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À l’aube de l’année 1839, il faut bien constater avec Daguerre l’échec de toutes les tentatives, connues ou restées dans l’ombre, d’intéressement à son invention. Surtout, pour Daguerre, c’est l’échec de la réception dans le champ artistique. La recherche, qui semble quelque peu désordonnée, d’une solution à la vente du daguerréotype, se transforme, dans l’esprit de Daguerre, en la recherche d’une autorité susceptible de crédibiliser l’invention. Il est ainsi à envisager qu’en se tournant vers François Arago, physicien, secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences et député, Daguerre constate l’absence d’une telle autorité d’envergure dans le champ artistique86.

1. Premier contact avec Arago

La manière dont Daguerre a pu entrer en contact avec Arago peut donner lieu à de nombreuses hypothèses. Mais comme pour Hubert, comme pour beaucoup d’autres, et jusqu’au public en général, Arago est vu comme une figure faisant autorité dans son domaine. Pour Daguerre, le changement de stratégie auquel peut s’apparenter ce retournement vers la science, doit avant tout être perçu comme la réponse à une attente, un espoir pour l’issue à donner à la publication du daguerréotype par une autorité

86 Georges Potonniée établit la liste suivante des contacts de Daguerre à la fin de l’année 1838 : Jean-Baptiste Dumas, Jean-Baptiste Biot, François Arago, Henri Grévedon, André Giroux et Alphonse de Cailleux (Histoire de l’invention de la photographie, op. cit., p. 174). Helmut Gernsheim, dans sa biographie de Daguerre, y ajoute Alexander von Humboldt et Paul Delaroche (Helmut et Alison Gernsheim, L.J.M. Daguerre, op. cit., p. 81).

opérante87 : une autorité qui lui dise comment faire et non pas comment ne pas faire. En d’autres termes, Daguerre ne fait que poursuivre sa recherche d’une solution. C’est ce que l’on perçoit fort bien à la lecture d’une lettre à Isidore datée du 2 janvier 1839.

« Mon cher Isidore, enfin j’ai vu M. Arago88. » Cette entrevue décisive entre Daguerre et Arago, qui intervient à la toute fin de l’année 1838, semble avoir été espérée de longue date par l’inventeur. Elle répond à une double attente : poursuivre la tournée des consultations et lui donner la possibilité de se justifier face à cette autorité scientifique devant laquelle il fut mis en défaut en 1836 : enfin, Arago veut bien écouter Daguerre ; enfin il est pris au sérieux. En cette fin d’année 1838, Arago trouve un Daguerre tout prêt à entendre ses suggestions et à obtempérer à son projet.

L’opération décisive qu’Arago va effectuer à l’endroit du daguerréotype est un déplacement. Un déplacement de champ que l’inventeur n’était pas à même de formuler seul, faute d’outils théoriques appropriés.

Dans le prospectus de 1838, Daguerre, qui inscrivait les principes, les résultats et l’influence du daguerréotype dans le champ de l’art, n’avait pourtant pu omettre, tirant les leçons de 1836, que sur le fond, son invention était un enfant de la physique. Il était pourtant bien incapable d’y découvrir de possibles applications :

« Cette importante découverte, susceptible de toutes les applications, sera non seulement d’un grand intérêt pour la science, mais elle

87 « Indépendamment de l’arrière-plan théorique et idéologique des options d’Arago, et même du contexte politique de 1839, c’est à l’influence considérable du personnage et de l’Académie que songea Daguerre en approchant le Secrétaire perpétuel », François Brunet, op. cit., p. 61.

88 Lettre de Daguerre à Isidore Niépce, 2 janvier 1839, T.P. Kravets, op. cit., p. 462.

donnera aussi une nouvelle impulsion aux arts […]89. » Daguerre ne peut qu’envisager l’intérêt du daguerréotype pour la science, alors qu’il est persuadé qu’il sera d’une « grande utilité » pour les artistes.

Plus qu’un déplacement même, c’est une translation qu’Arago opère en confirmant le pressentiment de Daguerre : « [Arago] est charmé de la découverte, et par les questions qu’il m’a faites, il la regarde non moins intéressante sous le rapport de la science90. » Peut-être est-ce le fait le plus important de cette entrevue, que Daguerre mentionne dès le début de sa lettre à Isidore : sans rien modifier aux caractéristiques premières du daguerréotype, François Arago procède à une translation de ses propriétés : afin d’accorder le daguerréotype à son projet scientifique, social et politique91, il impose à Daguerre, comme il le fera plus tard à l’Académie, aux deux Chambres et au public, l’idée d’un daguerréotype d’une grande utilité pour la science et qui intéresse en second lieu les questions d’art ; un outil scientifique au service de l’art. De cette translation, dont le pivot sera le concept d’exactitude, dépend pour Arago la valorisation de l’invention.

L’autorité que Daguerre recherche en vue de valoriser son invention est d’abord efficace sur lui-même. En se retranchant derrière l’avis d’Arago, Daguerre abonde dans son sens et lui remet littéralement les clés du daguerréotype :

[Arago] verrait avec peine ce procédé mis en souscription ; c’est presque sûr, ainsi que j’ai pu m’en convaincre par moi-même depuis

89 Daguerre, op. cit.

90 Lettre de Daguerre à Isidore Niépce, 2 janvier 1839, T.P. Kravets, op. cit., p. 462.

91 Voir à ce sujet, E.A. McCauley, « Arago, l’invention de la photographie et le politique », Études photographiques, n° 2, mai 1997, pp. 6-43, ainsi que François Brunet, op. cit., pp. 59-62.

que je fais voir mes épreuves, que la souscription ne se remplirait pas.

Tout le monde dit : c’est superbe, mais comme cela ne pourrait pas rester secret, nous l’apprendrons plus tard, sans qu’il nous en coûte mille francs. […] J’approuve entièrement l’idée de M. Arago, qui est de faire acheter cette découverte par le gouvernement, et pour cela il se charge d’en faire la démarche à la Chambre. […] Déjà et pour commencer M. Arago doit en parler lundi prochain à l’Académie des sciences et doit aussi m’envoyer nombre de députés pour qu’ils soient favorables. Monsieur Mandelot que j’ai encore vu aujourd’hui approuve le mode de publication. Ce mot souscription choque tout le monde92.

En plus du choix de l’Académie des sciences comme territoire de publication, Arago impose dès à présent deux autres modifications décisives : en premier lieu, l’arrêt de toute tentative de souscription, option qui d’autorité s’impose à Isidore, fervent partisan de ce mode de publication ; et en second lieu la mise sur pied d’une procédure d’achat de l’invention par le gouvernement. L’espoir de Daguerre est comblé car l’intervention d’Arago met fin aux tergiversations et aux supputations sur le succès de l’invention tout en précipitant les opérations sur le mode volontariste. Une célérité permise par la position d’Arago et qui contraste sévèrement avec la gestion des opérations précédentes.

2. Le daguerréotype à l’Académie des sciences

La rapidité, pour ne pas dire la précipitation, avec laquelle agit François Arago ne permet que la mise en place d’une stratégie scientifique sommaire : dans sa lettre à Isidore, Daguerre l’informe

92 Lettre de Daguerre à Isidore Niépce, 2 janvier 1839, T.P. Kravets, op. cit., p. 462.

qu’Arago a déjà prévu une première communication à l’Académie des sciences pour le lundi suivant, 7 janvier 1839. François Brunet a fort justement remarqué que cette communication s’est faite dans la transgression la plus totale des règles en matière de contrôle des inventions, sachant qu’Arago, au moment où il annonce celle du daguerréotype devant l’Académie des sciences, ne connaît pas encore le secret de Daguerre93. Ceci ne fait que souligner à quel point, en s’appuyant sur l’Académie des sciences, la procédure mise sur pied par Arago n’est faite que pour asseoir la crédibilité de son projet social pour l’invention94. Pourtant, en décidant d’annoncer précipitamment la découverte de Daguerre sans en divulguer le secret, divulgation soumise à l’achat de l’invention par le gouvernement, Arago entreprend une prise de position décisive quant à la réception du daguerréotype dans le public. Nous pourrons nous en convaincre en analysant la retranscription de cette séance, et des suivantes, dans la presse. Pour l’heure, ces comptes-rendus nous permettront de préciser certaines circonstances qui n’apparaissent pas dans les documents institutionnels.

a. Crédibiliser le daguerréotype

La communication verbale donnée par Arago le 7 janvier a été retranscrite dans Les Comptes-rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences. Elle apparaît sous la rubrique « Physique appliquée », et a pour titre : Fixation des images qui se forment au foyer d’une chambre obscure95. Quel est le but de cette

93 François Brunet, op. cit., p. 63.

94 Idid., pp. 64-66.

95 Comptes-rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences (ci-dessous : CRAS), t. 8, 1839, p. 4.

communication ? A priori, Arago souhaite à la fois prendre une option claire sur le daguerréotype et lancer la campagne de promotion de Daguerre pour le rachat de l’invention par le gouvernement. Mais cette précipitation évoquée plus haut peut également s’expliquer par le fait qu’Arago accède au désir de Daguerre d’en finir avec la rumeur et les idées fausses qui circulent sur son invention. Cette communication pourrait avoir comme seul but, justifiant ainsi la non-divulgation du secret, de barrer la route aux rumeurs, et par la voie du secrétaire perpétuel de donner du poids à la découverte. À nouveau, pour Daguerre, l’opinion publique est primordiale, comme elle l’a toujours été pour Arago qui la fait apparaître dès l’introduction de sa communication :

M. Arago prend la parole pour donner verbalement à l’Académie une idée générale de la belle découverte que M. Daguerre a faite, et sur laquelle la majeure partie du public n’a eu jusqu’ici que des notions erronées.

L’article paru dans le Journal des Débats, le premier à rendre compte de la séance orale, précise l’insistance de Daguerre :

M. Arago a rendu compte à l’Académie des sciences, […] de la belle découverte de M. Daguerre dont le monde, les artistes et les savants eux-mêmes s’entretiennent avec intérêt depuis quelques temps ; cette découverte a été annoncée, dit M. Arago, dans des termes inexacts et que l’auteur ne peut accepter ; il lui paraît donc convenable de donner à l’Académie des détails précis sur cette merveilleuse invention96.

96 Journal des Débats, 8 janvier 1839.

Non seulement il n’en sera pas divulgué le secret, mais encore on restera dans l’idée générale d’une découverte qui n’est encore que

« belle ». L’idée serait alors de rétablir dans le public la vérité sur le principe et la paternité d’une découverte. La caution d’Arago est alors essentielle qui crédibilise Daguerre et fait taire les sceptiques.

On peut en juger aussi bien par diverses appréciations de la communauté scientifique de l’époque97, que par ce commentaire de L’Écho du monde savant du 9 janvier :

Cette découverte, assurément l’une des plus prodigieuses de notre siècle, occupe depuis quelques temps l’attention publique ; mais en raison du merveilleux de ses résultats, elle devrait naturellement rencontrer un grand nombre d’incrédules avant que la parole imposante de M. Arago ne fût venue lui donner une confirmation solennelle98.

Bien plus, cette crédibilisation du daguerréotype semble répondre point par point aux mises en cause de Hubert. En effet ce 7 janvier, le secrétaire perpétuel, qui s’adjoint l’autorité scientifique de Jean-Baptiste Biot et d’Alexandre von Humboldt, assure que le procédé de Daguerre est une invention originale achevée, qui permet de fixer réellement les images de la chambre noire dans leurs valeurs d’origine ; qu’il s’appuie sur un réactif unique plus sensible à la lumière que tous les réactifs précédemment envisagés, comme le chlorure d’argent ; qu’il permet précisément de recueillir l’image de la Lune ; et enfin qu’en aucun cas il ne peut être une menace, pas plus pour les scientifiques que pour les artistes :

97 Cf. Georges Potonniée, Histoire de l’invention de la photographie, op. cit., p. 176.

98 L’Écho du monde savant, journal analytique des nouvelles et des cours scientifiques, 6e année (n° 402) – mercredi 9 janvier 1839, p. 17.

M. Daguerre a trouvé des écrans particuliers sur lesquels l’image optique laisse une empreinte parfaite […]. En vérité il n’y a pas d’exagération à dire que l’inventeur a découvert le moyen de fixer les images […] ; les rapports photométriques des diverses parties blanches, grises, sont exactement conservés ; […]. Le procédé de M. Daguerre n’a pas seulement exigé la découverte d’une substance plus sensible à l’action de la lumière que toutes celles dont les physiciens et les chimistes se sont déjà occupés. Il a fallu trouver encore le moyen de lui enlever à volonté cette propriété. […] L’extrême sensibilité de la préparation dont M. Daguerre fait usage ne constitue pas le seul caractère par lequel sa découverte diffère des essais imparfaits auxquels on s’était jadis livré pour dessiner des silhouettes sur une couche de chlorure d’argent. […] La facilité et l’exactitude qui résulteront des nouveaux procédés, loin de nuire à la classe si intéressante des dessinateurs, leur procurera un surcroît d’occupation.

[…] Le nouveau réactif semble aussi devoir fournir aux physiciens et aux astronomes des moyens d’investigation très précieux. […] M.

Daguerre a jeté l’image de la Lune, formée au foyer d’une médiocre lentille, sur un de ses écrans, et elle y a laissé une empreinte blanche évidente. […] M. Daguerre aura été le premier à produire une modification chimique sensible à l’aide des rayons de notre satellite99. Ainsi présenté, le daguerréotype dément les rumeurs consécutives aux allégations de Hubert et apparaît sous son caractère le plus essentiel, qui justifie la mise sur pied d’une procédure de rachat par le gouvernement : cette invention est une innovation. Mais en l’absence du secret et du produit de l’invention – aucun daguerréotype n’étant montré à cette séance – Arago donne le change et multiplie les “images” afin de la rendre plus vraisemblable. S’adressant aussi bien à l’Académie qu’au public, il décrit ainsi le daguerréotype :

99 CRAS, t. 8, 1839, pp. 4-6.

Il faut s’empresser de le dire pour détromper une partie du public, il n’y a dans les tableaux, dans les copies de M. Daguerre comme dans un dessin au crayon noir, comme dans une gravure au burin, ou mieux encore (l’assimilation est plus exacte), comme dans une gravure à la manière noire ou à l’aquatinta, que du blanc, du noir et du gris, que de la lumière, de l’obscurité et des demi-teintes. […] la méthode crée des dessins et non des tableaux en couleurs.

b. La condition d’utilité du daguerréotype

Mais pour aller au-delà de ce que Daguerre lui-même tentait de faire ressortir de son prospectus, Arago doit thématiser l’utilité du daguerréotype, dont la condition s’appuie sur la perfection de ses résultats et donc leur exactitude.

L’exactitude, cette qualité du daguerréotype, qui apparaît sous la plume de Daguerre à la fin de l’année 1838, se retrouve, dans l’exposé d’Arago, au centre d’une hiérarchie des qualités iconiques du daguerréotype bien précise, établie comme suit :

M. Daguerre a découvert des écrans particuliers sur lesquels l’image optique laisse une empreinte parfaite ; des écrans où tout ce que l’image renfermait se trouve reproduit jusque dans les plus minutieux détails, avec une exactitude, avec une finesse incroyable100. La perfection de l’empreinte fixée par le daguerréotype est subordonnée à la reproduction des détails les plus minutieux. Mais cette reproduction ne devient exceptionnelle que dans la mesure ou elle s’effectue avec finesse et exactitude.

La finesse de reproduction des plus petits détails fonde l’aspect spectaculaire du daguerréotype : « Tous les tableaux [mis sous les

100 Ibid., p. 4.

yeux des trois membres de l’Académie] supportent l’examen de la loupe, sans rien perdre de leur pureté, du moins pour les objets qui étaient immobiles pendant que leurs images s’engendraient101. »

L’exactitude de cette reproduction quant à elle fonde la fiabilité du procédé : « En un mot, dans la chambre noire de M. Daguerre, la lumière reproduit elle-même les formes et les proportions des objets extérieurs, avec une précision presque mathématique ; les rapports photométriques des diverses parties blanches, noires, grises, sont exactement conservées102. » L’exactitude du daguerréotype repose sur le fait que c’est la nature elle-même, et elle seule, qui travaille à la formation de l’image, ce caractère a-technique étant son gage de fiabilité103. En rapprochant cette fiabilité de la prétendue commodité du système, Arago en révèle l’utilité : « La facilité et l’exactitude qui résulteront des nouveaux procédés, […] procurera [aux dessinateurs]

un surcroît d’occupation. Ils travailleront moins en plein air, mais beaucoup plus dans leurs ateliers104. »

Au-delà de la finesse de reproduction, c’est l’exactitude qui prime. Car ce n’est que parce qu’il est capable d’une telle exactitude que le daguerréotype justifie son utilité. Cela en est la condition nécessaire et suffisante et qui implique d’elle-même l’idée de la finesse de reproduction. Cette qualité fut confirmée en séance par la mobilisation du témoignage indirect du peintre Paul Delaroche, membre de l’Académie des beaux-arts, qui par l’organe de Jean-Baptiste Biot, donne son sentiment, en qualité d’expert, sur la

101 Ibid.

102 Ibid.

103 Cf. François Brunet, op. cit., pp. 27-55.

104 CRAS, t. 8, 1839, p. 6.

perfection des résultats de l’invention. Ce témoignage ne fut pas reproduit dans les Comptes-rendus de l’Académie, mais on le trouve pour la première fois dans l’article que le chroniqueur scientifique du quotidien Le Temps, Jacques Roulin, par ailleurs secrétaire de rédaction des Comptes-rendus et donc supposément très attentif105, publie le 9 janvier. D’après le témoignage de Jean-Baptiste Biot, ce dernier s’est en effet retrouvé à plusieurs reprises à la fin de l’année 1838, dans le studio de Daguerre où il a pu croiser Paul Delaroche.

Prenant la parole à la suite d’Arago, ce témoignage a son importance, car Biot substitue à son regard de scientifique renommé celui d’un peintre d’histoire reconnu :

Quant à la principale découverte, je puis parler de la perfection des résultats obtenus, non pas d’après mon jugement, mais d’après celui d’un artiste célèbre, M. Paul Delaroche. […] [Il] pense que de pareils dessins peuvent donner même aux plus habiles peintres d’utiles leçons sur la manière dont on peut, au moyen de l’ombre et de la lumière, exprimer non seulement le relief des corps, mais la teinte locale. Le même bas-relief en marbre et en plâtre sera différemment représenté dans les deux dessins, de sorte qu’on dira au premier abord celui qui est l’image du plâtre106.

105 Jacques Roulin, correspondant du journal Le Temps à l’Académie des sciences, devint de 1835, date de leur création, à 1866, secrétaire de rédaction des CRAS. Voir à ce sujet : Pierre Gauja, L’Académie des sciences de l’Institut de France, Paris, Gauthier-Villars, 1934.

106 J. Roulin, « Revue scientifique. Académie des sciences », Le Temps, 9 janvier 1839, p. 1. Le Courrier français du 11 janvier, donne une version un peu différente du témoignage de Delaroche : « M. Biot s’étant trouvé dans cette nouvelle galerie de dessins de lumière avec le célèbre peintre d’histoire M. Delaroche, a appris à ses collègues que cet artiste non seulement partageait toute l’admiration des académiciens, mais qu’il pensait de plus que ce genre fournirait à l’étude de la distribution des jours les effets les plus instructifs qu’il serait presque impossible de rendre évidents aux élèves par tout autre moyen. »

c. De l’utilité du daguerréotype

S’il faut une utilité au daguerréotype, alors c’est son exactitude qui la lui fournira, car comme le signale Gaston Bachelard :

« l’utilité par sa valorisation se capitalise sans mesure107. » Cette valorisation se traduit pour Arago à travers deux exemples donnés oralement, mais une fois de plus non retranscrits dans la publication hebdomadaire de l’Académie et qu’il faut recomposer par les articles de presse. On en trouve un premier élément dans la retranscription donné par Roulin dans le quotidien Le Temps alors qu’Arago aborde la question de la promptitude :

Or, combien faut-il de temps à la lumière pour exécuter ce travail ? 8 à 10 minutes par un temps ordinaire et dans notre climat, et sous un ciel pur comme celui d’Égypte il suffirait de deux minutes, d’une seule peut-être pour exécuter le dessin le plus compliqué. Qu’on songe aux peines infinies qu’ont eues dans ce pays, lors de notre mémorable expédition, les artistes auxquels avait été confié de

Or, combien faut-il de temps à la lumière pour exécuter ce travail ? 8 à 10 minutes par un temps ordinaire et dans notre climat, et sous un ciel pur comme celui d’Égypte il suffirait de deux minutes, d’une seule peut-être pour exécuter le dessin le plus compliqué. Qu’on songe aux peines infinies qu’ont eues dans ce pays, lors de notre mémorable expédition, les artistes auxquels avait été confié de