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Ce volet traite principalement des avenues de recherche les plus prometteuses dans le contrôle des espèces de poissons indésirables ou dans la restauration des habitats à Omble de fontaine.

6.1 Développement d'un agent de contrôle sélectif

Les principales familles d'espèces de poissons indésirables pour les plans d'eau à Omble de fontaine sont les Cyprinidés, les Catostomidés et les Ictaluridés (tableau 2 ) . Le meilleur moyen de contrôle de ces espèces devrait être hautement spécifique tout en ayant le moins d'effet possible sur l'environnement. La découverte d'un produit miracle qui éliminerait par exemple le Meunier noir, sans toutefois entraîner d'effet toxique sur l'Omble de fontaine, constituerait un outil d'aménagement fortement souhaité. Malheureusement, ce produit miracle n'existe pas présentement.

Cependant, les exemples suivants démontrent que la recherche effectue certaines percées actuellement dans les domaines des luttes chimiques et biologiques sélectives. D'après Schnick et aj. (1986), la création de nouveaux agents de contrôle sélectif s'avère nécessaire.

6.1.1 Produit chimique ou piscicide sélectif

La squoxine est un piscicide sélectif qui a été développé et enregistré par les chercheurs de l'Université de TIdaho afin de neutraliser la prédation de la Sauvagesse du Nord ("squawfish"), Ptvchochei lus orego-nensis, sur les juvéniles de Salmonidés (Cunning 1975). Ce produit est de trois à cent fois plus toxique pour la Sauvagesse que pour les quatre espèces de Salmonidés testées. Lorsque la squoxine est appli-quée à une concentration de 0,1 mg/1, elle élimine non seulement la Sauvagesse mais aussi quelques cyprins sans pourtant affecter les saumons et les truites. Le produit est considéré comme non toxique pour les canards, les moutons et le zooplancton. La squoxine est

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sélective mais non répulsive pour la Sauvagesse dans les ruisseaux à truite et s'avère non persistante dans l'environnement. Ce pesticide n'est pas enregistré en tant que piscicide (Currming 1975).

Dans la possibilité où la squoxine serait disponible, ce produit pré-sente des caractéristiques telles qu'il laisse miroiter une possibilité d'application de ce piscicide pour le contrôle des Cyprinidés, comme la Ouitouche et le Mulet à cornes, sans affecter l'Omble de fontaine.

On fonde beaucoup d'espoir sur le développement d'un catostomicide, soit un piscicide spécifique au Meunier noir. Leif L. Marking (comm.

pers. 1987)' spécifie que l'utilisation limitée de piscicides sélectifs n'est pas économiquement possible à cause des coûts engendrés par le développement et l'enregistrement de ce produit. Le coût d'enregistre-ment d'un piscicide aux États-Unis peut excéder 10 millions de dollars, et l'industrie privée n'est pas très disposée à supporter le développe-ment d'un piscicide ayant une faible valeur commerciale. Il serait donc actuellement utopique d'espérer que la recherche et le développe-ment d'un nouveau piscicide sélectif ou à usage spécifique puisse se faire par l'industrie privée.

6.1.2 Contrôle biologique des espèces indésirables

Le contrôle biologique des espèces indésirables, notarmient la Barbotte brune, présente des possibilités très prometteuses pour l'avenir.

Aux États-Unis, on a découvert une bactérie, Edwardsielia ictaluri, qui cause la septicémie entérique chez les cultures de Barbue de rivière (Ictalurus punctatus). Depuis sa découverte en 1977, cet organisme a entraîné des pertes de plusieurs millions de dollars et s'avère être la principale cause de mortalité dans cette industrie. En

1 U.S. Fish & Wild. Serv. National Fisheries Research Center.

1985 seulement, plus de 1 000 cas d'épidémies différentes ont été rapportés dans le sud des États-Unis (Plumb et a j . 1987).

La maladie semble saisonnière puisqu'elle apparaît à l'été lorsque la température de l'eau se situe entre 20 et 30°C (Plumb et Sanchez 1983).

Tous les i s o l a t s de la bactérie proviennent de spécimens nord-américains de la famille des Ictaluridés. La majorité de ces isolats proviennent de la Barbue de rivière, un isolât provient de la Barbotte blanche (Ictalurus catus) et un autre de la Barbotte brune. Plumb et Sanchez (1983) ont v é r i f i é si cette bactérie pouvait affecter d'autres espèces de poissons. Les résultats de l'étude indiquaient que quatre espèces de poissons, qui n'appartenaient pas à la famille des I c t a -luridés, ne constituaient pas des hôtes et n'étaient pas affectées par cet organisme pathogène. Une autre bactérie pathogène pour la Barbue, et qui appartient au même genre, Edwardsielia tarda, n'a produit aucune mortalité chez la Truite brune (Salmo trutta) (Meyer et Bullock 1973).

On ne s a i t pas s i d'autres espèces d'Ictaluridés comme la Barbotte brune sont aussi sensibles à Edwardsielia i c t a l u r i que la Barbue de r i v i è r e (Plumb et Sanchez 1983). Toutefois, cette bactérie pourrait s'avérer aussi efficace contre la Barbotte brune. Selon J. Boisvert (comm. pers. 1987)S la s p é c i f i c i t é de E. i c t a l u r i devrait affecter toutes les espèces de poissons du même genre taxonomique lorsque la bactérie retrouve des conditions minimales de prolifération. De plus, i l est possible que nos populations nordiques soient incapables de se défendre, n'ayant jamais eu à développer une quelconque forme de résis-tance contre ce pathogène si efficace. Le seul mode d'infestation est l ' i n g e s t i o n . On pourrait incorporer la bactérie à une préparation alimentaire comme une moulée et épandre celle-ci dans des zones-cibles, à la période de l'été où la température de l'eau dans la zone l i t t o r a l e est optimale pour la bactérie. Étant donné que cet organisme est déjà connu et isolé (Hawke 1979), les coûts de recherche nécessaire pour

1 Université du Québec à Trois-Rivières.

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développer un médium efficace d'infestation ne devraient pas être trop faramineux.

6.2 Réduction des poissons indésirables par l'introduction de préda-teurs stériles

Dans le cas de fortes infestations, où le maintien des populations d'Omble de fontaine est compromis, l'introduction d'un prédateur ich-tyophage permet d'utiliser les espèces de poissons indésirables corme poissons-fourrage tout en offrant aux pêcheurs une autre espèce d'in-térêt sportif. On n'a qu'à se rappeler les introductions de Maskinongé et de Touladi effectuées dans la réserve faunique de Portneuf (Thomas-sin 1978, 1981). Naturellement, si ces espèces réussissent à s'implanter dans le nouvel habitat, la population d'Omble de fontaine peut devenir elle aussi une proie potentielle et risque même de dis-paraître. L'introduction de prédateurs stériles pourrait être une avenue de recherche intéressante parce qu'elle permettrait d'éviter ce problème. '

Une expérience étonnante a été effectuée au New Hampshire avec le Saumon chinook. On a introduit cette espèce vorace et ichtyophage dans les eaux douces de cet état américain où elle était incapable de se reproduire. On a eu l'idée intéressante de l'utiliser pour le contrôle des espèces de poissons de peu de valeur, voire indésirables. En trois ans, les saumons chinook ont réussi à exterminer TÉperlan arc-en-ciel d'un lac pour ensuite mourir eux-mêmes, permettant le repeuplement de truite de lignée indigène (Scott et Crossman 1974). Cette méthode biologique de contrôle pourrait s'avérer prometteuse si au préalable on pouvait s'assurer que le prédateur introduit ne puisse se reproduire ni éliminer définitivement l'Omble de fontaine. L'élevage et l'ensemence-ment d'individus stériles nous apparaît comme étant une avenue de recherche prometteuse en tant que moyen de lutte contre les espèces de poissons indésirables. De plus, on doit s'assurer que les prédateurs ne puissent envahir les bassins ou sous-bassins hydrographiques où l'on

retrouve des populations allopatriques d'Omble de fontaine (P. Dulude, comm. pers. 1987).

6.3 Accroissement des ressources alimentaires par l'introduction d'une proie potentielle

En présence de compétiteurs confine le Meunier noir, l'Omble de fontaine doit effectuer un déplacement de niche alimentaire du benthos au zoo-plancton. Les poissons indésirables tendent à occuper la zone litto-rale plus productive et repoussent 1'Omble de fontaine dans la zone pélagique. Les baisses de rendement observées seraient probablement la résultante de la faible valeur énergétique du zooplancton comparative-ment au zoobenthos (Tremblay 1987). Si on pouvait augcomparative-menter le poten-tiel énergétique accessible à l'Omble de fontaine, les rendements de cette espèce devraient augmenter par le fait même.

L'invertébré Mysis relicta a été introduit avec succès dans le lac Kootenay en Colombie-Britannique (Northcote 1972). Cette espèce est aussi utilisée pour améliorer la production de nourriture dans les lacs à Omble chevalier en Suède avec apparamment certains bénéfices (Grimas et al. 1972). Dans le cas du lac Kootenay, les effets directs consis-taient, à l'origine, en la provision potentielle d'une nouvelle source d'énergie hautement accessible pour les Salmonidés dont la taille était assez importante. Il n'y a pas eu d'évidence de parasitisme ou de maladie transmis par l'espèce d'invertébré introduite. En présence de Mysis sp., le taux de croissance du Kokani a augmenté permettant à cette espèce de devenir moins disponible aux prédateurs (truites et Dolly varden). L'introduction de Mysis sp. a eu lieu en 1949 et celle-ci est devenue abondante au début des années soixante. L'impact géné-ral de cette introduction serait l'augmentation du taux de croissance et de la taille du Kokani, du Ménomini des montagnes et des gros individus de Truite arc-en-ciel mais à un niveau moins marqué. Il n'y avait pas d'évidence claire de grande utilisation par les truites de taille intermédiaire.

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La présence de Mysis relicta dans le lac Vâttern a entraîné une

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