• Aucun résultat trouvé

Chapitre II – Un tableau de la honte

2) Une analyse de la honte

La honte n’est abordée que ponctuellement par de nombreux philosophes. Si elle est approfondie par certains, elle ne représente pas pour autant le corps de leur recherche.226 La honte n’a jamais reçu le sceau de concept robuste. Cela tient-il à l’essence même de la honte qui est indicible et objet de rejet, ou bien au fait qu’elle est un phénomène particulièrement complexe, variable et fuyant ? Cela tient-il dans la difficulté que l’on a de retrouver des dénominateurs communs suffisamment précis pour la repérer certainement ? Nous nous bornerons, dans cette première analyse, à la dimension sensible de ce sentiment – autrement dit, d’une certaine façon, à sa dimension ontique.

La honte est donc un sentiment complexe ambivalent à la fois intime et social, oxymorique disions-nous, de portée également morale et politique, qui apparaît comme un phénomène mal expliqué, un sentiment diffus et mouvant à la potentialité double d’être à la fois refoulé et refoulant.227 Mais ainsi que nous avions pu le

225 Freud donnait de la définition de Heimlich : « apprivoisé, qui s’attache intimement à l’homme,

l’antonyme étant sauvage », L’inquiétante étrangeté, et autres essais [1919], Paris, Folio essais, 1985, p. 217.

226 Rousseau J.-J., Les confessions, Paris, Pocket, 1996 ; Rousseau J.-J., Émile, Paris, Folio, 1995 ;

Levinas E., De l’Évasion, op. cit., 1982 ; Levinas E., Totalité et infini, op. cit.; Sartre J.-P., L’Être et le

néant, Paris, Tel Gallimard, 1976 ; Les mots, Paris, Gallimard 1977 ; Hume D., Réflexion sur les passions, Paris, Le livre de poche, 1990 ; Jankélevitch V., L’innocence et la méchanceté, Traités des vertus III, « De la honte à la pudeur », Paris, Champs essais, 1986 … pour les plus connues. D’autres

philosophes l’évoquent, ainsi Spinoza B., dans L’Éthique, Paris ; Descartes dans les passions, Aristote, Kant ponctuellement.

227 Freud S. et Breuer J., « Psychothérapie de l’hystérie » in Étude sur l’hystérie, op. cit., p. 216. Freud

fait l’expérience dans ses débuts d’activité de psychothérapeute d’avoir à vaincre par son travail transféro-contretransférentiel une force psychique chez le malade qui s’oppose à la prise de conscience des représentations pathogènes. Les représentations pathogènes correspondent au refoulé, « oubliées et maintenues hors de la conscience ». Il constata par la clinique que ces représentations pathogènes possédaient un caractère commun : « elles étaient toutes pénibles, propres à figurer des affects de

honte, de remords, de souffrance » (nous soulignons). Tous ces sentiments « appartenaient à la

catégorie de ceux qu’on voudrait bien ne jamais avoir éprouvés et qu’on préfère oublier ». Tout cela suggérait au Viennois l’idée d’une réaction de défense contre les sentiments les plus pénibles auxquels

102 considérer dans le prologue, ce sentiment est aussi réprimant, répression qui serait peut-être selon la tradition conceptuelle psychosomatique de Pierre Marty, à l’origine des somatisations. Perçue le plus souvent comme un affect négatif, la honte relève communément d’une psychologie du vécu, non d’une dimension ontologique.228 Même si la dimension ontologique est cruciale pour notre propos, nous allons nous restreindre pour le moment à l’analyse de la honte ontique, émotion liée aux objets du monde et perçue selon les particularités existentielles de l’étant-sujet qu’elle mobilise. Nous avons en effet tous vécu consciemment de petites et de plus grandes hontes qui, de façon significative, sont frappantes et gravent dans notre mémoire une teneur et une coloration qui nous sont communes. Nous étions sales, mal habillés, avons été maladroits et en rougissions, montrant en toute ambivalence ce que nous voulions cacher ; paradoxe premier de cette expérience intime. C’est cette ambivalence qui nous fait, bien que confusément, appréhender consciemment cet affect pénible. Stupéfaction, confusion, tendance à rougir, à baisser les yeux, malaise parfois profond avec envie de disparaître, la honte appartient à la grande famille des émotions qui comprend le regret, le remords, le repentir, la vergogne, la pudeur, le scrupule, la culpabilité, l’embarras et peut-être aussi la gêne et le chagrin. Étant membres de la même famille, ces émotions se ressemblent à certains égards. Elles expriment une certaine insatisfaction de soi et se différencient de la vanité, de la fierté, de l’orgueil, voire de la gloire qui, toutes, expriment une satisfaction à l’égard de soi-même.

Il est donc important, pour tenter de mieux identifier la honte conceptuellement, de la distinguer à l’intérieur de cette grande famille de ressentis autoévaluatifs à coloration négative qui sont tous des sortes de craintes.

Le regret peut être saisi comme le désir qu’un acte accompli ait été autre ou

encore comme un état de conscience pénible causé par la perte d’un bien. On affronte un être humain ait à se confronter : la honte, le remords et la souffrance, donc, contre les représentations fortement liées à ces affects. Elles furent, pour cela, en leur temps, refoulées dans l’inconscient. Nous pouvons logiquement imaginer que les représentations liées aux affects les plus aigus concernent le corps, les besoins non satisfaits et les souffrances non soulagées de la toute première enfance, mais aussi tous les interdits appartenant au Surmoi parental.

228 Lauxerois J., « Pour une éthique de la honte, à la lumière de l’expérience grecque », in La Honte –

cet affect parfois jusqu’à présenter ses excuses, lorsque notre acte a dérangé autrui ou lui a nui. Ce sentiment serait plus proche d’une culpabilité d’intensité légère que de la honte. L’objet du regret est distinct et il se formule aisément, ce qui n’est pas toujours le cas dans la honte. Dans cette dernière, l’objet n’y est en effet pas toujours conscient du fait de la confusion qu’il génère, mais aussi et surtout du fait qu’il est souvent

indicible : on mourrait de le dire.229 Par ailleurs, le regret concerne un acte alors que la honte peut concerner un trait de sa personne ou de son être, voire son être même.

Le remords, de son côté, est un sentiment plus profond que le regret. La

personne qui ressent du remords souhaiterait anéantir le temps passé tout en s’y engloutissant. Il se définit comme sentiment douloureux, angoisse accompagnée de

honte, que cause la conscience d’avoir mal agi, d’avoir agi contre la morale. Il se

rapproche en cela aussi de la culpabilité. Cependant, la personne ressentant du remords se distancie de sa souffrance dans le souhait que l’acte n’ait jamais eu lieu, mais non pas dans le souhait de réparer, contrairement à la culpabilité et au regret. Le remords et le regret partagent avec la honte une dimension contrefactuelle230, c’est-à- dire que l’on préfèrerait que les choses soient autrement qu’elles ne sont dans les faits. Vladimir Jankélévitch oppose la brume du regret à l’obsédant du remords. Dans

l’Irréversible et la nostalgie, il évoque la poésie du regret et l’éthique du remords : « A cette brume du regret dit-il, opposons des états aussi opaques et

pesants que le plomb, états dont le plus empirique est la honte, le plus aiguë le désespoir et le plus chronique, le remords […] Si le regret est compatible avec la très vaine illusion de renverser l’irréversible, le remords est le désespoir de jamais révoquer l’irrévocable.» 231

La honte se situerait relativement à tous ces états comme le plus éprouvé dans

229 Cyrulnik B., Mourir de dire, La honte, op. cit. Les raisons qui font que l’on ne peut pas dire sont

multiples. Elles peuvent être conscientes et sociales avec la crainte que le dire soit susceptible de nous mettre au ban de la société. Les causes peuvent être d’origine inconsciente. Cette part indicible pourrait selon nous avoir également rapport à notre finitude, thème que nous traitons en filigrane tout au long de ce travail.

230 La contrefactualité renvoie en philosophie à la réflexion sur les évènements qui ne se sont pas

réalisés, mais auraient pu, dans la réalité, sous certaines conditions, ou dans le fantasme, se réaliser. Voir Claude Romano, L’événement et le temps, Paris, PUF, 2012 ; Badiou A., L’être et l’événement, Paris, Le Seuil, 1988 et Levinas E., Le temps et l’autre, Paris, PUF, Quadrige, 1989.

104 l’expérience relativement au regret, mais aussi à la gêne.

Si Jankélévitch parle de brume du regret, peut-être pourrions-nous rapprocher la brume de la gêne. Si dans la honte, une sorte de malaise nous gêne, la gêne n’est pas pour autant de la honte. Mais on dit souvent notre gêne pour cacher notre honte. La gêne est souvent, avec la pudeur et la culpabilité, utilisée pour dire la honte en euphémisant ce dire même. En effet, dans l’embarras comme dans la gêne, ce malaise nous effleure alors que dans la honte, il pénètre plus profondément, un état aussi opaque et pesant que le plomb profondément ressenti, nous dit Jankélévitch. On meurt de dire la honte et non de dire la gêne.

La timidité nous oblige, à l’instar de la honte, à vouloir nous cacher ou du moins

à ne pas nous exposer. Mais nous ne voulons pas nous cacher relativement à quelque secret que nous ne souhaiterions pas voir dévoilés, secrets conscients ou non du reste, mais relativement à une personne qui précisément nous intimide (nous ne sommes jamais timides qu’intimidés). Les personnes que nous respectons auront davantage le pouvoir de nous intimider ; la timidité est une forme de respect dans sa dimension de crainte. Par ailleurs, la timidité est une crainte plus réflexive qu’intentionnelle. Lorsque nous sommes intimidés, nous percevons un malaise en nous, une gaucherie, une maladresse accentuée par le regard d’autrui qui en un sens rapproche la timidité de la honte sans l’atteindre complètement.

Le scrupule, de son côté, concerne l’inquiétude qui pousse à ne pas faire le mal

même minime. Elle est comme un petit caillou (scrupulus vient de scrupus, qui signifie rocher). Elle est une courte hésitation sans enjeu véritable, quelque chose d’insignifiant et au-dessus duquel on peut passer. Le scrupule est une hésitation liée à une incertitude concernant l’acte que nous nous apprêtons à réaliser. Elle est une expérience singulière : nous désignons toujours une personne lorsque nous disons qu’elle est « sans scrupule ». Avoir des scrupules, c’est être soucieux du chemin que l’on doit choisir entre le mal et le pis. « Ne te fais pas tant de scrupules, tu te fais bien des scrupules ! » Le caillou est petit, mais il fait parfois office de scrupus, de rocher.

Le scrupule marque l’hésitation chez la personne morale. Il en stipule même en quelque sorte une forme d’excellence éthique qu’Aristote nomme la phronesis autrement dit la prudence.

La vertu de prudence unit toutes les vertus définies dans l’Éthique à Nicomaque comme les médiétés (et non les moyennes) entre deux vices, l’un par excès et l’autre par défaut. Éric Fiat les représente graphiquement sur un triangle dont le sommet de l’angle aigu supérieur correspond à la vertu médiane quand les deux extrémités de la base représentent l’un le vice par excès et l’autre le vice par défaut de la vertu correspondante.232 Quand par exemple la générosité formerait l’excellence, la

témérité en formerait le vice par excès quand la lâcheté en formerait le vice par défaut. Si les deux vices, malgré leur caractère antonyme sont plus proches entre eux que de la vertu, c’est que cette dernière en fin de compte reste une visée d’excellence. C’est d’ailleurs ainsi qu’Aristote la définit. Il faudrait un dépassement simultané des deux antagonismes pour pouvoir accéder à la vertu.

Les affects auto-évaluatifs que nous venons d’examiner se distinguent encore des émotions hétéro-évaluatives que sont l’amour et la haine, expressions de satisfaction ou d’insatisfaction à l’égard d’autrui. Nous devons à David Hume de mettre en regard deux affects autoévaluatifs que sont pour lui l’humilité et l’orgueil en regard de deux grands affects hétéro-évaluatifs que sont l’amour et la haine. L’empiriste anglais nous rapporte une définition de la honte éclairante dans sa réflexion sur les passions. Il définit la honte — qu’il nomme au demeurant humilité — comme une émotion « où le sentiment de ses faiblesses ou de ce qui lui manque le rend mécontent de sa personne ».233

Si Hume utilise humilité à la place de honte, c’est possiblement que l’étymologie de l’humilité rencontre les causes habituelles de la honte : l'abaissement, la petitesse, la modestie, la pauvreté et la misère. Mais dans l’humilité ces états sont en général admis et acceptés, voire recherchés dans certains exercices spirituels. Cela ne paraît cependant pas dans la définition humienne puisque cette émotion « le rend mécontent

232 Fiat E., Cours sur l’Ethique à Nicomaque d’Aristote, Master1 éthique médicale et hospitalière, Paris

Est Marne-la-Vallée, 2008-2009.

106 de sa personne » démontrant qu’il ne s’agit pas chez Hume de l’humilité, mais plutôt de la honte.234 Si être humble, c’est en effet avoir le sentiment de sa propre

insuffisance, l’humilité n’est pas à confondre avec la haine de soi (être mécontent de sa personne). « L’homme humble ne se croit pas inférieur aux autres : il a cessé de se croire supérieur »235. Il est conscient de sa bassesse, mais l’accepte comme constitutive de son être, mais peut-être aussi comme constitutive de l’être des êtres humains peut-être dans la fraternité. Dans ce sens, il n’y a pas d’humilité sans honte acceptée, embrassée et traversée. L’humble pourrait représenter le paradigme de l’étant manifestant en quelque sorte une dignité hontologique, dignité sur laquelle nous aurons largement à revenir et qui désigne une dignité qui intègrerait la notion de honte.236

Pour reprendre la conception aristotélicienne de la vertu, nous pourrions peut-être avancer que l’aïdos ou encore l’humilité forment l’excellence de la honte et de la pudeur quand l’obscénité et la pudibonderie en formeraient les vices par défaut.

L’humilité et l’humiliation sont toutes deux potentiellement associées à la honte dans des registres d’expériences différents, doux pour l’humilité et violent pour l’humiliation. Les deux mots d’humilité et d’humiliation sont liés à la honte pour trois raisons. Tout d’abord, l’humilité constitue la possibilité d’accepter une situation communément reconnue comme honteuse, comme nous le disions. Elle est consciemment consentie, acceptée et dépassée. L’humiliation est une violence psychique faite à autrui dans l’intention de faire surgir la honte chez lui. Avoir honte et se sentir humilié peuvent être tous deux considérés comme synonymes. Enfin, la

racine, qu’humilité et humiliation partagent, a donné homme et humus. Or la honte

qui ne partage pas la même origine étymologique est souvent associée à l’humus et à la terre237, ce reste de terre dont parle Freud et qui constitue l’homme dans ses fondements. La honte est au centre de ces quatre termes que sont l’homme, l’humus,

234 L’utilisation du terme humility est assez rare actuellement. Il renvoie, plus qu’en français, à

l’humiliation et à la honte.Voir Le grand dictionnaire d’Oxford qui définit le terme par le sentiment d’une « modest or low view of one’s importance », le mot low signifiant modeste ou bas, bas au sens de vil.

235 Comte-Sponville A., Dictionnaire philosophique, Paris, PUF, Perspectives critiques, 2001. 236 Voir entre autre sous-chapitre 3) du chapitre IX.

237 Lien avec la terre par exemple retrouvé dans des expressions qui signifient avoir honte : « Vouloir

rentrer sous terre », « vouloir être à cent pieds sous terre », et dans la littérature, Tournier M., Le Roi

l’humilité et l’humiliation, « tétralogie dont chaque terme se trouve expliqué par les trois autres, qui dans un mouvement circulaire, renforcent leur sens respectif »238.

La honte, dans le faire honte, est le sentiment négatif le plus puissant qui peut être imposé au plus faible dans l’intention noble de l’éduquer ou bien moins noble de « le faire plier ». On peut vouloir faire faire ce que l’on veut à quelqu’un que l’on culpabilise, on peut détruire quelqu’un à qui l’on fait honte délibérément. On peut malgré tout faire honte à quelqu’un sans vouloir lui infliger cette peine, naïvement.

Mais que peut-on précisément dire de la honte perçue ? Est-elle une émotion, un sentiment ou une disposition affective c’est-à-dire une tonalité présente constamment en filigrane chez l’être humain ?

Le langage de l’émotion de honte

Descartes dans Les Passions de l’âme239 identifie six émotions simples et primitives que sont l’admiration, l’amour, la haine, le désir, la joie et la tristesse. Mais c’est Darwin qui pose les fondements de l’expression somatique des émotions de base240. Il les décrit comme innées, universelles, réflexes et communicatives par l’expression faciale nécessaire qui s’y produit. Ces expressions concernent, de façon assez consensuelle d’ailleurs, la colère, le dégoût, la peur, la joie, la tristesse, la

surprise et le contentement.241 Nous verrons en quoi le dégoût entretient des liens intimes avec la honte. La honte rentre classiquement dans le registre des émotions complexes.

Privé de ses capacités émotives, l’individu semble dépouillé d’un outil essentiel

238 Monod G., Thèse de philosophie pratique, Au fondement de la relation thérapeutique : l’humilité,

dirigée par Dominique Folscheid, 2015. De l’analyse de ces quatre termes, Guillaume Monod précise que « L’homme est né de la terre, de l’humus, que Dieu a modelée à son image et à laquelle il a insufflé son souffle de vie. Face à Dieu, l’homme est humus, humain, il est créature qui lui doit respect, obéissance, honneurs, prières, louanges. Face à Dieu, l’homme est petit, modeste, insignifiant, humble, il vit petitement, en bas abaissé sur la surface de la terre que domine le ciel, la demeure de Dieu. Si l’humus est la substance matérielle de l’homme, l’humanité est sa substance morale ». Peut-être l’humilité devrait en constituer sa substance morale.

239 Descartes R., Les Passions de l’âme, Paris, Le Livre de Poche, 1990, p. 84.

240 Darwin Ch., L’expression des émotions chez l’homme et les animaux, trad.. Dominique Ferault,

Paris, Payot Rivages, 2001.

241 Ekman P. & Friesen W. V., 1973, Darwin and Facial Expression, New York, Academic Press. Voir

également Damásio A., L’autre moi-même. Les nouvelles cartes du cerveau, de la conscience et des

108 dans ses prises de décision pratiques quotidiennes.242 Mais seul un groupe d’émotions occupe une place centrale dans la conception que l’individu a de lui-même en déterminant le contour de son identité. En effet, de même que certaines émotions comme la peur ou le dégoût ont pour rôle de maintenir l’intégrité physique, d’autres comme la honte joueraient un rôle similaire au niveau de l’intégrité de l’image de soi. La honte constitue ainsi que le propose Gabriele Taylor l’émotion

d’autoprotection.243

La honte possède donc une dimension axiologique à la fois subjective et sociale. Elle n’est pas un état humoral sans objet intentionnel, comme un état d’âme ou un état d’esprit, par exemple la bonne et la mauvaise humeur, même si l’état honteux pourrait s’en rapprocher. Elle peut s’exprimer comme émotion mais non pas exclusivement.

Une émotion constituerait un affect toujours orienté vers un objet, réel ou imaginé, ce qui n’est le cas ni pour les appétits ni pour toute sensation physique en général. On a peur d’un chien, mais on a faim tout simplement. Ici le chien est l’objet visé par l’émotion. On a la plupart honte de quelque chose et dans ce sens la honte