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Les proches de personnes assassinées sont également des victimes indirectes du crime. Ainsi, il importe de se pencher sur la littérature concernant les proches de personnes assassinées et leurs besoins.

Besoin de protection

Comme mentionné dans la section sur les conséquences de la victimisation, les proches de personnes assassinées vivent de la peur et de l’insécurité provenant d’une multitude de sources, tant sociales que financières et matérielles. Le besoin de protection est donc important chez les proches de personnes assassinées en raison du sentiment d’insécurité qui peut être vécu par ces derniers. Les conséquences d’un besoin de protection non comblé peuvent être problématiques pour la vie des individus et des familles, car elles peuvent mener les proches à utiliser des moyens destructeurs pour se protéger. Ce point a été soulevé par Rossi (2008), une auteure qui s’est penchée sur le double rôle des proches de personnes assassinées, soit celui d’être porteur des revendications et du vécu de la personne assassinée et celui de son statut juridique. À l’aide de 63 entrevues exploratoires semi-structurées auprès des proches de personnes assassinées au Québec et en France, l’auteure se penche sur la situation du proche suite au meurtre et ses attentes envers le système de justice pénale, mais également envers le réseau d’aide aux victimes. Rossi (2008) se penche également sur l’expérience vécue par les proches lorsqu’ils sont confrontés aux institutions pénales. Son étude d’envergure auprès des proches de personnes assassinées est très importante pour la littérature sur les victimes d’actes criminels.

Besoin de soutien psychosocial

Les proches de personnes victimes ont besoin de relations positives, et comme mentionné précédemment, il est souvent difficile d’entretenir de telles relations, suivant une disparition ou un meurtre. Ainsi, plusieurs auteurs soulignent que les groupes de soutien peuvent être aidants

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pour ce type de personnes victimes. Ten Boom et Kuijpers (2012) soulignent que les proches de personnes assassinées expriment un besoin d’aide pour contacter leur employeur et celui de la victime, les écoles, etc. tant pour annoncer les évènements que pour planifier leur départ, si nécessaire. Ils notent également le besoin de soutien émotionnel informel et que ce dernier est toujours le plus mentionné par les proches de personnes assassinées.

Simmons, Duckworth et Tyler (2014) dans leur étude sur la relation entre le statut du dossier, les symptômes traumatiques et la satisfaction des proches de personnes assassinées notent que 56 % des personnes dans leur échantillon ont utilisé la thérapie et 90 % soulignent l’importance de contacter leur famille et leurs amis pour continuer à fonctionner. « Talking about it with other people and finding ways to relieve some of the immediate pain […] are very important in the beginning. In the later stages, trying to find a purpose for the experience […] is an important “meaning making” component of coping » (Simmons, Duckworth et Tyler, 2014, 518).

En bref, les émotions vécues par les proches de personnes assassinées peuvent les mener à se questionner sur leur santé mentale, ils peuvent avoir peur d’exprimer ces sentiments qu’ils considèrent comme inappropriés. Ces émotions envahissantes peuvent nuire à l’image personnelle, mais également à l’image que les autres se font de soi. Les conséquences très particulières du meurtre sur la vie personnelle, familiale et sociale des proches expliquent le besoin d’aide psychosociale et informelle des proches de personnes assassinées.

Besoin de statut dans le système de justice pénale

Englebrecht et Chavez (2014) ont fait une étude qualitative intéressante en analysant 60 procès pour meurtre de l’État de New York et en rencontrant des familles de victimes d’homicide (23) et du personnel du système judiciaire (44) dans le but d’examiner ce que les proches expriment dans leur déclaration au procès. Ils mentionnent que participer au processus de justice pénale permet aux proches de reconstituer les évènements, de comprendre l’histoire de leur proche et pourrait éventuellement, aider au rétablissement : « Creating a cohesive narrative about a traumatic event can help victims understand their victimization experience and help with the recovery process » (Engelbrecth et Chavez, 2014, 387). Les auteurs mentionnent également que, si les proches savent que leur déclaration au procès n’influencera probablement pas le résultat des procédures, elle leur permet d’avoir une voix et de s’exprimer au tribunal. Toutefois, il ne faut pas oublier que la déclaration de la victime est une étape lourdement encadrée et que les

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proches ne peuvent pas dire exactement ce qu’ils pensent, comme ils le pensent, et que la plupart des proches de personnes assassinées n’y participeront pas (Englebrecht et Chavez, 2014). Le système de justice pénale peut mener les proches de personnes assassinées à se sentir frustrés de leur rôle de représentant de la victime (Rossi, 2008, Simmons, Duckworth et Tyler, 2014, Englebrecht et Chavez, 2014, Ten Boom et Kuijpers, 2012) et leur donner l’impression qu’ils n’ont pas de rôle à jouer dans les procédures judiciaires du meurtre d’une personne qui leur est chère (Englebrecht et Chavez, 2014).

Besoins pratiques

Face à l’ampleur de la tâche que peut représenter le décès d’une personne, les proches de personnes assassinées expriment souvent avoir besoin d’aide pratique afin de régler les problèmes du quotidien tout en jonglant le reste des émotions et des évènements qui s’ajoutent suite à ce type de victimisation (Ten Boom et Kuijpers, 2012). Ten Boom et Kuijpers (2012) ont compilé dans une méta-analyse de 33 études dans le but d’identifier si des différences existent dans les besoins des victimes selon le type de crime, le moment où le crime a eu lieu, le sexe et l’ethnicité de la victime. En ce qui concerne les proches de personnes assassinées, les auteurs notent que ceux-ci expriment que leur besoin le plus important, suivant les évènements et le déclenchement de l’enquête par la police, est l’assistance dans la gestion de la crise. Ainsi, les proches de personnes victimes d’homicide demandent de l’aide pour prendre en charge la maison, les appels, les contacts avec les employeurs et les écoles, etc. ainsi que pour la gestion des biens de la personne décédée et le contact avec les médias (Ten Boom, Kuijpers, 2012). Ce soutien permettrait aux proches de reprendre leur souffle et ultimement, d’aider à combler un autre besoin, celui de reprendre le contrôle sur leur vie.