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1.8.1 La proportionnelle a-t-elle des effets vertueux ? Une étude

expérimentale

Cet article s’intéresse aux effets directs du système électoral sur la décision de voter pour le parti préféré ainsi que sur la décision de voter ou non. L'idée maîtresse est de vérifier expérimentalement si la proportionnelle (RP) favorise le vote sincère et la participation tel qu'avancé par certains acteurs politiques38. Une plus grande participation des électeurs ainsi que des votes plus révélateurs des positions politiques sincères des électeurs peuvent être vus comme des atouts dans une démocratie. La méthode expérimentale permet d’isoler les sources d’influence sur ces comportements. La théorie des choix rationnels oriente la construction d’une expérience permettant de tester un modèle parcimonieux qui capte des facteurs considérés centraux à la fois à la décision de voter ou non et au vote stratégique.

37 Le nombre de partis que nous présentons (4) est plus près de la réalité que ce que l’on retrouve

généralement dans les autres expériences (2 ou 3). Nous présentons un contexte politique en opposant la gauche à la droite, ce qui est plus « réaliste » que ce que l’on retrouve dans les expériences recensées où le contexte est complètement dépolitisé (Duffy et Tavits, 2008; Levine et Palfrey, 2007; Rietz, 2008; Schram et Sonnemans, 1996;Tyszler, 2008).

38 Le vote sincère est étudié puisque l’argument voulant que la désertion soit stratégique n’est fait

L’ensemble des élections expérimentales est utilisé pour cette étude, soit un total de 6 720 votes provenant de 16 groupes composés de 21 électeurs participant à 20 élections consécutives. Nous cherchons la source de différences entre les comportements sous UT et RP. Nous devrions ainsi observer en agrégé que sous UT les électeurs désertent plus souvent leur favori que sous RP. Les électeurs voteraient plus sous UT puisque l’enjeu est plus grand (tout ou rien) que sous RP.

Le système électoral est donc la principale variable indépendante d’intérêt. Des variables « objectives » (la taille du parti préféré, la ville où a lieu l’expérience, la distribution des électeurs et l’effet des élections consécutives) sont étudiées dans cet article contrairement aux deux suivantes qui traitent davantage sur les perceptions individuelles. D’une certaine manière, cette étude est préliminaire aux deux suivantes.

1.8.2 Who Desert her Preferred Party and Why?

Cet article s’intéresse à comprendre quels facteurs influencent la décision de voter ou non pour le parti qui est le choix idéal d’un électeur. Nous explorons trois questions : Quelles perceptions mènent à une désertion du favori ? Pour quel parti un déserteur vote-t- il? Quelles sont les caractéristiques particulières de ces déserteurs ?

Les expériences employées sont celles où le vote est obligatoire, donc à 4032 votes. Nous vérifions si l’évaluation des chances de gagner des partis, la probabilité perçue de l’impact d’un vote sur le résultat, le système électoral, l’ordre des élections, la distribution des électeurs, la taille des partis, le lieu de l’expérience, la sophistication politique ainsi que l’attitude face au risque jouent un rôle clef dans la réflexion d’un électeur. Le choix de ces variables ainsi que la construction du devis expérimental découlent des attentes provenant de la théorie des choix rationnels et des différentes études périphériques à cette approche présentées précédemment.

Voici quelques une de nos attentes. Premièrement, l’électeur qui perçoit son parti sincère – celui promettant le plus grand gain – comme non viable déserte davantage ce parti que l’électeur qui perçoit son parti sincère comme viable. Nous devrions également observer que les électeurs désertent davantage leur premier choix sous UT que sous RP et d’autant plus si ce premier choix est un petit parti. Finalement, l'électeur ayant peur du risque désertera son premier choix par crainte de gaspiller son vote s’il croit que son premier choix a peu de chance de remporter. Une question centrale est de savoir si les comportements de désertion stratégique peuvent être expliqués par l’approche de la théorie des choix rationnels.

1.8.3 An Experimental Test of the Pivotal Voter Model Under Plurality

and PR Elections

Cet article tient compte de la rationalité menant au choix de l’électeur lorsque ce dernier se voit proposer l’option de s’abstenir de voter. La théorie des choix rationnels propose que si la probabilité qu’un seul vote change le cours de l'élection est trop faible pour en retirer un bénéfice potentiel, l’électeur s’abstient de voter. Ainsi, si l'électeur considère comme trop faibles ses chances de modifier le résultat à son avantage, il ne vote pas. Une étude expérimentale publiée précédemment dans un journal prestigieux (Duffy et Tavits, 2008) avance que ce soit le cas sous UT. L’objectif est de comparer si la même logique abstentionniste existe sous UT et sous RP avec un devis expérimental différent.

Les 2688 votes où l’abstention est possible sont analysés pour déterminer ce qui influence la décision individuelle de participer. La probabilité perçue de l’impact d’un vote sur le résultat est un élément clé expliquant la décision de voter ou non dans la perspective de la théorie des choix rationnels. Plus l’électeur perçoit son vote comme étant décisif (pivot), plus il aura tendance à voter. Nous regardons aussi l’effet de la probabilité

objective d’influencer le résultat, de l’ordre des élections, du système électoral employé ainsi que de l’attitude face au risque. L’objectif principal est de vérifier si les résultats avancés précédemment par Duffy et Tavits (2008) sont robustes en rapport à notre design expérimental.