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A. LE PARC FRANÇAIS : LA BASE ASSURÉE, LA POINTE À SURVEILLER

1. Analyse des dernières statistiques électriques nationales

Le système électrique français présente une double spécificité par rapport à l’UE et aux pays membres de l’OCDE. D’une part, avec l’accroissement de ses usages au cours des trente dernières années, la part de l’électricité dans la consommation énergétique finale1 est importante puisqu’elle s’élève à 23 %, contre un peu plus de 16 % pour la moyenne mondiale et moins de 20 % pour les pays de l’OCDE. D’autre part, la très grande majorité de l’électricité française est d’origine nucléaire : avec un parc de 19 centrales totalisant une puissance de plus de 63 gigawatts (GW), la France possède la seconde puissance nucléaire installée au monde après les

1 Sources : Agence internationale de l’énergie (AIE) et Observatoire de l’énergie.

Etats-Unis. Toutefois, elle est le premier producteur d’électricité nucléaire en pourcentage de sa production totale (78 %)1.

D’après des données provisoires, le parc français se composait au 1er janvier 2007 de 63,3 GW de nucléaire, 24,8 GW de thermique (charbon, gaz et pétrole), 25,5 GW d’hydraulique et 2,4 GW d’autres énergies renouvelables, dont 1,3 GW d’éolien, soit une puissance totale légèrement supérieure à 116 GW. Il s’agit de la deuxième puissance électrique installée dans l’Union européenne derrière l’Allemagne (122,3 GW). Avec 96 GW, EDF est le premier producteur français ; viennent ensuite Suez, avec plus de 8 GW, et la SNET, avec 2,5 GW.

La structure du parc français, qui repose essentiellement sur le nucléaire et l’hydraulique, rend donc le coût de la production indépendant à 95 % de l’évolution du prix des hydrocarbures, ce qui constitue un facteur majeur d’indépendance énergétique.

Comme l’indique le tableau figurant page suivante, le bilan énergétique français pour l’année 20062 fait apparaître, par rapport à 2005, une réduction de 0,2 % de la production totale nette d’électricité, qui s’est établie à 548,8 térawattheures (TWh)3, et ce malgré une hausse de 5 % du solde exportateur français, qui s’élève à 63,3 TWh.

La consommation intérieure d’électricité4 s’est, pour la même année, élevée à 480,6 TWh contre 483 TWh en 20055. Comme le souligne l’Observatoire de l’énergie, il s’agit de la première baisse de cet indicateur depuis 1947, qui résulte exclusivement du recul de la consommation d’électricité de la branche énergie.

Malgré cette évolution récente, la France a connu, au cours des dernières années, des pointes aiguës de demande d’électricité : la forte pénétration du chauffage électrique dans les bâtiments français rend la consommation particulièrement dépendante des variations de température.

Comme le souligne RTE, la baisse des températures de 1°C en hiver peut provoquer un accroissement de la puissance appelée pouvant aller jusqu’à 1 500 MW, ce qui équivaut à la mobilisation complète de plus d’une tranche nucléaire. L’année 2006 a ainsi vu s’établir un nouveau record de consommation, le 27 janvier en début de soirée, avec une demande de 86,3 GW, le précédent record ayant été atteint le 28 février 2005 avec 86 GW.

1 Dans l’Union européenne, seule la Lituanie talonne la France avec 72,3 %. Viennent ensuite la Slovaquie (57,2 %), la Belgique (54,4 %) et la Suède (48 %). A titre de comparaison, cette proportion s’élève à 19,4 % aux Etats-Unis - Données 2006 selon l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

2 Bilan énergétique de l’année 2006 de la France - 5 avril 2007 - Observatoire de l’énergie.

3 La production totale brute d’électricité en 2006 a été de 574,5 TWh. On obtient la production nette en soustrayant à la production brute la consommation des « auxiliaires » des centrales (électricité consommée par les centrales pour produire l’électricité).

4 Cet indicateur se calcule en soustrayant de la production nette d’électricité, toutes origines confondues, la consommation absorbée par les stations de transfert d’énergie par pompage (7,5 TWh en 2006) et le solde exportateur d’électricité.

5 Données corrigées du climat.

Source : Observatoire de l’énergie

Une simple observation de la puissance installée en France, 116 GW, pourrait laisser supposer que celle-ci est en mesure de satisfaire les besoins à tout instant de la journée ou de l’année, y compris quand la consommation atteint des records. En réalité, ces données statistiques laissent de côté le fait que les producteurs français sont liés par des accords commerciaux les obligeant à livrer de l’électricité à l’étranger, y compris quand la demande nationale est au plus haut. Surtout, la totalité des moyens de production est loin d’être disponible à tout instant de l’année. Ainsi, l’Union pour la coordination du transport d’électricité (UCTE1) estime que les capacités disponibles du parc français s’établissaient à un niveau de 91,6 GW pour une journée de janvier 2007, soit un taux d’indisponibilité des installations de 20 %2.

1 Association des gestionnaires de réseaux de transport d’électricité, qui regroupe 29 membres originaires de 24 pays. L’UCTE fédère les gestionnaires des réseaux synchrones de la plaque européenne.

2 De multiples raisons expliquent que des capacités de production soient indisponibles à un instant T. Ainsi, une centrale peut être en cours de maintenance, de réparation ou, pour une centrale nucléaire, faire l’objet d’un chargement de combustible. La plupart des centrales nucléaires étant en arrêt pour maintenance au cours de l’été, l’UCTE montre que la puissance disponible est la plus faible au cours de cette période (estimation de 68,8 GW pour le mois de juillet 2007). Dans le même temps, c’est aussi à cette période de l’année que la puissance appelée est la plus faible en France, même si le développement de la climatisation pourrait remettre en cause cette observation.

LE BILAN ELECTRIQUE EN 2006 (France Métropolitaine)

Montant

(*) : fioul lourd, fioul domestique et coke de pétrole

(**) : gaz de hauts fourneaux, de raffineries, de cokerie + production non répartie (***) : non corrigée du climat

Ces deux raisons expliquent que notre pays peut être conduit à faire massivement appel à des capacités de production installées chez ses voisins pour répondre à ses pointes de consommation. Ce n’est cependant pas nécessairement le cas : si, selon des informations recueillies par vos rapporteurs, la France a mobilisé 2 600 MW de capacités étrangères le 28 février 2005, elle était en revanche globalement exportatrice, pour une puissance de 600 MW, le 27 janvier 2006, au moment où la consommation était la plus forte,. Malgré cette apparente amélioration, il n’en reste pas moins qu’en 2006, près de 8,5 TWh ont été importés, dont une part pour répondre à la demande en pointe.

Lors de son audition par la mission d’information, M. Alberto Martin Rivals1, directeur général d’Endesa France2, a confirmé cette dégradation de la capacité du parc français à répondre, de manière autonome, aux pics de consommation. Selon lui, cette évolution serait liée au fait qu’entre 1990 et 2006, dans un contexte général de croissance régulière de la consommation d’électricité, seulement 5 GW de capacités additionnelles ont été installés alors que la puissance appelée en période de pointe a pour sa part augmenté de 22 GW, passant de 64 GW à 86,3 GW. Dans ces conditions, la

«couverture », entendue comme la différence entre le point le plus haut de la demande et la capacité supplémentaire installée, a diminué de 17 GW en quinze ans, ce phénomène s’étant accéléré au cours des cinq dernières années.

Ces analyses laissent penser que la France, pour assurer sa sécurité d’approvisionnement, doit consolider ses moyens de pointe. En effet, le parc de production dispose de surcapacités en base autorisant des exportations d’électricité mais semble insuffisant pour assurer la pointe3.

2. Des risques de déséquilibre identifiés

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