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3. CADRE ENVIRONNEMENTAL ET SOCIAL

3.3 Environnement humain

3.3.3 Cadre socio-économique de Guinée

La portion du bassin du Niger en Guinée d’où il prend sa source, a une superficie de 97.168 km² et un cours d’eau principal long de 661 km. Le bassin du Niger en Guinée couvre principalement la Haute Guinée avec ses huit (8) Préfectures (Faranah, Dinguiraye, Dabola, Kérouané, Kankan, Mandiana, Kouroussa et Siguiri) et deux Préfectures de la Guinée Forestière (Beyla et Kissidougou).

La population totale du bassin en Guinée est d’environ 2 283 898 habitants soit 25 % de la population nationale. Le taux moyen d’accroissement de la population y est de 3.1 % (Haute Guinée 3.1 ; Guinée Forestière 4.1 %) et une densité de l’ordre de 15 habitants au km² contre 37.2 au niveau national. La population âgée de moins de 20 ans représente environ 55 % de la population du pays. En milieu rural, et dans l’ensemble du pays, on note un phénomène important d’exode rural des jeunes de 10 – 15 ans vers les centres urbains, à la recherche de conditions de vie meilleures

La zone du projet est caractérisée par un régime social de type patrilinéaire en matière de descendance et de succession. L’unité de base de la vie sociale dans le milieu est la famille régie par des relations patriarcales entre le chef de famille et les autres membres. La famille correspond généralement à un quartier. La notion de clan reste fortement ancrée dans les esprits en dépit d’une coexistence pacifique de différents groupes ethniques sur un même territoire.

3.3.3.2 La santé

Les principales maladies de la zone sont le paludisme, les infections respiratoires, les helminthiases, les maladies diarrhéiques et les carences nutritionnelles. A celles-ci, s’ajoutent d’autres maladies à potentiel épidémique, dépistées dans le pays, soit le choléra, la méningite, le SIDA, la schistosomiase, la trypanosomiase, la lèpre, la dracunculose etc.…Les conditions sanitaires sont nettement plus préoccupantes en milieu rural qu’en milieu urbain. Par exemple, le taux de mortalité infanto- juvénile est de 148.1 pour mille en zones urbaines contre 210.6 pour mille en zones rurales. L’organisation du système de la santé et les efforts de financement publics et privés permettent d’étendre progressivement la couverture sanitaire par la mise en place d’infrastructures et d’équipements ainsi que le recrutement et /ou le déploiement du personnel de santé. Tout ceci participe d’une nette amélioration du système sanitaire dans la zone même si les objectifs sont loin d’être atteints.

3.3.3.3 Activités socio-économiques de la zone

L’agriculture

A l’instar de l’ensemble du pays, la zone du Projet a une vocation agro pastorale. L’agriculture y est pratiquée essentiellement pour l’autoconsommation. Les cultures pratiquées sont essentiellement vivrières, basées sur les céréales qui occupent environ 70 % de la superficie totale emblavée. Les cultures industrielles ou de rente, telles que l’arachide et le coton sont également pratiquées. La traction animale est relativement développée dans la zone, notamment dans les préfectures de Siguiri, Kouroussa, Kankan, Dabola et Mandiana), ce qui favorise l’extension des superficies dans la région (13.8 % contre une moyenne nationale de 17.6 pendant la période de 1978 à 2002). Le taux de chimisation de l’agriculture est encore faible et varie énormément d’une région à une autre. Par exemple, en 2000-2001, l’utilisation de l’engrais est de 7.8% par rapport à l’ensemble des superficies emblavées dans la région de Kankan et de 0.8% dans celle de Faranah. Pour l’utilisation des insecticides, le taux est de13.1% et 2.9 % respectivement pour les mêmes zones.

Bien que la zone soit bien drainée par le Fleuve du Niger et ses affluents, le système d’irrigation des exploitations agricoles est très faible, faute d’aménagement hydro agricole. Or, le potentiel de terres aménageables est assez élevé : 31 % des bas fonds et 61 % des plaines sur les

d’aménagement est assez faible au niveau de la zone du bassin et est de l’ordre de 3.6 % pour les bas fonds et 9.2 % pour les plaines (contre respectivement 8.6 et 8.3 % en moyenne pour le pays).

Au total, l’agriculture dans la zone guinéenne du Projet a permis :

- l’augmentation de la production notamment vivrière, en vue d’assurer l’auto substance et la sécurité alimentaire, l’amélioration de l’état nutritionnel de la population et l’accroissement des revenus des exploitants agricoles,

- la création d’emplois agricoles,

- le renforcement de la dynamique des organisations paysannes, et par conséquent du pouvoir décisionnel paysan.

En revanche, l’accroissement des activités agricoles ont eu des impacts négatifs sur l’environnement en termes de :

● dégradation des sols et destruction de la diversité biologique du fait de la pratique d’une agriculture extensive,

● l’exacerbation de conflits fonciers dus à une plus forte demande de mise en valeur de terres auprès des propriétaires terriens,

● le développement des conflits sociaux entre les différents usagers de l’espace.

L’élevage

La zone du Projet est une région d’élevage de bovins, ovins caprins et de volailles. Le système d’élevage de ces espèces animales est traditionnel. Il se pratique de façon sédentaire ou par transhumance. L’élevage sédentaire est le mode le plus généralisé dans la zone, en dépit des problèmes qu’il pose, à savoir, la divagation des troupeaux en saison pluvieuse dans les agglomérations et dans les champs, et les difficultés d’abreuvement en saison sèche. Ces problèmes sont souvent sources de conflits sociaux entre les éleveurs et le reste de la population. L’élevage par voie de transhumance est très peu pratiqué dans la zone du Projet, hormis dans la préfecture de Dinguiraye et le long de la frontière avec le Mali. D’après les données de l’année 2000, la zone du projet pèse de 82 % du cheptel national, toutes catégories confondues. La zone du Projet se révèle comme la région la plus pastorale de la Guinée. Elle est toutefois confrontée à certains problèmes, tels que :

- le tarissement des sources d’eau et la rareté de fourrages dans certaines localités pendant la saison sèche, entraînant la divagation des animaux,

- le risque permanent d’extension de la péripneumonie des bovins,

- le faible niveau de technicité des éleveurs pour la protection sanitaire des animaux,

- la faible intégration agriculture/élevage

- les difficultés d’accès aux ressources communautaires (terres et eau notamment).

La pêche

Les ressources halieutiques ne sont pas suffisamment connues dans la zone du Projet.

Pourtant, le potentiel dans ce domaine était estimé, en 1996, entre 6000 et 8000 T de poissons, soit, 60 à 80 % du potentiel de la pêche fluviale. La pêche est pratiquée par certains autochtones et étrangers (notamment maliens). La tendance est à l’organisation des professionnels de la pêche par préfecture. Leur fonctionnement reste à apprécier. La pisciculture n’est pas encore rentrée dans les habitudes des populations de la zone.

3.3.3.4 La femme et les aspects genre dans la zone

L’exploitation agricole dans un ménage fait intervenir tous les membres actifs de ce ménage.

Elle est organisée autour d’un champ principal, dénommé le champ familial. Il est cultivé par l’ensemble des membres de la famille. En plus de celui-ci, les femmes et les jeunes disposent de leurs champs individuels et les endroits vides des concessions (tapades) pour les cultures de case. La répartition des tâches selon le genre se fait de la façon suivante. Les hommes assurent la préparation du sol, la récolte, le transport et la surveillance de la production. Les femmes se chargent des travaux de semis, d’entretiens culturaux et participent aux récoltes, conditionnement et assurent les charges ménagères. Les jeunes assurent le sarclage et la surveillance des champs la journée. La population agricole est relativement importante. Elle est relativement équilibrée en termes de ratio hommes/ femmes. En effet, les femmes constituent la moitié de l’effectif de la population, notamment agricole de la zone du Projet.

Dans le domaine de l’élevage, les femmes jouent un rôle primordial dans les systèmes de production animale en participant à :

- la production, transformation et la commercialisation du lait,

- l’élevage des petits ruminants : pacage, entretien des femelles et des jeunes, soins aux animaux.

3.3.3.5 La question foncière dans la zone

Dans la zone nationale du bassin du Niger, le foncier est fortement marqué par les pratiques traditionnelles qui se caractérisent, entre autres, par l’existence de grands propriétaires terriens et la variabilité des conditions d’accès à la terre et de son utilisation. Le foncier y est régi par deux types de réglementation, le droit coutumier et le droit moderne. Le droit coutumier est marqué par des règles non écrites, variables d’une ethnie à une autre, et d’une région à une

à la terre, en créant des conditions d’égalité d’accès à tout exploitant agricole, notamment les allogènes, les femmes. Il devrait favoriser la réalisation des aménagements dans les plaines et les bas- fonds, ainsi que la promotion de l’investissement privé dans ces zones. Actuellement, le droit foncier coutumier marque sa prépondérance sur le moderne.

Dans les zones de plaine, la répartition des terres est faite selon le droit coutumier. Elle est stricte et on y respecte rigoureusement la division parcellaire établie par les familles fondatrices.

Cette répartition qui se fait sur la base coutumière laisse apparaître une grande inégalité dans la détention des terres, notamment au niveau des plaines inondables qui sont potentiellement plus fertiles et plus aptes à la production agricole. En effet, l’accès y est limité et sélectif, ce qui crée une pénurie artificielle de terres agricoles, en raison des conditions drastiques qu’imposent les propriétaires terriens qui entrent dans une relation de faire- valoir indirect du genre fermage.

Dans cette relation, le fermier paie une redevance très élevée qui ne tient pas toujours compte du niveau de la production et des aléas climatiques.

Bien que la situation soit moins contraignante dans les zones du plateau (Préfectures de Dabola et Kouroussa), la location de terres se fait contre la redevance de la dixième partie des productions obtenues sur les parcelles de cultures. La situation préoccupe les autorités nationales en charge de la question foncière. Des études ont été réalisées en vue d’élaborer une réforme foncière moderne, capable de gommer ou de réduire les inégalités actuelles et qui sont certainement sources de nombreux handicaps à l’amélioration des rendements, de la production et la préservation de l’environnement.

3.3.4 Cadre socio-économique du Mali