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L’étude des protéines sériques fournit des informations non seulement sur le composant monoclonal (M) mais aussi sur la production des Ig polyclonales physiologiques, fréquemment altérée dans le MM, ainsi que sur l’albuminémie, qui peut être diminuée [43].

Électrophorèse des protéines sériques

La recherche d’une Ig monoclonale nécessite une analyse des protéines sériques par électrophorèse. Le principe de l’électrophorèse repose sur le déplacement des protéines ionisées lorsqu’elles sont soumises à un champ électrique dans des conditions définies de force ionique, de pH, de durée et d’intensité du courant électrique appliqué.

En effet, les immunoglobulines monoclonales possèdent une charge identique, leur mobilité électrophorétique est donc homogène. Sur le densitogramme d’un gel ou sur un tracé capillaire, elles apparaissent alors sous forme d’un pic étroit (généralement dans la zone des gammaglobulines), ce qui les différencie des immunoglobulines polyclonales, qui se répartissent selon une distribution gaussienne dans toute la zone des gammaglobulines. Ce pic étroit peut également se trouver dans la zone des béta-globulines ou même des

Cependant lorsque l’immunoglobuline monoclonale est de faible intensité, le pic étroit se trouve dans une zone inhabituelle, ou se distingue difficilement de son environnement immédiat (par exemple, une IgA monoclonale migrant avec la transferrine dans la zone bêta1). Une déformation ou une augmentation isolée d’une fraction peut alors alerter le biologiste de la présence potentielle d’une protéine monoclonale. L’électrophorèse des protéines sériques permet de plus la quantification de l’immunoglobuline monoclonale. Cette quantification est très importante pour le diagnostic et le suivi du patient ; elle est reprise dans les critères de diagnostic du myélome multiple de l’International Myeloma Working Group (IMWG) [55].

Notre série a montré un pic monoclonal chez 14 malades soit 82% des cas, migrant dans 75% des cas dans la zone des gammaglobulines suivie de la zone des Béta globuline (25% des cas).

De ce fait nos résultats sont en concordance avec ceux de la littérature puisque, N.Gaougaou [26] a noté un pic monoclonal dans 82 % des cas : un pic γ dans 69 % des cas, un pic β dans 28 % des cas, un pic α2 dans 3 % des cas. De même pour la série américaine de A.Kyle [27] où 82% des patients ont eu un pic monoclonale ; migrant dans la zone des gammaglobulines dans 54% des cas et dans la zone des bétaglobulines dans 13%.

Figure 27: Électrophorèse des protéines sériques montrant un pic monoclonal migrant dans la zone des gammaglobulines [21].

L’ immunofixation

Une immunofixation (IF) est réalisée devant toute anomalie de l’électrophorèse (pic monoclonal, hypogammaglobulinémie). L’immunofixation des protéines sériques permet de confirmer la clonalité de la bande visualisée lors de l’électrophorèse des protéines sériques et de typer l’immunoglobuline monoclonale. Elle permet parfois d’identifier et de caractériser une immunoglobuline monoclonale non détectée par l’électrophorèse, soit de concentration trop faible, soit masquée car migrant dans la zone des β-globulines

L’immunofixation sur gel d’agarose consiste à séparer les protéines du sérum selon leur mobilité électrophorétique, puis de les mettre en contact avec des antisérums monospécifiques permettant la précipitation des immunoglobulines recherchées. La présence d’une Ig monoclonale sera confirmée par une bande étroite révélée à l’aide d’un des 3 antisérums anti-chaînes lourdes (anti -γ, -α ou -µ), et par la même bande révélée par un des deux antisérums anti-chaînes légères (anti-κ ou anti-λ).

La bande de la chaîne lourde et celle de la chaîne légère doivent être situées au même niveau de migration. En cas de bande révélée uniquement par un des antisérums anti-chaîne légère (anti -κ ou -λ), il y a lieu de suspecter soit: une chaîne légère libre monoclonale (cas le plus fréquent) soit une chaîne légère liée à une IgD ou une IgE monoclonale (les cas de IgD ou IgE représentent environ 2% de tous les myélomes multiples). Dans ce cas, une immunofixation complémentaire doit être effectuée à l’aide des antisérums spécifiques (anti-IgD, anti-IgE, anti- κ libres et λ libres) avant de poser un diagnostic définitif. Si une bande est révélée uniquement par un des antisérums anti-chaîne lourde, et la réaction avec les antisérums dirigés contre les chaînes légères est négative, on peut suspecter une maladie des chaînes lourdes [55].

Dans notre série l’immunofixation des protides avait montré des différentes classes de gammapathie monoclonale : une IgG chez 84 % des cas, une IgA chez 16 % des cas. Nous n’avons pas noté de cas de myélomes à IgM ni de myélomes à IgD, par contre nous avons noté 1 cas de myélome non excrétant. Comparée aux données de la littérature, la fréquence de l isotype IgG est prépondérante dans notre étude par rapport aux autres séries [27, 32].

Tableau 8: Fréquence des isotypes IgG et IgA selon les différentes séries de la littérature.

Etude Pourcentage IgG Pourcentage IgA

N. Gaougaou 56% 20%

A. Kyle 54% 21%

Q. Luigui 47.1% 23.9%

Notre série 84% 16%

La répartition des patients en fonction de type de chaines légères dans notre série a montré une prédominance des chaines légères de type Kappa chez 54% des cas, contre 46% des cas des chaines légères de type lambda. Ce qui concorde avec les résultats de la série marocaine de N. Gaougaou et tunisienne de A. Bouaouad. En effet le tableau ci-dessous met en évidence la répartition du type de chaines légères dans les différentes séries.

Tableau 9: La répartition du type de chaines légères selon les différentes études

Auteur Kappa Lambda

A. Kyle 63% 37%

N. Gaougaou 56% 44%

• Dosage pondéral des Ig dans le sérum

Le dosage pondéral des immunoglobulines (IgG, IgA et IgM) par néphélémétrie permet de quantifier la diminution des immunoglobulines polyclonales dites ≪ normales ≫. Le taux

d’Ig physiologiques renseigne sur les risques infectieux encourus par le patient. En revanche, en raison de l’imprécision de la méthode néphélométrique, il est recommandé de contrôler l’évolution du taux de l’immunoglobuline monoclonale par la mesure du pic sur l'électrophorèse des protéines sériques. Le dosage des Ig apporte surtout une information pronostique, puisque son taux est pris en compte dans la définition des stades de Durie et Salmon [45].