• Aucun résultat trouvé

Chapitre 3. Méthodologie de l’étude

3.4 Appariement des éléments ostéologiques

La méthodologie de référence comprend une étape supplémentaire afin de tenter de comprendre le partage et la répartition d’une carcasse animale à l’échelle du site archéologique étudié. L’appariement des ossements consiste à identifier des os gauche et droit, pour un même élément anatomique, qui, selon un coefficient de confiance, appartiennent à un même individu. Dans le cas de la collection étudiée, un certain nombre de restrictions a été rencontré, limitant l’analyse, mais la rendant également plus efficace. En effet, pour réaliser l’appariement des ossements, il est nécessaire de pouvoir observer différents éléments structurels qui rendent l’os unique et comparable à son homologue de l’autre côté. Les composantes observées sont les facettes articulaires, le degré de fusion, la largeur des épiphyses, ainsi que le diamètre et la longueur de l’os. En raison de l’état de la collection, plusieurs décisions ont été prises avant même de réaliser cette étape de l’analyse.

69

La première a été de réaliser ce stade de l’analyse une fois les remontages effectués afin d’obtenir un maximum d’os complets. Ensuite, puisque plusieurs unités ne présentent pas une quantité d’os suffisante ou que la fragmentation de ces derniers est trop grande, la comparaison à l’intérieur même des unités s’est limitée à seulement quelques-unes d’entre- elles. De ce fait, seuls les ossements des unités 17, 33, 34, 41, 43 et 44 ont été comparés individuellement à leur unité respective. En ce qui concerne la comparaison des unités formant une zone d’échantillonnage, seulement deux de ces dernières valent la peine d’être comparées, soit les zones 5 et 6.

L’étape finale permettant l’évaluation de l’appariement des ossements consiste à comparer toutes les unités entre elles afin de voir si on trouve des couples gauche-droite sur toute l’étendue du site de Kuptana (PjRa-18). Tout comme dans les autres étapes, l’état de fragmentation des os limite cette analyse puisque si les épiphyses sont absentes et qu’il n’est pas possible de connaître la longueur totale d’un os, il n’est pas pertinent et réalisable de trouver son équivalent. De ce fait, même s’il s’agit de comparer toutes les unités qui composent le site archéologique, seulement quelques-unes d’entre elles valaient vraiment la peine d’être comparées les unes aux autres. Dans le but de trouver des couples d’os gauche et droit sur l’ensemble du site, les unités 1, 2, 3, 4, 6, 11, 17, 33, 34, 36, 41, 43, 44, 45, 46 et 48 ont été comparées. Un dernier élément à considérer concernant ce type d’analyse est que les ossements semblant fournir, en début d’analyse, les données les plus révélatrices dans les cas d’appariement sont les carpes et les tarses. En effet, ces os sont, majoritairement, toujours complets et fusionnés, ce qui rend les comparaisons beaucoup plus efficaces.

Afin de réaliser cette étape, une analyse métrique et une analyse visuelle ont été réalisées. Pour être plus précis, une première analyse visuelle a été faite au début du processus pour évaluer les possibles paires en se basant sur le degré de fusion des épiphyses et la grosseur générale. Par la suite, on a effectué une analyse métrique avec une prise de mesures générales pour tous les os concernés et des mesures spécifiques à tous les différents types d’os. Pour les mesures générales, la longueur, la largeur, le diamètre et l’épaisseur des échantillons ont été pris. Pour les mesures plus spécifiques aux différents types d’os, ces dernières se sont principalement concentrées sur les épiphyses et ont tenté de refléter les longueurs et largeurs des différentes facettes articulaires qui les forment. Une fois les mesures

70

prises et de possibles paires identifiées, une deuxième analyse visuelle a été effectuée. En effet, même si les mesures sont semblables, l’observation visuelle de deux éléments côte à côte nous permet de vraiment reconnaître si ces derniers sont identiques ou s’ils présentent des différences importantes.

Dans le but de conduire cette analyse de manière objective, certaines prémisses ont été mises en place en début de processus. Premièrement, il a été postulé que les os gauche et droit étaient de dimensions identiques. En réalité, aucun corps n’est complètement symétrique (Heuzé et al. 2012 : 109), mais pour les besoins de l’analyse et par manque d’éléments ostéologiques à comparer, nous avons donc pris la décision de considérer que les os gauche et droit possèdent des dimensions identiques. De la même manière que des constantes fixes sont établies avant la résolution d’un problème mathématique, cette prémisse sert à limiter le nombre de variables du problème et à l’ancrer dans une base fixe sur laquelle il est possible de s’appuyer.

Le deuxième postulat consiste en la mise en place d’une marge d’erreur de moins 2 mm pour les mesures prises sur les os. Tel que mentionné plus haut, les os possédant des formes diverses, il n’est pas toujours aisé d’obtenir des mesures fiables se répétant d’un os à l’autre. Afin de palier à cette éventualité et même si un soin particulier a été observé en ce qui concerne l’emplacement de la prise de mesure d’un os à l’autre, une marge d’erreur a tout de même été établie afin qu’il soit plus facile de comparer les données recueillies entre elles. Compte tenu de la grosseur des os et de l’utilisation d’un pied à coulisse électronique, il nous a paru raisonnable d’établir la marge d’erreur à 2 mm. En effet, tous les os que nous pensions faire partie d’une même paire ont pu être identifiés grâce à une différence de moins de 2 mm entre les mesures prises sur les épiphyses et pour la largeur.

L’utilisation exclusive des os complets ainsi que des sections proximales et distales possédant leur épiphyse constitue la troisième prémisse. En testant l’analyse avec les omoplates et les humérus, il est apparu évident que mesurer des éléments ne présentant pas d’épiphyses ne valait pas la peine en raison de l’absence d’un squelette de référence pouvant servir de comparatif. Cette décision a permis de limiter la charge de travail reliée à cette étape. Il est également plus que probable que même avec la présence de données de référence provenant de squelettes modèles, la prise de mesures sur ces éléments resterait une perte de

71

temps. De plus, les épiphyses seules sont également écartées de cette étape de l’analyse. En effet, il est difficile de prendre des mesures sur des épiphyses non complètes et une épiphyse détachée n’apporte pas suffisamment d’information pour permettre une comparaison viable. Finalement, une extension de cette prémisse consiste à éliminer les éléments n’étant pas identifiés à un côté. En effet, la majorité de ces éléments sont des fragments de diaphyse. La présence des épiphyses permet normalement de déterminer s’il s’agit d’un os gauche ou droit.

Tout au long de ces diverses étapes de l’analyse ostéologique, plusieurs photographies ont été prises afin de documenter le processus. En effet, une image étant souvent plus facile à comprendre qu’une longue description, il était important de documenter de façon visuelle les différentes étapes et leurs résultats. Des photos ont été prises de tous les types d’ossements à comparer, par côté, afin de bien illustrer les éléments observés. De plus, des photos des éléments qui semblent s’apparier ont été prises sous plusieurs angles afin de tenter de démontrer au mieux la ressemblance entre les paires.