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APPEL À L’ACTION

Dans le document CHANGER LES ORIENTATIONS CHANGER DES VIES (Page 136-140)

L’heure est venue d’investir davantage et de façon plus efficiente en santé mentale.

Accroître les investissements en santé mentale et assurer une meilleure utilisation des fonds déjà consentis pour réaliser les changements préconisés dans la présente stratégie est ce qu’il y a lieu de faire. En comblant le manque de ressources dans le domaine de la santé mentale, qui perdure depuis des années, et en rehaussant l’efficacité du système de santé mentale, on pourra améliorer la qualité de vie de dizaines de milliers de personnes au pays. Cela contribuera également à la prospérité économique de la nation et à la viabilité du réseau de la santé.

L’impact des troubles mentaux et des maladies mentales sur l’économie est énorme. Il existe diverses études complémentaires qui pointent vers de mêmes résultats quant à l’impact économique global des troubles mentaux et des maladies mentales. Une étude récente menée par la Commission de la santé mentale du Canada a ainsi conclu que les coûts liés aux troubles mentaux et aux maladies mentales atteignaient 48,5 milliards de dollars par année288. En se fondant sur une approche quelque peu différente, une étude antérieure avait estimé ces coûts à 51 milliards par année289.

Jusqu’à maintenant, aucune étude n’a réussi à évaluer les dépenses totales occasionnées par la maladie mentale dans les systèmes de justice et d’éducation, non plus que les coûts assumés par les proches aidants ou par les personnes qui ont une mauvaise santé mentale, mais qui n’ont pas subi les symptômes de la maladie. Malgré ce fait, il est clair que le coût total des troubles mentaux et des maladies mentales pour l’économie cana-dienne est vraisemblablement bien au-delà de 50 milliards de dollars par année.

Que l’on soit employeur, travailleur ou contribuable, il nous faut assumer ces coûts.

On estime que les troubles mentaux et les maladies mentales sont à l’origine de près de 30 % des demandes de prestations d’invalidité à court et long terme et qu’ils occa-sionnent des pertes de productivité se chiffrant à 6 milliards de dollars290, 291. Les jeunes adultes dans les années les plus productives de leur vie active sont parmi les gens les plus souvent frappés par les troubles mentaux et les maladies mentales292.

En outre, comme nous l’avons souligné précédemment, jusqu’à 70 % des troubles mentaux et des maladies mentales débutent durant l’enfance ou l’adolescence. Jusqu’à trois jeunes sur quatre qui ont un trouble mental ou une maladie mentale n’ont pas recours aux services et aux traitements. Les enfants qui sont aux prises avec un trouble mental ou une maladie mentale sont beaucoup plus à risque de connaître les mêmes

aggravants293. Un rapport publié récemment aux États-Unis a évalué à 2 100 milliards de dollars les coûts qui se répercutent durant toute la vie par suite d’un trouble mental ou d’une maladie mentale survenu durant l’enfance. Au Canada, si l’on tient compte du fait que la population est plus restreinte, cela représente environ 200 milliards par année294.

Les enfants qui ont un trouble de comportement sont huit fois plus à risque de développer un trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH) à l’adolescence. Et les adolescents qui vivent avec un tel trouble sont deux fois plus à risque que les autres enfants de manifester des troubles d’anxiété ou un problème de toxicomanie à l’âge adulte.

— Commission de la santé mentale du Canada,

The Life and Economic Impact of Major Mental Illnesses in Canada295

Il y a bien des façons de mieux utiliser les ressources déjà en place au sein du système de santé mentale. Par exemple, on sait que si l’on peut prévenir des troubles de com-portement chez un seul enfant grâce à une intervention précoce, il en résultera des économies à vie de 280 000 dollars296. Si l’on considère que 85 000 enfants au Canada ont actuellement des troubles de comportement, on constate vite l’importance des économies possibles297. On a aussi découvert que le fait d’intervenir auprès d’un enfant dont l’état de santé mentale est moindre pour lui faire atteindre un état de santé optimal permet d’économiser 140 000 dollars à vie298. Un meilleur accès au soutien par les pairs, au logement et aux services offerts dans la communauté peut contribuer à une meilleure qualité de vie et éviter que les personnes ayant des troubles mentaux ou une maladie mentale soient hospitalisées ou qu’elles soient aux prises avec le système judiciaire299. Mais les économies ainsi réalisées ne nous permettront de régler qu’une partie du problème. Il ne fait aucun doute que l’on devra investir des fonds pour réaliser la réforme souhaitée dans le domaine de la santé mentale, ce qui veut dire que le Canada devra augmenter la part des montants accordés pour la santé mentale à l’intérieur des budgets de la santé et des programmes sociaux.

Les dépenses du Canada en ce qui a trait à la santé mentale sont largement inférieures à celles de nombreux autres pays comparables. Au Canada, seulement 7 % des fonds publics destinés à la santé sont alloués à la santé mentale. C’est bien en deçà des 10 à 11 % des budgets en santé que des pays tels que la Nouvelle-Zélande ou le Royaume-Uni consacrent à la santé mentale300.

Changer les orientations, changer des vies préconise que le Canada augmente la part des montants accordés à la santé mentale dans les budgets de la santé de 7 à 9 % au cours de la prochaine décennie. Évidemment, investir plus d’argent sans transformer le système de santé mentale équivaudrait à mal utiliser les fonds publics. L’augmentation souhaitée des investissements devrait donc être fondée sur tout l’éventail des recommandations contenues dans ce document. Puisque l’augmentation proposée représente une moyenne nationale, il va de soi que chaque administration devra apporter les ajustements budgétaires nécessaires pour faire sa part dans l’atteinte de cet objectif.

Également, puisque la santé mentale n’est pas seulement un enjeu de santé, on devra aussi augmenter la part des subventions accordées à la santé mentale dans le cadre du finan-cement des programmes sociaux. Même s’il n’existe pas de données précises à l’échelle nationale permettant d’établir un indice de référence, on peut estimer qu’un investisse-ment comparable en santé investisse-mentale à l’intérieur des enveloppes budgétaires pour les programmes sociaux tels que l’éducation, le logement et le système judiciaire exigerait une hausse de deux points de pourcentage.

Le Canada et le reste du monde doivent composer avec une conjoncture économique dif-ficile, ce qui réduit la marge de manœuvre pour de tels investissements. Il faudra des efforts soutenus de la part du public pour susciter la volonté politique qui permettra de consentir les hausses nécessaires dans le financement de la santé mentale. On aura aussi besoin de l’appui du secteur privé et des organisations philanthropiques. Mais dans un monde qui dépend de plus en plus de la matière grise, le Canada ne peut se dispenser d’investir dans la santé et le bien-être de sa population. Ce qui veut dire qu’il faudra allouer des ressources pour les priorités définies dans la présente stratégie.

Dans le document CHANGER LES ORIENTATIONS CHANGER DES VIES (Page 136-140)