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Les approches psychothérapeutiques

Dans le document I. HISTOIRE DE L’AUTISME INFANTILE (Page 138-142)

1. La psychothérapie analytique de l’enfant

La thérapie psychanalytique est fondée sur l’analyse et l’interprétation du transfert et du contre-transfert. Selon HOUZEL (2002), elle « permet, en élucidant le sens des symptômes, de tenir compte des sentiments qu’il suscite dans l’entourage, de percevoir les états internes de l’enfant, de deviner ses émotions et de l’aider à entrer dans le monde de la communication »143.

L’objectif de cette psychothérapie analytique est l’ouverture de l’enfant autiste à la relation à autrui et à lui-même pour lui permettre « d’édifier progressivement sa capacité de représentation et de réinvestir son appareil psychique »144.

Il faut donc s’intéresser à la compréhension du fonctionnement psychique de l’enfant, en se fondant sur le postulat que le patient se défend contre des angoisses archaïques et sur la valeur organisatrice pour le psychisme du patient du contre-transfert de l’analyste. Ce travail peut se mettre en place selon plusieurs modalités : thérapie individuelle, thérapie de groupe, thérapie mère -enfant et intervention domicile.

Une mention particulière doit être faite quant aux groupes thérapeutiques, développés notamment par HAAG, sous le terme de « groupes-analyse ». Grâce à la dynamique des enveloppes groupales, ces groupes, par leur double fonction de contenance et de régulation, permettent de retravailler les enveloppes corporelles et psychiques des enfants145.

L’enjeu du traitement psychanalytique de l’autisme passe par le fait de supposer un sujet là où il n’est pas encore, là où il n’a pas pu encore advenir.

143 Houzel D. L’aube de la vie psychique. Etudes psychanalytiques. ESF, « La vie de l’enfant », 2002.

144 Hochmann J. Histoire de l’autisme, Odile Jacob, 2009.

145 Haag G. Ferrey MC. Seringue H. Urwand S. Processus groupal et enveloppes psychiques au travers de psychanalyses groupales avec des enfants psychotiques et déficitaires, in Les psychothérapies de groupes d’enfants au regard de la psychanalyse, Clancier-Guénaud, 1989, p71-93.

2. La thérapie par le jeu (floortime)

Développée par GREESPAN146, la thérapie par le jeu est une technique qui laisse une grande place au partage émotionnel entre l’enfant et le thérapeute, tout en étant centrée sur le comportement de l’enfant. Elle s’organise par séance d’une demi-heure, six à dix fois par jour. Elle consiste à stimuler par le jeu les capacités d’échange social et de régulation émotionnelle. L’enfant est à l’initiative du choix des activités et il n’y a pas de cadre formel.

GREESPAN postule que l’interaction émotionnelle favorise l’évolution cognitive et affective.

3. Les thérapies psychomotrices

Les thérapies psychomotrices sont inspirées des travaux de BULLINGER. Elles concernent le traitement privilégié, chez les enfants autistes, des flux sensoriels par des systèmes archaïques. Il s’agit pendant les séances de favoriser le déploiement d’une « motricité ludique en relation »147.

Cette approche vise l’obtention d’un meilleur investissement corporel, le développement des processus de liaison et de mentalisation, et l’amélioration des potentialités de symbolisation et de communication. Elle est mise en œuvre par des psychomotriciens, en institution ou en libéral.

146 Greenspan SI. Brazelton TB. Cordero J. Solomon R. Bauman ML. Robinson R. Shanker S. Breinbauer .

Guidelines for early identification, screening and clinical management of children with autism spectrum disorders. Pediatrics, 2008, 121(4), p 828-30.

147 Bullinger A. Le développement sensori-moteur de l’enfant et ses avatars, Erès, 2004.

4. La psychothérapie institutionnelle

La prise en charge institutionnelle des enfants autistes se fait de plus en plus sur le mode de l’hospitalisation de jour ou de prise en charge ambulatoire, associée à une intégration scolaire. Les hospitalisations sont rares.

La psychothérapie institutionnelle s’appuie à la fois sur des activités éducatives et sur la compréhension et l’élaboration des investissements mutuels entre l’enfant et les différents intervenants, lors des activités et de la vie quotidienne. Les activités sont pensées comme une médiation, un support au développement de la communication de l’enfant et au développement de processus de symbolisation.

HOCHMANN, s’appuyant notamment sur les travaux de BION, insiste sur la signification du cadre institutionnel. A travers un maternage symbolique, les soins donnés à l’enfant consistent en une série d’échanges qui visent à l’aider à « réinvestir positivement son activité mentale ». Il insiste également sur la nécessité du travail sur les contre-attitudes des soignants, soumis aux effets destructeurs des processus autistiques sur la pensée et la vie psychique de l’entourage148.

5. La question délicate de l’aide aux familles

Il ne s’agit en aucun cas de « traiter » les parents en pensant qu’ils seraient responsables de l’autisme de leur enfant. On entend ici la possibilité d’apporter une aide aux parents, mais aussi à la fratrie, afin de supporter la souffrance liée à la présence d’un enfant autiste auprès d’eux et de les aider à s’adapter aussi efficacement que possible à son évolution.

Il existe différents espaces possibles individuels ou groupaux. Quand l’enfant est encore très jeune, des thérapies conjointes parent(s)-bébé peuvent être proposées, les parents

148Mazet P. Houzej D. Burzstejn C. Autisme infantile et psychoses précoces de l’enfant. EMC psychiatrie, 37-201-G-10, 2000.

pouvant aider eux-mêmes leur enfant à progresser en vue d’accéder à une certaine intersubjectivité. Il existe d’autres techniques, telles que la guidance parentale et les observations directes à domicile.

Ces différentes prises en charge constituent véritablement une prévention de l’enkystement de troubles autistiques encore en émergence.

Quand l’enfant est plus grand, un espace de parole est souvent nécessaire afin que les parents parlent certes, de la souffrance qui est la leur de ne pouvoir communiquer simplement avec leur enfant ; mais aussi, beaucoup plus heureusement, de la rencontre toujours singulière, rencontre parfois aussi privilégiée qu’inattendue.

Chaque cas est différent, chaque situation est spécifique : l’important est de ne pas négliger le ressenti et la souffrance de l’entourage familial et de pouvoir proposer un espace de parole.

B. Les approches comportementales et

Dans le document I. HISTOIRE DE L’AUTISME INFANTILE (Page 138-142)