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B. Communication digitale : savoir se faire connaître pour attirer les lecteurs

2. Les auteurs amateurs interagissent avec leurs lecteurs sur les réseaux sociaux

Trois réseaux sociaux émergent lorsque l’on parle de communication digitale : Facebook, Twitter et Instagram. Chacun de ces réseaux possède des caractéristiques qui les rendent propres à une utilisation spécifique, avec des codes à respecter pour réussir sa communication.

a. Facebook : la page auteur et les groupes de discussions

i. La page auteur

Facebook permet aux personnes le souhaitant de créer un profil au nom et prénom qu’ils souhaitent. Un auteur peut alors créer une page avec son pseudonyme d’écriture. Il dispose alors de toutes les fonctionnalités de ce réseau social : partage d’évènements, de publications, de statuts, etc. Gally Lauteur, interrogée, explique qu’elle utilise sa page d’autrice pour publier les fanarts (dessins illustrant ses fictions) que ses lectrices lui envoient. Elle répond également aux questions qui lui sont posées et communique sur ses publications sur Wattpad pour tenir au courant tous ceux qui sont abonnés à sa page.

À l’inverse, Camille Versi, autrice éditée chez Hachette Romans qui publie également sur la plateforme Wattpad, intervenue lors d’une Masterclass « réseaux sociaux et littérature », explique l’importance d’utiliser les réseaux sociaux pour faire connaître sa fiction. Néanmoins, même si elle possède une page à son nom d’autrice, elle n’est pas très active sur ce réseau social. Attirant un cercle plus proche de connaissances, elle n’échange pas avec des fans ou des lecteurs/lectrices. C’est également ce qu’explique Alfonsine en détaillant que le cercle des lecteurs présents sur son Facebook est restreint à ses proches.

ii. Les groupes de discussions

Camille Versi parle de communication digitale en indiquant qu’il existe des groupes Facebook où se regroupent des auteurs et des lecteurs de Wattpad. Sur ces groupes, certains auteurs font la publicité de leurs fictions, mais selon elle, il est plus efficace de répondre aux demandes des lecteurs qui souhaitent lire un genre en particulier. C’est en postant régulièrement dans ces groupes qu’elle a réussi à s’attirer un lectorat devenu fidèle. Si aujourd’hui elle considère qu’elle n’a plus besoin de rechercher des lecteurs à tout prix, elle raconte qu’à l’époque où elle a publié sa première fiction sur Wattpad, elle a dû attendre de poster le 10e chapitre pour réussir à attirer des lecteurs. Elle a beaucoup publié sur les fictions des autres et s’est dirigée vers les réseaux sociaux pour assurer sa propre promotion à l’époque.

78 À l’image de Wattpad, sur Fyctia, les auteurs se regroupent aussi sur des groupes Facebook pour se donner des conseils et se soutenir les uns et les autres. Néanmoins, la plateforme étant liée à des concours, ces groupes, bien que bienveillants, ne donnent pas de réels conseils sur les fictions des auteurs. En effet, on retrouve davantage d’encouragements et de promotion des différents textes sur ces groupes. Enfin, sur Scribay, de nouveau, on retrouve l’effet de la plateforme élitiste où se vendre n’est pas très bien vu si ce n’est en tant que bêta-lecteurs. Cet effet se ressent d’autant plus qu’il n’existe pas ou très peu de groupes Scribay sur Facebook. Les auteurs préfèrent rester sur la plateforme pour communiquer. C’est d’ailleurs ce que reproche Christophe qui, lui, utilise davantage Wattpad « où les lecteurs vont ».

b. Twitter : la recherche du buzz

Comme le décrit le site internet Comment ça marche, Twitter est une plateforme de « micro- blogging »110 où les utilisateurs diffusent des messages de 280 caractères maximum. Sur le même principe que Facebook, ce message est diffusé à une liste d’amis ou à des communautés virtuelles ayant un compte Twitter. Il est également possible d’utiliser les hashtags pour se référencer et attirer de potentiels lecteurs. À l’inverse de Facebook, Twitter fonctionne à l’effet d’importance : c’est-à- dire au buzz. Ici, ce n’est pas l’auteur du message qui est retenu, mais le contenu. Ainsi, un message percutant pourra être partagé un nombre très important de fois alors qu’un message classique passera totalement inaperçu. Attirer des lecteurs sur sa fiction grâce à Twitter est donc plus compliqué. Les auteurs pourront, en revanche, s’en servir pour informer leur lectorat déjà fidélisé de la publication d’un nouveau chapitre, ou d’une actualité en particulier sur leurs ouvrages.

c. Instagram : la mise en scène de l’œuvre

Si Twitter est dédié à l’instantanéité de l’information et au buzz, Facebook, à une communication adaptée à chacun avec un partage de photos, Instagram, quant à lui, est entièrement tourné vers le visuel. Les images publiées doivent parler d’elles-mêmes. Généralement accompagnés d’une citation ou d’une légende, des hashtags permettent de référencer les images publiées. L’exemple ci-dessous a été présenté par Camille Versi en Masterclass. L’autrice a alors expliqué qu’elle utilise un code couleur précis pour ses images qui lui permet d’être reconnue immédiatement. De plus, elle met systématiquement en scène l’objet dont elle veut parler pour le mettre en valeur et attirer les vues ainsi que les potentiels futurs lecteurs.

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Figure 18 : Image du compte Instagram de Camille Versi

À droite de l’image, on peut voir le message qui l’accompagne. Il est à noter que sur le mur de Camille, seuls les visuels apparaissent. Pour lire les textes associés, il est nécessaire de cliquer sur la photographie, ce qui souligne l’importance des images : seul moyen pour attirer les clics et les vues. De plus, elle utilise des hashtags tels que Bookstagram (international) et Instalivre (équivalent français) pour attirer des abonnés qui pourraient être intéressés par ces sujets.

Pour conclure, pour se faire lire sur Wattpad, il est nécessaire de créer de l’interaction sur son texte, sur les fictions des autres et d’attirer, de ce fait, l’attention sur soi par la même occasion. Mais Camille Versi ajoute qu’il faut également faire preuve de patience et que ces techniques ne sont pas infaillibles, la qualité du texte est également ce qui attire les lecteurs.

Pour se faire connaître sur Fyctia, les auteurs semblent suivre une « recette » préétablie et conseillée par les professionnels de la plateforme eux-mêmes : écrire des chapitres courts en terminant sur des cliffhangers pour provoquer le suspense, provoquer l’interaction avec les lecteurs pour les inciter à commenter et à partager sa fiction. NamiSpic critique ce procédé en expliquant que, selon elle, de nombreux auteurs n’hésitent pas à se créer de faux comptes pour se rajouter des commentaires et donc gonfler leurs statistiques.

Sur Scribay, les auteurs altruistes sont mis en avant sur la page d’accueil dans une bande déroulante qui est entièrement réservée à leurs fictions. Une chasse aux badges se met alors en place

80 pour les auteurs les plus entreprenants qui font vivre la plateforme grâce à leurs conseils, leur implication et leur activité.

Lorsque face à la concurrence, les auteurs amateurs développent de multiples compétences pour se mettre en scène et devenir visibles, ils peuvent alors accéder au succès grâce aux plateformes qui les transforment en auteurs-marques. C’est ce phénomène qui sera étudié dans la partie suivante en se demandant ce que sont ces auteurs-marques, comment ils le deviennent et le restent et, de ce fait, est-ce qu’être un auteur-marque sert de tremplin vers le statut d’écrivain ? Ou bien les plateformes sont-elles des univers de consolations pour des auteurs amateurs ne réussissant pas à se faire publier par la voie classique de l’édition ?

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IV.

Les plateformes d’écriture en ligne : univers de consolation ou tremplin