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Cette étude repose sur deux principales sources de données. Nous avons tout d’abord extrait les données de brevets et de citations de la base du National Bureau

of Economic Research (NBER) développée et mise à disposition par Hall et al.

(2001). Nous y avons extrait l’ensemble des brevets déposés dans les classes 424 et 514 de l’United States Patent and Trademark Office (USPTO), soit les classes

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concernant exclusivement les médicaments au sens restreint du terme25(Drug, Bio-

Affecting and Body Treating Compositions) sur la période 1965-1999. Nous avons ensuite comptabilisé, individuellement, le nombre de citations reçues et faites en récupérant la liste des brevets cités et citant afin de construire différents indicateurs d’innovation. A partir de la base obtenue, nous n’avons gardé que les firmes ayant déposé durant au moins trois années consécutives des brevets à l’USPTO dans les deux classes considérées. Cette restriction permet de se concentrer sur un échan- tillon de firmes dont l’activité d’innovation en matière de médicaments apparaît significative et statistiquement exploitable (rappelons que parmi les brevets dépo- sés seule une faible part d’entre eux conduira à la commercialisation d’un nouveau médicament). Nous introduisons donc volontairement un biais en ne considérant pas les innovateurs occasionnels car ils ne sont pas représentatifs des firmes phar- maceutiques qui déposent très fréquemment des brevets.

L’ensemble des variables financières qui sont utilisées dans les régressions sont corrigées de l’inflation selon les indices de prix proposés par l’OCDE et sont pré- sentées en dollars base constante 1994. Les variables retenues sont les dépenses de R&D, le Chiffre d’Affaires et la Part de Marché de chaque firme au niveau annuel. Après avoir réuni les deux bases de données via le code CUSIP des firmes (Com- mitee on Uniform Security Identification Procedure), gardé les firmes classifiées

uniquement comme fabricant de médicaments (code SIC26 : 2834 “Pharmaceu-

tical Preparations”) puis éliminé les firmes mal ou insuffisamment recensées sur la période, nous avons obtenu un échantillon de 77 laboratoires pharmaceutiques américains sur la période 1975-1999. Ces firmes sont recensées continuellement

25Les laboratoires pharmaceutiques déposent généralement de nombreux brevets en chimie (ce

qui est particulièrement le cas avec les méthodes de “random screening”) pour protéger des mo- lécules potentiellement exploitables ensuite en pharmacie ; les classes dites “pharmaceutiques” concernent donc exclusivement les médicaments, c’est-à-dire les résultats les plus avancés de leurs activités de recherche. En ne retenant que ces classes nous nous limitons donc à la partie en aval des activités de recherche des laboratoires.

par Compustat et la base de brevets du NBER et forment un panel non balancé.27

Nous avons ensuite restreint notre fenêtre d’analyse à la période 1975-1991 pour plusieurs raisons. Premièrement, les années 1990 sont marquées par une forte restructuration du secteur. Ainsi en 1985 les dix firmes les plus importantes re- présentaient 20% des ventes mondiales contre 48% en 2002. Durant la période 1988-2000, l’activité de fusions-acquisitions (F&A) représente alors 500 milliards

de dollars de transactions (Danzon et al., 2004).28Si nous considérons que ces opé-

rations de F&A ont des déterminants technologiques (voir notamment le chapitre III qui est consacré à ce thème), nous admettons alors que dans l’analyse de la per- sistance à innover l’inclusion de cette période peut induire un biais : l’acquisition externe de connaissances par l’intermédiaire de F&A pourrait en effet se substi- tuer à l’innovation au niveau interne et tronquer l’observation des comportements. Deuxièmement, comme mentionné en introduction, entre 12 et 15 années sont né- cessaires pour qu’un brevet conduise à un médicament commercialisé. Ainsi, avec des données de brevets sur la période 1975-1991, nous analysons bien les tendances récentes en matière de lancement de nouveaux médicaments : le déclin de l’inno- vation actuellement observé via le faible renouvellement technologique s’explique donc par les dépôts de brevets faits il y a 12 à 15 années. Troisièmement, l’utili- sation de brevets pose un double problème de troncation : d’une part il existe un certain laps de temps entre le dépôt d’un brevet et son octroi qui tend à biaiser l’éva- luation du nombre de dépôts en fin de période (voir Hall et al., 2001, 2005 pour des discussions sur ce point) et d’autre part, pour chaque brevet déposé, nous ne pou- vons observer les citations qu’il reçoit que par les brevets déposés jusqu’en 1999. 27Relativement peu de firmes sont recensées continuellement sur la période 1975-1995 par Com-

pustatpour les variables considérées et la méthode empirique employée ne permet pas d’utiliser un panel discontinu. Le fait qu’elles doivent en outre apparaître dans le fichier qui permet d’associer les identifiants USPTO et Compustat (voir Hall et al., 2001) et déposer durant au moins trois années consécutives des brevets dans les classes 424 et 514 explique le nombre de firmes retenues (77). Par ailleurs aucune interpolation de données n’a été faite de sorte que les firmes retenues dans la base se présentaient originellement sans information manquante sur l’ensemble du panel et pour l’ensemble des variables considérées.

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De ce fait les brevets octroyés en fin de période reçoivent mécaniquement moins de citations que les brevets de début de période, simplement parce que la fenêtre d’observation des citations reçues est plus petite (de même pour les dépôts : parmi ceux déposés en fin de période on n’observe qu’une partie des octrois). Pour corri-

ger ce problème Hall et al. (2001) et Hall et al. (2005) proposent de normaliser29les

flux de citations reçues ainsi que l’utilisation d’un facteur de pondération basé sur la distribution application/octroi des brevets. Le raccourcissement de notre panel à une période plus ancienne nous permet, en plus de l’application de ces méthodes, de minimiser les problèmes de troncations qui pourraient néanmoins subsister. Hall

et al.(2005) notent en outre que l’utilisation des citations reçues en vue d’évaluer

l’importance des innovations nécessite de toute manière un certain recul temporel.