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LE CADRE ADMINISTRATIF, LEGAL ET REGLEMENTAIRE DE L'ECOLE UNIQUE DU TRAVAIL

ET "L'ECOLE DE GENEVE"

11. LE CADRE ADMINISTRATIF, LEGAL ET REGLEMENTAIRE DE L'ECOLE UNIQUE DU TRAVAIL

1. Repères chronologiques

La mise en place de nouvelles institutions scolaires peut être su1v1e à partir des différentes étapes marquées par les dates suivantes :

11 novembre 1917 : Lounatcharski nommé Commissaire du Peuple.

22 novembre 1917 : Création du "Commissariat du Peuple à !'Education"

(NARKOMPROS).

Janvier 1918: Organisation du NARKOMPROS en dix-sept sous-sections, sous Io direction de Lounatcharski, Kroupskaio et Pokrovski.

2 février 1918 : Décret de séparation de l'Eglise et de l'Ecole.

27 février 1918 : Ordonnance sur le recrutement du personnel des services pédagogiques et pédago-odministrotifs.

Mors 1918 : T ronsfert du NARK OMPROS de Petrograd à Moscou.

27 mai 1918 : Discours de Lepechinski devant la Commission d'Etat pour I' Education.

31 moi 1918 : Ordonnance du NARKOMPROS supprimant les notes.

26 juin 1918 : Ordonnance du NARKOtv\PROS sur l'organisation de l'éducation populaire en République de Russie.

Août-septembre 1918: Premier Congrès de Russie sur !'Instruction pu­

blique.

16 octobre 1918 : Promulgation du Statut-Règlement de !'Ecole Unique du Travail.

2. Le décret du 16 octobre 1918 et le Programme de l'Ecole Unigue du Travail

a) L e s 1 i g n e s d e f o r c e d u d é c r e t

Rédigé par Lounatcharski, ce décret termine une longue période d'étu­

des effectuées par la sous-direction à l'Ecole Unique du Travail, créée en mai 1918, et dirigée par Pozner (cf. Dekrety sovetskolvlasti, Moscou, 1964, ;l, 374 sq; on trouvera une traduction française du Règlement in : Lindenberg, 1972, 301-308). 11 comprend cinq parties - Dispositions générales sur I' Ecole Unique du Travai 1 .

- Principes du travail scolaire.

- Dispositions et établissement des programmes scolaires.

- Principes de base de l'auto-organisation de l'Ecole Unique du Travai 1 (1).

- Mesures pour la mise en place du plan de réformes scolaires.

L'article 2 organise l'école unique en deux degrés : "un premier degré pour les enfants de 8 à 13 ans (le cycle de cinq ans) et un second degré pour les enfants de 13 à 17 ans (le cycle de quatre ans)" aux­

quels sera annexé un jardin d'enfant pour les enfants de 6 à 8 ans, chaque classe devant comporter un maximum de vingt-cinq élèves

(art. 10). L'article 12 avec ses deux observations complémentaires précise la place du travail dans la vie scolaire, "le travail productif socialement nécessaire", "organiquement lié à l'enseignement", et devant éduquer "les futurs citoyens de la république socialiste".

Article 13

nL'enseignement dans chacun des deux degrés de l'Ecole du Travail a un caractère de formation générale et de forma­

tion polytechnique, cependant qu'une place importante est assignée à l'éducation physique et artistique.n

Ces deux articles définissent le caractère d'école du travai 1 de l'école soviétique, en particulier son aspect polytechnique, par opposition à un enseignement de type pré-professionnel.

On y remarquera l'insistance apportée à définir le travail comme

1. On a préféré ici le terme auto-organisation à celui d'autogestion employé par Lindenberg pour traduire samooupravfenié.

socialement utile, et non comme un substitut de travai 1 productif à usage d'enfants. C'est d'abord pour assurer la liaison entre l'école et la production qu'est instauré le travail des élèves, et secondairement comme moyen pédagogique.

On notera cependant qu'aucun article n'organise réglementairement les moyens de cette liaison, alors que l'article 25 fait obligation de l'annexion à toute école d'une parcelle de terrain inculte.

Ce premier aspect - l'enseignement polytechnique - doit être lié au second concernant l'auto-organisation de ('Ecale Unique du Travail, organisée par le Titre IV, articles 26 à 32, qui pourraient être cités en entier et dont le principal est :

Article 27

"L'organe responsable de l'auto-organisation de l'école est le conseil d'école. Il se compose a) de tous les tra­

vailleurs scolaires, b) de représentants de la population active du district scolaire en proportion du quart des tra­

vailleurs scolaires, c) d'élèves des groupes d'âge les plus avancés (à partir de 12 ans) à proportion égale de b, d) d'un représentant de la Section pour la formation du peuple."

Si l'on ajoute aux articles de ce titre IV le caractère non obligatoire du programme, i 1 convient de sou 1 i gner l'importante autonomie dont pouvaient disposer les communautés scolaires. Cette autonomie ne correspondait pas seulement à l'impossibilité de fait d'un contrôle centralisé, mais à une option politique découlant de la place et du rôle assigné aux soviets.

b) L e s 1 i g n e s d e fa r c e d u P r o g r am m e d e I' E c o l e U n i q u e d u T r a v a i l

Les "Matériaux éducatifs à l'Ecole du Travail", publiés en 1919, ont été élaborés dans l'hiver 1918-19 par l'équipe des pédagogues de Moscou et constituent le complément du Règlement de l'Ecole Unique du Travai 1 (cf. Materialy obrazovatel 'noj raboty v trudovoy skole, 1919. Les citations de ce paragraphe sont tirées de ce Manuel).

L'ouvrage comporte en introduction huit thèses qui en orientent

l'en-semble et qu'il convient de rapporter ici

(1).

nt) Les finalités du travail, qui peuvent s'inclure dans les travaux ayant lieu à l'école et dans ses dépendances (travaux de l'exploitation agricole, travaux artistiques) aussi bien que dans le travail avec la communauté (aide pour l'accomplissement des exercices de travail, d'appren­

dre à connaitre le travail de l'humanité hier et aujour­

d'hui, de répondre aux interrogations naturelles, à l'in­

telligence des enfants, sollicités par les faits auxquels ils se heurtent pendant le travail et dans la nature envi­

dans les laboratoires, aquariums, vivariums, terrariums et autres, occupe la seconde place. Elle est employée pour une étude ultérieure ou plus détaillée des faits observés. A partir d'observations incessantes et jusqu'à des conclusions et généralisations empiriques et élémentaires, telles sont les méthodes d'instruction de la direction générale.

6) Le monde environnant, en particulier le monde des plan­

tes et des animaux, est représenté dans l'art et la litté­

rature. Le rôle des arts, peinture, chant, modelage, etc., et en particulier celui de la littérature dans les occupa­

tions d'observation générale, en découle naturellement. Il convient d'apprendre aux enfants à décrire leurs observa­

tions, à modeler la terre et à peindre de mémoire et d'après nature des objets vivants. Il est recommandé de construire un musée scolaire de connaissance de la nature dans lequel on rassemble les herbiers, les collections, les cartes pos­

tales, les diagrammes et les graphiques illustrant l'indus­

trie locale, le rendement ou la fertilité des sols, celui de l'irrigation, etc., les travaux artistiques des enfants -modelage, dessins, oeuvres indépendantes pour lesquelles les exercices de connaissance de la nature ont servi' de base.

7) La curiosité en éveil des élèves doit trouver satisfac­

tion par la lecture d'oeuvres de vulgarisation scientifique et par les travaux indépendants.

8) Le programme proposé ne présente pas un modèle qui doit être introduit à l'école, mais sert de démonstration des questions pouvant surgir pendant les travaux et les obser­

vations des élèves.

Le programme d'apparaît en aucune manière obligatoire."

Ces huit thèses, ainsi que le programme complet du premier cycle,

soviétiques, à savoir une participation active des enfants au travail industrie 1 .

En ce qui concerne l'orientation didactique proposée aux enseignants, on relèvera l'importance de la démarche partant des observations de situations réel les ou de la participation des élèves à ces situations pour conduire à une fonnalisation ov à la mise en place de dispositifs artificiels d'étude ou de vérification expérimentale.

L'orientation générale des études, d'apparence très naturaliste, se con­

finne à l'examen du programme lui-même. On relève tout d'abord sa structure d'exposition calquée sur les saisons qui rythment à la fois les travaux agricoles des enfants et leur travai 1 scolaire :

•Au printemps et en été, la vie scolaire se passe en plein air et toutes les observations et les travaux sont concen­

trés dans la cour de l'école, au jardin, au potager, dans la forêt et au camp. C'est ici que l'on rassemble le maté­

riel du règne naturel pour les travaux et observations d'automne et d'hiver, pour les aquariums, vivariums, terra­

riums, etc.H

Cette structure d'exposition explique également que dans ce texte dé­

tai lié sur ! 'étude de ! 'ensemble des phénomènes naturels ne figure aucune explication ou mention concernant les phénomènes sociaux.

Cependant, l'explication première de cette absence tient à la concep­

tion sous-jacente de l'enfant et de ses "besoins naturels" à cet âge, conception ainsi fonnulée :

HA cet âge l'enfant a une tendance à donner vie et esprit aux événements naturels. Chaque plante, chaque animal, cha­

que fait a sa propre individualité. C'est pourquoi le but de l'étude au premier cycle est de faire en sorte que chaque arbre, herbe, insecte et oiseau soit proche et com­

pris de l'enfant ... Pour ce cycle il n'y a pas de différen­

ce entre jeu et travail.H

"Le conte populaire, par sa spontanéité si proche de la nature d'un côté et de l'âme enfantine de 1 'autre, doit en quelque sorte illustrer et élargir les observations des enfants.•

HDans les comptines, les rondes et jeux chantés, le monde vivant est représenté tout aussi richement que dans les

contes. L'élément d'imitation familiarise l'enfant avec les différents stades du travail de l'homme, les mouvements symbolisant les différentes étapes du travail développant les habitudes de travail de l'enfant. Les chansons de meu­

niers, moissonneur, les chants des filandières, batteurs, les chants de plantation des jardins potagers, ou ceux ac­

compagnant l'irrigation, peuvent fournir un matériel riche pour la découverte par l'enfant de l'histoire du travail agricole par le jeu.n

On voit donc se dessiner ici les principes directeurs de l'enseignement polytechnique pour les enfants de 8-10 ans. La connaissance du mon­

de du travail est à la fois ludique et symbolique, basée sur des appren­

tissages par imitation répondant aux tendances "naturelles", c'est-à­

dire "primitives" et "proches de la nature" des enfants.

c) L ' E c o 1 e U n i q u e d u Tr a v a i 1 , c o m p r o m i s p r o v i s o i r e Les aspects problématiques ou contradictoires des textes régissant

!'Ecole Unique du Travail en 1918-19 se comprennent lorsqu'on les examine comme étant le résultat provisoire d'un certain nombre de né­

gociations entre les différentes orientations des différents groupes de pédagogues soviétiques. l ls sont en effet le résultat du rapport de for­

ce existant à l'intérieur de NARKOMPROS lui-même dans ses diffé­

rentes sous-sections, comme à l'intérieur du corps pédagogique dans son ensemble, entre les tenants de différentes lignes politiques et péda­

gogiques. Ils sont également l'effet d'une période où les débats n'a­

vaient pas encore figé les décisions ou orientations prises en dognes marxistes-léninistes.

Si l'on peut, en effet, à partir des années 1930, parler d'une théorie marxiste-léniniste de l'éducation, celle-ci n'existait pas dans les pre­

mières années de la révolution, comme le notera par exemple Pinkevic (1927) ou Pistrak (1928). Nous sommes ici en présence d'une "pédago­

gie révolutionnaire" dont il convient de cherches les fondements dans les différentes sources d'inspiration des pédagogues de l'époque.

Ill. LES DEBATS PEDAGOGIQUES DES PREMIERES ANNEES DE LA REVOLUTION, LES FORCES EN PRESENCE, LEURS "RACINES"

PEDAGOGIQUES ET POLITIQUES

l. Les affrontements politiques et culturels sous-jacents a) L a p r i s e d u p o u v o i r p o 1 i t i q u e p a r 1 e s

b o l c h e v i k s

Si l'année 1917 a marqué Io prise du pouvoir par les forces révolu­

tionnaires, les luttes politiques à l'intérieur de celles-ci n'en ont pas pour autant été terminées. On notera en particulier pour l'année 1918 Io rupture effectuée par les bolcheviks avec les Socialistes Révolution­

naires de Gauche, qui entraînera l'écrasement de ces derniers à Moscou en juillet. On relèvera également qu'à l'intérieur même du Parti existent au moins deux oppositions à la ligne soutenue par Lénine : l'opposition de Zinoviev et Kamenev et celle de Boukharine.

On notera enfin Io bolchévisotion des soviets qui doit permettre de les reprendre en main (été-automne 1918).

A cette lutte politique correspond sur le plan scolaire celle entreprise contre !'"Association des Professeurs de !'Enseignement Secondaire", inspirée par l'idéologie des KD (constitutionnels démocrates) et celle contre le "Syndicat des Instituteurs" dirigé par des Mencheviks et des Sociaux-révolutionnaires.

b) L e d é b a t s u r 1 a " c u 1 t u r e p r o 1 é t a r i e n n e "

Au plan culturel, les premiers mois du pouvoir révolutionnaire sont agi­

tés par le débat sur la culture. Le proletkult est le théâtre d'affronte­

ments entre les tenants d'une culture prolétarienne radicalement nou­

velle dont les masses favoriseraient et dirigeraient l'éclosion et ceux qui soutiennent la nécessité d'une appropriation par le prolétariat de l'héritage culturel "bourgeois" réintroduit dons la dimension révolution­

naire.

Ces débats atteindront un point culminant lors de la Conférence Panrusse de Io Culture Prolétarienne (septembre 1918).

Ils tournent, sur le plan pédagogique, autour des emprunts à faire, ou non, aux "pédagogues avancés" de l'Europe de l'Ouest et de

l'Améri-que. Ils se termineront par l'abandon de la ligne du Proletkult, quali­

fiée d'invention intellectuelle petite-bourgeoise.

On connaît la phrase de Lénine au début de l'année 1918 qui résume en une formule mathématique les emprunts à faire à l'étranger : "Il faut prendre à deux mains ce qu'il y a de bon à l'étranger : le pou­

voir des Soviets + l'organisation des chemins de fer prussiens + la technique et l'organisation industrielle américaine + l'éducation popu­

laire américaine + etc. = '2: = Socialisme."

2. Les différents groupes idéologico-politigues dans le champ de l'éducation

L'ensemble des débats et l'évolution de la situation post-révolu­

tionnaire constituent une réalité mouvante dans laquelle if est difficile, et d'une certaine manière artificiel, de tracer des lignes claires et fixes entre les différents groupes et les différentes influences pédagogi­

ques. Néanmoins pour éclaircir cette complexité on peut définir quatre pôles d'idées pédagogiques auxquels rattacher les acteurs de l'école soviétique.

a) Le s p é d a g o g u e s " p o s t - t o 1 s t o ï e n s " o u

" s o c i a u x - i d é a l i s t e s"

A cette première tendance se rattachent :

- Gorbunov-Posadov (1864-1940), Directeur de la revue Svobodnoe vospitanie (!'Education libre).

- lordanski (1863-1941).

- Sinicki.

- Kapterev.

- Chatsk i (1878- 1934) .

Les ouvrages de N. N. lordanski (Théorie et pratique de l'éducation sociale, 1921) et de L. D. Sinicki (L'école du travail, 1922) tracent les grandes lignes de cette orientation qui s'appuie au niveau social et économique sur le modèle de la communauté rurale, dans laquelle les valeurs de solidarité et de coopération sont prépondérantes. L'édu­

cation qui lui correspond n'est donc pas une éducation de lutte de classes mais une éducation de dépassement des classes. Elle dévelop­

pera donc à la fois la solidarité dans le peuple des travailleurs et la personnalité individuelle qui ne doit pas être sacrifiée à l'intérêt

collectif.

Dons les "écoles de Io vie", les "écoles du travail", les "communautés scolaires" ou les "coopératives scolaires laborieuses", ainsi qu'ils dénom­

ment indifféremment Io nouvelle école correspondant à leurs vœux, l'activité de l'enfant restera le fondement de son développement total et harmonieux, ainsi que le soutient "l'éducotion libre" tolstoîenne.

Les pédagogues de cette orientation seront nombreux à quitter Io Russie, et ceux qui resteront s'opposeront, au nom de leur participation à la rénovation pédagogique qu'ils avaient entreprise dès les années 1905, à Io politique scolaire du NAKROMPROS en 1918.

Beaucoup d'entre eux collaboreront plus tard avec le NAKROMPROS, et plus particulièrement après 1921 lorsque la pédagogie subira les contrecoups de la NEP. Ainsi lordanski sera appelé en 1921 à Io di­

rection de l'administration centrale pour l'éducation sociale où il restera jusqu'en 1922.

Cette collaboration n'est qu'en apparence paradoxale dans la mesure où leur opposition de 1918 ou NARKOMPROS n'était pas d'ordre péda­

gogique mais d'ordre politique. Un certain nombre effectueront d'ail­

leurs une importante évolution, tel Chatski qui demandera en 1926 son le groupe des pédagogues de Petrograd dont s'entourera Lounotcharski ou début du NARKOMPROS. Lounotcharski lui-même, ainsi que

sance du marxisme dans lequel ils intégrèrent les orientations éducati­

ves qui étaient les leurs. Leur inspiration est donc double : d'une part la pensée marxiste, d'autre part les idées pédagogiques "avancées".

Ainsi par exemple, Kroupskaia avait-elle avant son exil forcé colla­

boré à la revue de Gorbunov-Posadov dont el le soutenait les idées pédagogiques novatrices sans pour autant approuver les positions poli­

tiques. C'est par ce canal qu'elle découvrit et étudia la pédagogie école socialiste polytechnique reprenant aux méthodes "nouvel les" cer­

tains de leurs aspects pour les introduire dans une perspective socialiste. un large développement du travail productif des enfants."

(Cf. Kroupskaia, 1957, ]_, 14.)

Lo place du travail dont parle ici Kroupskaia la situe quelque peu dif­

féremment des autres membres de ce groupe qui accordaient quant à eux une importance plus grande aux activités traditionnelles scolaires, même si les apprentissages devaient s'y dérouler de manière active.

Le travail des élèves apparaissait pour eux comme un élément permet­

tant de différencier leur acception de l'école du travail du type de celle de Kerschensteiner, "réformiste-bourgeoise" aussi bien que celle

"petite-bourgeoise" des post-tolstoïens, comme d'un enseignement

pré-professionnel ou des "écoles de fabrique".

C'est pour l'essentiel la conception de ce groupe qui oriente les tra­

vaux définissant l'Ecole Unique du Travail même si les pédagogues de Moscou eurent un moment une influence prépondérante.

c) L e s p é d a g o g u e s "ma r x i s t e s - b o l c h é v i q u e s"

ments d'éducation générale, des différentes disciplines, ils ont avec beaucoup de détails travaillé les programmes et proposé de créer de nouveaux manuels." (1963, 98.)

La liaison entre les trois aspects de l'éducation - travail productif, scolaire et politique - conduira Choulguine jusqu'à envisager la dis­

parition de l'école comme institution, son "dépérissement", thème qui occupera en 1928 le centre des débats pédagogiques. moment, ainsi que le pensaient également les pédagogues post-tolstoïens, mais aussi à la conception idéologique partagée par ce groupe.

d) Le s " a n a r c h o - c o m m u n i s t e s "

Cette tendance pédagogique est surtout représentée par les membres du Commissariat à l'instruction publique de l'Ukraine qui seront traités

Prolétarienne, l'école doit également, selon eux, être directement tournée vers la production et son apprentissage, et doit donc adopter un caractère professionnel ou pré-professionnel monotechnique.

Le caractère polytechnique de !'Ecole du Travail, et particulièrement du deuxième cycle (14-17 ans) est contesté à la fois par le commis­

sariat ukrainien et par les dirigeants du Komsomol qui lors de leur deuxième congrès condamneront !'Ecole Unique du Travail {cf. Grinko, 1923).

Leur opposition ou projet d'Ecole Unique du Travail s'appuie sur la conception d'une révolution culturelle qui enlève aux spécialistes, aux intellectuels, et particulièrement aux "intellectuels pédagogues avancés", leur pouvoir pour s'aligner sur la ligne prolétarienne de masse.

3) le débat de l'été 1918

le coup d'envoi des débats sur la forme de l'école primaire que doit adopter le pouvoir soviétique est donné en mai 1918 par Pantelemon lepechinski à la première commission d'Etat pour 1 'éducation.

Pantelemon Nikolaievitch Lepechinski, compagnon d'exil de Lénine en Sibérie puis en Suisse, bolchevik de la première heure, ouvre les travaux de la commission par un discours définissant les principes de la nouvelle école (cf. lepechinski, 1918; Sosnovskaia, 1963).

Après avoir analysé le rôle des bolcheviks dans la progression de la révolution, il insère la question scolaire dans ce cadre et définit les tâches de la construction scolaire en six points

1. Création d'une école unique pour toutes les classes de la société.

2. Organisation de l'école unique en deux degrés 8-13 ans, 14-17 ans.

3. l'année scolaire est une continuité, de même que la journée sco­

laire. L'école prend alors une importance plus grande que la famille.

4. Les différents types d'écoles (ville-campagne) doivent être unifiés et les deux cycles s'inscrire en continuité. leur but est la formation d'une personnalité harmonieuse dans son environnement naturel.

5. l'école du travail doit être polytechnique, incluant le travail pro­

ductif obligatoire à partir de 9 ans et le travail intellectuel pour tous les enfants.

6. L'école doit avoir le caractère d'une commune de travail.

Ces six propositions vont constituer les points d'achopement et d'affron­

tement entre les différents groupes de pédagogues, affrontements qui s'exprimeront lors du Premier Congrès de Russie sur l'instruction Publi­

que d'août-septembre 1918.

a) L ' o p p o s i t i o n d e s " p o s t - t o 1 s t o ï en s"

Les pédagogues post-tolstoïens ne sont pas en 1918 opposés à tous les principes pédagogiques du projet de I' Ecole Unique. Ainsi Ventzel reconnait là l'influence de sa "Déclaration des droits de l'enfant" de 1917. Cependant ils ne sauraient y souscrire pour des motifs politiques et refusent d'emblée le principe du primat du politique sur le

pédago-gique et l'aspect de classe de l'enseignement. Ainsi Kapterev se prononce ouvertement, et jusqu'en 1921, contre la subordination de

pédago-gique et l'aspect de classe de l'enseignement. Ainsi Kapterev se prononce ouvertement, et jusqu'en 1921, contre la subordination de

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