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III. 1.2.2.1 Productivité

IV.1.1. Antécédents de caractérisation de l’élevage bovin santafésin : variables, notion de

Le choix des variables a pour objectif de prendre en compte l’unité productive dans son ensemble, tant au niveau de son organisation économique que sociale. L’accent est mis sur la gestion des ressources fourragères, les productions annexes, et les superficies relatives en agriculture et élevage afin d’évaluer l’importance de chacune de ces deux activités dans les exploitations étudiées. D’un point de vue social, l’objectif et de comprendre l’état d’esprit des éleveurs, leur mode de fonctionnement et vision des deux activités au sein de la filière. Pour définir ces variables, nous avons utilisés des travaux de caractérisation déjà réalisés dans la pampa humide, sur des exploitations avec élevage bovin.

L’élément usuel de discrimination est celui du capital productif, dans notre cas la taille du

cheptel, en nombre de têtes. Antuña et al., classent les exploitations de la province de Santa

Fe selon les strates suivantes : 0 à 100 têtes, 101-250, 251-500, 501-1 000, 1 001-5 000, 5 001-10 000, > 10 000 têtes. On considère les exploitations à production bovine allaitante, tout atelier confondu, et un nombre de têtes sans discriminer la catégorie bovine, à l’échelle provinciale puis départementale (Antuña et al., 2010).Sodiro, en 2004, utilise également cette classification basée sur la taille du cheptel, avec des strates différentes : < 50, 50-100, 101- 200, 201-300, 301-500, 501-1000, 1 001-2 000, 2 001-3 000, 3 001-4 000 et > 4 001, pour décrire les établissements bovins allaitants et laitiers au niveau provincial et départemental (Sodiro et al., 2004).

M. Monti, en 2004, définit trois types de systèmes: système de type agricole, de type mixte ou de type élevage. Le critère est celui de l’utilisation de la terre, c’est à dire la stratégie de gestion des ressources et le grade de complémentarité entre agriculture et élevage. Chaque système se définit en fonction du pourcentage des ressources fourragères utilisées : chaumes, cultures fourragères d’hiver entre deux cultures, prairies permanentes de base luzerne, prairies naturelles (Monti, 2004). A partir de cette catégorisation, effectuée sur 102 producteurs sud- santafésins appartenant au programme Carnes Santafesinas (PCS), l’auteur propose pour chaque catégorie l’évaluation de variables secondaires que sont : le type de main d’œuvre, les ateliers en bovin allaitant, la composition du cheptel, les paramètres reproductifs, la forme de complémentation alimentaire et le type de commercialisation. (Monti et al., 2007).

Sur le cycle agricole 2004/2005, 75 établissements du programme « Carnes Santafesinas » (PCS) sont évalués en fonction de 17 variables, considérées comme les plus pertinentes après analyse statistique : Superficie agricole (Maïs, Blé, soja), superficie fourragère (PP, VI, CN), composition du cheptel naisseur (Vaches, génisses de 1° service, génisses de 1-2 ans, taureaux, jeunes taureaux de renouvellement, veaux, génisses servies), composition du

cheptel engraisseur (vaches de reforme, taurillons 1-2 ans + génisses d’engraissement, veaux

d’engraissement) et poids au sevrage. Les valeurs de ces paramètres permettent de définir 8 groupes de producteurs (Monti et al., 2005).

150 En 2011, sur 24 producteurs du PCS, les facteurs de classification sont : le mode

d’exploitation du foncier, les ateliers bovins, la taille du cheptel naisseur (< 50 vaches,

51-100, 101-150, 151-200, > 201 vaches), le mode de gestion des ressources fourragères et

le type de problèmes rencontrés (fréquence, gravité, et origine) (Monti et al., 2011b).

Chimicz réalise en 2007 une classification des établissements de production bovine sur l’ensemble de la province de Santa Fe, englobant les ateliers allaitants et laitiers. Il définit 4 facteurs principaux qui ont une incidence majeure sur la justification des différences observées entre les exploitations bovines. Ces facteurs sont la dimension commerciale, l’orientation productive, le grade de spécialisation en élevage et l’efficience productive. Parmi toutes les variables recensées, 7 sont retenues comme celles représentant de façon adéquate les 4 facteurs cités ci-dessus : la proportion de la superficie utilisée pour l’élevage bovin, la

quantité totale de vaches mères sur l’établissement, le pourcentage de veaux vivants < 1 an par rapport au nombre de mères, le pourcentage d’animaux de l’atelier naisseur par rapport au total de bovins, la proportion de la superficie occupée par des prairies naturelles, le chargement bovin (en vache/hectare) et le pourcentage de taureaux utilisés dans le troupeau naisseur (Chimicz, 2007).

Nous avons utilisé l’ensemble de ces variables pour notre étude, certaines comme le pourcentage de veaux vivants < 1an par rapport au nombre de mères n’ont pas toujours été possible d’évaluer. Les pratiques de mise à la reproduction (cas de la MNC), la présence ou non d’un enregistrement des naissances et morts d’animaux, et celle d’un diagnostic de gestation par un vétérinaire ont conditionné l’obtention de ces résultats et leur validité. Ce biais peut expliquer en partie la dispersion des résultats obtenus sur l’échantillon total pour cette variable, et celle de la mortalité des veaux.

Concernant le nombre de mères, les classes ont été établies a posteriori afin de voir quelle discrétisation est la plus pertinente dans le cadre de notre étude. Les résultats par groupe montrent qu’il existe un clivage entre les exploitations avec moins de 100 vaches, et celles de dimension supérieure.

Les critères de définition des classes de producteurs font l’objet de controverses. Il s’agit d’une caractérisation complexe, qui se justifie dans un contexte socio-économique et une échelle spatio-temporelle donnés. Nous nous concentrerons donc sur les définitions de «petit producteur » spécifiques de la région pampéenne, dont l’élaboration est postérieure aux années 1990, période d’expansion de l’agriculture du soja.

Manuel-Navarrete considère comme exploitation pampéenne de petite échelle celle de superficie agricole comprise entre 100 et 200 hectares (Manuel-Navarrete et al., 2005). L’exploitation de petite échelle du Sud de Santa Fe est associée pour le SAGPyA (Secretaría de Agricultura, Ganadería, Pesca y Alimentos), la DDA (Dirección de Desarrollo Agropecuario) et l’IICA (Instituto Interamericano de Cooperación para la Agricultura- Argentina) à celle abritant un système d’organisation familiale, où « le producteur travaille

directement sur l’exploitation et ne possède pas de travailleurs non familiaux permanents rémunérés », avec une limite de 500 hectares de superficie cultivée et 500 unités en élevage,

pour une superficie totale limitée à 1000 hectares (Scheinkerman de Obschatko et al., 2007). Tsakoumagkos et al., en 2000, décrit la région pampéenne comme une région agraire de structure sociale très complexe, multipliant les profils d’exploitants, parmi lesquels il distingue les « éleveurs avec de faibles ressources productives ». Leur description est présentée comme suit : « La majeure partie d’entre eux a accédé à la propriété à partir d’un

héritage et réside sur l’exploitation. Ils possèdent une superficie moyenne de 172 hectares propres, occupent des terres de basse qualité […] environ 100 vaches en atelier naisseur […] des ovins, environ 47 brebis mères, principalement destinés à l’autoconsommation. L’avoine et le maïs sont les cultures majoritaires pour l’alimentation du bétail, les cultures à visée

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commerciale son très peu fréquentes. Ils n’emploient pas de main d’œuvre permanente, la moitié utilise des employés temporaires. Dans les autres cas, la main d’œuvre est familiale et ne dépasse pas en général plus de deux personnes se dédiant complètement à l’exploitation. La diversification des sources de rémunération est fréquente, qu’elle soit interne ou externe à l’exploitation. Des sources de rémunérations sont notamment la vente de veaux, porcelets, œufs et volailles. […] les revenus annuels estimés varient entre 5000 pesos et 36 000 pesos, bien que la majorité n’atteigne pas 15 000 pesos » (Tsakoumagkos et al., 2000).

Si le statut de « petit producteur » n’est pas systématiquement associé à celui « d’agriculture familiale » dans tous les contextes productifs (Coordination Sud., 2007), en Argentine, dans la région pampéenne, la nature de la main d’œuvre, essentiellement voire exclusivement familiale, est associée au statut de « petit producteur ». De façon récurrente revient également la notion de dimension réduite du capital. La diversification des activités est également une composante importante de la production de petite échelle (Tsakoumagkos et al., 2000).

Dans notre étude, le type A s’apparenterait donc le plus à la classe des petits producteurs, avec un troupeau naisseur de moins de 100 vaches, une superficie moyenne de 98 hectares, une main d’œuvre à 80% exclusivement familiale, de 2 à 3 actifs permanents résidant en majorité sur l’exploitation et une diversification des productions avec une part d’autoconsommation.

Les types D et E répondent à certaines de ces caractéristiques : le type D possède une main d’œuvre à composante exclusivement familiale, un cheptel naisseur de 100 à 200 vaches et jusqu'à 200 hectares de superficie utile. Les productions ne sont pas diversifiées et la main d’œuvre, bien qu’elle soit familiale, est généralement de 1 à 2 actifs résidant en région urbaine. Le type E possède un capital de dimension similaire au type A, ses membres diversifient leur production dans 50% des cas. La participation familiale est forte, de 2,22 actifs en moyenne, avec recours à des employés extra-familiaux dans une minorité de cas. Si l’on regroupe les producteurs de moins de 100 vaches allaitantes, possédant une superficie utile de moins de 200 hectares, avec une main d’œuvre familiale de 2 actifs ou plus et extra- familiale permanente de 1 actif ou moins, on obtient un échantillon de 15 producteurs, dont 12 appartiennent au type A et 3 appartiennent au type E. Parmi eux, 80% ont une production annexe avec autoconsommation qui est dans 83% des cas de l’élevage ovin au minimum. Il s’agit de systèmes de type agricole à 87%. Seuls 20% d’entre eux ont une source de rémunération externe à l’exploitation. Ces deux dernières données contrastent avec la définition donnée par Tsakoumagkos et al. en 2000. Ceci peut s’expliquer par le fait que l’aptitude des sols diminue selon un gradient Nord-Sud dans la province de Santa Fe, cette définition concernant plutôt les productions du centre-Nord de la province.