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Les F&L sont une source importante de fibres, vitamines (caroténoïdes, B9, C, K) et minéraux (potassium, magnésium), polyphénols, et autres composés antioxydants) nécessaires au bon fonctionnement des principales fonctions physiologiques de l’organisme (Annexe). Ce sont des aliments à forte densité nutritionnelle, par leur richesse en nutriments importants, et leur faible apport calorique.

Pathologies cardio-vasculaires

Un lien est démontré entre la consommation de fruits et légumes et une réduction du nombre

d’évènements. Par contre, aucun lien n’avait été démontré avec la diminution de la mortalité coronaire jusqu’à récemment : dans la cohorte EPIC (European Prospective investigation into Cancer and Nutrition), la consommation de plus de 8 portions de fruits et légumes par jour s’associe à une réduction de 22% du risque de décès de cardiopathie ischémique par rapport à une consommation inférieure à 3 portions par jour (Crowe F 2011).

Dans les études prospectives, il existe une réduction du risque d’évènements coronaires d’environ 14-20 % et 18 % entre les extrêmes de consommation de fruits et légumes, et une diminution de 31 % et 10 % des accidents vasculaires cérébraux, ceci avec de grandes études comme la Nurses’Health Study et la Professionals ‘Health Study (Law et Morris 1998, Hu 2003). Une autre approche démontre une diminution de 4 % du risque d’évènement coronaire par portion additionnelle, de 5 % du risque relatif d’accident vasculaire cérébral par portion additionnelle quotidienne de fruits et légumes (pris dans leur globalité) (Dauchet, Amouyel, et Dallongeville 2005). D’autres études ne permettent pas d’affirmer qu’il existe un lien dose-réponse.

Une étude d’intervention auprès de 11 000 patients coronariens montre que les récidives diminuent de 40 à 45 % chez les patients qui consommaient des fruits et légumes plus d’une fois par jour comparativement à ceux qui en consommaient jamais ou rarement. D’autres interventions apportent des résultats moins francs, voire par exemple l’absence de différence d’évènements coronaires ou vasculaires cérébraux après 6 ans d’intervention diététique (à un sens plus large, pas uniquement de majorer à 5 portions par jour la consommation de fruits et légumes) auprès de presque 50 000 femmes.

Aussi, globalement, les études n’apportent pas de preuve formelle que la consommation de fruits et légumes diminue les taux de survenue de maladie cardiovasculaire inexistante.

Suite à des études d’intervention, avec parfois supplémentation vitaminique, il n’existe pas de preuve directe d’un effet protecteur de la consommation de vitamines sur la prévention de la coronaropathie ou des accidents vasculaires cérébraux. Ceci ne confirme donc pas l’hypothèse initiale du rôle protecteur des vitamines antioxydantes apportées par une consommation important de fruits et légumes sur la formation de la plaque d’athérome.

Facteurs de risque cardiovasculaire

Hypertension :

Dans l’étude DASH, la consommation de fruits et légumes a un effet hypotenseur chez des sujets modérément hypertendus (Appel, Moore, 1997). Dans une autre étude, l’effet existait mais modeste avec une diminution de - 3,4 et – 1,4 mmHg pour la systolique et diastolique, parallèlement à une augmentation de la consommation de 1,4 portions de fruits et légumes dans le groupe expérimental (John et al. 2002).

Dyslipidémie

Les résultats suggèrent que des apports de fruits et légumes équivalents à ceux qui diminuent la pression artérielle n’ont pas d’effet sur les niveaux de LDL-cholestérol. Dans les essais de prévention du cancer, qui associent une diminution des apports lipidiques à l’augmentation des fruits et légumes, la baisse très modeste du LDL-cholestérol peut s’accompagner d’une diminution concomitante du HDL-cholestérol. Aujourd’hui les preuves d’un effet de la consommation de fruits et légumes sur les niveaux de LDL-cholestérol sont pratiquement inexistantes.

Obésité

La consommation de fruits et légumes aurait un effet protecteur contre le surpoids, et l’obésité. Les fruits et légumes sont des aliments de faible densité énergétique, de part une forte proportion d’eau et de fibres et un faible contenu en graisses. Leur richesse en fibres a des effets bénéfiques, augmentant la satiété, jouant également un rôle hormonal (stimulant la libération de cholécystokinine). La consommation d’aliments de faible densité énergétique est associée à une diminution des apports caloriques quotidiens.

Cependant, dans les études, les résultats sont moins nets. Dans un travail de revue, les études rapportées concluent à l’absence d’effet sur le poids, alors que la différence de consommation entre les groupes interventions et les groupes témoins est souvent importante (de 4 à 7 portions en plus de fruits et légumes) (Amiot-Carlin (coord.) 2007)

Trois études nutritionnelles de prévention du cancer retrouvent une légère perte de poids dans le groupe d’intervention, de 2 kgs environ à un an. Cependant, l’augmentation de la consommation de fruits et légumes dans ces études s’accompagne d’une diminution des apports lipidiques. Dans la Women’s Health Initiative Randomized Controlled Dietary Modification Trial, les analyses à postériori montrent que la perte de poids est corrélée à la baisse des apports lipidiques mais pas à l’augmentation des fruits et légumes (Howard et al. 2006)

Diabète

La consommation de fruits et légumes pourrait-elle prévenir le diabète de type II ?

Dans la "National Health and Nutrition Examination Survey" auprès de 5207 femmes (Ford et Mokdad 2001), les femmes consommant au moins 5 portions de fruits et légumes par jour ont un risque diminué de près de 40 % (RR: 0,65, IC 95% : 0,42-0,88) de développer un diabète, ce lien n’a pas été démontré chez l’homme.

De même, les sujets ayant un syndrome métabolique consommaient moins de fruits et légumes, et leur taux plasmatiques de micronutriments étaient plus faibles. Une étude Finlandaise retrouve un effet bénéfique d’un apport de fruits (> 136 g vs > 33 g/jour) mais aucun impact de l’apport en légumes (Montonen et al. 2005). D’autres études ne retrouvent pas d’effet protecteur, voir l’inverse si les fruits sont consommés sous forme de jus, avec alors l’augmentation du risque (Lundgren et al. 1989, Feskens, Bowles, et Kromhout 1991, Meyer et al. 2000, Simin Liu et al. 2004, G A Colditz et al. 1992, Bihan 2011).

Et surtout, un travail de métaanalyse a été réalisé par Hamer en 2007 (Hamer et Chida 2007), avec la sélection de 5 études (Colditz, Meyer, Liu, Ford, Montonen), dont trois incluant exclusivement des femmes. L’analyse a été faite pour deux seuils de consommation 3 ou 5 fruits et légumes par jour, avec un résultat non significatif. Une consommation de plus de 3 ou 5 fruits et légumes par jour est associé à un OR de respectivement 1,010 (0,884-1,153) et 0,962 (0,794-1,166) de risque de diabète, en comparaison avec une consommation inférieure à ces seuils respectifs. Deux études retrouvaient en individuel des résultats significatifs, l’une un effet protecteur (déjà cité (Ford et Mokdad 2001)) et l’autre à l’inverse un effet délétère avec un OR à 1,129 (1,002-1,272) et de plus ceci dans une très grande cohorte (35 988 adultes (Meyer et al. 2000)).

Dans les études de prévention du diabète de type 2, l’augmentation de la consommation de fruits et légumes était l’un des objectifs, mais non le seul, d’où les difficultés de conclure sur le rôle propre de la consommation de fruits et légumes dans la réduction du diabète (Tuomilehto et al. 2001).

Cancers

Les fruits et légumes ont un effet protecteur contre certains cancers, dans de nombreuses enquêtes prospectives, des études cas-témoins et des études mécanistiques. Divers comités d’experts réalisent des synthèses de la littérature et analyse des preuves, le rapport le plus récent étant de la World Foundation of Cancer WCRF/AICR, publié en 2007. Il affirme le rôle protecteur des fruits et légumes sur le cancer du colon et le cancer du sein.

Cependant, des résultats moins convaincants sont publiés : en réunissant les deux cohortes Nurses’ Health Study et Health Professional study, soit plus de 100 000 personnes, la consommation de fruits et légumes n’est pas associée à une réduction globale du nombre de cancer (Hung et al. 2004). Le détail selon la localisation du cancer n’a pas été précisé.

Cette analyse de la relation consommation alimentaire et cancer peut être biaisée : biais de sélection, les personnes atteintes d’un cancer participant plus souvent à des enquêtes, biais de sélection toujours car les personnes volontaires dans les études épidémiologiques risquent d’être plus attentifs à leur santé, et donc consommer plus de fruits et légumes.

Voici quelques données selon la localisation du cancer :

Estomac : deux méta-analyses et le rapport de l’IARC retrouvent une diminution significative du risque de cancer pour les classes supérieures de consommation.

Poumon : La consommation de fruits serait bénéfique, sans lien avec la consommation de légumes. Un biais est soulevé, la proportion de fumeurs est plus faible chez les grands consommateurs de fruits et légumes.

Vessie : plusieurs cohortes retrouvent un effet protecteur des fruits, et de même que pour le poumon pas de lien avec la consommation de légumes

Voies aéro-digestives supérieures : possiblement un des liens les plus forts, chaque portion de fruits ou légumes supplémentaire consommée diminue de moitié le risque de cancer de la bouche ou du pharynx. Ce lien est retrouvé dans la cohorte EPIC, mais pas par d’autre et des problèmes méthodologiques ont été soulevés.

Colon-rectum : Il n’existe pas de lien entre la consommation de fruits et légumes et le risque global de cancer colo-rectal, par contre le risque de cancer du colon diminue avec la consommation de légumes, et celui du rectum avec la consommation de fruits. Le rapport de l’IARC et 5 cohortes de 2004-2005 ne retrouvaient pas de relation significative. Même, une augmentation de la mortalité par cancer du côlon associée à la consommation de fruits a été décrite.

Sein : une métaanalyse de 9 cohortes, soit 7377 cas de cancers du sein, ne retrouve pas de lien avec les légumes, ni les fruits. Dans la cohorte EPIC, aucun lien n’existe. Une hypothèse soulevée est celle de femmes grandes consommatrices de fruits et légumes qui se soumettent en plus grand nombre au dépistage, et sont donc plus dépistées.

Ovaire : une analyse de 12 études (2130 cas) ne retrouve pas de lien.

Prostate : le rapport de l’IARC décrit une légère augmentation du risque de cancer de la prostate non significative associé à la consommation de fruits et légumes. Par contre, des aliments spécifiques seraient protecteurs : les tomates, le jus de canneberge.

Trois essais d’intervention nutritionnelle, rapportent une réduction faible du risque de cancer, respectivement de 9% pour le cancer du sein (non significatif) dans la WHI (Women Health Initiative), aucun effet sur le risque de cancer du colon dans la PPT (Polyp Prevention Trial), et aucun effet sur le cancer du sein dans l’essai WHEL (Women’s Healthy Eating and Living). Mais, ces résultats sont jugés globalement insuffisants pour conclure.

Au total, le rapport IARC retient une diminution probable du risque des cancers de la bouche, pharynx, œsophage, estomac pour les fruits et légumes, et du poumon pour les fruits seulement. Les effets protecteurs des fruits et légumes sont dépendant des apports en polyphénols, vitamine C, vitamines B9, B6, B12 qui améliorent les défenses anti-oxydantes, limitent la promotion tumorale ou la progression (inhibition de l’angiogénèse). Cependant, les études de supplémentation vitaminique ne permettent pas de démontrer un bénéfice de la supplémentation en beta-carotène, vitamines E et A (au contraire, augmentation de la mortalité). Les fruits et légumes auraient un effet protecteur indirect, via leur effet limitant sur le surpoids et l’obésité, qui sont des facteurs reconnus de cancers du côlon, rein, œsophage, sein (en post-ménopause), et endomètre.

Autres pathologies

Les fruits et légumes pourraient avoir un effet protecteur contre le vieillissement cérébral, sans protection par contre la maladie de Parkinson. La consommation de légumes verts à feuille (épinards) serait très importante pour la prévention de la cataracte de DMLA (Dégénérescence maculaire liée à l’âge). Sur le plan rhumatologique, une consommation de 5-10 fruits et légumes par jour offre un apport optimal de potassium/anions organiques, éléments protecteur contre l’ostéoporose.

Conclusion

Les fruits et légumes représentent la source alimentaire quasi exclusive de certains de nutriments, vitamines et un apport de fibres. A ce titre, la consommation de fruits et légumes ne peut être qu’encouragée. De nombreuses études épidémiologiques montrent un lien entre une consommation importante de fruits et légumes et une plus faible prévalence de diverses pathologies, notamment les pathologies cardiovasculaires et certains types de cancer. L’effet reste modeste et il existe de nombreux facteurs confondants, liés au mode de vie. Concernant le lien entre consommation de fruits et légumes et diabète, il est beaucoup plus faible. Il y aurait peut être un effet protecteur d’une grande consommation chez la femme, mais avec des études également négatives. D’autre part, les essais de prévention les plus récents ne permettent pas d’établir un lien de causalité entre cette consommation de fruits et légumes et la prévention des pathologies.

Chapitre 2 – La consommation de fruits et légumes en