poésie. »63