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2 DÉPLOIEMENT ET CROISSANCE DE LA PENSÉE ÉCOLOGIQUE PONTIFICALE: DE

2.2 Deuxième partie: Benoît XVI, le « pape vert »

2.2.3 Analyse de la pensée écologique de Benoît XVI

La pensée écologique de Benoît XVI est construite autour du trinôme développement authentique intégral- l’harmonie de la nature - l’écologie de l’homme. Il a fait de Populorum progressio de Paul VI un socle sur lequel développer sa pensée sur le développement authentique intégral qui concerne non seulement l’économie, mais également l’homme dans son milieu naturel, ainsi que les biens de la terre sous sa protection.

Outre cette encyclique de Paul VI, Benoît XVI s’est inspiré de plusieurs sources, notamment les Saintes Écritures, la Tradition de l’Église, en l’occurrence les Pères de l’Église, dont Saint Augustin, les docteurs de l’Église, dont Saint Bonaventure et d’autres mystiques, sans oublier ses deux prédécesseurs pontifes, Paul VI et Jean-Paul II dont il a été le bras droit280durant plusieurs

années. Mais aussi, nous remarquons que, de temps à autre, il a recours aux données des sciences naturelles, physiques et humaines. Dans le point suivant nous allons focaliser notre analyse sur l’influence franciscaine et bénédictine ainsi que sur celle des mystiques dans l’élaboration du discours écologique de Benoît XVI.

2.2.3.1 L’influence franciscaine et bénédictine

Il est sans nul doute, qu’en aval de la pensée écologique de Benoît XVI, se dégage l’influence surtout de Jean Paul II, mais aussi du Patriarche orthodoxe Bartholomeos Ier et de Paul VI. Puis

279BENOIT XVI, Message pour la Journée mondiale pour la paix du 1er Janvier2010, Ibid., n.14.

280D’après Slawomir ODER, ce n’est pas étonnant que Benoît XVI continue, en quelque sorte, la pensée écologique de Jean-Paul II. En effet, selon cet auteur, Karol Wojtyla considérait le cardinal Ratzinger comme l’une des figures les plus influentes de l’Église et un pasteur empreint d’une grande vertu. Il le choisit en 1981 pour avoir à ses côtés un théologien capable de l’aider à réaliser concrètement les enseignements de Vatican II. ‘C’est le dernier théologien du Concile’, confiera -t-il résolument à un ami. Leur collaboration fut solide et fructueuse et Karol Wojtyla lui-même reconnaîtra que le profil théologique de son pontificat fut essentiellement co-forgé par le cardinal Ratzinger (ODER Slawomir et Saverio GAETA. Le vrai Jean-Paul II. L’homme, le pape, le mystique, traduit de l’italien par Nunzia GERACE (2010), Paris, Presses de la Renaissance, 2011, p. 91).

en amont se trouvent l’influence de la pensée de Saint Augustin, des Franciscains, des Bénédictins ainsi que d’autres mystiques, dont Hildegarde de Bingen.

Pour ce qui est de l’influence de Benoît XVI, Read Sheila estime que son enseignement écologique est en continuité avec celui du pape polonais. En effet, comme Jean-Paul II, Benoît XVI parle abondamment de la crise écologique et de la nécessité d'une réponse morale.281 L’océanographe et

écologiste français Jean-Claude Lacaze va plus loin en faisant remarquer que l’encyclique Caritas in veritate de Benoît XVI reprend les thèmes abordés par Jean-Paul II vingt ans auparavant, surtout le message du pape polonais du 1er janvier 1990 que reprit Benoît XVI lors de son message du 1er

janvier 2010, « la sauvegarde de la création et la réalisation de la paix sont deux réalités étroitement liées entre elles ».282

Aussi, d’après Bertrand Hériard, Bertrand Cassaigne et François Salmon, les jésuites de l'Équipe CERAS estiment que l’encyclique sociale de Benoît XVI n’est qu’un prolongement de l’enseignement de Centesimus annus. En effet, dans cette dernière encyclique sociale de Jean-Paul II, il est rappelé que « quand l’écologie humaine est respectée dans la société, l’écologie proprement dite en tire aussi avantage ».283 Cette idée est le socle sur lequel Benoît XVI construit

sa vision économico-écologique dont la centralité est la dignité de l’homme. Toutefois, si Falk van Gaver présente globalement Benoît XVI comme étant le continuateur de la pensée écologique de son prédécesseur immédiat,284il note, tout de même, une légère différence entre leurs visions

écologiques. D’après ce théologien, cette différence pourrait être justifiée par les contextes politico-sociaux, expériences et sensibilités personnelles, ainsi que leur formation intellectuelle. En effet, chez Jean-Paul II, comme nous l’avons vu, c’est le théologien et philosophe personnaliste qui s’exprime. Au cours de sa formation, il a beaucoup puisé dans la philosophie et de la théologie d’obédience thomiste, d’une part, mais aussi de la phénoménologie d’obédience d’Edmond

281Sheilla READ. Sacred Earth […], pp. 20-24.

282Jean-Claude LACAZE. Le Christianisme à l’ère écologique […], p. 30.

283Bertrand HÉRIARD, Bertrand Cassaigne et Françoise Salmon, « Caritas in Veritate », une encyclique théologique, [en ligne], consulté le 12 octobre 2015, URL : http://www.doctrine-sociale-catholique.fr/index.php?id=6985 284Gaver van FALK, « Pour une écologie intégrale, Ecologie chrétienne, l'écologie à la source du christianisme », [en ligne], mise à jour le 11 avril 2007, consulté le 29 mai 2015, URL : http : //www.ecologiechretienne.free.fr/falk.van.gaverpour.une.ecologie.integrale.php

Husserl, et surtout de Max Scheler qui, au début du 20e siècle, a développé le personnalisme

philosophique qui a grandement influencé l’anthropologie personnaliste de Jean-Paul II.285 D’une

façon générale, « l’anthropologie personnaliste de Wojtyla reste fidèle à la ligne de l’intellectualisme thomiste et, en partie, du rationalisme kantien [son premier ‘allié’],286et il

distingue nettement l’esprit et l’émotivité qui, pour lui, n’appartiennent qu’à la sphère ‘psychique’ de l’affectivité naturelle, laquelle relève, essentiellement, de la passivité de ce qui ‘se passe’ en l’homme, et non pas de ‘l’agir’ de l’homme. »287

De son côté, Benoît XVI est d’une sensibilité plutôt franciscaine, et Saint Bonaventure est son modèle.288 Étant sous la houlette des franciscains, il est tout d’abord sous l’influence de Saint

Augustin. En effet, à la suite de saint Augustin, la conception écologique de Benoît XVI s’articule autour de l’Écriture sainte. Dans son livre intitulé « ‘In the Beginning […]’. A Catholic Understanding of the Story of Creation and the Fall »,289 non seulement, il se montre le disciple

zélé de Saint Augustin, mais en même temps, un disciple libre et intelligent capable de pondérer l’enseignement du maître, selon les données des sciences naturelles et humaines. Selon lui, la Bible, surtout les deux premiers chapitres de la Genèse, ne sont pas à lire dans le sens littéral ni intégral, mais il faut plutôt faire une distinction entre la forme et le contenu, pour constater que c’est le peuple d’Israël qui fait la relecture de son histoire selon la foi.290

Loin de répondre à la question de « comment le monde est venu à exister », ils répondent aux questions de « par qui » et « pour quoi » ce monde existe. L’unique réponse à ces deux grandes questions est « Dieu, le Créateur ». Donc, Dieu est l’origine et la fin de la création. Dans sa sagesse, Il a créé le monde et l’homme [homme et femme] pour lui-même, pour qu’il l’adore et lui rende

285GUELLEC. Ibid. p. 48.

286La note n.13 de la page 48 du livre ci-haut mentionné nous paraît très intéressante. Nous la reprenons ici intégralement : « Dans Amour et responsabilité, Wojtyla partira des formulations personnalistes de Kant, considéré comme son premier ‘allié’, dans la mesure où il est l’adversaire le plus implacable de l’utilitarisme ».

287GUELLEC. Ibid. 288FALK, Ibid.

289Joseph RATZINGER. “In the Beginning…”. A Catholic Understanding of the Story of Creation and The Fall, Transl. from German by Boniface Ramsay, O.P., Grand Rapids, Michigan, William B. Eerdmans Publishing Company, 1995,

gloire. Le récit de la création en six jours a pour fonction de rappeler cette mission de l’homme de ne pas se laisser absorber par le travail au point d’oublier ce pour quoi il a été créé : adorer Dieu. En voici le principe : « Rien ne peut avoir préséance sur le service de Dieu – Operi Dei nihil praeponatur ».291

Pour Augustin,292 la création est qualifiée de bonne, car elle est l’œuvre d’un Dieu bon. Donc, du

point de vue métaphysique, la création ne peut qu’être bonne, en vertu de son origine qui est bonne. Malheureusement, du point de vue social, cette même création, l’habitat de l’homme, s’est dégradée suite au péché de celui-ci. C’est pourquoi, d’après l’évêque d’Hippone, le travail de l’homme est la juste sanction de son péché. En conséquence, les structures d’injustice dans la société humaine résultent de cet état de péché dans lequel l’homme a entraîné la création à sa suite. Ces structures sont la cause des désordres dans la société, laquelle se traduit par l’inégalité sociale entre les riches et les pauvres. Et cela appelle une troisième conséquence, à savoir, la révolte contre cette situation injuste.

Même si Benoît XVI est d’accord avec Augustin sur la première partie de son enseignement sur la création, il n’est pas tout à fait d’accord avec sa seconde assertion concernant la nature du travail. En effet, pour saint Augustin, le travail comporte un aspect de punition selon Gn3, 1-24, mais du point de vie anthropologique, il est à reconnaître une valeur positive du travail. En effet, à la suite de l’encyclique Rerum novarum de Léon XIII, puis de Laborem excercens de Jean-Paul II, il déclare que celui qui travaille se réalise lui-même. Le travail anoblit son auteur. Aussi, du point de vue strictement théologique, le travail est considéré comme la « cocréativité » de l’homme, car Dieu a voulu associer l’homme dans son plan de création en lui confiant le soin d’entretenir sa création et de la cultiver.

En commentant sur le sens du sabbat, Benoît XVI montre que célébrer le sabbat signifie célébrer l’Alliance. Il s’agit de retourner à la source pour se dépouiller de toute souillure causée par ce que le travail nous a apporté. Célébrer le sabbat signifie également entrer dans un nouveau monde dans lequel il n’y aura plus d’esclaves ni des maîtres, mais tous seront des enfants de Dieu, dans un

291Ibid. pp. 8-39.

292Patrice PLUNKETT, “Saint Augustin et l’écologie”, [en ligne], créé le 28/08/2012, consulté le 23 juin 2016 URL : http://www.plunkett.hautefort.com/archive/2012/08/28/fête-de-saint-augustin-en-qui-l-ecologie-trouve-l-un-de- ses.html

monde où les hommes, les animaux et la terre, comme les membres d’une même famille, partageront tout ensemble, dans la paix et dans la liberté.293

Il est donc nécessaire que la création soit respectée par l’homme, et il en va de sa responsabilité, de son engagement actif, lui, l’être créé, « cocréateur » de Dieu et son intendant. C’est en cette qualité qu’il peut envisager de recourir à la technologie et au progrès, à condition évidemment, que ce dernier ait pour seul objectif de « protéger de façon intégrale la dignité de l’être humain et qu’il permette à chaque peuple de partager ses ressources spirituelles et matérielles au bénéfice de tous ».294D’après le pontife bavarois, c’est en cela que consiste l’ordre donné à l’homme de

soumettre la terre (Gn 1,28), c’est-à-dire, prendre soin de la terre comme la création de Dieu et s’acquitter de ce devoir en respectant le rythme et la logique de la création. En d’autres mots, cela veut dire que la terre doit être utilisée pour ce dont elle est uniquement capable de faire, ce à quoi elle a été appelée, et non pour ce qui va à son encontre – « it signifies that the world is to be used for what it is capable of and for what it is called to do, but not for what goes against it ».295 Tout

cela doit se faire en harmonie avec le Créateur lui-même et avec l’Univers.296

2.2.3.2 L’Influence mystique

Deux tendances semblent se dessiner au sein des mystiques du Haut Moyen Âge, du moins jusqu’au XVIIe siècle, d’après François Champion297qui s’appuie sur Jean Séguy dont les idées

sont reprises par Daniel Hervieu-Léger.298 Il s’agit de la vision holiste de Saint François d’Assise

dans laquelle tous les êtres créés, animés et inanimés sont des congénères les uns des autres, et

293Traduction libre française de “To celebrate the sabbath means to celebrate the covenant. It means to return to the source and to sweep away all the defilement that our work has brought with it. It also means going forth into a new world in which there will no longer be slaves and masters but only free children of God, into a world in which humans and animals and the earth itself will share together as kin in God’s peace and freedom” (Cf. Joseph RATZINGER. Ibid. p. 33).

294BENOÎT XVI, Discours pour la 33e Conférence de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), 24 novembre 2005, cité dans CONFÉRENCE DES ÉVÊQUES CATHOLIQUES DU CANADA, Benoît XVI, Pensées spirituelles en la Première année de son pontificat, Ottawa, Libreria Editrice Vaticana, 2006, p. 63.

295RATZINGER, Ibid. p. 34. 296Ibid. p. 38.

297 Nous paraphrasons l’article suivant : François CHAMPION, « Religions, approches de la nature et écologie », Archives de Sciences des Religions, vol.90 (avril-juin),1995, pp.39-56.

celle de Saint Bernard de Clairvaux, dans laquelle « la nature est sauvage » au point de considérer que « la maîtrise de la nature intervient avant tout comme ‘expression symbolique du combat spirituel’ ».299 Pour Saint Bernard et les moines cisterciens, il ne s’agirait nullement de protéger la

nature ou de la conserver telle qu’elle est, mais tout simplement parce qu’elle est, avant tout, une réalité symbolique où l’ordre manque, d’où la tâche de la communauté est donc d’ordonner cette nature en la cultivant et en la jardinant. Cela admis comme tel, même le choix du site du monastère relevait beaucoup plus d’une « ‘géographie mystique’ que d’une réalité physique ». Ainsi « Cîteaux est défini comme un ‘locus horrori et vastae solitudinis’, c’est-à-dire comme l’enfer, ‘le lieu où tout ordre est absent et où règne une éternelle horreur, par opposition à l’idée que l’on se faisait de Dieu qui est ordo ».300

Le trait commun de ces « spirituels chrétiens » ce sont des théoriciens et des praticiens de la découverte de Dieu dans la création.301 Du point de vue de ces spirituels tel que le souligne

François Champion, c’est leur conclusion : « la rationalisation, la domination responsable de l’univers et de l’histoire ne paraissent pas devoir éliminer une valorisation religieusement motivée de l’« environnement naturel ». Bien plus, la « perfection du rapport homme-environnement ne semble pouvoir être atteinte que dans « la consommation eschatologique des choses » et que « les notions de péché et de conversion entrent en ligne de compte ».302

Il est à noter qu’une vision écologique similaire à celle des moines bernardins se retrouve chez les Puritains, les premiers colons qui s’établirent aux États-Unis. D’après eux, fait observer Michel Conan, le gouverneur du Commonwealth du Massachusetts, « c’est une ‘nature sauvage où les hommes sont condamnés à vivre depuis le péché originel ; elle est un symbole du mal et de l’anarchie ». Les puritains veulent donc, par le travail, « civiliser » cette nature sauvage, « détestable », pour « aller vers Dieu ». En revanche, Jean Séguy montre que ce modèle cistercien

299CHAMPION François, Ibid. p. 41. 300 Ibid.

301Ibid. 302Ibid.

ne sert plus à nos jours puisque la tendance est de plutôt d’aller vers la nature sauvage pour se rapprocher de plus en plus de Dieu.303

Manifestement, ce modèle cistercien n’a pas servi au pape Benoît XVI, du moins dans son intégralité. Au contraire, à la suite de saint Augustin et surtout de saint François d’Assise, Benoît XVI déclare que la création est un don de Dieu, un jardin de Dieu et ainsi le jardin de l’homme. C’est donc un lieu de rencontre entre l’homme et son Créateur, car créée par Dieu, elle « porte déjà en elle les traces du Verbe, par lequel tout a été fait (Jn1,2) ».304 La nature est un lieu idéal pour

méditer et prier, et surtout, découvrir Dieu. Elle est un de deux livres par lesquels Dieu se laisse découvrir ; l’autre c’est la Bible, la Parole de Dieu. Aussi, pour Benoît XVI, le monde, en tant que provenant de l’Esprit créateur de Dieu, de la Parole créatrice de Dieu, il reflète également la sagesse de Dieu et appelle ainsi à la crainte révérencielle.305 L’aboutissement de cette attitude, une

sensibilité écologique, disons mieux, « une sensibilité théologique renouvelée à la bonté de toutes les choses créées dans le Christ ».306

Bref, en contemplant la nature, l’homme reconnaît la grandeur de Dieu, source ultime de notre être et de l’univers, d’où « une attitude de révérence et une attitude de profond sentiment de gratitude et de reconnaissance, mais aussi de responsabilité, afin de conserver et d’entretenir l’œuvre de Dieu (Gn 2,15) ».307 Ici, il y a lieu d’en faire le parallèle avec l’idée augustinienne de la beauté de

la nature, et du jardin de Dieu telle que nous la retrouvons dans son commentaire des psaumes 44 et 48. En effet, le commentaire du psaume 44 va dans le sens de la révélation de Dieu par la beauté que reflète la nature. Cette beauté parle d’elle-même de quoi la nature est, et, en même temps, il

303CHAMPION. Ibid.

304BENOÎT XVI, « La Parole de Dieu et la sauvegarde de la création », dans BENOIT XVI. Pensées spirituelles, p. 149.

305BENOÎT XVI, « Célébration des premières vêpres lors de la veillée de Pentecôte. Rencontre avec les mouvements ecclésiaux et les communautés nouvelles. Homélie du 3 juin 2006 », dans BENOIT XVI. Pour une écologie de l’homme : Anthologie des Textes, Préface de Mgr Jean-Louis Bruguès, [SL], Parole et Silence, 2012, pp. 22-24. 306BENOIT XVI, « La Parole de Dieu et la sauvegarde de la création », Ibid. p. 149.

307BENOIT XVI, « Discours à un groupe de moniteurs de ski italiens du 15 novembre 2010 », in BENOIT XVI. Pour une écologie de l’homme, p. 159-160.

invite à une attitude de révérence et de gratitude envers le Créateur.308 Tandis que son commentaire

du psaume 48 invite à la contemplation. Il s’exprime ainsi :

Contemple le ciel : il est beau. Contemple la terre : elle est belle. Tous deux rayonnants de beauté. Dieu les a faits, il les dirige, il oriente leurs cours, il est présent à toute leur histoire, il en détermine lui-même les moments et il les détermine par rapport à ce qu’il est. […]. Comme il a tout fait, comme rien n’est plus grand que lui, toutes ses œuvres sont au-dedans de lui : il les enclot.309

Aussi, la parenté des pensées écologiques de Benoît XVI à sainte Hildegarde de Bingen310est

évidente, surtout en ce qui concerne l’homme et sa place au sein de la création. Pour la mystique du 12e siècle, la création est non seulement l’œuvre de Dieu, mais elle est aussi soutenue par lui et

confiée à l’homme. Qui donc est cet homme à qui Dieu a confié la gestion de l’œuvre qui est sortie de ses mains ? Sainte Hildegarde, Docteur de l’Église depuis le 7 octobre 2012, donne une réponse. D’après elle, bien que l’homme soit une créature, il est, par sa nature, sa vocation, sa mission et surtout sa finalité, supérieur aux autres créatures dont il n’a de commun que de corporéité. En effet, en l’image et à la ressemblance de Dieu, l’homme a été pensé de toute l’éternité. L’homme est l’œuvre de Dieu la plus accomplie, car, en lui, les miracles de Dieu sont poussés, par ses prières et ses actions. En lui, le Créateur figura toutes les créatures, supérieures et inférieures, car il les aima d’un tel amour qu’il leur réserva la place dont avait été expulsé l’ange déchu. Il lui attribua toute