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2. Surveillance épidémiologique de trois maladies infectieuses équines en France

2.1 Caractéristiques épidémiologiques de l’anémie infectieuse des équidés, de l’artérite virale

2.1.2 Artérite virale équine

2.1.2.1 Caractéristiques cliniques et épidémiologiques et

importance

L’artérite virale équine (AVE) est due à un virus de la famille Arteriviridae, ordre Nidovirales. C’est un virus enveloppé à ARN simple brin positif, identifié pour la première fois aux Etats-Unis en 1953 après l’apparition d’un foyer dans la ville de Bucyrus dans l’Ohio (Timoney et McCollum, 1993).

L’AVE affecte uniquement les équidés. Le pouvoir pathogène du virus est très variable selon les souches et l’infection est souvent inapparente. L’incubation dure généralement entre trois et quatorze jours. Les formes bénignes se limitent à une atteinte fébrile, un abattement et une baisse d’appétit, rétrocédant en huit jours. En plus de ces symptômes, les formes graves peuvent se traduire par une inflammation du tissu sous-cutané et des muqueuses (conjonctivite et rhinite en particulier), des œdèmes déclives, des troubles respiratoires (œdème pulmonaire aigu), digestifs et nerveux (pertes d’équilibre, paralysies). L’issue est rarement fatale chez les adultes, mais plus fréquemment chez les poulains lors d’atteinte respiratoire et/ou intestinale (Balasuriya et al., 2013; Pronost et al., 2010). Par ailleurs, le virus de l’AVE est une cause d’infertilité passagère chez l’étalon et surtout d’avortements (figure 6). Jusqu’à 70 % des juments gestantes avortent en cas d’infection, parfois sans présenter d’autre symptôme (Timoney et McCollum, 1993). En France, un vaccin à virus inactivé dispose d’une autorisation de mise sur le marché et est utilisé chez les étalons (Artervac®, Zoetis Animal Health®, Kalamazoo, Michigan, USA).

Figure 6. Cas d’avortement (avec hydrothorax à droite) dû à une infection par le virus de l’artérite virale

équine (Source : Anses, Laboratoire de pathologie équine de Dozulé).

L’AVE se manifeste sous deux formes, le plus fréquemment de manière enzootique (par exemple au sein d’un effectif en atteignant les équidés nouvellement introduits et les jeunes non immunisés) et parfois de façon épizootique comme ce fut le cas en Normandie en 2007 (Pronost et al., 2010). Les sources de virus sont les équidés malades et ceux infectés de manière inapparente. Après infection, le virus peut être retrouvé dans les sécrétions nasales et oculaires, le sperme, le sang, la salive, le placenta et différents tissus des avortons. Il est généralement éliminé après guérison, en quelques jours ou quelques semaines. Toutefois, certains étalons (de 10 % à 70 %) présentent un portage asymptomatique dans l’appareil reproducteur et peuvent excréter le virus dans leur semence durant plusieurs mois voire de nombreuses années (Timoney et McCollum, 1993). Ces étalons excréteurs jouent un rôle épidémiologique majeur ; ils constituent le réservoir de la maladie et présentent un risque de transmission du virus aux juments lors de la monte. Les juments infectées lors de la saillie ou de l’insémination peuvent excréter le virus notamment dans leurs sécrétions nasales et contaminer d’autres équidés (Pronost et al., 2010). Les étalons excréteurs peuvent ainsi entraîner

une dissémination virale et une persistance des foyers s’ils ne sont pas détectés (Balasuriya et al., 2013; Timoney et McCollum, 1993; Timoney et al., 1986).

La transmission est essentiellement horizontale et directe, surtout par les voies aérienne (sécrétions respiratoires) et vénérienne, y compris par la semence fraiche, réfrigérée et même congelée dans laquelle le virus peut persister (Balasuriya et al., 1998; Miszczak et al., 2012; Timoney et al., 1987). Celui-ci peut également être transmis par voie transplacentaire et provoquer un avortement, une mortinatalité ou une infection congénitale du poulain (Vaala et al., 1992). La transmission indirecte est plus rare mais possible via l’eau, le fourrage, le matériel souillé ou le personnel (Balasuriya et al., 1999; Timoney et McCollum, 1993).

Le test le plus fréquemment utilisé pour le dépistage et le diagnostic de l’AVE est le test de neutralisation virale (VNT pour viral neutralization test en anglais). Il détecte indifféremment les anticorps neutralisants produits par l’équidé après infection ou après vaccination. Ces anticorps sont détectables à la fin de la virémie, une à deux semaines post-infection, et persistent des années (Balasuriya et MacLachlan, 2004). Chez les étalons, deux types de tests virologiques sont également réalisés sur sperme, prélèvement sanguin ou écouvillon naso-pharyngé, à savoir l’isolement viral après culture cellulaire et le test d’amplification en chaîne par polymérase après transcription inverse (ou RT-PCR pour reverse transcriptase-polymerase chain reaction en anglais) (Balasuriya et al., 2002; Hans et Marcé, 2012b; OIE, 2013).

L’AVE est une maladie importante d’un point de vue économique du fait de ses conséquences cliniques (avortements, morbidité, mortalité) notamment en cas d’épizootie, de son potentiel de diffusion (par voies respiratoire et vénérienne) et de ses impacts négatifs sur les échanges d’équidés et de semence. Elle est devenue maladie à déclaration obligatoire (MDO) en France en 2006 (Anonyme, 2006) puis danger sanitaire de deuxièmecatégorie en 2012 (Anonyme, 2012a, 2013).

2.1.2.2 Situation sanitaire

L’AVE est présente sur tous les continents. La séroprévalence est très variable selon les pays et selon les races considérées (Braga et al., 2012; Chabchoub et al., 2002; Laabassi et al., 2014; Newton et al., 1999). Aux Etats-Unis, elle est par exemple inférieure à 1 % chez les Quarter Horse mais de l’ordre de 24 % chez les trotteurs américains (Standardbred) (NAHMS, 2000). Pour les Pur-Sang, la séroprévalence a été estimée à 0,3 % au Royaume-Uni, 1,3 % dans la région de São Paulo au Brésil et 4,5 % aux Etats-Unis (Braga et al., 2012; NAHMS, 2000; Newton et al., 1999). Les variations entre races s’expliquent plus probablement par la diversité des pratiques d’élevage que par des variations

de sensibilité au virus selon les races (Dwyer et al., 1993; Zientara et al., 1998).

L’infection est souvent inapparente en Europe. Ce fut le cas en France jusqu’en 2007, année durant laquelle sont apparus des foyers cliniques en Normandie, marqués par la mortalité de poulains et d’un adulte. Une trentaine de foyers ont été recensés dans les cinq départements normands durant cette épizootie, impliquant essentiellement des chevaux de selle et des percherons (Pronost et al., 2010). Le virus circule toujours en France, mais les isolats retrouvés ne semblent pas aussi pathogènes que la souche identifiée en 2007. Depuis cette date, un petit nombre d’étalons excréteurs est identifié chaque année (entre cinq et dix généralement) ainsi que quelques dizaines de séroconversions, essentiellement chez des juments mises à la reproduction (A. Hans et B. Ferry, communications personnelles, Amat et al., 2016, Hans et Marcé, 2012b). La plupart des cas sont détectés dans le cadre de la monte. Si la circulation virale semble actuellement limitée en France, seule une partie de la population équine est effectivement surveillée et l’incidence réelle demeure incertaine. Par ailleurs, le nombre de cas détectés est inconnu, en particulier pour les séroconversions. Le nombre total d’analyses réalisées par le réseau français de LDA est disponible pour certaines années (tableau 2). Toutefois, certains équidés sont testés plusieurs fois au cours d’une même année et les nombres d’équidés testés et d’équidés positifs ne sont pas connus car non transmis par chaque LDA au LNR et non publiés. Pour ces raisons, et compte tenu des diverses causes possibles de séropositivité (infection récente ou ancienne, vaccination), il est difficile d’estimer une incidence et même une séroprévalence pour la population équine française.

Tableau 2. Nombre d’analyses sérologiques et virologiques d’AVE réalisées par le réseau français de

laboratoires d’analyses agréés et nombre et proportion de résultats positifs de 2008 à 2011 (d’après Hans et Marcé, 2012b; Hans et al., 2011).

Année

Analyses sérologiques AVE Analyses virologiques AVE Nombre total d’analyses Nombre de résultats positifs Proportion de résultats positifs (%) Nombre total d’analyses Nombre de résultats positifs Proportion de résultats positifs (%) 2008 28 933 2 784 9,6 1 554 69 4,4 2009 14 560 1 540 10,6 1 316 5 0,4 2010 24 798 2 734 11,0 1 223 18 1,5 2011 21 490 2 572 12,0 587 13 2,2 Total 89 781 9 630 10,7 4 680 105 2,2

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