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Le bilan neuropsychologique de la personne présentant des troubles du langage et de la communication vise à repérer et décrire les symptômes du patient par comparaison de ses performances à celles d’échantillons de sujets sains et de sujets pathologiques dans des tâches standardisées et reproductibles. Ainsi, une fois les résultats analysés, le thérapeute peut avancer des hypothèses sur les mécanismes déficitaires et fournir des indications pour la prise en charge. Il s’agit aussi de prendre en compte le rôle des facteurs individuels, le contexte, la gêne fonctionnelle du patient et les restrictions de vie sociale.

En référence à la Classification Internationale du Fonctionnement, de la Santé et du Handicap, l’orthophoniste peut donc être amené à évaluer :

- les déficiences du langage, de la communication et des troubles cognitifs associés éventuels,

- les incapacités de communication, les répercussions psychologiques et sociales, le désavantage et la qualité de vie de la personne.

Dans le cadre de leur mémoire de fin d’études en orthophonie, Bousquet et Chatelain (2008) ont proposé de bâtir un questionnaire le plus pertinent possible et ont ainsi créé le Questionnaire Lillois de Participation à la Communication pour répondre au manque d’outil d’évaluation de la participation à la communication, que nous avons également constaté. Elles ont effectué un relevé des mécanismes cognitifs les plus touchés par les lésions cérébrales et se sont intéressées aux répercussions des troubles de la communication sur les grands domaines de la vie quotidienne, ainsi qu’à l’adaptation de l’entourage du patient.

Dès lors, ce questionnaire se situe non pas au niveau des déficiences mais au niveau des limitations d’activités (incapacités) ou restrictions de participation, et répond aux

nouvelles exigences de la Classification Internationale du Fonctionnement, de la Santé et du Handicap. L’évaluation a alors un caractère plus fonctionnel, subjectif et écologique.

Cet instrument a pour objectif de fournir au praticien des données qualitatives et quantitatives sur l’efficacité de la communication des personnes cérébrolésées, c’est-à-dire des données concernant les mécanismes cognitifs lésés qui retentissent sur leur participation à la communication et, plus en aval, sur leur qualité de vie. Il analyse également les conduites de l’entourage. Ainsi, il permet d’évaluer la gêne fonctionnelle et les restrictions de vie sociale entraînées par les troubles de la communication et les mécanismes déficitaires responsables de ces troubles.

Bousquet et Chatelain ont souhaité que cet outil s’adresse à des personnes à distance de leur accident, retournées vivre à domicile et qui sont censées avoir retrouvé une vie sociale, afin de permettre de faire un état des lieux, en terme de communication, de leur réinsertion sociale après un accident vasculaire cérébral ou un traumatisme crânien.

2. Buts

Ce questionnaire a été normalisé auprès d’un échantillon de 90 personnes en 2008, ce qui a permis d’étudier l’influence de l’âge, du sexe et du niveau socioculturel sur les habitudes communicatives. Les résultats statistiques ont démontré qu’il existait peu d’influence notable de ces variables sur la participation à la communication, avec toutefois une influence plus importante de l’âge comparativement aux autres variables.

La discussion de Bousquet et Chatelain (2008) contenait des réflexions au sujet de certaines questions difficilement compréhensibles ou présentant de brusques inversions de tendances au niveau des réponses attendues. En prenant compte de leurs remarques, nos objectifs de travail se sont axés sur :

- La modification du questionnaire

- La passation de l’ancien questionnaire et du questionnaire modifié auprès de sujets sains afin de vérifier que l’étalonnage effectué en 2008 pouvait être conservé

- La passation du questionnaire auprès de sujets sains pour continuer la normalisation - La validation cet outil

3. Hypothèses

En nous appuyant sur le mémoire de Bousquet et Chatelain, nous avons établi nos hypothèses de normalisation.

Hypothèse 1 : nous nous attendons à ce que le questionnaire modifié teste bien la même chose que l’ancien questionnaire, et nous espérons ainsi pouvoir réutiliser l’étalonnage effectué en 2008 en « poolant » nos résultats avec les anciens.

Hypothèse 2 : nous nous attendons à une faible influence du sexe, de l’âge et du niveau d’éducation.

Nos hypothèses de validation sont les suivantes :

Hypothèse 3 : les résultats des patients cérébrolésés seront inférieurs ou différents des résultats de la population de référence : le questionnaire devrait être sensible à la pathologie.

Hypothèse 4 : nous devrions observer une influence du type de lésion sur les mécanismes cognitifs. Selon la perception que chaque groupe de patients a de son trouble, on s’attend à ce que le questionnaire fasse ressortir :

- (a) Pour les TC, des troubles des habiletés pragmatiques avec des troubles de l’organisation du discours (Dahlberg, 2006) : initier, changer, clore le thème (Rousseaux et al., 2007), des troubles de la compréhension de l’ironie, de l’implicite et de l’humour (Angeleri, 2008), des perturbations du comportement et /ou du vécu émotionnel (Peskine, Pradat-Diehl, 2007) ainsi qu’une réduction de la gestualité co- verbale (Aubert et al. 2004). Enfin, on s’attend à observer des scores plus faibles dans les domaines de l’attention, de la mémoire et des fonctions exécutives (Bara, Cutica, Tirassa, 2001).

- (b) Pour les AVC droits, des troubles des habiletés pragmatiques verbales : difficultés de compréhension des métaphores, de l’implicite, de l’ironie, de l’humour, d’inférences et actes de parole indirects (Nespoulous, 2005) ; et non-verbale : orientation du regard, utilisation de la mimo-gestualité, expression de l’affectivité et prosodie (Rousseaux, 2010). Enfin, on s’attend à observer des scores plus faibles dans les domaines de l’attention (Couillet et al., 2004), de la mémoire de travail (Rousseaux et al. 2007) et des fonctions exécutives (Martin et McDonald, 2003).

- (c) Pour les AVC gauches, des troubles du langage : production orale (Mazaux et al. 2007 et divers auteurs) et compréhension orale (Nespoulous, 2005 et divers auteurs), des troubles des habiletés pragmatiques verbale (Rousseaux, 2010) : introduction de nouveaux thèmes, organisation du discours, adaptations aux connaissances des interlocuteurs, diminution de la qualité et de la variabilité des actes de parole etc. On s’attend à obtenir des ressentis positifs concernant l’utilisation de gestes, de mimiques, du regard. Enfin, comme chez les AVC droits, on s’attend à recueillir des scores plus faibles dans les domaines de l’attention et de la mémoire de travail.

Hypothèse 5 : on s’attend à ce que la partie I « Efficience des mécanismes cognitifs dans la conversation » et les tests objectifs soient concordants.

Hypothèse 6 : la partie II « Participation aux activités de la vie quotidienne » devrait être en lien avec la partie I « Efficience des mécanismes cognitifs » et la partie III « Adaptations de l’environnement ». En effet, la Classification Internationale du Fonctionnement, du handicap et de la santé considère que les possibilités du patient d’une part, et l’action de l’environnement d’autre part, déterminent ensemble le niveau de participation du patient.

Hypothèse 7 : on s’attend à ce que la partie II « Participation aux activités de la vie quotidienne » soit concordante avec les échelles de communication et de qualité de vie,

Hypothèse 8 : on s’attend à ce que la partie IV « Conséquences sociales » soit en lien avec les trois autres parties. Des mécanismes cognitifs déficitaires, une participation réduite et un environnement peu adapté devraient retentir sur la satisfaction des patients quant à leur communication sociale.

Chapitre 2 : Modifications du QLPC et élaboration du