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A) LA GENÈSE

L’influence du texte biblique de la Genèse sur l’œuvre d’Anne Hébert est primordiale,

autant sur le plan mythique, par la présence du mythe de la Création ou du Déluge,

qu’au niveau intertextuel, par les citations, allusions ou références qui sillonnent les

textes de l’auteure. L’empreinte des Écritures est tellement forte dans l’œuvre qu’elle

se retrouve même au niveau de la structure narrative d’un des romans hébertiens.

Dans Les Fous de Bassan, l’auteure pastiche le style scripturaire, en empruntant dans

son récit la célèbre formule inchoative de la Genèse « au commencement » ainsi

qu’une allusion au monde animal et végétal que Yahvé avait créé avant de façonner le

premier homme. En faisant appel au contexte mythique biblique pour évoquer la

fondation de la communauté de Griffin Creek, le révérend Nicolas Jones donne une

dimension sacrée à son récit, en mettant en parallèle le sort de ses paroissiens avec

celui du peuple de Dieu, depuis la Création jusqu’au Déluge. Pareillement aux

premiers hommes que Dieu a créés, les quatre familles anglophones, chassées depuis

la Nouvelle Angleterre pour avoir refusé l’indépendance américaine et ayant choisi de

rester fidèles au roi d’Angleterre, arrivent en 1782 sur une plage déserte, entre terre et

mer, où tout est à faire, comme aux premiers jours de la Création :

Au commencement, il n’y eut que cette terre de taïga, au bord de la mer, entre cap Sec et cap Sauvagine. Toutes les bêtes à fourrure et à plumes, à chair brune ou blanche, les oiseaux de mer et les poissons dans l’eau s’y multipliaient à l’infini. (FB, 14)

L’expression inaugurale de la Genèse biblique est reprise à la fin du « livre » du

révérend, mettant en valeur la structure cyclique du récit qui n’est qu’une interrogation

douloureuse sur la faute ayant pu entraîner la déchéance de la communauté fondée à

Griffin Creek, au bout des deux siècles de son existence. Nicolas Jones évoque l’été

tragique 1936 à partir de la perspective d’un présent qui n’a rien de glorieux et qui

présage la disparition des derniers survivants d’une communauté corrompue,

semblable à celle que Dieu avait anéantie par les eaux diluviennes. L’été 1936 marque

déjà symboliquement la fin de la communauté, par les manquements dont plusieurs de

ses membres se rendent coupables : la tentative de viol et d’inceste du révérend, le

suicide de sa femme, le viol et le meurtre des deux jeunes filles, Olivia et Nora, commis

par leur cousin Stevens Brown. Cette dégénérescence morale des habitants de Griffin

Creek est préfigurée par une tempête de trois jours, le village étant littéralement

submergé par des pluies torrentielles. La punition divine semble déjà être en marche,

mais ce n’est que le commencement de la fin : à partir de là, les événements vont

s’enchaîner très vite, en précipitant chacun dans le désordre de ses propres pulsions.

Mais le choix de l’année 1936 pour marquer le début d’une époque

« apocalyptique » dans le roman n’est peut être pas un hasard, à en juger d’après le

contexte social et historique québécois des années trente. À ce moment-là, le Québec,

tout comme le reste du monde, traversait la crise économique de l’entre-deux guerres.

En outre, c’est en 1936 que Maurice Duplessis, appelé « le Chef » (ou parfois « le

Cheuf »), est élu premier ministre ; son règne, désigné métaphoriquement comme « la

Grande Noirceur », était placé sous le signe de la corruption, des abus de pouvoir et

d’une forte oppression cléricale, inscrivant ainsi une page sombre dans l’histoire du

Québec.

Une autre allusion au texte de la Genèse, que le pasteur invoque vers la fin de

son récit, confirme le parallèle entre la structure narrative du texte hébertien et le

face de Dieu et la terre est pleine de violence182. » (FB, 43) Dans le récit testamentaire,

Dieu décide de détruire l’humanité en déversant sur toute la terre les eaux du Déluge

afin de punir les hommes pour s’être éloignés de ses commandements. Dans le texte

hébertien, le révérend fait appel à la citation biblique à un moment clé de son récit,

lorsqu’il époque la rencontre avec sa nièce, Nora, près de la cabane à bateaux où il

avait tenté de la séduire. Il se demande si ce n’est pas son désir coupable qui aurait pu

déclencher la colère divine et entraîner la déchéance morale de toute la communauté.

La faute de Nicolas Jones pèse d’autant plus lourd dans la balance de la justice

céleste qu’il assume une fonction sacerdotale.

Caïn et Abel

Il n’y a pas beaucoup d’allusions dans les textes hébertiens au récit biblique des deux

fils d’Adam, cependant, ici et là, on voit surgir, adaptée au contexte de l’œuvre, la

phrase prononcée par Caïn lorsque Dieu demande à celui-ci où est son frère : «

Suis-je le gardien de mon frère? » (Gn, 4 : 9) Ainsi, dans L’Enfant chargé de songes,

lorsque Hélène rentre toute seule à la maison et que sa mère s’enquiert auprès d’elle

afin de savoir où se trouve son frère Julien, la jeune fille est fortement tentée de lui

répondre avec la célèbre phrase des Écritures : « Suis-je la gardienne de mon frère? »

(ECS, 69) La mise en parallèle de la situation narrative du roman avec l’histoire

biblique est révélatrice : Hélène perçoit sa mère comme l’incarnation d’une autorité

suprême, comme une sorte de déesse régnant de manière absolue sur ses deux

enfants qui lui doivent obéissance et à qui ils sont tenus de tout avouer. En évitant de

répondre aux questions de sa mère, Hélène entend préserver ses petits secrets à elle

et les protéger de l’esprit inquisiteur de sa mère, malgré la culpabilité engendrée par le

fait de receler la vérité.

L’allusion testamentaire au frère meurtrier, qui ne peut pas accepter que

l’offrande de son frère cadet soit préférée par la divinité, se retrouve dans Les Fous de

182

Italiques d’Anne Hébert. Cf. Bible de Jérusalem, op. cit., Gn, 6 : 11 : « La terre se pervertit au regard de Dieu et elle se remplit de violence. »

Bassan, dans le livre du révérend Nicolas Jones : « Le péché est tapi à ta porte, son élan est vers toi, mais toi domine-le183. » (FB, 17) Si, dans le texte biblique, Dieu

s’adresse à Caïn à travers une interrogation rhétorique : « Mais si tu n’es pas bien

disposé, le péché n’est-il pas à la porte, une bête tapie qui te convoite, pourras-tu la dominer ? » (Gn, 4 : 7), dans le texte hébertien, la référence sacrée prend une tournure

impérative. Le « péché » que Nicolas Jones tente de maîtriser, en récitant des citations

bibliques, est celui de sa concupiscence, des désirs coupables qu’il éprouve à l’égard

de sa propre nièce, Nora.

B) L’EXODE

Quelques intertextes seulement appartenant au deuxième livre de la Bible

apparaissent dans l’œuvre d’Anne Hébert, notamment dans Les Fous de Bassan, dans

le « livre du révérend Nicolas Jones » où par ailleurs les citations bibliques abondent.

On y retrouve deux allusions au livre de l’Exode : « Les fils d’Israël fructifièrent et

foisonnèrent, ils se multiplièrent beaucoup, si bien que le pays en fut rempli184. » (FB,

31) et : « Honore tes père et mère, dit le pasteur, s’adressant aux vieillards de Griffin

Creek, afin que tes jours soient prolongés dans le pays que Dieu t’a donné185. » (FB,

54) La première citation, extraite du prologue au récit de l’Exode, fait allusion aux

Israélites qui, étant devenus très nombreux lors de leur séjour en Égypte, subissent

l’oppression du pharaon. En voyant le sort malheureux de son peuple, Dieu décide de

lui faire quitter l’Égypte et confie à Moïse la tâche de mener les Hébreux vers la terre

promise.

Dans le roman hébertien, la destinée de la communauté de Griffin Creek est

identifiée à celle du peuple élu, les quatre familles fondatrices du village ayant suivi les

préceptes divins de procréer et se multiplier afin d’assurer leur descendance. Ce

183

Italiques d’Anne Hébert

184

Idem. Cf. Bible de Jérusalem, op. cit., Ex 1 : 7 : « Les fils d’Israël furent féconds et se multiplièrent, ils devinrent de plus en plus nombreux et puissants, au point que le pays en fut rempli. »

185

Idem. Cf. Bible de Jérusalem, op. cit., Ex, 20 : 12 : « Honore ton père et ta mère, afin que se prolongent tes jours sur la terre que te donne Yahvé ton Dieu. »

parallèle évoque le discours messianique de la fin du XIXe siècle au sein de l’Église

catholique qui mettait en valeur la mission « apostolique » du peuple canadien-français

et sa vocation de peuple élu. Le messianisme prôné par un abbé Casgrain est fondé

sur l’idée d’une « destinée spirituelle grandiose réservée aux francophones, en

récompense de leurs souffrances terrestres186 ». L’isolement social, culturel et

économique des Canadiens français est interprété comme une « élection sacrée187 »

pour laquelle ceux-ci avaient le devoir de défendre leur langue, leur culture et surtout

leur religion face aux anglophones protestants, les détenteurs du pouvoir économique.

Toutefois, dans Les Fous de Bassan, l’« épopée » de la communauté

anglophone est loin d’être aussi glorieuse que celle du peuple d’Israël, même si les

habitants de Griffin Creek, très attachés aux histoires scripturaires, réclament du

pasteur la lecture des passages sacrés qui semblent évoquer leur propre destin : « Je

murmure les mots qu’ils attendent de moi. Cette louange, cette exaltation d’eux-mêmes

et de leur vocation de peuple élu, dans un pays sauvage, face à la mer, dos à la

montagne. » (FB, 31) Les paroles sacrées réconfortent les membres de la

communauté de Griffin Creek, l’impression que leur destinée singulière est liée à la

volonté divine leur permettant de mieux endurer l’isolement total dans lequel ils vivent,

avec, pour seuls témoins de leur existence, la montagne et la mer.

Le deuxième intertexte testamentaire apparaît vers la fin du livre du révérend,

en guise de conclusion de son récit : « Honore tes père et mère, dit le pasteur,

s’adressant aux vieillards de Griffin Creek, afin que tes jours soient prolongés dans le

pays que Dieu t’a donné188. » (FB, 54) L’extrait biblique fait partie des commandements

qui composent le Décalogue, figurant parmi les dix prescriptions essentielles que Dieu

révèle aux Hébreux sur le mont de Sinaï, comme la reconnaissance du Dieu unique,

l’interdiction d’adorer les idoles, de tuer, de voler ou de mentir. Dans le contexte

186

Carole Allamand, « La voix du paradis. La québécitude de Jack Kerouac », Études françaises (Réécrire

au féminin : pratiques, modalités, enjeux), vol. 40, n° 1, 2004, pp. 131-148, p. 137.

187

Idem.

188

narratif des Fous de Bassan l’exhortation du texte biblique d’honorer ses aînés devient

dérisoire, puisque le révérend, en prononçant la recommandation sacrée, s’adresse

uniquement à une poignée de vieillards, les derniers survivants d’une communauté

condamnée à disparaître à jamais de la surface de la terre. Pour ce qui est de la

stratégie d’intégration de l’intertexte biblique, on observe que, contrairement à la

citation précédente, qui se présente en bonne et due forme, ce deuxième extrait

testamentaire crée l’impression d’un texte « hybride » qui évoque la technique du

copier-coller. En effet, le commentaire du narrateur est inséré, au moyen d’une

incidente, au cœur de la citation, le démarcage typographique permettant de nettement

identifier le texte de la citation (en italiques) par rapport au texte hébertien.

C) LES PSAUMES

Les Psaumes bibliques, qu’on retrouve parmi les écrits poétiques et sapientiaux,

regroupent une thématique variée. Destinés à être chantés, les psaumes expriment

tantôt des louanges à l’adresse du Seigneur, tantôt des lamentations ; ils se font l’écho

de la joie ou de la souffrance, de l’espoir ou du désarroi du croyant, sous la forme d’un

dialogue entre Dieu et l’homme. On décèle dans l’œuvre hébertienne plusieurs

références aux Psaumes, mais en dépit de ce nombre, leur présence reste beaucoup

moins importante que celle des textes évangéliques ou des épîtres pauliniennes. Ainsi,

dans Kamouraska, le Psaume 51 (« de pénitence ») est évoqué dans le contexte de la

mort prochaine du deuxième mari d’Élisabeth, à travers les prières des agonisants :

Miserere nobis

Vois, dans le mal je suis né

Pécheur ma mère m’a conçu189. (K, 234)

La citation biblique correspond au début du psaume où le pécheur invoque la

miséricorde divine envers sa nature « mauvaise » et se repent de ses fautes. Cité

fidèlement, l’extrait testamentaire renvoie, dans le texte hébertien, aux remords

d’Élisabeth qui est hantée par l’idée d’avoir provoqué la mort de ses deux maris. Le

189

Italiques d’Anne Hébert. Cf. Bible de Jérusalem, op. cit., Ps 51 : 1 : « Pitié pour moi, Dieu, en ta bonté » et Ps 51 : 7 : « Vois, mauvais je suis né, pécheur ma mère m’a conçu. »

sentiment de culpabilité qu’elle avait ressenti vis-à-vis du meurtre d’Antoine Tassy

refait surface pendant les dernières heures de l’agonie de son second époux, Jérôme

Rolland. Même si ce dernier meurt d’une mort tout à fait naturelle, Élisabeth en

éprouvera malgré tout une part de responsabilité. Un peu plus loin figure un autre

extrait du même psaume :

Rends-moi le son de la joie et de la fête

et qu’ils dansent les os que tu broyas190. (K, 235)

C’est pendant son état de rêve que, en imaginant les retrouvailles avec son amant,

George Nelson, Élisabeth recourt au passage scripturaire qui acquiert un nouveau

sens dans le contexte du roman : les « os que tu broyas » sont une allusion macabre

au défunt, Antoine Tassy, que George Nelson avait assassiné à l’instigation

d’Élisabeth. Bien que son deuxième mari soit mourant, cela n’empêche pas la jeune

femme de continuer à rêver de son histoire d’amour avec le médecin. Le même extrait

du Psaume 51 faisant allusion aux os brisés apparaît également dans le « Livre de

Perceval Brown et de quelques autres », dans Les Fous de Bassan. Le frère cadet de

Stevens, que tout le monde dans le village prend pour un simple d’esprit, voire pour un

idiot, a pourtant conservé dans sa mémoire les souvenirs des « merveilles » de

l’Évangile racontées par le révérend pendant la messe dominicale. À travers

l’évocation du passage scripturaire évoqué ci-dessus Perceval fait passer un autre

message, celui du meurtre des deux cousines par son frère Stevens qui a littéralement

brisé leurs corps et qui a « broyé » leurs vies.

Quelques allusions aux poèmes bibliques apparaissent également dans Les

Enfants du sabbat où, outre de nombreux extraits scripturaires, on retrouve plusieurs

fragments de textes liturgiques en latin. Ainsi, alors que mère Marie-Clotilde et

l’aumônier Léo-Z. Flageole s’apprêtent à mettre fin à la vie du bébé dont sœur Julie

vient d’accoucher, sous prétexte que c’est le fils du diable, on voit surgir dans le texte

hébertien une citation du Psaume 23, appelé « Le bon Pasteur » :

190

Le Seigneur est mon berger. Je ne manque de rien. Sur des prés d’herbe fraîche Il me fait reposer.

Vers les eaux du repos, il me mène Pour y refaire mon âme191. (ES, 186)

Ce sont les sœurs qui psalmodient ainsi, en chantant bien fort, à la demande de leur

mère supérieure, afin de couvrir les pleurs de l’enfant que l’aumônier est en train

d’étouffer avec de la neige, « comme s’il voulait éteindre le feu de l’enfer. » (ES, 187)

L’extrait biblique psalmodié par les religieuses sert, dans le contexte narratif du roman,

de « couverture » sonore pour le geste infanticide de l’abbé Flageole et de mère

Clotilde qui prétextent la nature diabolique de l’enfant afin de justifier leur crime.

On voit apparaître, dans Les Enfants du sabbat, une autre allusion au Psaume

51 évoqué également dans Kamouraska, mais cette fois, l’intertexte biblique est

librement adapté par l’auteure et les indices typographiques qui signalent sa présence

sont absents : « Vous m’aspergerez avec l’hysope et je serai plus blanc que la

neige192. » (ES, 30) L’allusion aux textes scripturaires intervient, là encore, à un

moment clé du déroulement narratif du roman : alors que sœur Julie assiste à la

messe dans le couvent des dames du Précieux-Sang, elle est assaillie par les visions

de la cabane, mais se raccroche à sa vie présente et à sa fonction de religieuse, en

voulant être délivrée de son passé, « blanche comme neige, sans enfance et sans

avenir ». (ES, 32) Mais son vœu ne sera pas exaucé, puisque sa soif de vivre

pleinement sa vie sera plus forte face à l’aridité de sa vocation monacale.

D) LES LIVRES PROPHÉTIQUES

Les allusions aux textes prophétiques ne sont pas fort nombreuses dans les textes

hébertiens, cependant, quelques-unes surgissent ça et là. Ainsi, dans Les Fous de

Bassan, Perceval cite, dans son récit, un passage du livre du prophète Malachie qui

est, selon lui, le préféré du révérend parmi les douze « petits prophètes » : « J’ai livré

191

Cf. Bible de Jérusalem, op. cit., Ps 23 : 1-3 : « Yahvé est mon berger, rien ne me manque. / Sur des prés d’herbe fraîche il me fait reposer./ Vers les eaux du repos il me mène, Il y refait mon âme. »

192

Ibid., Ps 51 : 9 : « Ôte mes tâches avec l’hysope, et je serai pur ; / lave-moi, je serai blanc plus que neige. »

ses montagnes à la désolation et son héritage aux chacals du désert. Et maintenant veuillez adoucir la face de Dieu pour qu’il ait pitié de nous193. » (FB, 170) En vérité,

Anne Hébert réunit deux fragments du texte prophétique en les présentant comme une

seule référence biblique. La première phrase est une allusion au début du livre de

Malachie, où le prophète évoque l’histoire d’Ésaü et Jacob, ainsi que la préférence de

Yahvé pour ce dernier et le mauvais traitement infligé à Ésaü : « Or j’ai aimé Jacob

mais j’ai haï Ésaü. J’ai livré ses montagnes à la désolation et son héritage aux chacals

du désert. » (Ml, 1 : 3) Le deuxième extrait testamentaire fait référence au réquisitoire

contre les prêtres qui ont désobéi aux injonctions divines : « Et maintenant implorez

donc Dieu pour qu’il vous prenne en pitié. » (Ml, 1 : 9)