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Dans la culture populaire, l’attention est ce qui nous permet de nous concentrer sur une tâche alors que l’on reçoit une multitude d’informations qu’il ne nous serait pas possible de traiter en même temps. Comme pour la mémoire, l’étude de l’attention a donné lieu à plusieurs théories divergentes.

L’attention est quelque fois séparée en 3 différents sous-groupes : La vigilance ou attention soutenue qui permet à l’individu d’effectuer une même activité pendant une période donnée, et de détecter des changements dans l’information. L’attention sélective ou focale qui correspond à sélectionner les idées ou stimuli pertinants pour une activité donnée, en supprimant toutes les autres sources de stimuli. Cet aspect de l’attention est souvent interprété comme « concentration ». L’attention divisée quant à elle permet à la personne de réaliser plusieurs tâches à la fois ou d’accomplir des opérations complexes, en effectuant un partage de l’attention sélective entre plusieurs sources (Posner 1980, 1992, 1995, 2004).

L’attention est également décrite comme une faculté d’anticipation ou de préparation. On parle alors de processus attentionnels et automatiques, distinction décrite par Posner lors de son analyse de la « préparation à l’action » (Posner 1990, 1994). Deux types différents de préparation semblent exister : la préparation attentionnelle et la préparation automatique. La préparation attentionnelle se caractérise à la fois par un effet de facilitation et d’inhibition ; elle est donc sélective, en inhibant les stimuli étant sans rapport avec la préparation ; alors que la préparation automatique a uniquement un effet de facilitation, elle n’est pas sélective et n’a donc aucun effet sur les stimuli auxquels le sujet ne serait pas préparé.

W. James décrit, au début du siècle dernier, l’attention comme « une prise de position par l’esprit, sous une forme claire et vivante, de l’un des objets ou trains de pensées qui semblent simultanément possibles » (James 1890).

Broadbent (Broadbent 1982) propose une théorie de l’attention selon laquelle l’information serait filtrée, canalisée et aiguillée. Puisque selon lui il n’existerait qu’un seul canal de traitement et que celui-ci ne pourrait recevoir des informations que d’une source sensorielle à la fois, les informations sensorielles non traitées se trouvent en mémoire à court terme

Moray dans les années soixante, réalisa des expériences autant avec des matériaux linguistiques (ce qui avait déjà été étudié par masquage de la parole) qu’avec des matériaux non linguistiques. Il démontra que le mécanisme de l’attention était semblable dans les deux cas.

Norman et Shallice (Norman 1984) ont beaucoup étudié l’attention et ont proposé un modèle qui explique le rôle de celle-ci dans le contrôle de l’action. Selon eux l’action finale nécessite deux processus complémentaires pour sélectionner et contrôler l’action. Tous les événements dans le monde environnant nous parviennent à travers des récepteurs sensitifs, cependant, seules certaines de ces informations vont nous marquer. Dans le cas d’actions automatisées, l’information arrive au récepteur qui la dirige sur une base de donnée qui selon l’information va évoquer différents schémas d’action (ou routines) afin de répondre à cette information.

Tiré de Norman & Shallice 1984

Ressources attentionnelles Influence de la motivation

Information

sensorielle Récepteurs sensoriels

Actions externes ou internes Schémas

Processus psychologiques

Figure 6 – Modèle de Norman et Shallice

On peut penser que si plusieurs informations arrivent en même temps, alors plusieurs schémas correspondants seront activés simultanément ; parmi ceux-ci, certains peuvent être en contradictions. Afin d’éviter que toutes les informations provoquent l’application d’un schéma d’action, Norman et Shallice proposent que chaque schéma ait une valeur seuil d’activation qui doit être atteinte afin d’enclencher un schéma d’action.

Ce modèle ne nécessite donc pas de contrôle attentionnel direct. Ces niveaux d’activations permettent de réduire le nombre d’informations qui vont enclencher une action, cela n’empêchant pas les schémas contradictoires d’être exécutés en même temps. Une compétition va s’effectuer entre les différents schémas grâce à des activations latérales et des inhibitions entre schémas. Lorsqu’une tâche nécessite une attention particulière, par exemple une tâche complexe ou nouvelle, ou lorsqu’il y a un conflit, alors le système « vertical » manipule les valeurs d’activations de chaque information, bloquant ainsi les informations non désirées. Lorsqu’un conflit survient entre deux schémas d’actions, des inhibitions collatérales interviennent, et le conflit est géré par un processus semi-automatique

« Contention Scheduling Mechanism ». Un système vertical, le « Système Attentionnel Superviseur » (Supervisory Attentional System), qui est une structure additionnelle de contrôle, intervient lorsque le « Contention Scheduling Mechanism » n’est pas suffisant pour sélectionner les schémas d’actions, ou lorsque la tâche à effectuer est telle qu’elle nécessite une prise de décision ou une planification (Norman 1984) (Figure 6).

Alors que Shallice (1988) ou Posner (1990) considèrent le système de contrôle comme étant modulaire, hiérarchisé ou non, d’autres le considèrent comme un mécanisme central (Kahneman 1973, Shiffrin 1977).

Une épreuve largement utilisée, en neuropsychologie, pour évaluer l’attention sélective est le

« test de Stroop » (Figure 7) dans lequel on doit dénommer la couleur avec laquelle un mot est écrit (Stroop, 1935). La première liste va comporter des noms d’objets affichés en couleurs, le sujet n’aura qu’à nommer la couleur du texte dans laquelle le mot est écrit, alors que la deuxième liste comporte des noms de couleurs, dont la couleur du texte peut ou non

deux ne sont pas congruents on observe un effet d’interférence. Ainsi, dire « rouge » alors

que le mot rouge est écrit en bleu provoque un conflit d’attention (Lindsay 1994).

Toutes les recherches spécialisées dans l’attention semblent s’accorder sur le fait que celle-ci est de capacité limitée, c’est à dire qu’on ne peut traiter de façon attentionnelle que peu d’éléments à la fois. De même, l’attention semble varier selon l’état psychologique et physique de la personne, avec des facteurs tels que fatigue, alcool, dépression ou médicaments influençant les résultats.

Exemple de Stroop : Liste 1 :

chien, porte, avion, verre, chat, … Liste 2 :

bleu, rouge, jaune, vert, bleu, …

Figure 7 - Stroop

Exemple du test de Stroop. Dans la première liste. On n’observe pas d’effet d’interférence, alors que dans la deuxième liste, on peut observer un effet d’interférence puisque la couleur du texte n’est pas congruente avec la signification du mot écrit.